On avait découvert les 9 musiciens de Bumpkin Island lors du tremplin des Jeunes Charrues il y a 3 ans. On les avait retrouvés à 6 il y a un an lors du festival des Embellies. On avait apprécié le virage musical du groupe lors de ce tout premier set issu du travail en résidence de création. Le concert à Laval a confirmé le potentiel du sextet, avec un set maitrisé de bout en bout : superbes arrangements, maitrise vocale, et des compositions qui montent en puissance avec beaucoup de subtilité. Et que dire des deux nouveaux titres, parfaite synthèse entre la pop orchestrale de leurs débuts et le post-rock plus sombre de leur premier album Ten Thousand Nights. On a voulu en savoir un peu plus quasiment un an jour pour jour après leur premier passage aux Embellies : retour sur cette année post-résidence avec Ellie, Clément, Thibaut, Glenn et Jérémy, quelques heures avant leur concert à Laval. Rencontre.
Alter1fo : Si vous deviez présenter Bumpkin Island en deux ou trois mots seulement, que diriez-vous ?
Clément : Un collectif de 6 personnes pour de la musique faite par 6 personnes.
Ellie : Il y a une idée de voyage
(silence… Glenn et Jérémy entrent)
Ellie : Venez nous aider ! (rires)
Thibaut : Intime, espace et hiver.
En live, le line up s’est resserré il y a un an mais l’album a été enregistré avec Glenn et Elise. Bumpkin Island a une identité studio et une identité live ? Vous avez enregistré votre premier EP à 6 et vous l’avez joué à 9. Et vous avez enregistré votre premier album à 9 pour le jouer à 6.
(rires)
Ellie : On est un peu tordu !
Thibaut : Ce groupe marche avec le moment présent. Au moment de l’enregistrement, il y avait ces personnes, puis les choix de vie font que les gens ne sont pas forcément disponibles. C’est une formule assez ouverte.
Ellie : A géométrie variable.
Thibaut : En live, nous sommes 6 actuellement, mais en studio, les portes sont toujours ouvertes.
Ellie : Lorsqu’on écrit nos morceaux, on n’hésite pas à rajouter des instruments enregistrés par d’autres personnes, même si on ne pourra pas les jouer en live.
Thibaut : Par exemple, ce soir, on va jouer un nouveau morceau : c’est un titre que nous avait proposé Alex, chanteur aux débuts du groupe. On n’avait pas terminé ce titre et on l’a repris il y a quelques mois avec son accord.
On vous avait découvert aux Vieilles Charrues avec une pop orchestrale plutôt souriante, et on vous a retrouvés il y a un an avec des envolées post-rock orageuses. Comment expliquez-vous cette évolution musicale, en un laps de temps assez court ?
Clément : Au départ, Glenn a initié le concept de l’album : chaque titre peut être considéré comme un rêve, un moment dans la nuit.
Ellie : On est plus ténébreux dans notre sommeil. (rires)
Glenn : C’était l’idée de départ du groupe mais on n’avait pas réussi à la mettre en place dès le début.
Ellie : Lorsqu’on jouait les morceaux en live, on se retrouvait beaucoup plus dans les titres post-rock sombres que dans les titres joyeux. On préférait jouer les morceaux plus sombres, donc on a composé des choses qui nous correspondent plus maintenant.
On a trouvé aussi que les jeux de lumières étaient plus sombres également, avec des clairs obscurs… C’est quelque chose que vous avez travaillé ?
Thibaut : C’est quelque chose qu’on n’avait pas forcément travaillé pour l’Antipode, étant donné la taille du line-up. On avait commencé à développer les lumières au début, pour certaines grandes dates comme les Trans Musicales. Mais c’est quelque chose qui nous tient à cœur : pour ce soir, j’ai fait une set list pour l’éclairagiste, avec les ambiances. La lumière fait partie du concert, surtout pour la musique que l’on joue, qui nécessite une véritable ambiance, on ne peut pas faire n’importe quoi.
Ellie : C’est une musique assez imagée, le visuel permet aussi de voyager.
Qui compose au sein de ce groupe à géométrie variable ?
Thibaut : Au départ, c’était Glenn. Et sur l’album, c’était beaucoup plus ouvert.
Ellie : lorsque l’un d’entre nous a une idée, on fait de petits ateliers par groupe : à 6, c’est compliqué de se mettre d’accord sur une idée, une couleur, un arrangement. Même si c’est quelque chose que l’on fait plus souvent ensemble, parce qu’on se connait bien maintenant. On part d’une idée, deux ou trois personnes développent l’idée, puis on se retrouve tous pour arranger le morceau.
Clément : Ca se cristallise petit à petit.
Ellie : Je peux venir avec un texte ou une mélodie, Clément avec une ligne de trompette… le cheminement va être complètement différent. Au final, notre style est large et varié, parce que le processus de composition l’est également.
Vous avez conservé His Steps sur l’album (il figurait sur le premier EP). Ca vous a semblé évident ou bien il y a eu débat entre vous ?
Glenn : C’était assez cohérent.
Jérémy : Il y a eu débat sur l’arrangement (rires)
Thibault : On a beaucoup bossé sur l’arrangement, et à mon avis, c’est l’arrangement ultime. Mais on n’est pas tous du même avis. Elise, qui a écrit His Steps, ne l’aime plus. On l’a dépossédée de son morceau (rires).
A ce propos, les arrangements sur l’album sont particulièrement soignés. Comment s’est passé le mixage avec Birgir Jon Birgisson ?
Clément : Pour le mixage, ça s’est passé à distance. Le voyage était trop cher, donc on a fait ça par internet.
Ellie : Il a capté tout de suite l’ambiance.
Clément : il a fait un premier mix global qu’il nous a envoyé : il y avait déjà tout ou presque. On lui a juste renvoyé quelques petites modifications.
Ellie : Il est dans l’esthétique de l’album : c’est une musique aérienne, nordique, donc on savait que ça allait fonctionner.
Vous jouez ici dans le cadre des Embellies, un an après votre résidence en création pour ce festival. Vous pouvez nous parler de votre attachement à ce festival, et à l’association Patchrock qui l’organise ?
Thibaut : Suite à ce concert il y a un an, ils nous ont proposé d’intégrer leur catalogue et de travailler avec nous.
Ellie : Ils nous soutiennent, ils sont attachés au projet. Et nous sommes attachés à leur projet : le festival des Embellies est un rendez-vous annuel important pour nous. C’est pour nous un honneur d’avoir fait partie de cette aventure, qu’ils nous aient fait confiance.
Vous jouez ces titres en live depuis un an : vous avez notamment réarrangé des morceaux en acoustique. Le set a évolué depuis un an ?
Thibaut : Oui, il y a deux nouveaux morceaux dans le set.
Ellie : Et on est en train d’écrire de nouveaux titres, qui sont presque prêts !
Jérémy : Et des morceaux en moins, dont His Steps ! (rires)
Clément : Ce qui a le plus évolué, c’est l’énergie sur scène. On se connait plus, donc on se lâche plus facilement.
Ellie : Il y a un an, c’était tout frais, notre premier concert dans cette formule : je me retrouvais aux claviers, à assurer le chant lead, j’avais les chocottes (rires). Maintenant, on connait mieux notre place sur scène. On a aussi Glenn en qui on peut faire toute confiance (Glenn sonorise les concerts).
De nouvelles compositions, donc des projets d’enregistrements ?
Clément : Rien n’est noté sur l’agenda mais c’est effectivement en projet.
Ellie : Actuellement, on travaille sur un set uniquement acoustique. On s’est rendu compte que ça fonctionnait bien. Les gens adhérent tout de suite. Il y a cette idée de proximité qui plait beaucoup. Et nous aimons aussi beaucoup jouer en acoustique.
Clément : On avait un set d’une demi-heure en acoustique et on essaye de l’étoffer.
Ellie : Et qui sait, enregistrer peut-être un EP en acoustique. Maintenant, on essaye de composer en acoustique.
Ça a d’ailleurs changé, car lorsque Ced vous avait posé la question à l’Echo du Oan’s il y a quelques mois, vous aviez arrangé vos morceaux en acoustique mais en préférant l’électrique.
Ellie : Oui mais ça a changé depuis : la dynamique de composition est différente, minimale, mais ça nous pousse à aller à l’essentiel.
Thibaut : L’acoustique nous a libérés : quand on joue en acoustique, tout est beaucoup plus simple entre nous.
Vous jouez à Issy-les-Moulineaux demain. Vous avez d’autres dates en projet ?
Le 20 avril à Lamballe, en semi-acoustique. Et cet été, le 30 juillet à St Quay et le 05 août à Figeac.
Et on cherche des dates avant l’été. Dans l’idéal, on cherche à faire une petite tournée acoustique.
Pour finir, si vous deviez citer chacun un album sans lequel vous ne pourriez pas vivre ?
Thibaut : Third de Portishead
Ellie : Amnesiac de Radiohead
Clément : All Is Well de Sam Amidon
Jérémy : Homogenic de Bjork
Merci beaucoup.
Merci à vous.
Photos : Solène
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