On profite de la venue de Mensch à Rennes pour les Bars en Trans ce jeudi 3 décembre au Bar’Hic pour leur proposer de répondre à quelques questions. Interview.
Ce sont les Mansfield.TYA qui nous ont fait découvrir le duo Mensch il y a de cela plusieurs années, en les invitant à partager la scène avec elles pour leur carte noire à l’Antipode MJC. Duo lyonnais formé sur les cendres brûlantes du Vale Poher Group (Vale Poher compte deux albums solo à son actif, Mute en 2005 et Tauten en 2008), par Vale Poher (guitare), donc, et sa complice Carine Di Vita (basse) Mensch avait à l’époque déjà sorti un premier ep et était alors en train de finaliser un premier album (Mensch, Tsunami Addiction, 2012). Marqués par une basse ronde, rebondissante et mélodique, une guitare énergique entre post punk et indie pop eighies (les deux réunies autour d’une boîte à rythme métronomique), les morceaux de Mensch se révélaient à la fois dansants et mélancoliques. Depuis, les deux musiciennes ont naturellement évolué. Tarifa, leur second long format a vu le jour à la fin de l’été dernier et se fait le reflet de cette évolution. Plus lumineux, davantage minimaliste que dépouillé, plus électronique peut-être aussi, mais toujours marqué par cette saudade, ce nouvel album est une jolie réussite. On se souvient également que sur scène, la générosité sans fond des deux musiciennes nous avait particulièrement emballé : on gage donc qu’il en sera de même ce jeudi 3 décembre dans un Bar’Hic aux températures tropicales.
Alter1fo : Depuis la dernière fois qu’on s’est vu (c’était avant la sortie du premier album), il s’est passé un paquet de choses pour Mensch. Notamment une addiction à la lumière andalouse qui donne son titre à votre nouvel et second album Tarifa sorti en août dernier. Pouvez-vous nous raconter la genèse de ce voyage et l’influence qu’il a eu sur la composition de l’album ?
Vale de Mensch : Je suis partie en voyage en Andalousie, je suis tombée amoureuse de cette région. Tarifa m’a complètement aimantée. Cela a eu une influence sur mon envie de composer. Nous sommes ensuite parties là bas avec Carine pour poser les bases de ce qui allait devenir Tarifa. Nous avions besoin de lumière et de grands espaces, le lieu nous a aidé à y parvenir.
La basse est toujours aussi en avant, continuant de donner des atours post-punk à votre musique. Pourtant, il y a, nous semble-t-il, une évolution dans le son par rapport au premier ep (Dance and Die) et à Mensch. Moins froid, moins brut, plus lumineux, peut-être plus électro aussi. Est-ce que vous êtes d’accord ? Comment expliquez-vous cette évolution ?
Carine de Mensch : Oui nous sommes d’accord. La basse devant c’est notre marque de fabrique. Cette évolution correspond à une recherche de sons et l’aboutissement d’un travail sur les boîtes à rythmes.
Vous êtes allées au Eastcote Studios à Londres pour l’enregistrer. Pour quelles raisons ? Tout était écrit avant d’y aller ou bien avez-vous continué à composer là-bas ?
Nous avons eu l’opportunité d’enregistrer Eastcote Studios car Sam Navel avec qui nous avons travaillé pour l’enregistrement et le mixage de l’album avait bossé là bas. Nous avions tout écrit et travaillé les préprod en amont de l’enregistrement. Nous avions peu de temps et cela faisait quasi un an qu on était dessus.
Est-ce que vous avez l’impression d’avoir changé votre manière de composer et d’envisager l’enregistrement entre vos deux albums ?
Oui bien-sûr, en cinq ans il est normal d’évoluer. Le premier a été fait d’un trait, dans une certaine urgence. Pour Tarifa, nous avons pris le temps de le maturer et de penser à la production qui correspondait à ce que nous attendions : un son lumineux et clair.
C’est la première fois qu’on vous entend chanter en français avec le titre Cosmopolitain. Qui est même le single mis en avant pour la sortie du disque… C’était une envie particulière, un coup de tête sur le moment, d’écrire en français ? Le texte est venu d’abord ? Ou la musique ?
Vale : Sur ce titre, nous avions la musique. Je me suis dit que ça pouvait être bien d’essayer un truc en français. J’avais un bout de texte. Ça a collé. C’est venu naturellement. On a fait ce titre comme les autres.
Question sûrement stupide. Mais le premier et le deuxième album font chacun huit titres. Pour quelles raisons ? C’est un hasard ? Un amour pour les formats ramassés ?
On n’a jamais voulu faire du remplissage. On n’a gardé que les titres qui nous semblaient avoir leur cohérence dans l’album. C’est vrai qu’on retrouve 8 titres ! On vous conseille de jouer ce chiffre au loto (rires). Après on aime les albums courts qu’on a envie de réécouter.
On est assez frappé par la fluidité, la limpidité de cet album, assez marqué en même temps pas une précision millimétrée, tirée au cordeau, qui n’empêche pas les titres de groover (c’est même le contraire). On a presque envie de dire qu’il sonne plus minimaliste que dépouillé (je ne sais pas si je suis claire là…). Vous êtes d’accord ? C’est quelque chose que vous recherchiez ?
Merci c’est exactement ce que l’on cherchait, un minimalisme très réfléchi !
L’artwork est toujours très épuré dans les lignes, mais beaucoup plus lumineux. Dans quelle mesure avez-vous participé à sa conception ? Qui l’a réalisé et quelles étaient vos envies avec ce visuel ?
Nous travaillons avec Laure Allegrini depuis le premier EP. Elle a tout de suite compris ce que nous voulions. Comme nous, elle aime les formes épurées. Pour Tarifa, le bleu s’est imposé comme une évidence depuis le départ.
Ce nouvel album est une nouvelle fois sorti chez Tsunami addiction. Pouvez-vous nous parler de la relation que vous entretenez avec eux ?
C’est une relation de confiance et de construction sur plusieurs années.
Vale, tu as également travaillé avec Carla et Julia de Mansfield.TYA pour le nouveau film d’animation de Vergine Keaton. Tu peux nous en parler ?
Le film de Vergine Keaton, Marzevan, vient de sortir. C’est un magnifique travail sur ses origines arméniennes.
Travailler avec les Mansfield.TYA que je connais depuis longtemps est une affaire de famille. C’est une évidence. Nous avons composé la BO toutes les trois et ce fut une super expérience.
Vous jouerez ce jeudi 3 décembre au Bar’Hic dans le cadre des Bars en Trans. Il y a déjà longtemps Vale, tu nous avais dit avoir envie d’y jouer. Que représentent les Bars en Trans pour vous qui venez de Lyon ?
Notre tout premier concert de Mensch c’était à Rennes au festival Roulements de tambours en 2010 : nous sommes donc très contentes de revenir.
Les bars en trans c’est le laboratoire de la scène émergente française et nous sommes honorées d’en faire partie.
Vous disiez en interview préférer de loin le live au studio. Comment s’articule le passage de l’enregistrement au live, justement ? A quoi faut-il s’attendre pour ce concert au Bar’Hic avec ces nouveaux titres ?
Venez nous voir : vous aurez la réponse ! (rires)
Après ce concert au Bar Hic, aux Bars en Trans, quels sont vos projets à venir ? Y a-t-il d’autres choses que vous voudriez souligner ?
Comme dit France Gall, nos projets c’est continuer. Plus sérieusement, en 2016, nous reprenons la route des concerts, nous allons partager Tarifa sur scène et le faire découvrir à ceux qui ne le connaissent pas.
Merci !!
Les Bars en Trans présentent Mensch en concert (avec Marietta) le jeudi 3 décembre au Bar’Hic – Ouverture des portes à 20h, concert à 20h30.
Tarif : 5 euros.
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