Nous avons passé notre samedi 23 août en famille au festival Bonus#4. Récit de nos pérégrinations à Hédé, où nous aurons eu le plaisir de croiser un tourbillonnant ballet de sacs plastiques et une réjouissante paire de fratries bien allumées.
C’est sous un ciel bleu à peine parcouru par quelques nuages pas menaçants pour deux sous, que nous arrivons en début d’après-midi à Hédé samedi 23 août. A cette heure, la très accueillante place de la mairie est encore fort peu peuplée. Nous en profitons pour prestement prendre nos places et pour profiter de la très sympathique ambiance à la fois tranquille et effervescente de l’endroit.
Nous filons droit vers l’église pour assister à la toute première séance de L’après-midi d’un Foehn, version 1 par la compagnie Non Nova. La flèche du clocher rend l’endroit facilement repérable mais les organisateurs ont eu en plus l’excellente idée de faciliter les déplacements en matérialisant les différents trajets dans le village par des fils de peinture rose tracés au sol. Le cadre un peu intimidant et les quelques consignes doctement distribuées aux spectateurs (pas de photos, attention à ne pas franchir la ligne centrale) donnent un côté un peu solennel à notre entrée. Le charme étrange de l’installation va vite dissiper ce côté un peu guindé. Au cœur de la nef, deux sacs plastiques sont disposés au sol, dans un cercle central entouré de ventilateurs et cerné par deux rangées de bancs. Un drôle de personnage nous accueille : port altier, toque de fourrure vissée sur la tête, redingote aux boutons dorés et singulières chaussures rappelant des sabots d’un animal. Serait-ce le faune se cachant derrière le jeu de mot du titre mêlant le nom d’un ballet de Vaslav Nijinski (sur une musique de Debussy) et le nom d’un vent puissant, chaud et sec ? Armée d’une paire de ciseaux et d’un rouleau de ruban adhésif, la créature se fait créateur en composant avec méticulosité à partir des deux sacs un intriguant assemblage. Notre implacable tendance à l’anthropomorphisme nous le fait associer à un étonnant bonhomme à petite tête et hanches généreuses. Dans une ronde cérémonieuse, notre faune met en route les ventilateurs dont les pales entament leur ronde dans un surprenant silence. Par la magie du tourbillon généré par les machines, le pochon va entamer un ballet aérien totalement fascinant. La grâce dont fait preuve notre avorton de polyéthylène est assez stupéfiante, surtout quand il est rejoint par des congénères savamment propulsés par notre marionnettiste en chef. La lumière et les jeux d’ombres créés par la hauteur des lieux accentuent encore le plaisir visuel de cette danse bariolée. Le son n’est pas en reste et l’acoustique de l’église offre un écrin à la hauteur du minutieux travail de mélange de musique classique et de bruitages (pings aquatiques, pépiements d’oiseaux, grognements). De l’exaltation de la multiplication créative à la révolte des créatures, le conte imaginé par la compagnie de Phia Ménard explore ces thèmes mythologiques avec une intensité et une poésie visuelle rare et précieuse. Que voilà une belle façon d’entamer les hostilités !
Sur le chemin du retour, nous passons jeter un œil sur l’expo célébrant les 40 ans de la belle et singulière aventure de ce festival et sur les chouettes sérigraphies et gravures proposées place de la mairie. Ceci fait, il est temps d’aller relever le Grand Défi des frères Zipper. Nous avons déjà croisé dans le coin ces pétillants bonimenteurs et nous sommes ravis d’avoir une nouvelle occasion de participer à leurs jeux bricolos et loufoques. Dans un rituel joyeux et participatif, ces pieds nickelés organisent sur un train d’enfer une série de challenges gentiment azimutés. Les nombreux enfants se précipitant pour y participer sont départagés par un réjouissant concours de mime d’animaux de haute volée (Vous avez déjà essayer d’imiter un koala?). Le hasard plus ou moins contrôlé d’une roue installée dans un splendide et imposant robot cartonné désigne l’improbable épreuve qu’il faudra surmonter pour repartir avec un des lots fabriqués avec amour par les frangins avec un peu de récup’ et beaucoup de carton. Catapulte à bombe à eaux, pistolet à élastique, fusée propulsée par un maillet, Où-est Jean-Louis ?, course de frigos, rugby suisse… s’enchaînent dans une joie et une bonne humeur communicative. Nos forains roublards animent tout ça avec un allant irrésistible et une douce forfanterie. Grands et petits se laissent joyeusement emballer par ce grand cirque inventif et foutraque.
Avant d’aller à la salle de sport voir Jake & Pete’s Big Reconciliation Attempt For The Disputes From The Past nous déposons nos ouailles à Mini Bonus. Ils en repartiront ravis d’avoir joué à loisir aux jeux géants et très fiers des masques qu’ils ont fabriqués. C’est dans une salle de sport plongée dans l’obscurité que Jakob et Pieter Ampe de la compagne Campo ont tracé un rectangulaire terrain de jeux devant une volée de gradins. Tour à tour nos deux barbus viennent se déchausser, avant d’entamer un tonitruant duo de hurlements qui fait fortement réagir les enfants installés sur des tapis de gym en bord de scène. Nos deux zigues vont ensuite composer une série de saynètes entre la danse, la comédie burlesque, le chant, l’équilibrisme qui explorent avec une tendre ironie les rapports complexes et parfois tendus entre frères. Tour à tour complices ou férocement compétiteurs, les deux frangins construisent et déconstruisent avec jubilation des assemblages de boîtes dans lesquels leurs corps viennent disparaître ou s’assembler. Le spectacle fait aussi la part belle aux voix des deux zigues avec de savoureux interludes chantés (ou braillés) souvent hilarants mais par moments aussi très touchants. Après les turpitudes frénétiques des frères Zipper, le spectacle semble un peu manquer de rythme mais il est tout de même difficile de résister au délicat équilibre entre férocité, jubilation et tendresse concoctés par les deux Belges.
Le soir arrive et la foule s’est notablement densifiée au fil de l’après-midi. Avant de regagner nos pénates, nous prenons le temps de savourer une nouvelle session des facéties des frères Zipper. Pour prolonger le plaisir de l’épatante ambiance festive régnant sur l’endroit, nous mangeons sur place et notre déjà très chouette journée s’achève par la sublime découverte des spectaculaires gaufres liégeoises.
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► Théâtre de Poche – 35630 Hédé-Bazouges – À 15 mn de Rennes et 30 mn de St-Malo.
► Les billets sont à retirer à la billetterie du festival au minimum 20 minutes avant de se rendre sur le lieu du spectacle.
► Location par téléphone et internet – Tél : 09 81 83 97 20
Bonjour!
Vous saviez que la sublime découverte de gaufres liégeoises s’était transformée en une sublime aventure entrepreunariale et coopérative?
Voyez plutot https://fr.ulule.com/la-gaufrerie/