[2023] Des bouqu’1 sous le sap1 #16 : Là où chantent les écrevisses

Marre de l’esprit de Noël ? Marre des infos cataclysmiques ? ça tombe bien, nous aussi ! Bienvenue dans notre 6ème calendrier de l’Avent Altérophile, dont on espère qu’il sera original et divertissant ! Tous les jours (ou presque) jusqu’au 24 décembre, une idée de truc en papier à mettre sous le sapin. Bon pour l’âme, bon pour nos petits libraires-amis, bon pour nos papetiers-amis, bon pour nos neurones. Sans prétention aucune, des coups de cœur qu’on a envie de partager, pas forcément des nouveautés, pas forcément des trucs inouïs. Juste des morceaux de papier, souvent imprimés, en format origami, d’une épaisseur à glisser dans les poches ou de gros pavés pour caler le sapin, qui nous ont émus, interpellés, questionnés, emballés ou intrigués… Et qu’on a envie de vous faire (re) découvrir. Ouvrez donc les pages jour après jour…

Les marais de Caroline du Nord sont loin d’être un fleuve tranquille. Si le havre de paix vaut pour la faune et la flore, on ne peut pas en dire autant des humains. Kya, jeune fille vivant seule dans une cabane, abandonnée par sa famille, va en faire les frais. 

Là où chantent les écrevisses est le premier roman de Delia Owens, zoologiste américaine. Un roman empreint de poésie et d’ode à la nature mais c’est est aussi et avant tout un roman d’apprentissage dans la première partie. Kya a connu la violence et l’alcoolisme de son père, la pauvreté et la misère sociale, puis l’abandon. Elle se retrouve seule dans les marais et apprend à vivre et à se débrouiller sans l’aide de personne. Dans les années 50, autant dire qu’elle intrigue les gens du village de Barkley Cove qui la couvrent de préjugés. « La fille des marais » dérange par son mode de vie et sa solitude.

Analphabète, elle possède néanmoins une connaissance approfondie des marais et de ses occupants, animaux, plantes ou coquillages, à faire pâmer le moindre scientifique. Elle passe en effet sont temps à parcourir les marais, à arpenter méandres et îlots, observant les oiseaux, les poissons, les coquillages : Kya se rappela que sa mère l’encourageait toujours à explorer le marais : « Va aussi loin que tu peux. Tout là-bas, où on entend le chant des écrevisses. »

Devenue jeune femme, elle s’éprend tout à tour de deux garçons, aux antipodes l’un de l’autre : Tate Walker et Chase Andrews. Le premier l’abandonne pour poursuivre ses études, le second la trahira lamentablement. La solitude est un peu le fil rouge du roman et on éprouve empathie et admiration pour cette jeune femme.

La deuxième partie décrit un procès. Kya est soupçonnée d’avoir tué Chase Andrews. La population se déchaîne contre cette coupable idéale, les préjugés se font cinglants et c’est tout une cabbale qui enfle autour de la fille des marais. La sauvagerie est là où on l’attend le moins…

On ne dira rien du dénouement. On vous laisse plonger dans ce roman doux et acide, subtil et pernicieux. Un premier roman à la fois sombre et lumineux qui, à travers le parcours et le portrait de cette enfant sauvage, aborde le racisme, les préjugés, la marginalité, le respect de la nature, l’amour et la solitude…

Là où chantent les écrevisses / de Delia OWENS – Editions du Seuil (collection Romans étrangers) – 2020 – ISBN 9782021412864
Sur le site de l’éditeur

 

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