Cartographie du Hip-Hop Rennais – RezO

Placer le hip-hop Rennais sur une carte, donner la parole, petit à petit, à tous ses acteurs, rookies, vétérans, old timer ou jeunes pousses, qu’ils officient en tant que Djs, beatmakers, Mc’s, en groupes, comme beatboxers, réalisateurs, photographes ou clippeurs, et on en passe, qu’ils soient actifs aujourd’hui ou qu’ils l’aient été par le passé, tous contribuent à faire de la scène hip-hop rennaise un vivier foisonnant et bien souvent passionnant. Ce dossier, évolutif, leur est consacré.

(crédit visuel Marion Lépée)

Cette semaine nous recevons RezO. Un des activistes et des beatmakeurs les plus influents de la scène rennaise. Notamment grâce à son émission culte pour tout amateur de rap Nex RezO qui a vu pendant 20 ans défiler la crème du rap local mais aussi hexagonal sur Canal B. On reviendra avec lui sur cet aspect de sa carrière mais pas que! Car depuis quelques années déjà, RezO est le beatmakeur et DJ du groupe Rezinsky (formé de RezO à la production et Pepso Stavinsky -l’Angevin- au Mic). Nous reviendrons sur leur rencontre et leur dernier EP (ALBUM) intitulé Mal Poli (sortie en juin 2018). Nous finirons notre entrevue avec les questions, maintenant habituelles, sur la place de Rennes sur la carte du Hip-Hop et de l’évolution de la scène locale.

Fiche de présentation

Origine : Rennes
Lieu de résidence: Chantepie
Blaze/pseudo/nom: RezO
Crew : Rezinsky
Année d’activité: 1er beats en 97
Genre musical: Hip-Hop
Nombre d’album ou projets: 2 ep puis 1 album avec Rezinsky, 1 ep avec Artisanal, 1 album avec K.Oni, 1 album solo « reviviscence », 1 compilation de rare tracks & remix …. Voilà ceux qui sont trouvables.
Projets majeurs de ta carrière: Reviviscence, mon solo, fini dans la douleur mais dont je suis fier, Réflexion avec K.Oni que je trouve intemporel, Mal Poli mon nouvel album avec Rezinsky

Crédit photo : Robin Alliel

Alter1fo : Peux-tu te présenter pour ceux qui ne te connaissent pas ?

RezO: RezO. 40 ans maintenant, un simple mec qui partage son amour de la culture et qui accessoirement essaie d’y foutre son grain de sel au passage.

Les old-timers te connaissent depuis le début de l’émission Nex’RezO que tu animais avec ton comparse DJ Unstick Ear. Vous avez d’ailleurs tiré votre révérence lors de l’émission des 20 ans le 15 septembre dernier. Peux-tu nous dire ce que tu as ressenti lors de cette émission et nous parler de ce qu’elle représentait pour toi?

Tu sais, 20 ans d’émission hebdomadaire, c’est plus de mille Nex’RezO, tous ou quasi tous en direct. Quand j’ai commencé en 98 avec Dj Unstick Ear, nous avions 20 ans, étions jeunes et insouciants. Dans cette émission j’ai rencontré ma femme, j’ai rencontré une partie de ceux qui deviendront mes meilleurs amis ! J’y ai aussi côtoyé de vrais fous de hip-hop, des mecs qui vivaient rap. Pendant des années, nous avons eu cette sensation d’apporter à la ville quelque chose de massif. Lors des années fastes, nous faisions 4h30 de direct, tous les samedis soirs, avec des lives à n’en plus finir. Parfois nous basculions en mode pirate et nous ne rendions pas l’antenne ! Des vrais sales gosses !
Là … d’avoir fêté les 20 ans et en même temps faire la dernière, c’était étrange ! On a soufflé les bougies d’un côté et fermé les portes de l’autre ! Moi, Dj Unstick Ear, Mad Wolf et Lutonien (2 des nombreux chroniqueurs à avoir participé à l’émission) on a dormi dans les locaux comme 4 vieux scouts se faisant une dernière virée en forêt …

A l’époque de Nex’RezO produisais-tu déjà des sons de ton côté? Car tu étais l’animateur de l’émission et DJ Unstick Ear, comme son nom l’indique, était le DJ de l’émission jusqu’à la fin de celle-ci.

Oui ! Mais à vrai dire, durant des années j’ai voulu que cela reste assez confidentiel. Peut-être que je n’étais pas assez satisfait, ou que je n’avais pas assez d’assurance. Si tu as des archives des débuts 2000 de l’émission, j’y passais régulièrement des remix, car c’était mon kiff pendant longtemps, je ne voulais pas taffer avec des rappeurs, je voulais faire des remix cainris that’s all !

C’est vraiment Taram, l’un de mes proches amis, qui a disparu maintenant, et Artisanal (dont Inos, son frère fait partie) qui m’ont donné l’envie d’en faire quelque chose de plus concret.

La nouvelle génération te connait plus sur l’aspect beatmaking et production dans le groupe Rezinsky. Peux-tu nous parler de ta rencontre avec Pepso et du moment où vous avez décidé de monter un groupe ensemble?

On a décidé de monter un groupe alors que c’était déjà lancé ! Pour te dire, le nom Rezinsky a été trouvé au dernier moment, quand il fallait sortir le clip WASP avec Le Bon Nob, Eli mc et Pand’or et que le réalisateur nous a contacté en nous disant : « en fait, je met quoi pour votre blaze ?  » Rien n’a jamais vraiment été calculé à la base de Rezinsky. J’ai rencontré Pepso quand il venait régulièrement à Rennes pour faire mixer son album chez Koolkal. Artisanal nous a présenté, puis je l’ai invité à la radio, on a eu un bon feeling et on est devenu potes. J’ai vu que c’était un rappeur qui avait la dalle et des textes atypiques, ce que j’ai kiffé direct. Je l’ai invité sur l’album que je faisais avec K.Oni, il m’a invité sur le sien, je l’ai invité ensuite sur mon album solo Reviviscence. Oui ! Il apparaît sur deux ou trois tracks. Lui m’a demandé des productions pour les cypher qu’il faisait pour ses soirées angevines, les Bridging the gap. En fait, quand j’y repense, à partir du moment où on s’est connu, on n’a pas arrêté de collaborer.

Crédit photo : Ben Part En live

Votre groupe tourne énormément ces derniers temps. On a pu vous croiser sur plusieurs festivals, et le succès commence à être au rendez-vous. Comment gérez-vous cette petite renommée qui commence à arriver?

Je ne pense pas qu’on puisse parler de renommé. Ce n’est pas parce que tu ouvres pour Orelsan, Nekfeu, Lomepal ou Caba & Jean Jass que tu es eux!
Je pense qu’on fait un très bon taf sur scène. On se casse la tête à proposer un show dynamique. On se donne à 1000 pour cent en concert et on ne laisse généralement personne indifférent. Donc la seule chose que l’on gère c’est que : plus la scène est grande, plus notre jeu scénique, notre son et nos lumières doivent être fat ! Pour moi le reste, pour l’instant, ce n’est que de la poudre aux yeux.

Quels sont les futurs projets de la formation Rezinsky ?

Déjà beaucoup de dates pour défendre Mal Poli sur scène. On sera en tournée au Québec en Novembre. Quand on rentre on fait le Bataclan! Et comme la route m’inspire beaucoup, qu’on travaille énormément d’instrus sur ces périodes, je pense que cela va être bénéfique. Ça a d’ailleurs déjà repris : des maquettes sont en boite! Pepso écrit pas mal, moi j’ai pas mal de matière en stock, donc on continue à créer et on verra ensuite par où on part !
Ah! et Mal Poli sort en vinyle en fin d’année (à bon entendeur)

Crédit photo : Gildas Raphnel

Quelle importance accordes-tu au visuel dans ton travail car depuis un certain temps les clips et l’image représentent 50% du travail pour avoir de la visibilité ?

Je travaille avec tout un staff graphique, Pepso étant graphiste de métier. Donc forcement, on a mis en avant le travail visuel autant photographique que sur les vidéos dès le début. Des visuels forts, cela attire toujours l’œil et forcement l’oreille !

Que ce soit avec Silas qui nous avait fait de forts visuels pour la sortie vinyle de notre 1er ep (cf les hérétiquedeluxe), Smoh qui a géré la direction artistique graphique de Mal poli ainsi que plusieurs clips (Caligula, Ntm, Benjiskhan). Ce serait se tirer rune balle dans le pied que de ne pas comprendre l’importance de l’image en 2019 !

Est-ce difficile de percer quand on vient de Rennes et pas de Paris où la musique et les contacts sont principalement concentrés ?

Alors je pense qu’il est difficile de percer quand on ne fait pas partie d’une famille forte du Hip-Hop Français, avec des ramifications qui ont déjà émergé et qui peuvent tirer les autres vers le haut. A Paris, indéniablement, il y a les labels, les bookers, les managers, les boites d’édition. Quasi tout est là bas. Pepso y descend pour le business 4 fois par an minimum. Mais il y a tout ça un peu partout en France aussi. Il faut se bouger, aller frapper aux portes, démarcher, ne pas se décourager et avoir confiance en soi. Ton énergie n’a pas besoin d’être parisienne pour te servir.

Quelles sont tes attaches avec la ville de Rennes et comment trouves-tu l’évolution de la scène locale actuelle depuis tes débuts ?

Ma ville ? Je crois qu’il suffit d’avoir écouté Nex’RezO toutes ces années pour voir à quel point je l’aime et l’ai soutenue !

La question que tu aimerais que l’on te pose? et y répondre !

Rezo : « Tu taffes sur autre chose à coté de Rezinsky ?  »
Hé oui! Depuis les années que je le connais et qu’on se disait qu’on ferait un truc, je taffe sur un album pour Big Bro avec Dj Unstick Ear. Cela me tenait à cœur de faire un truc avec eux. Donc là on charbonne, il y a déjà des morceaux en boite, et d’autres en créa ! Je taffe aussi une idée de 45t avec un jeune loup parisien qui a envie de produire ça… Cœur sur lui! Je ne vous en dirai pas plus pour l’instant afin de ne pas me porter la poisse mais c’est assez ambitieux !

Le mot de la fin ?

Pour tous ceux qui ne trouvent qu’un sens à Mal Poli

______________________

Pour continuer de découvrir l’univers artistique de RezO nous mettons ci-dessous des liens vers ses réseaux

 

Bandcamp de RezO : Ici
Soundcloud de RezO : Ici
Youtube du groupe Rezinsky : Ici
Facebook du groupe Rezinsky : Ici
Twitter du groupe Rezinsky : Ici

Vous pouvez trouver tout notre dossier sur le hip-hop Rennais = > Ici

De plus vous trouverez ci-dessous notre carte interactive regroupant tous les artistes par quartier, ainsi qu’une fiche présentation de chacun d’eux et les liens vers leur article respectif :


 

Laisser un commentaire

* Champs obligatoires