Anonymous Choir et The Last Morning Soundtrack à l’Antipode MJC – Ou comment transformer la tristesse légendaire des dimanches en délicate euphorie

Dimanche 13 décembre, Anonymous Choir et The Last morning Soundtrack étaient les invités de l’Instant Thé à l’Antipode MJC : deux concerts, du thé, du café, des gâteaux, des kids, des plus grands. Ou comment se faire cueillir l’âme et le cœur un dimanche après-midi d’hiver. Compte-rendu.

Anonymous Choir (avec Nona Marie Invie de Dark dark Dark) - Décembre 2015 - L'antipode, Rennes. Photo : caro- alter1fo.comL’Instant Thé : un après-midi gourmand pour mélomanes

Depuis plusieurs années, l’Antipode MJC aime expérimenter de nouvelles formes d’accueil et d’interaction avec le public. Fondus du concept et nouveaux curieux se retrouvent ainsi quelques dimanches par an pour L’Instant Thé, après-midi gourmand et convivial autour de gâteaux, de thés et de concerts.

Conçu pour aller à la rencontre de tous les publics et permettre aux familles de sortir ensemble le dimanche après-midi, l’Instant Thé n’est pourtant pas qu’une chouette idée permettant de passer une fin de dimanche dans une ambiance chaleureuse et sucrée. C’est aussi un temps à part où la programmation musicale se fait feutrée, d’une délicatesse parfois vertigineuse. Ainsi, depuis 2011, Dark Dark Dark (justement), Agnès Obel, Mirel Wagner, Dillon, Thee Stranded Horses, Matt Eliott, Shannon Wright (oui Shannon Wright !!) ou Faustine Seilman notamment (excusez du peu…) se sont succédé dans des effluves chocolatées et caféïnées régalant tout autant nos oreilles que nos papilles. Et se permettant même parfois des bouleversements d’âmes qui ont transformé la tristesse légendaire des dimanches en délicate euphorie.

The Last Morning Soundtrack

The Last morning Soundtrack - Décembre 2015 - L'antipode, Rennes. Photo : caro -alter1fo.com

Ce dimanche, c’est le projet du jeune rennais Sylvain Texier qui ouvre l’après-midi. Devant lui, quelques coussins rouges colonisés par des lutins hauts comme trois pommes (on notera que pour l’Instant Thé, l’Antipode MJC fait bien les choses puisque les bambins peuvent tout autant écouter les concerts qu’aller s’amuser dans la garderie gratuite prévue spécialement pour eux et leurs parents), à peine plus de tables et de chaises. Alors on s’assoit par terre. D’autres, dans le fond restent debout, un thé ou une bière à la main. Sur scène, le décor est minimal : Sylvain Texier à gauche, guitare folk boisée à la main, une grosse caisse à ses pieds, Gérald Crinon-Rogez derrière un piano à queue au centre et Juliette Divry au violoncelle sur la droite.

On se souvient d’avoir été sûrement au premier concert de The Last Morning Soundtrack à l’Antipode, en première partie d’Efterklang, à l’automne 2009. On avait déjà senti le joli potentiel de ce projet mené par Sylvain Texier. On l’a depuis interviewé un paquet de fois, vu en concert quasi tout autant (voire plus). Suivi également sur d’autres projets (Fragments, qu’on aime beaucoup par ici). Il faut dire qu’en quasi six ans, le jeune musicien a fait du chemin : un premier album, le délicat A distance. A Lack, tout en ambiances feutrées sorti en 2011, des eps, dont le dernier en date, Ghosts (paru en 2013)  et un second long format Promises Of Pale Nights sorti sur le label Rival Colonia le 9 octobre dernier que le trio vient présenter en live cet après-midi.

The Last morning Soundtrack - Décembre 2015 - L'antipode, Rennes. Photo : caro-alter1fo.comC’est d’ailleurs par la doublette As lonely as i am / Our wasted sighs qui ouvre l’album que le trio débute le concert. Arpèges cristallins à la guitare folk, notes aiguës au piano qui se détachent sur les cordes profondes du violoncelle. En quelques minutes, Sylvain Texier et ses musiciens plongent la salle dans une ambiance feutrée et délicate. Qu’elle soit sombre et mélancolique comme sur As lonely as i am ou tout aussi mélancolique mais  lumineuse comme les arpèges brillants de la guitare d’Our wasted sighs. Sur ce second morceau, d’ailleurs, la mélodie devient plus entraînante, le pied de Sylvain frappant la grosse caisse pour un passage plus rythmé.  From now on suit, avec un usage plus léger de la grosse caisse et de belles montées au violoncelle notamment et un joli final chanté à trois voix. Sur ce titre à la fois fragile et aérien, Sylvain Texier révèle avec la douceur qu’on lui connaît son aptitude à tisser des ambiances en clair-obscur. Et remarque dans les rires, à la fin du morceau que c’est la première fois qu’on passe la serpillère pendant un de ses concerts, un lutin ayant certainement renversé son jus d’orange devant la scène.

The Last morning Soundtrack - Décembre 2015 - L'antipode, Rennes. Photo : caro-alter1fo.com

On note d’ailleurs que les mouflets se montrent bien souvent captivés, les yeux brillants tournés vers la scène. On n’évitera pas bien sûr quelques tentatives de cabanes ou de douces batailles de coussins, mais c’est tant mieux. Il faut dire aussi que cet après-midi, le son de la salle est quasi parfait, particulièrement équilibré et ciselé avec finesse, ce qui aide d’autant plus à rentrer dans les univers des deux projets présentés à l’Antipode cet après-midi..

The Last morning Soundtrack - Décembre 2015 - L'antipode, Rennes. Photo : caro-alter1fo.comAprès une échappée sur le premier album avec Heartbeats & Headache, c’est de nouveau de Promises Of Pale Nights qu’est tiré le titre suivant. Sylvain parle de gens amoureux et fait rire la salle avec son pianiste pour annoncer Your Tomorrows. Les musiciens changent d’instruments, Juliette Divry passe au piano, Gérald Crinon-Rogez prenant sa place avec une guitare électrique, intrigant les minots (« mais pourquoi ils changent ? » « Parce qu’ils savent jouer de tout » ).

Le titre, une nouvelle fois midtempo, prend le temps de développer ses montées, accompagné des sonorités de la guitare électrique qui viennent renouveler les timbres entendus depuis le début du concert. Malheureusement, une lumière blanche, un chouïa agressive, nous balayant la rétine par rapides intermittences gâche un peu les montées finales. Fort heureusement cela ne dure pas et les musiciens seront plongés dans de belles lumières aux nuances violettes et orangées mêlant le chaud et le froid pour le morceau suivant, sur lequel Sylvain passe au piano, après une intro au violoncelle. Dans la salle, tout le monde semble ravi, des petites mains qui attrapent un doudou et les genoux d’une maman devant, aux oreilles barbues et souriantes à l’arrière.

Sylvain dédicace alors Your Lights à un proche qui lui « a un peu sauvé la vie » , présent dans la salle. D’abord seul au piano et à la voix, plaquant lentement ses accords, le musicien, manifestement ému, est ensuite rejoint par le violoncelle de Juliette Divry dont la résonance sur ce titre gagne encore en amplitude. Le son s’emplit des vibrations sensibles du violoncelle. Autour, le public est conquis. Le ton reste mélancolique avec Echoes of your days, dont les premières notes au piano fascinent à nouveau une bonne partie de la salle. Sur la gauche, Gérald Crinon-Rogez revient à la guitare électrique pour des notes pleines d’effets, tout en tremblements et trémolos.

The Last morning Soundtrack - Décembre 2015 - L'antipode, Rennes. Photo : caro-alter1fo.com

Les arpèges en cascade de We might need an ending à la guitare n’interrompent en aucune manière la rêverie, The last Morning Soundtrack confirmant une nouvelle fois une réelle capacité pour installer des ambiances en apesanteur mais surtout un beau talent pour y plonger ses auditeurs en douceur. Pour notre part, on regrette juste parfois, que Sylvain et ses comparses ne s’autorisent pas à étirer leurs propos dans des voyages sonores long format. Il nous semble que ses compositions aériennes gagneraient encore davantage à s’offrir plus d’espace. Gérald Crinon-Rogez et Sylvain Texier se permettent alors quelques échanges plein d’humour qui finissent d’emballer le public (« Je te laisse annoncer le titre du dernier morceau… »  « Il y a deux façons de le dire : la française et la bonne » ) pour annoncer Home, belle réussite sur l’album et particulièrement chouette en live.

Mêlant chant aérien tout en retenue, notes légères au piano et résonances des cordes, le morceau commence comme un murmure chuchoté à l’oreille pour ensuite monter progressivement en intensité, sans jamais perdre de sa douceur, jusqu’à un refrain-pont (?) à trois voix qui fait décoller la salle sur sa mélodie addictive. On ne s’étonne donc pas des applaudissements très chaleureux qui accueillent ce final… Et réclament une suite. « Ça tombe bien, on avait très envie de revenir » avoue Sylvain, repassé au piano pour le rappel. C’est avec The Last Chapter issu du premier album que The Last Morning Soundtrack conclut ce moment aussi chaleureux que délicat qui semble avoir ravi la salle de bout en bout.

Anonymous Choir

Anonymous Choir (avec Nona Marie Invie de Dark dark Dark) - Décembre 2015 - L'antipode, Rennes. Photo : caro - alter1fo.comNous serons complètement honnêtes sur Anonymous Choir qui va suivre. Dans la salle, certains seront emballés ou ravis, d’autres trouveront ça juste agréable, d’autres, parmi nos amis également, partiront au bout de deux morceaux ou bailleront poliment. D’autres encore souffleront que ça manque un peu de travail ou d’épaisseur, de relief peut-être. Ou même de virtuosité. Que c’est un peu sage aussi. Et leurs avis valent autant que le nôtre. Mais voilà, de notre côté, nous avons vécu le concert de Nona Marie Invie et sa bande sur un nuage, de bout en bout, avec même parfois le menton tremblant et les yeux humides. Alors on est bien conscient que ce n’est qu’une façon d’avoir vécu ce moment. Qu’il y en a eu plein d’autres tout aussi justes. Voici simplement la nôtre.

C’est à l’hiver 2011 que le projet Anonymous Choir est né, pensé comme un rempart au froid et aux courtes journées, comme un chasse-spleen de velours, à savourer entre amis, pour se tenir chaud ensemble. Anonymous Choir est l’un des projets de Nona Marie Invie, la voix féminine de Dark Dark Dark que les habitués de l’Antipode MJC ont déjà pu entendre à deux reprises sans réussir à jamais vraiment s’en remettre (mais également du projet électronique hanté RONiiA ou s’illustrant comme l’une des deux âmes créatrices du contemplatif et méditatif Fugitive).

La jeune femme a cette fois proposé à plusieurs de ses amies réunies par leur amour particulier pour le chant et l’expérimentation vocale (sur le dernier disque Rebeccah Berry, Marianne Sophia Bird, Chris Chookiatsirichai, Rachel Corradi, Emily Dantuma, Sarah Dixon, Alyssa Hill, Annika Kaplan, Julie O’Connell, Rosa Oesterrich, Erin Lynn Smith, Emily Temte, Kathryn Woodling, Lucy W. Woods) de venir chanter des reprises dont elle écrit les arrangements (les différentes voix et le piano). « J’aime arranger les chansons de façon simple pour des voix féminines et le piano. C’est tellement agréable de les déconstruire jusqu’à leur essence minimale et de construire des harmonies dingues.»

Anonymous Choir (avec Nona Marie Invie de Dark dark Dark) - Décembre 2015 - L'antipode, Rennes. Photo : caro- alter1fo.com Bon, on doit l’avouer dès que Nona Invie monte sur la scène et s’installe sur la gauche devant le piano à queue dans sa robe noire et son petit gilet, on a déjà le cœur qui flanche, tant on a été envoûté par les sillons des disques de Dark Dark Dark jusqu’à l’entêtement. En face d’elle, en ligne devant leur micro, sur la droite, les quatre choristes Annika Kaplan, Erin Smith, Emily Temte et Alyssa Hill. On croyait que le concert ne serait composé que de reprises de Leonard Cohen. Mais c’est avec Talk to me of Mendocino de Linda Rondstadt que les cinq jeunes femmes débutent le set. Seule au piano, Nona Marie Invie commence le premier couplet avant d’être rejointe par un chœur arrangé à quatre voix : arrangements minimalistes au piano, voix qui harmonisent, le ton est donné. Bon, la justesse n’est pas encore tout à fait au rendez-vous. On dira qu’il faudra le tour de chauffe des deux premiers morceaux pour que les voix soient complètement en place. Mais à partir de là, quel bonheur.

Il faut dire que la setlist semble pensée pour nous : après l’inchantable Case of You de Joni Mitchell (sur Blue), les jeunes femmes puisent dans les racines les plus profondes du sud, avec le Ruler of my heart de la queen de la soul de la Nouvelle-Orléans Irma Thomas, qui donne un peu de rythme au set, ou I’ve been trying de l’indépassable Curtis Mayfield. A l’inverse des premiers titres, cette reprise de Mayfield commence à cinq voix avant que la voix de Nona Marie Invie ne se détache du chœur pour un premier virage qui nous envoie direct dans le décor. Les voix des quatre choristes se font alors tapis harmonique pour la voix lead de Nona Invie, qui a désormais trouvé toute sa profondeur et sa puissance. Et là, autant dire qu’il va falloir nous accrocher solidement pour ne pas sombrer corps et âmes.

Anonymous Choir - Antipode MJC - Photo : caro alter1fo.com

On écoute sûrement trop de musique américaine, mais on entend ici toute la soul, tout ce sud maudit et fier qui transpire dans la voix de Nona Invie (qui vit pourtant à Minneapolis), toute l’âme de cette musique dans ces arrangements. Ceux-ci pourraient peut-être paraître à première vue très simples, mais sonnent au contraire aussi justes qu’essentiels. Pas besoin de quinze notes à la seconde. Non, juste de cette précision dans l’émotion, de ce tranchant de l’âme qui vous déchire immédiatement et parle au cœur. Et puis il y a, et c’est peut-être lié, ce silence dans la musique de Nona Marie Invie, cette respiration, apparemment imperceptible qui lui donne cette épaisseur déchirante qui nous cloue au sol.

photo : alter1fo - Anonymous Choir (avec Nona Marie Invie de Dark dark Dark) - Décembre 2015 - L'antipode, Rennes.Sur Give you what i got de Wendy Rene, le choeur se fait girl band, déversant toute sa soul et son élégance fifties dans notre flux sanguin qui s’accélère soudain. La voix de Nona Invie râcle, profond et en deux minutes à peine, nous voilà submergés. Alors certes les choristes ont l’immobilité de la timidité et restent sages derrière leurs micros. Mais si l’on ne se fie qu’à nos oreilles et notre battement cardiaque soudain arythmique, on sait que l’émotion se transmet dans les vibrations de l’air.

Avec Only love can break your heart de Neil Young, notre cas ne s’arrange pas. Menées par la voix tout en même temps lumineuse et déchirante de Nona Marie Invie, les jeunes femmes parviennent avec un talent désarmant à nous renverser l’âme. Rattrapant la voix lead de Nona sur le refrain avant de s’en détacher pour des harmonies de dingues, contrepoint bouleversant avec le grave poignant de Nona, les choristes tissent un écrin de velours de haute facture. Il faut dire qu’à chaque fois, la voix de Nona Marie Invie nous écharde le cœur, nous rappelant sans cesse la cloche fêlée de Baudelaire, dont la fêlure intime, tragique révèle l’insondable profondeur (« Moi, mon âme est fêlée, et lorsqu’en ses ennuis Elle veut de ses chants peupler l’air froid des nuits, Il arrive souvent que sa voix affaiblie Semble le râle épais d’un blessé qu’on oublie Au bord d’un lac de sang, sous un grand tas de morts Et qui meurt, sans bouger, dans d’immenses efforts.« )

photo : alter1fo - Anonymous Choir (avec Nona Marie Invie de Dark dark Dark) - Décembre 2015 - L'antipode, Rennes.On croit s’en relever à l’aise. Peine perdue. On se prend ensuite le No surprises de Radiohead direct en plein cœur. On se raisonne. On a sûrement trop entendu ce morceau. Pourtant, dans la salle le silence devient palpable. Les souffles sont suspendus. Terrassés par les harmonies à quatre/cinq voix de haute voltige tricotées par Nona Invie et sa bande, pleines de virages mélodiques et d’harmonies à couper le souffle. C’est comme si on ne l’avait jamais écouté. On cache la tête dans nos mains. On pense naïvement retenir l’humidité qui baigne nos paupières, le menton tremblant. On n’est finalement pas sûr d’y être parvenu.

Suivront le plus enlevé Free d’Angel Olsen, dont les montées et descentes vocales seront loin d’arranger notre cas et un titre des Roches (Hammond song), peut-être plus évident puisque déjà pensé pour les arrangements à plusieurs voix, mais dont la mélodie nous emporte par son immédiateté.

photo : alter1fo - Anonymous Choir (avec Nona Marie Invie de Dark dark Dark) - Décembre 2015 - L'antipode, Rennes.Viennent ensuite les très attendues reprises du poète et songwriter canadien Leonard Cohen, que l’Anonymous Choir a collecté sur disque (après une première parution en 2012, l’Anonymous Choir les a ré-engistrées au Sacred Heart studio -qu’on connaît par ici comme écrin-studio à de magnifiques albums de Low- pour une ressortie en 2015, et un disque Anonymous Choir Sings Leonard Cohen publié en France sur Murailles Music). On a déjà eu le temps de les connaître par cœur à force d’écoute. Mais en live, c’est encore autre chose qui se joue. Encore une fois, plutôt que de jouer sur les prouesses et les acrobaties vocales, Nona Marie Invie et son chœur choisissent de tisser un écrin délicat et feutré pour mieux vous écharder le cœur. « Il s’agit de mettre en lumière l’émotion des paroles, le sentiment des chansons et d’utiliser le chœur comme un instrument pour mettre en exergue cette émotion » expliquait Nona Marie Invie.

Et en cette fin d’après-midi, c’est comme si soudain, on redécouvrait les paroles du Canadien, comme si l’émotion originelle de ces morceaux se faisait ici entendre par ces versions brutes et nues, ces harmonies simplement justes et belles. Un piano, des voix de femmes.

Bird on a wire est superbe. Hey That’s No Way To Say Goodbye l’est encore plus. Des frissons nous courent sous l’épiderme. « If you want a father for your child/ Or only want to walk with me a while/ Across the sand /I’m your man » chante la voix lead de Nona Invie sur I’m Your Man et on sait déjà qu’on la suivra au bout du monde. Sur Winter Lady, chanté d’abord à l’unisson, les voix descendent, montent, harmonisent en tous sens, tandis que sans crier gare, la voix de Nona Marie Invie dérive doucement, déchirant à nouveau plèvre et péricarde sous le rempart de notre cage thoracique.

L’impeccable et sublime version de The Partisan, qui suit, plonge toute la salle dans le silence. Reprise par Cohen, La Complainte du partisan est à l’origine une chanson écrite à Londres en 1943 par Emmanuel d’Astier de La Vigerie et Anna Marly dans des temps troublés et tristes. Un peu sûrement comme le sont ces derniers mois dont l’indicible horreur résonne encore profond dans les cœurs. Une nouvelle fois la version qu’en offrent les jeunes femmes nous donne l’impression d’en entendre pour la première fois les paroles. Et le couplet repris en français par Nona Marie Invie (« j‘ai changé cent fois de nom/j’ai perdu femme et enfants/mais j’ai tant d’amis… » ) n’en est que plus émouvant.

En rappel, l’Anonymous Choir nous fait l’immense plaisir de jouer l’un des morceaux de Dark Dark Dark, Daydreaming, qu’on accueille dans les cris (diantre, mais quel titre !) avant une dernière reprise de Town Van Zandt, If i needed you, a capella, dont on savoure chaque seconde, le chœur tremblant que le moment ne s’achève.

On sort de là tout bouleversé. Ravi. Heureux. Et certains encore une fois que la voix de Nona Marie Invie est de celles pour lesquelles on pourrait se damner. Et dire que d’habitude, on déteste les dimanches…

anonymous choir - caro alter1fo - Antipode

Photos : Caro


2 commentaires sur “Anonymous Choir et The Last Morning Soundtrack à l’Antipode MJC – Ou comment transformer la tristesse légendaire des dimanches en délicate euphorie

  1. Djeepthejedi

    Mais comment faites-vous pour reconnaitre tous les titres??? Soit Isa est vraiment trop forte! Soit elle ramasse les setlists à la fin des concerts. Pour l’anecdote moi qui comptais à la base écouter 2 morceaux d’Anonymous Choir et partir… (Oui je sais c’est snob et c’est pas bien) Bah je suis finalement resté jusqu’à la fin… Le fait qu’elles interprètent autre chose que du Leonard Cohen est assez captivant, un concert d’Anonymous Choir est comme une boite de chocolat, on sait jamais sur quoi on va tomber… 😉

  2. Isa

    haha ! 🙂 sorry, j’avais pas vu…
    oh, c’est bien rare d’arriver à choper la setlist (là pour le coup, c’est un peu tomber sur le chocolat de la boîte ;-))
    Non la vraie vérité, c’est qu’on est vraiment de grands malades. !!!

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