10ème Festival du Bout du Monde, l’heure du bilan…

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La dixième édition du Festival du Bout du Monde s’est achevée lundi tôt le matin, la prairie de Landaoudec s’est dégarnie tranquillement de ses festivaliers aux corps ankylosés par trois jours de piétinement, de danses frénétiques, d’une écoute appliquée, d’évitements de pantins échauffées, de dormeurs transis, de liquides cabanés, trois jours d’une hydratation exclusivement réalisée à base de rafraîchissements fermentés, de collations hypercaloriques, d’inspirations nicotiniques, d’inspirations d’expirations de fumées capiteuses alentour, trois jours qui nous extraient de l’air du temps : sinistre.

Au moins dix festivals encore…

Les corps sont douloureux et pourtant le départ sur le chemin conduisant au repos est malaisé, un sentiment mélancolique propre aux fins apparaît sur les mines creusées ; un festivalier ou devrais-je dire maintenant : un confrère, nous aborde : « ben, maintenant c’est fini » avec une honnête tristesse dans la voix… allons mon grand, faut pas se laisser glisser comme ça, y’en aura un autre l’année prochaine, souviens toi de ce qu’a dit Jacques (Guérin) ; il en prévoit encore dix, alors faut pas t’en faire.

Forte fréquentation encore cette année.

En attendant l’année prochaine, le bilan de cette année est très positif : du coté de la fréquentation, le festival a fait le plein avec un ressenti de plus forte affluence le samedi soir, pendant les prestations des maliens Amadou et Marianne et des repentis du métal Rodrigo y Gabriela (qu’au passage j’aurai préféré voir en son temps au Hellfest ). De quelques façons que ce soit, ce soir là, le site, dont la jauge est volontairement limitée, ne semblait pouvoir contenir une paire d’oreille supplémentaire.

Calypso Rose modifié

Que chacun trouve sa place de spectateur doit être l’une des préoccupations des organisateurs.

Dans ces conditions, la présence des enfants sur le festival fortement incitée par la tarification (entrée gratuite pour les moins de douze ans) devient délicate, la pertinence d’un écran géant au dos de la régie façade n’est plus à démontrer. Ce festival a cette qualité rare de rassemblement inter-générationnel ; hors, le plancher est le même pour tous, la hauteur de la scène aussi et le public est particulièrement hétéroclite. Que chacun trouve sa place de spectateur doit être l’une des préoccupations des organisateurs.

Le public du Bout du Monde ? : un public exceptionnel.

En plus d’être conséquent, le public vibre sur ce site d’un enthousiasme incroyable. Épargné par la pluie durant ces trois jours (certains diront qu’il a plu, mais ceux-ci seront étrangers au climat breton, car dans ce cas on ne parle pas de pluie mais de brumisation, utile pour éviter la poussière, donc permettre la danse endiablée, ou pire pour parer les coups de chaud…), entouré d’un cadre étonnant, le public a communiqué son transport aux artistes et de ces échanges sont nés des moments incroyables ; je pense aux sets de Sebastian Sturm tout à fait merveilleux, à celui d’Anthony Joseph : formidable, de Calypso Rose : enchanteur, de Kora Jazz Trio, celui de Bumcello et Nathalie Natiembe

…quelques regrets :

Seul regret, le découpage en deux parties des concerts sur les scènes secondaires, quand certains artistes font deux fois le même set, beaucoup déroulent un concert complet divisé en deux parties ; ainsi Anthony Joseph (dont j’ai vu les deux sets) commence son premier devant un parterre circonspect, deux titres plus tard le chapiteau sue a grosse gouttes, trois titres après le set est terminé, il est presque dix-huit heures, ça reprend à une heure du matin : j’ai des craintes l’écrivain-chanteur ne se déplace pas sans sa bouteille de rhum, aïe ! Que va-t-il rester du bonhomme dans sept heures ?

Anthony Joseph modifié

A l’heure dite, nous revoilà sous le chapiteau, même place, même attente, et juste en plus une p’tite crainte dans le fond de la poche entourée d’un mouchoir de fatigue. Le show-man reprend son récital la bouteille à la main, ses yeux, deux amandes tout à l’heure ont basculées, nous n’apercevons plus que la tranche, mais pas de souci. Bing ! C’est reparti ! Les mains se lèvent, les hanches ondulent, ondulent, ça saute, ça tape des mains, le patron ne lâche rien, et puis hop ! C’est la dernière. Il faut partir. Et alors là, personne n’est d’accord, Anthony lui non plus n’est pas d’accord : « People have power ». Malgré les remontrances du staff, ça marche, il revient sur le plateau et tape son rappel. Quand nous quittons heureux le chapiteau, nous nous laissons aller à penser ce qu’aurait pu être le concert d’un seul trait. Plusieurs fois nous avons ressenti la brièveté des sets, comme un goût d’inachevé ou d’un élan stoppé.

Incontestablement cette frustration est la conséquence d’une programmation très réussie, l’aspect découverte de la programmation auquel les organisateurs sont attachés est bel et bien présent.

Si certains artistes annoncés futurs révélations du festival comme LaXula ou Roy Paci en ouverture (affiché comme « moment fort » du week-end) m’ont déçu, d’autres ont tenu la promesse annoncée : Sebastian Sturm par exemple, très prometteur sur la scène reggae et Anthony Joseph qui sur scène dépasse ses enregistrements.

Coté artistes plus connus, du bon et du moins bon ; dans le genre bien fait, bien carré, bien propre : Marianne Faithfull, Maxime Leforestier, dans le genre mieux que la moyenne : Rogrigo y Gabriella, tête de classe : Cheick Tidiane Seck sans discussion possible, dans les premières places : Winston McAnuff, Calypso Rose, Kora Jazz Trio, Anis, dans le genre a priori ça ne m’intéresse pas et puis finalement on s’amuse bien : Caravan Palace, grosse machine (commerciale ? un peu, même si le point de vue n’est pas partagé par mes acolytes).

Check Tidiane Sek

Et puis enfin les grosses déceptions dont il faut bien parler : Thomas Fersen, naufragé sur la presqu’île, qui ne sait plus très bien pourquoi il est là, qui ne connaît plus très bien les paroles de ses chansons, dont le parterre instrumental engourdi joue sans énergie, sans envie, sans plaisir véritable ; ce fut l’occasion de palper l’indulgence du public. Autre déception : Ayo qui pense « échanges » avec le public avant de faire sa musique, espérons qu’elle croise son ami Cheick Tidiane Seck qu’il lui expliquera peut-être que communier à travers la musique c’est d’abord en produire. Finalement très peu de déception artistique, un programme équilibré qui fonctionne entre du connu, du moins et du pas connu, entre du festif, de la grosse production, de l’intime, et en définitif beaucoup de plaisir.

Et l’organisation ?

Pour la partie organisation, hors l’absence d’écran déjà mentionné ci-dessus, nous avons eu quelques soucis avec les navettes qui circulaient vers les villages voisins. Nous avons constaté une fréquence peu élevée des navettes ce qui, en plus de queues trop longues à l’entrée, nous a retardé les trois jours pour le début des concerts. Peut-être la fouille particulièrement énergique à l’entrée contribuait fortement à augmenter l’attente ?

paysage_2

Le Festival du Bout du Monde est singulier par sa programmation alliant subtilement exigence, ouverture et événement populaire, il l’est également par son cadre exceptionnel, le festival est l’occasion de découvrir cette quasi île aux paysages variés, à la lumière incroyable, quand la mer et les nuages se combinent, créant une atmosphère hors du temps, aux taches de couleur sur le roc, fleurs incertaines au milieu de l’aridité. Le Bout du Monde est comme sa terre, honnête, plein de couleurs, de diversité, de rigueur, de réjouissance.

Rendez-vous est donc pris l’année prochaine, deuxième week-end du mois d’août cette fois-ci (comme les années précédentes) dans la prairie de Landaoudec.

Le dossier du festival sur alter1fo

Le site officiel du festival

5 commentaires sur “10ème Festival du Bout du Monde, l’heure du bilan…

  1. dominique

    Article de presse écrit par Benoit?
    Il ne devait pas etre arrivé vendredi!
    Moi si !
    Gilberto Gil:un grand moment !
    Tryo et Pablo Mendes :que du bonheur!
    Muleketu : de la percu au bout du monde!
    Au bout du monde…tu prends la musique si tu veux.Si tu ne veux pas, le site est assez grand pour voir ailleurs! ( d’ou le fait que ce soit bien qu’il n’y ait pas d’écran géant).
    Un bon moment aussi :Tryo sur France Inter , en direct sur le site.
    Il y a 2 ans , je suis venue comme invitée d’un groupe , cette année, comme les autres ,et les 2 versions sont excellentes.
    Quel boulot!
    Bravo à tous!

  2. Benoit

    Je suis désolé de ne pouvoir partager votre enthousiasme pour la prestation de Gilberto Gil, encore moins pour celle de Tryo (pour des raisons différentes)… j’en suis désolé et suis malgré tout heureux, heureux que la subjectivité est encore un sens.
    Quant à l’écran, comme vous le précisez les endroits pour « s’échapper » sont nombreux sur le site, l’alternance des concerts entre la scène principale et les deux scènes secondaires le permet grandement ; sur la scène Landaoudec les rappels qui sont disposés au niveau de la régie façade permettent de suivre le concert dans de bonnes conditions sonores et sans le tumulte du devant de scène (je pense aux plus jeunes, aux plus âgés, aux plus petits, aux plus fatigués…), à cette distance il manque néanmoins l’image !

  3. benjamin rodrigue

    Neuvième année, he oui désolé nous avons loupé le premier, et toujours autant de souffle nouveau et de fraicheur dans les découvertes, bravo aux programmateurs depuis longtemps nous achetons nos forfaits 3 jours sans connaitre la liste des artistes elle est presque inutile, c’est cela même l’ame et l’essence de ce rendez-vous : ne pas savoir pour s’attendre à l’innatendu.

    Cette année du coté des regrets : l’ex grande mais quelque peu « éteinte » Marianne et le coté radio-crochet gentillet amateur de thomas Fersen.
    Il semble que la capacité d’accueil ait été disons le pour le samedi et le dimanche largement dépassée, les promesses des organisateurs de limiter le nombre de festivaliers n’a pas été tenue et c’est bien dommage si l’on veut préserver l’image d’un festival à taille d’échanges et de rapports humains.

    Le plus gros et nouveau problème hormis l’alcoolisation des ados est la présence d’enfants en bas voir même trés bas age, nous avons rencontré au coeur de la nuit des parents (plusieurs couples) avec des bébés de TROIS semaines au milieu des concerts !!!! Bien sur il est difficile de remplacer la raison par des interdictions mais en deça de cinq ou six ans l’accés devrait être limité à la journée dans l’enceinte des personnes à mobilité réduite.
    A défaut d’accident, évité pour cette édition ,l’image est déplorable pour ce rendez vous ou les générations se croisaient jusqu’a présent sans ce type de problème. Le fait de faciliter par l’accés gratuit aux enfants ce qui est une bonne idée au départ devrait se limiter aux 6 / 12 ans.

    Bravo pour le nouveau et superbe chapiteau de la scéne cabaret à la hauteur des artistes invités et du confort des spectateurs.

    Prêts pour l’an prochain nous avons déjà définis nos dates de congés en fonction de ce rendez vous incontournable.

  4. Yannick

    Et un festival sans alcool, ce n’est pas envisageable?

    Parce que vendredi, quasiment dès l’ouverture du festival, certains avaient déjà du mal à tenir debout…Bon ok on ne peut pas aller interdire l’alcool à l’extérieur du festival, mais je ne parle pas de tous les autres que j’ai pu croiser jusque pendant le passage de Tryo (c’est peut-être cela qui n’a pas du tout plu à Benoit?) : ça allait du gentil bonhomme dormant debout et s’affalant tout d’un coup par terre, aux excités près à taper sur tout le monde, jusqu’à ceux poursuivant des filles pas très âgées avec des propositions obscènes… dans un sens je suis content que ma copine ne soit pas fan de Tryo!

    Même si j’ai passé une très bonne journée et que Tryo m’a vraiment fait vibrer, sur le coup ce n’ai vraiment pas agréable à vivre (et je n’étais visiblement pas le seul à penser cela devant la scène), et en y réfléchissant bien j’ai dû rater un bon quart du concert… Alors quand on rajoute ceux qui allument une cigarette/un pétard, etc…. et vous le fourrent jusque dans le nez….

    Bref alors d’accord pour faire la fête, mais si cela signifie se saouler à mort je ne pense pas qu’un festival de musique tel que celui-ci en est l’endroit idéal! Pour ça il y a les « spring breaks » aux USA…

    Mis à part ça, mention spéciale à Izhpenn 12 et Muleketu!

  5. mary

    bonjour je voulais un peux parler du festival cette annee car je ne lai pas trouver tres entrainant par rapport au autres
    annees j’ai truve que les festivaliers etaient un peux calme ce qui est bien mais pas comme d’habitude je lai ai trouve endormi bref voila cette impression que j’ai personnellement .ensuite les musiques trop calme pour une 10eme annee .je ne veux pas dire que tout est negatif
    au contraire le festival du bout du monde resteras toujours un lieu de rencontre est familiale .je voulais demander aussi si on aurait pu mettre ds grand ecrans pour que tout le monde puisse voir de loin ça serais cool .autrement l’annee prochaine je serais toujours la pour mon assos ça c’est sur
    allez a l’annee prochaine ………..

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