Les hommes et les femmes s’approprient-ils différemment l’espace public ? Oui, assurément. C’est en tout cas ce qu’est venu affirmer Yves Raibaud (géographe du genre, maître de conférence HDR et chargé de mission Égalité femmes-hommes à l’Université de Bordeaux 3) lors d’une conférence donnée à l’Hôtel de Rennes Métropole jeudi 08 octobre. Et son constat est sans appel : la ville est virile et l’espace urbain, masculin. Bref, la ville est faite par et pour les hommes...
« J’ai mâle à ma ville »
La ville reste un espace de déséquilibres et d’inégalités entre les deux sexes. C’est entendu. Deux exemples caractéristiques de la main mise masculine : à peine 2% des rues françaises portent le nom d’une femme et « 75% des subventions publiques destinées aux loisirs des jeunes bénéficient aux garçons(1) ».
Réfléchir aux problématiques que rencontrent les femmes dans l’espace public revient finalement à combattre l’androcentrisme, attitude qui privilégie l’existence et la pensée à travers les œillères du spectre masculin. Malgré les discours sur l’égalité Femme/Homme, les décideurs, les acteurs politiques, les responsables et autres urbanistes restent en grande majorité des hommes. En France, seuls 14% des maires sont des femmes, cinq seulement dirigent des villes de plus de 100 000 habitants.
Yves Raibaud : « Différentes enquêtes démontrent que la ville est construite par et pour les hommes parce qu’ils sont à la gouvernance. Ces édiles pensent construire une ville pour tous mais on s’aperçoit qu’ils la construisent surtout pour eux-mêmes. Par exemple, construire un stade de 60000 places dédié aux amateurs de football est vécu comme une bonne chose mais on ne dit jamais que dans ce stade, il y aura 58000 hommes pour seulement 2000 femmes. On voit bien que quelque chose ne colle pas(2). On n’imaginerait même pas un tel aménagement dédié à des activités pratiquées majoritairement par les femmes. Il y a là un enjeu d’égalité dans l’utilisation de l’argent public(3) »
En plus de la confiscation du pouvoir décisionnel, les travaux d’Yves Raibaud l’ont amené à observer la représentativité de la mixité au cours de plusieurs réunions publiques. Sur 6 mois d’observation autour de rendez-vous « participatifs » proposés par l’Agence de l’Urbanisme d’Aquitaine, le bilan est impressionnant : 75% des participants sont des hommes; 92% du temps de parole est arraché par des hommes et 100% des experts sont masculins(5). Qui dit mieux (9)?
Pour Yves Raibaud, ce déficit démocratique explique en grande partie l’explosion du nombre de skatesparks, de citystades, de terrains multi-sports, tous fréquentés à plus de 80% par des garçons « sous couvert de vouloir canaliser la violence des jeunes dans des activités positives(1)». La ville devient un immense parc de loisirs pour les hommes, sorte de parc Astérix à ciel ouvert. Sans s’en rendre compte, « nous participons à la construction d’une identité masculine et à son hégémonie dans la ville(1)».
Un exemple à Rennes est vite trouvé avec le nouvel aménagement du mail Mitterrand qui a reçu de vives critiques : tout un espace dédié à la culture physique reste peu fréquenté par les femmes.
Sylviane Rault, Adjointe au Maire de Rennes, Déléguée à la Mobilité : « Effectivement, l’aménagement sportif sur le mail est uniquement investi par de jeunes hommes. Des centres d’intérêt féminins et masculins sont parfois très tranchés, mais l’égalité ne doit pas être synonyme d’identique. Peut-être manque-t-il de bancs ou de fauteuils en vis-à-vis permettant aux femmes de s’installer dans cet espace. Mais nous allons trouver davantage de femmes au jardin de la confluence ou au niveau de l’espace jeux pour enfants. »
Et c’est à partir de là que tout se complique. Pourquoi des centres d’intérêts devraient être autant tranchés ou sexués : le skate, les sports de rue pour les hommes ; l’espace jeux-enfants, les bancs et la sphère privée pour les femmes ? Quand un rapport parlementaire dénonce une répartition des rôles sexués stéréotypés dans les manuels scolaires, il apparaît clairement que des clichés sournois orientent les enfants vers certaines activités ou les en éloignent. Les travaux menés par Edith Maruejouls, doctorante de l’université Bordeaux 3, montrent un « réel déficit d’apprentissage de l’espace public pour les jeunes filles ». Si les hommes s’accaparent les aménagements urbains et l’espace public, n’est-ce pas plutôt lié au rôle social qui est assigné à chacun d’entre nous dès notre plus jeune âge selon notre sexe, de manière consciente ou non et parfois discriminante ?
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Peur sur la ville.
Autre constat d’inégalité dans l’usage de la ville rapporté par Yves Raibaud est le sentiment d’insécurité dans les rues, notamment la nuit, « facteur numéro 1 de non-mixité », selon Chris Blache, cofondatrice de l’association Genre et ville, et activiste du groupe féministe la Barbe. L’Observatoire national des zones urbaines sensibles (Onzus) révèle que plus d’une femme sur trois l’éprouve dans son quartier. Pour y faire face, beaucoup préfèrent mettre en place des stratagèmes d’évitement, de tactiques déambulatoires (surnommées « murs invisibles » par le géographe du genre Guy Di Méo) et ainsi rogner sur leur liberté fondamentale de circuler (garantie par l’article 13 de la Déclaration universelle des droits de l’homme … et de la femme ?).
Yves Raibaud : « Le fait que toutes les femmes partagent un sentiment d’insécurité ne veut pas dire que toutes ont forcément peur ou qu’elles s’interdisent de sortir. Par contre, elles ont en commun une stratégie quand il s’agit d’aborder la ville la nuit. Celles qui ont les moyens pourront prendre un taxi, utiliser leurs voitures et les parkings en centre-ville. Les étudiantes qui sortent prennent certaines mesures de précautions comme garder un téléphone portable allumé… La ville est identifiée comme un espace possiblement dangereux pour elles. »
Pourtant comme l’écrit Florence Maillochon (sociologue, auteur de Violences dans l’espace public) et contrairement aux idées reçues « les agressions ne surviennent pas nécessairement dans les endroits déserts que les femmes fréquenteraient seules, la nuit. En effet, elles surviennent généralement dans des circonstances banales, relevant d’un usage habituel de l’espace public ».
Ce sentiment d’insécurité est accentué par le harcèlement de rue. Chiffre choc, 100 % des utilisatrices des transports en commun y ont subies au moins une fois dans leur vie du harcèlement sexiste ou une agression sexuelle(4). Localement, Rennes n’échappe pas à ce fléau. Alexia Giannerini qui a monté l’antenne rennaise de l’association « Stop Harcèlement de Rue » avec Maud Renusson nous le rappelle :
Alexia Giannerini : « La rue reste bien évidemment un espace où la femme ne se sent pas en sécurité. Elle n’osera pas sortir seule ou dans une certaine tenue à certaines heures. Les femmes ont ce triste réflexe, elles se font discrètes dans la rue, rasent les murs, essayent de se faire oublier… C’est principalement ce problème là que vise l’asso féministe : rétablir l’égalité dans la rue, que chacun s’y sente bien et en sécurité, homme ou femme […] Pour faire un rapide constat de la ville de Rennes en particulier, et bien… je dirais que c’est comme partout, malheureusement. Nous avons nos ruelles sombres, notre métro, nos parkings souterrains, nos places qu’il « vaut mieux éviter la nuit ». Comme partout en France! Il faut vraiment prendre conscience qu’une petite métropole comme Rennes est tout aussi sujette au harcèlement que Paris, Marseille, où qu’un petit bled en campagne…»
Et même si les hommes sont aussi victimes d’agressions, ils sont trois fois moins nombreux que les femmes à éprouver ce sentiment d’insécurité(7). Véritable paradoxe ? Peut-être pas selon Chris Blache qui dans une tribune publiée dans Libération(8) en déduisait que « la peur des femmes dans l’espace public n’était pas la résultante de la réalité mais une construction sociale, sociologique et historique érigée pour asseoir le pouvoir. Intimement liée au développement des villes tout au long de l’histoire, elle est aussi l’instrument de la domination masculine ».
Avoir une approche par le genre conforte ainsi l’aspect dangereux de l’hégémonie masculine. Encore en 2015, tout converge pour installer des couloirs à poussettes, aménager des parcs pour enfants, permettre de disposer de crèches au plus près du lieu de travail mais « considérer que les femmes puissent jouir de la ville de jour comme de nuit est quelque chose d’assez révolutionnaire pour les élus. Cela est révélateur ce cette inégalité de jouissance de la ville(1) ».
Métro, vélo… la ville écolo pas réglo ?
Pour conclure son exposé, Yves Raibaud aborde la question de l’évolution « slow life » ou « écolo-bobos » de nos villes reprenant le thème d’un de ses articles paru dans le journal du CNRS. Selon lui, « la ville durable ne fait qu’empirer les choses et creuse encore plus les inégalités entre les femmes et les hommes(6) ».
Yves Raibaud : « Contrairement à ce que l’on pense, les femmes font encore les 3/4 des taches domestiques et surtout s’occupent d’accompagner les enfants, les personnes âgées et font les courses. Elles utilisent donc la voiture dans ces fonctions d’accompagnement trois fois plus que les hommes. La voiture représente aussi un sas de protection pour se déplacer la nuit. Toutes ces mesures qui pénalisent les femmes sont réfutées par un discours culpabilisant, anxiogène comme avec le réchauffement climatique, la pollution et les embouteillages. Cette ville douce, verte, post-carbone… Cette vision de la ville tranquille où l’on pourrait flâner, faire des rencontres ressemble finalement à la ville rêvée des hommes(1). »
Yves Raibaud évoque ainsi l’exemple de l’éclairage public qui plonge certaines rues dans la pénombre sur une plus grande plage horaire pour des raisons d’économies d’énergie. Le développement du vélo semble profiter d’abord aux jeunes hommes(10) plutôt qu’aux femmes qui selon lui l’abandonnent complètement à la naissance de leur deuxième enfant. Constat réfuté par une adhérente de l’atelier participatif rennais de « La petite Rennes » :
L. : « Il suffit de venir à la Petite Rennes voir combien de femmes réparent leurs vélos, quel que soit leur âge. Si la ville proposait de vrais parcours sécurisés et pourquoi pas une aide à l’achat de carrioles pour courses et enfants, les femmes laisseraient sûrement leurs voitures de côté. Je crois qu’après, c’est surtout une histoire d’éducation : la mécanique, ça n’est pas que pour les garçons ! »
Pire, selon les constats d’Yves Raibaud, il faudrait donc choisir entre « écologie » et « égalité d’usage » dans nos villes ? Point de vue discutable par Sylviane Rault, élue EELV qui s’est engagée durant son mandat à augmenter la part modale(11) des déplacements doux ou alternatifs notamment à travers le défi mobil’acteurs.
Sylviane Rault : « Je ne pense pas qu’une ville écolo aille à l’encontre des femmes, bien au contraire. Une ville écolo est une ville qui se féminise. Une ville apaisée où la circulation automobile est limitée à 30. Les femmes prennent soin de leurs enfants, une ville à 30, c’est moins de risque grave d’accidents de la route, c’est plus de sécurité routière, c’est moins de pollution… C’est moins de fatigue d’emmener ses enfants à l’école à pied ou à vélo parce que c’est moins de temps dans les embouteillages, c’est plus économique…Les femmes ont bataillé pour avoir le droit de pédaler à la fin du 19ième siècle et au début du 20ième et dans certains pays le vélo n’est pas admis pour les femmes. Le vélo est un outil important de liberté et d’autonomie. Plus le taux de pratique du vélo augmente plus il se féminise (comme à Strasbourg où la parité a été atteinte.) En faisant du vélo, les femmes s’approprient l’espace public , elles sont visibles. Se déplacer à vélo est bien plus sécurisant que de se garer dans un parking souterrain par exemple. Je ne partage donc pas le constat d’Yves Ribaud. Nous devons encourager les femmes à se remettre en selle et quand elles ont repris confiance en elles, elles ne lâchent plus la bicyclette ! »
Mixité, égalité, fraternité…
La question de l’usage de la ville reste complexe entre vrais problèmes et vraies-fausses bonnes idées. Cette soirée nous fait prendre conscience du manque d’études pour appréhender les évolutions marquantes de la planification urbaine. « Si on n’observe pas un phénomène, il est difficile de le transformer » renchérit Yves Raibaud. Regarder la ville avec « les lunettes du genre(1) » ne semble pas être instinctif. Est-ce dû à certaines réticences, à une inertie collective ? Pire, est-ce qu’une majorité préfère encore voir les femmes se complaire dans un espace limité, domestique et traditionnel ? Pourtant, la mixité sociale, intergénérationnelle et sexuelle dans une ville participe intrinsèquement à l’amélioration de l’ambiance urbaine.
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Trois questions à Geneviève Letourneux (conseillère municipale chargée du droit des femmes et de l’égalité) qui a introduit cette conférence.
► ALTER1FO : Lors de la conférence d’Yves Raibaud, il a été acté qu’une des causes principales expliquant le déséquilibre entre homme/femme dans l’espace urbain était dû au fait que les gestionnaires des politiques publiques, les urbanistes sont en grande majorité des hommes. Rennes fait exception avec une femme maire de la ville et Sylviane Rault à la mobilité. Pouvez-vous nous expliquer les mesures concrètes qui découlent de cette « exception » par rapport à d’autres villes ?
Geneviève Letourneux : Sur le constat de la place inégale des femmes et des hommes dans l’espace urbain le constat d’Yves Raibaud est que la prépondérance des hommes dans les politiques publiques urbaines d’aménagement reflète et renforce la division traditionnelle des rôles féminins et masculins, dans cette division traditionnelle les femmes sont cantonnées à l’espace intérieur de l’intime et du soin et les hommes ont la responsabilité de l’extérieur, comme source de revenu mais aussi comme « terrain de jeu ». Les lunettes de l’égalité nous amènent à re-questionner cette approche, d’où la nécessité d’avoir des femmes aux responsabilités, mais aussi dans les services, notamment en matière d’aménagement urbain, mais plus largement la nécessité de questionner systématiquement la manière dont nos politiques agissent sur les inégalités systémiques, pour s’en affranchir et ne pas contribuer de manière inconsciente à leur renforcement.
La volonté de Nathalie Appéré, Maire de Rennes, de mailler la ville d’espaces de respiration verte, de rendre la ville accessible et agréable pour tous, y compris les plus vulnérables (par exemple le travail en matière de mobilier urbain dans le cadre de Rennes ville amie des aîné(e)s), de faire que les espaces publics soient des lieux de vie avec des invitations plurielles, de garantir la tranquillité publique sont des illustrations d’une approche de la ville qui s’appuie sur les usages et questionne les non usages qui sont une forme de non recours.
► ALTER1FO : Yves Raibaud a eu un constat sévère sur le % de subventions accordées aux loisirs accaparés par les hommes. Qu’en est-il de Rennes ? Faites vous ce même constat ?
Geneviève Letourneux : A Rennes nous n’avons pas encore d’approche genrée du budget, cette approche permet de mesurer donc de voir; mais le budget n’est que la traduction financière des politiques publiques et c’est donc bien amont, de l’instruction à la prise de décision, que l’égalité entre les femmes et les hommes doit être prise en compte. L’approche intégrée de l’égalité femmes/hommes est amorcée de longue date, l’ambition de l’égalité entre les femmes et les hommes est donc largement partagée et une attention particulière est donnée aux projets qui favorisent la mixité et l’égalité. Les lourdeurs des représentations, l’impensé de la dimension systémique de l’inégalité femmes/hommes sont néanmoins bien réels, il ne suffit pas d’ouvrir à tous, il faut aussi réfléchir aux accompagnements, aux facilitateurs qui permettent une égalité; là encore il faut continuer à outiller chacun des lunettes de l’égalité pour questionner en amont l’impact des projets en matière d’égalité femmes/hommes et imaginer les manières de s’affranchir des inégalités systémiques.
► ALTER1FO : En fin de conférence, un court métrage nous montre que dès le plus jeune age, les garçons ont tendance à imposer leur présence dans la cour d’école. Finalement, l’origine du problème n’est-il pas le manque de prise en compte du genre dans l’éducation ?
Geneviève Letourneux : En effet l’inégale appropriation de l’espace public est le révélateur de la place faite aux femmes dans notre société, cette place est construite et questionne la manière dont nous assignons les petites filles et les petits garçons à des rôles stéréotypés, la mixité ne garantit pas l’égalité. Les processus sont souvent inconscients et insidieux, ce film est extraordinaire car en quelques minutes il nous révèle l’inégalité de fait, les difficultés à faire reconnaitre un meilleure équilibre, les mécanismes d’assignation et de séparation qui s’entretiennent entre pairs; il nous révèle aussi l’importance de l’institution, du monde des adultes la question qui nous est posée est « laissons faire » ou éduquons au respect, à la culture de l’égalité, à l’élargissement des possibles pour tous; l’égalité est une construction qui concerne chaque personne dans sa singularité et dans sa construction et le collectif dans ses modes de régulation, le rôle de l’éducation est en effet central.
(1) Propos d’Yves Raibaud recueilli lors de la conférence du 08 Octobre 2015
(2) “Avec le harcèlement de rue, la ville reste le domaine des hommes”
(3) Quand les femmes reprennent la ville
(4) Harcèlement de rue : « Quand on est une femme en France, on est seule »
(5) Le sexe de la ville : masculin ou féminin ?
(6) La ville «durable», connectée et écolo ne profiterait pas aux femmes
(7) Le sentiment d’insécurité des femmes dans l’espace public : une entrave à la citoyenneté ?
(8) Dans la rue, même pas peur ! Par Chris Blache, Ex-conseillère d’Eva Joly.
(9) Certains professionnels commencent à boycotter les réunions « labellisées » 100% masculines, comme le microbiologiste Jonathan Eisen ou dernièrement à Rouen.
(10) La ville «durable», connectée et écolo ne profiterait pas aux femmes
(11) Proportion du trafic national effectuée par un mode de transport donné
Femmes et hommes face à la violence
Pour rappel :
Conférence et Ateliers : Harcèlement de rue. Quelles conséquences pour les femmes ? Comment agir ensemble ?
Le jeudi 19 novembre 2015 à 20h à la Maison des associations de Rennes, 6 cours des Alliés – M° Charles de Gaulle Dans le cadre du 25 novembre, journée internationale pour l’élimination des violences à l’encontre des femmes.
Bonjour,
serait-il possible d’avoir l mentionnée dans l’interview, si elle est trouvable sur Internet?
Merci bien.
la référence du court-métrage je voulais dire
Bonjour Racoon, désolé pour le temps mis à vous répondre, je viens juste de voir votre question : le documentaire s’appelle ESPACE d’Éléonor Gilbert. Il me semble qu’il est dispo aux champs Libres (à confirmer)
http://www.dailymotion.com/video/x1gnlo1_espace-d-eleonor-gilbert-competition-internationale-courts-metrages-cinema-du-reel-2014_shortfilms