[cinéma] Cycle Police Partout @ l’Arvor : C’mon Punk, Make My Summer !

Après avoir exploré les thèmes de la bicyclette et du train, c’est vers l’inépuisable figure du policier que se tournera l’Arvor pour ces épatantes sélections hebdomadaires qui vous accompagneront durant tout cet été 2022. Chaque mardi du 5 juillet au 30 août 2022, découvrez ou redécouvrez sur grand écran neuf films qui oscilleront dangereusement entre forces de l’ordre et du chaos pour notre plus grande joie.

Tout au long de l’été 2020, la fine équipe du cinéma Arvor nous conviait pour un réjouissant et éclectique tour du monde cinéphile à grand braquet autour du thème du vélo. Durant l’été 2021, c’était au tour de la hautement cinégénique figure du train d’être explorée dans une très belle sélection de huit films tout aussi variée et inspirée. Pour cette nouvelle année, c’est au tour de la figure tout aussi prolifique du policier d’être décliné en huit variations toutes aussi passionnantes qu’éclectiques. Classiques, nouveauté, curiosités, raretés, documentaire… il y en aura pour toutes les pupilles. Avec ce cycle Police Partout, le cinéma Arvor explore un sujet brulant d’actualité en vous proposant neuf visions radicalement différentes du flic et de son rapport à la justice et à l’injustice.

Le cycle démarrera sur les chapeaux de roue avec une des plus emblématiques figures de policier du cinéma américain. Presqu’uniquement recentré sur le lieutenant de police Frank Bullit, incarné avec une classe folle par Steve Mcqueen, le film déploie une intrigue de témoin à abattre resserrée sur deux journées et épurée à l’os. Du score jazzy de Lalo Schifrin, au jeu âpre et introverti de Mcqueen en passant par la mythique poursuite en voiture dans les rues de San Francisco, tout est taillé pour le grand écran et les salles obscures dans Bullit. Ne loupez donc pas cette occasion de le savourer dans un écrin digne de cette folle cinégénie.

Bullit, Peter Yates, 1968, 1h53
Mardi 5 juillet 2022 – Cinéma Arvor, 11 rue de Chatillon, Rennes – 20h15

La sélection proposera ensuite une émoustillante nouveauté avec le huitième film de Dominik Moll : La nuit du 12. Après les vénéneux Harry, un ami qui vous veut du bien et Lemming, le brillant Seules les bêtes et quelques détours par les séries (Tunnel, Eden), le réalisateur revient semble-t-il au thriller avec le récit de deux enquêteurs (Bouli Laners et Bastien Bouillon) obsédés par le meurtre atroce d’une jeune femme. On connait le talent du monsieur pour dépeindre des personnages ambivalents et déployer des intrigues labyrinthiques et poisseuses. La bande-annonce est également très réussie. Bref, tout ça donne méchamment envie.

La  nuit du 12, Dominik Moll 2022, 1h53
Mardi 12 juillet 2022 – Cinéma Arvor, 11 rue de Chatillon, Rennes – 20h15

On change de continent et radicalement de registre avec Confession d’un commissaire de police au procureur de la république de Damiano Damiani. Sorti en 1971, le film narre le combat désespéré du commissaire Bonavia (Martin Balsam), prêt à tout et même au pire pour arrêter un ignoble promoteur immobilier véreux disposant des plus hautes protections. Cette quête va se heurter à la croyance inflexible en la légalité d’un procureur (Franco Nero). A la fois dissection clinique, inflexible et hautement politique de la corruption de la société italienne et polar implacable porté par la splendide musique de Riz Ortolani, le film de Damiani est un des plus grands films sur la mafia. Il dépasse le simple film dossier grâce à sa férocité clinique et à la finesse de l’évolution des relations du duo central.

Confession d’un commissaire de police au procureur de la république, Damiano Damiani, 1971, 1h48
Mardi 19 juillet 2022 – Cinéma Arvor, 11 rue de Chatillon, Rennes – 20h15

Autre grand film sur l’obsession policière, Max et les ferrailleurs de Claude Sautet fait partie des films que l’on voit et revoit avec toujours autant de plaisir. Ancien juge devenu flic suite à un coupable relâché faute de preuve, Max (immense Michel Piccoli) ne supporte pas d’être de nouveau mis en échec par une bande de cambrioleurs et s’engage dans un plan aussi machiavélique que désespéré. Au cours de ces machinations, il rencontre Lily (tout aussi sublime Romy Schneider) et les liens qui vont les unir pourraient aussi bien les mener à leur perte qu’à leur rédemption. Grand drame policier sur l’isolement au cœur duquel brule d’un feu éblouissant l’histoire d’amour impossible entre Max et Lily, ce film de Sautet est aussi un brillant jeu de contraste entre la belle bande menée par Bernard Fresson et la plongée vers la folie d’un homme pour lequel les nuances disparaissent.

Max et les ferrailleurs, Claude Sautet, 1971,1h52
Mardi 26 juillet 2022 – Cinéma Arvor, 11 rue de Chatillon, Rennes – 20h15

A mi-chemin, le cycle nous offre une étape par le documentaire avec le puissant Un pays qui se tient sage de David Dufresne. L’auteur et réalisateur spécialiste érudit et redoutable des questions de la gestion du maintien de l’ordre et des violences policières, sonde cette fameuse citation du sociologue Max Weber : « L’Etat revendique pour son propre compte le monopole de la violence physique légitime« . En alternant le flot d’images que l’usage banalisé des smartphones a permis aux réflexions de nombreux et divers intervenants, Dufresne questionne avec une force peu commune la place de la police dans la démocratie. Dans ce va-et-vient entre la violence tétanisante de ces scènes projetées en grand format et la mise en place lente et nécessaire d’une pensée, d’une analyse naissant de cette émotion, il interroge surtout la démocratie elle-même. Un film aussi puissant qu’essentiel.

Un pays qui se tient sage, David Dufresne, 2021, 1h26
Mardi 2 août 2022 – Cinéma Arvor, 11 rue de Chatillon, Rennes – 20h15

On repart ensuite dans la fiction avec tout simplement un des plus beaux polars (LE plus beau ?) de 2021. Pour son seulement deuxième film, l’iranien Saeed Roustaee signe avec La loi de Téhéran, rien de moins quun coup de maitre. En partant d’une loi locale sensée réagir à l’épidémie foudroyante de crack et condamnant les trafiquants à mort qu’elle que soit la quantité concernée, le réalisateur bâtit un duel au sommet entre l’inspecteur Samad Majidi (Payman Maadi) à la tête d’une unité de la brigade des stupéfiants de Téhéran et le trafiquant Nasser Khakzad (Navid Mohammadzadeh). De la saisissante poursuite d’ouverture aux stupéfiantes scènes de prison ou de raids sur un bidonville d’accros au crack, le film multiplie les morceaux de bravoure sur un rythme impitoyable. C’est d’autant plus remarquable qu’il arrive en plus à dresser un portrait nuancé et impitoyable de son pays et à tisser une relation complexe et tout en nuances entre ses deux protagonistes principaux. A revoir donc ou à découvrir de toute urgence.

La loi de Téhéran, Saeed Roustaee, 2021, 2h14
Mardi 9 août 2022 – Cinéma Arvor, 11 rue de Chatillon, Rennes – 20h15

La plus belle plongée en enfer de votre été vous sera offerte par Abel Ferrara avec son mythique Bad lieutenant. Incarné de façon inoubliable par un Harvey Keitel oscillant entre puissance fauve et fragilité déchirante, le lieutenant new yorkais de Ferrara n’a plus aucun espoir ni aucune limite. Alors qu’il semble seulement destiné à s’enfoncer toujours plus loin jusqu’à l’anéantissement, il rencontre une jeune religieuse, violée par deux jeunes qu’elle connait mais refusant de les dénoncer. La rédemption est-elle encore possible ? Film éreintant et opératique, entre incarnation au plus près de la chair et imagerie grandiloquente, le Bad lieutenant de Ferrara est « le film new yorkais ultime » dixit un des maîtres incontestés du genre : Martin Scorsese.

Bad Lieutenant, Abel Ferrara 1992 1h38
Mardi 16 août 2022 – Cinéma Arvor, 11 rue de Chatillon, Rennes – 20h15

Autre grand polar récent, le Caire Confidentiel de Tarik Saleh tire sa force de sa façon très habile d’entremêler l’histoire récente de l’Egypte avec une intrigue criminelle, certes classique, mais haletante et menée brillamment. Inspiré du meurtre d’une chanteuse libanaise dans un palace de Dubaï en 2008, le film suit Noureddine, flic ordinaire ni pire, ni meilleur que les autres. Alors que son destin semble tout tracé dans le sillon de la corruption ordinaire, le sort atroce d’une immigrée soudanaise va le faire dérailler vers une quête de justice dont lui-même semble surpris. Alors que les manifestations de la place Tahrir viennent sérieusement compliquer son enquête, le policier interprété de façon saisissante par Fares Fares va prendre tous les risques pour aller au bout de son enquête. Tourné à Casablanca suite au retrait des autorisations du gouvernement égyptien, le film est malgré cela aussi un superbe portrait d’une ville rongée par la corruption.

Le Caire Confidentiel, Tarik Saleh, 2017, 1h51
Mardi 23 août 2022 – Cinéma Arvor, 11 rue de Chatillon, Rennes – 20h15

Le cycle se terminera sur un grand et sauvage feu d’artifice. Pour son premier film hollywoodien, le hollandais Paul Verhoeven va dynamiter de l’intérieur la science-fiction d’action à l’américaine. D’un script des plus conventionnels, il va tirer une étonnante parabole christique d’une violence abasourdissante. Cette satyre à l’humour féroce du libéralisme reaganien dépeint une Amérique rongée par sa propre violence et son appât du gain sans limite. Sublimée par les effets spéciaux somptueux de Phil Tippett et par les interprétations de Paul Weller, Nancy Allen et Ronny Cox, ce récit d’une privatisation de la police ponctué de flashs publicitaires hallucinants de méchanceté reste un inépuisable monument d’ironie aux multiples couches de lecture en plus d’être un spectacle d’une imparable efficacité.

Robocop, Paul Verhoeven, 1987, 1h42
Mardi 30 août 2022 – Cinéma Arvor, 11 rue de Chatillon, Rennes – 20h15

Toutes les séances sont au tarif habituel du cinéma.
Les réservations sont possibles à la caisse de l’Arvor.

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