Embellies 2019 : Vendredi feutré et sensible

Deuxième soirée du festival Les Embellies qui a lieu du 2 au 4 mai 2019, ce vendredi 3 mai joue sur une programmation aussi émouvante que feutrée qui devrait trouver un écho encore plus remarquable dans l’écrin magique du Vieux St Étienne. Présentation.

Après-midi gratuit au Vieux St Étienne : sieste musicale, exposition, émission de radio en public et concert

Comme la veille, on ne saura que vous conseiller de venir tôt, puisque le Théâtre du Vieux St Étienne, qui accueillera cette année toutes les propositions du festival sera ouvert le vendredi dès midi et vous invitera à profiter d’une sieste musicale gratuite de 12h à 15h, mais également à découvrir l’exposition du label Patchrock (autour des visuels originaux des pochettes d’albums des dernières productions discographiques du label Patchrock, même si parfois très récentes comme les maquettes 3D du nouvel album Jeune Public Echoes de Ladylike Lily sorti en mars dernier – à noter : un stand avec les disques du label vous permettra aussi de compléter votre collec’) et à assister à l’émission (In)attendue des copains de C-Lab en direct et en public de 17h30 à 19h.

Clément Lemennicier

Clément Lemennicier- Photo Lise Gaudaire

Tout aussi gratuitement, vous pourrez également assister au premier concert de la soirée de ce vendredi et on se permet d’insister fortement. N’hésitez pas à venir tôt tant le nouveau projet de Clément Lemennicier est riche de merveilleuses promesses. Tous les soirs du festival, à 19h, l’association Patchrock a en effet l’excellente initiative d’inviter des musiciens à venir présenter leur projet à leurs tous débuts, fidèle à sa volonté de s’inscrire dans l’accompagnement sur le long terme de jeunes artistes émergents.

Et on doit dire que le projet de Clément Lemennicier qu’on avait déjà repéré à la trompette et à la guitare dans Bumpkin Island (mais aussi pour l’installation Le sonneur public réalisée avec Lucie Le Guen pour le festival Maintenant), nous a tapé dans l’oreille. Pop slowcore solo, avec seulement une guitare électrique (et quelques pédales d’effets) et sa voix, la musique de Clément Lemennicier se détache de la mêlée par des compositions d’une belle apesanteur. Les quelques titres à la délicate sensibilité qu’on a en effet pu entendre se révèlent riches de promesses particulièrement excitantes, tant ils sont troussés avec une classe indéniable. Malgré une instrumentation resserrée, les morceaux se révèlent aussi amples que sensibles, sans que rien n’en déchire jamais l’intimité. On est donc particulièrement impatient de découvrir les compositions du guitariste en live, d’autant qu’on l’avait manqué au début du mois chez les copains de l’asso Off/on, et qu’on est déjà ébloui par les quelques morceaux qu’on a découverts.

 

Quentin Sauvé

Juste après, la soirée se poursuit dès 20h avec un garçon tout aussi touchant et émouvant, juste avant son départ pour une grosse tournée aux USA. Avec une spectaculaire trajectoire musicale à son actif, Quentin Sauvé, tombé dans la marmite punk-hardcore dès son plus jeune âge, membre de nombre combos bien vénères (souvent en compagnie de son frangin Amaury qui produit également son nouvel album), que ce soit au sein de Birds In Row, As We Draw ou Calvaire, a largement démontré sa capacité à mêler brillamment brutalité et sens mélodique.

Avec son projet plus personnel autrefois sous le nom de Throw me off the Bridge, décliné en version groupe et solo, et désormais refondu en une nouvelle entité sous son propre nom, la passion inextinguible du jeune homme et son sens farouche de l’indépendance s’incarnent dans une forme indie folk épurée, délicate et surtout diablement sensible. Sur son premier album sous son nom, Whatever it takes (sorti en K7 chez les amis d’Ideal Crash), les arpèges orageux et la voix sur la corde sensible de Quentin Sauvé s’exposent cette fois presque à nu et si les compositions entre ombre et lumière se font plus épurées, elles n’en sont pas moins émouvantes. Ajoutez à cela que l’intensité touchante dégagée en live par le musicien risque encore d’en augmenter les effets.

Tropique Noir

Projet pop renno-brestois de Mickaël Olivette, accompagné par les merveilleux Mermonte Ghislain Fracapanne à la basse ou Régis Rollant à la guitare et par Maëlan Carquet derrière les fûts (Bantam Lyons), Tropique Noir sortira son premier album le 17 mai sur le label Music From The Masses, réincarnation de l’aimé et défunt Beko Disques et on espère bien en avoir la primeur en live ce vendredi.

Après un premier ep paru en 2017 14 & Makarios, l’incendiaire Mirage (si on en croit sa pochette), enregistré par Clément Champigny au Studio 123, n’est pas encore en écoute, mais si l’on se fie au premier extrait BGS, c’est du noir qui sourd de guitares étincelantes dont il est ici question. D’obscurités éblouissantes, de textes sombres qui se déclament à la manière d’un Daniel forcément Darc, période Seppuku, auquel la lame frôlant les reins fait forcément penser. Les mots en français, chantés comme un Daho solaire illuminant ses Notte, s’ancrent sur des sonorités eighties synthétiques et des guitares éclatantes. Basse mélodique rebondissante, rythmiques paradoxalement martelées et dansantes : tout chez Tropique Noir, semble relever de l’oxymore, du rapprochement des contraires qui se percutent. Le tout au service d’une efficacité qu’on pressent redoutable.

Chris Garneau

Les amateurs de mélodies à l’âme sensible auront le plaisir de retrouver Chris Garneau, déjà venu en 2014 aux Embellies à l’Antipode pour la sortie de son précédent album Winter Games, le temps d’un concert suspendu, lent et doux voyage introspectif, porté par une interprétation immensément sensible. Après deux premiers disques Music For Tourists (2006-2007) et El Radio (2009), avec lesquels l’Américain avait délicatement posé les bases de sa folk essentiellement acoustique (piano, cordes, farsifa essentiellement sur le premier, guitare acoustique et claviers électriques en plus sur le second) aux arrangements riches et précieux (cuivres et cordes diablement inspirés), le musicien quittait le tout acoustique et s’offrait des instrumentations plus électriques (ou électroniques) sur Winter Games, album malade et introspectif aussi tordu que troublant naviguant de l’inceste au rejet familial, de la négligence à la maltraitance en dix pistes souvent sensibles et parfois même crève-cœur.

Avec son dernier album en date, Yours (décembre 2018), le garçon et sa pop baroque continuent de chercher à gagner en amplitude, ne se refusant aucun territoires sonores. Exit le tout acoustique, les cordes, les cuivres : place aux échos, au delay, aux saturations de l’espace sonore par la superpositions de couches diverses, alliant étrangement gothique et dream pop, et desquels émergent ici un toy piano acoustique, là une voix épurée, ailleurs encore une mélodie dépouillée. Enregistré en quelques sessions entrecoupées de retours à la campagne new yorkaise, aux studios Mikrokosm de Villeurbanne avec Benoit Bel et Maxime Vavasseur (qu’on connaît pour Witxes) et également parsemé de quelques collaborations (Morgan Imbeaud -Cocoon-, Shannon Funchess -Light Asylum- ou Keren Ann, par exemple), ce quatrième album du désormais Angelino, est peut-être moins direct de prime abord, peut-être moins monolithique surtout. Mais ce kaléidoscope chamarré se laissant progressivement apprivoiser donne d’autant plus envie d’en découvrir les surprenants errements mystérieux en live. Et connaissant la capacité de Chris Garneau à délivrer des prestations à la sincérité feutrée et déchirante, on risque fort peu d’être déçu.

Pendant toute la durée du festival, retrouvez tous nos articles sur les Embellies ici.


Les Embellies présentent Quentin Sauvé, Tropique Noir et Chris Garneau en concert le vendredi 3 mai à partir de 20h au Théâtre du Vieux St Étienne (14 rue d’Échange, Rennes) ainsi qu’un dj set de Grand Géant (également responsables de la scénographie du festival).

Tarifs : Sortir 6€ / Étudiants, -26 ans, demandeurs d’emploi 12€ / Plein 15€ / Sur place 17€
Pass 3 Jours : Étudiants, -26 ans, demandeurs d’emploi 35€ / Plein 40€

De 12h00 à 20h00, ce vendredi 3 mai à partir de 20h toujours au Théâtre du Vieux St Étienne : sieste musicale, expo, émission de radio C-Lab en direct et en public et concert de Clément Lemennicier – Entrée gratuite.

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