Les organisateurs du festival nous conviaient samedi soir pour une conférence bilan de cette édition. On y a causé chiffres d’entrée et nouveautés pratiques, bien sûr, mais aussi subtilités et difficultés de l’art de la programmation… et consommation moyenne de bière par jour et par festivalier.

François Floret, président et co-programmateur, Alban Coutoux, communication et co-programmateur, et le président de l’association Rock Tympans : Ludovic Renoult, nous accueillent sous la tente presse. D’emblée, Floret confirme ce qui bruissait dans le Fort depuis notre arrivée : avec 21 500 entrées payantes (+ 5 000 invités/accrédités), le festival dépasse le seuil fatidique de rentabilité des 20 000. Conséquences : ils vont pouvoir commencer à combler le fossé creusé par une édition 2012 calamiteuse en terme d’entrées (13 000 pour une barre qui était à 17 000), et François Floret va devoir tenir sa promesse de se faire tatouer La Route du Rock sur le bras en cas de réussite. Il a d’ailleurs déjà tracé un croquis au feutre. Il en profite aussi pour nous livrer un autre scoop numéraire fracassant : avec 24 000 litres servis en 3 jours, La Route du Rock est le festival qui a la moyenne de litres de bière bue par personne et par soir, la plus élevée de France : 1,3 l. C’est même plus que le Hellfest !

On peut reprocher plein de choses à la Route du Rock, mais c’est au moins un festival qui sait tirer des leçons de ses erreurs et qui essaye de faire évoluer les choses doucement, mais sûrement. La programmation de cette année faisait le pari d’être plus sexy et festive pour élargir le public au delà des passionnés de musiques indés et autres habitués qui viendront quelle que soit l’affiche. Pari réussi. Les ténors ont plus qu’assuré : Nick Cave a été tout simplement impérial, Godspeed You ! Black Emperor a ravi les amateurs de grands frissons soniques et autres expérimentations émotives, Hot Chip a parfaitement réussi la mise en orbite groovy du Fort. Les Disclosure ont tenu le rôle du groupe « signé exactement au bon moment » et auront ravi la partie la plus jeune et la plus festive du public. L’alchimie délicate entre les groupes aura été remarquablement fluide sur les soirées de jeudi et samedi. Un poil moins sur le vendredi, avec de magnifiques groupes pourtant mais un lien qui se fait moins entre eux.
On salue aussi la très efficace communication sur les réseaux sociaux, indispensable à tout festival moderne. Le calendrier des signatures aura permis un dévoilement progressif de la programmation, dont la montée en puissance aura été très bien gérée par l’équipe.

Dans les nouveautés de cette année, il y avait la soirée à la Nouvelle Vague qui remplaçait les concerts au Palais du Grand Large. Nous y avions pris notre lot de claques en plein cœur, donc nous avons un attachement particulier pour cette dernière salle, mais on comprend bien que le prix de la location, et les réticences du public à faire l’effort de s’y rendre pour s’y enfermer aient conduit à ce changement. Là encore, les organisateurs annoncent mission accomplie. La première année de gestion de la salle malouine par Rock Tympan affiche un nombre d’entrée satisfaisant (600 entrées payantes pour la soirée du mercredi 14 août) et aussi des concerts tout au long de l’été pour la première fois dans l’histoire de la salle.
Autre nouvelle salle, le beau théâtre Chateaubriand a fourni un écrin parfait pour la conférence survoltée de notre musicologue favori Christophe Brault sur le Rock Garage qui aura connu un succès public salué par les organisateurs.

La dernière innovation majeure de 2013 était la nouvelle scène des remparts placée désormais à l’entrée du site. Si on reste un peu circonspect sur le manque d’anticipation des difficultés de circulation et d’accès à la scène, on a apprécié la taille et la hauteur beaucoup plus confortables que pour l’ancienne scène de la tour. Les organisateurs ont au moins bien pris conscience des limites de ce nouveau dispositif. On attendra donc de voir quelles solutions seront trouvées pour revenir à un des principes fondateurs auquel eux comme nous tiennent : «Que tout le monde puisse tout voir». On ajoutera également aux griefs de cette nouvelle scène, la bande d’odieux sagouins à barbes et vestes à carreaux, qui ont joué les malins privilégiés et se sont plantés pendant tous les concerts de Parquet Courts et Suuns devant le public en plein milieu de la fosse, alors même que les photographes étaient partis. Un manque aussi flagrant de respect pour les gens qui ont payé leur place de la part d’invités/journalistes (?), on avait très rarement vu ça à la Route du Rock et on espère bien ne pas le revoir de sitôt.

D’un point de vue plus sportif, nous n’avons hélas pas les résultats du Dodgeball et du rugby. Nous saluons cependant bien bas nos valeureux camarades de Pop is on fire pour avoir enfin déjoué une hégémonie historique, en battant en finale du football, l’équipe de la Route du Rock sur score incontestable de 2 à 0.

En conclusion, une très belle édition avec une programmation toujours aussi formidable, qui n’aura pas seulement ravi les aficionados de musique les plus mordus. Nous sommes très heureux de constater que la Route du Rock a retrouvé les faveurs d’un public plus large, tout en conservant les qualités et les valeurs qui en font un de nos événements favoris. Dans un contexte très tendu pour les festivals de musique, ce n’est pas un mince exploit. On leur souhaite que les prochaines éditions continuent sur cette dynamique et on compte sur eux pour continuer à tenter de nouvelles choses pour progressivement améliorer le confort du public.

Retrouvez tous nos articles sur la Route du Rock 2013 dans notre dossier ici.
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Le site de la Route du Rock : http://www.laroutedurock.com/