Du papier sous le sap1 #17 : Les Adultes n’existent pas – Sylvia Hansel

Marre de l’esprit de Noël ? Marre du Black Friday et de sa conso à tout va ? Marre des chocolats ? Marre des joujoux en plastoc ? Bienvenue dans notre calendrier de l’Avent Altérophile ! Tous les jours, jusqu’au 24 décembre, une idée de truc en papier à mettre sous le sapin. Bon pour l’âme, bon pour nos petits libraires-amis, bon pour nos papetiers-amis, bon pour nos neurones. Voici ce dix-septième épisode avec le roman de Sylvia Hansel qui navigue entre sérieux et légèreté.

Sylvia Hansel(Not Bühl) qui signe ici son deuxième roman n’est pas une inconnue de nos services. Celle qui a désormais réduit son nom pour le rendre plus digeste à ses contemporains (Bretons) n’a heureusement pas abandonné la musique pour se consacrer à la littérature. Son nouveau roman au titre un brin potache, n’en est pas moins, bien plus sérieux qu’il n’y paraît. La lecture est d’une aisance déconcertante et les références pop/rock associées à un ton léger et les multiples traits d’humour vont vous faire dévorer ce génial petit roman doux amer et beau comme … et ben tiens, beau comme une chanson de Sylvia Hanschneckenbühl.

Julie, le personnage principal débute ce roman dans un espace culturel de chez Leclerc pour acheter un cadeau de naissance à sa meilleure amie de lycée. Pas de quoi fouetter un chat, me direz-vous. Et bien là, soudainement, c’est la crise. Julie éclate en sanglots et malgré tous ses efforts, elle ne peut endiguer les flots qui viennent de rompre la jetée.

Pourquoi ces larmes ? Un coup des hormones rappelant les lois biologiques immuables qui veulent la perpétuation de l’espèce ? La pression sociale qui impose un schéma familial prédéfini avec une maman, un papa et 1,8 enfant par couple ? Ne rigolez pas, c’est quelque chose de très sérieux pour beaucoup de nos concitoyens. Il suffit de se rappeler les dizaines de milliers de personnes qui s’étaient amusées à descendre dans la rue vêtus de t-shirts rose fluo, rappelant les pires heures des années 80. Ces larmes sont peut-être aussi des larmes de rage sur l’enfance et l’innocence perdue ?

Faisons le point. Julie se trouve en mauvaise posture. Elle a renoncé à son boulot dans la photographie pour en accepter un alimentaire. Son couple bat de l’aile, miné par le j’m’en foutisme de son compagnon Milan qui se transforme doucement et insidieusement en phallocrate mou. Pour ceux qui ne connaissent pas ce concept, c’est une attitude très répandue parmi la gente masculine et qui consiste à ne pas faire spontanément ou alors très mal, les tâches ménagères : ménage, cuisine, course, s’occuper des enfants, etc. Rapidement, ces tâches finissent par revenir à la femme, et ce, indépendamment de son travail et du temps de repos qui lui reste.

Julie, s’est fait piéger. Elle a beau être vigilante, éclairée même, elle tombe dans le rôle de la vieille acariâtre qui finit par laisser tomber et assumer seule toutes les corvées. Elle sacrifie donc sa liberté pour ne pas devenir la liberticide de service. Et inconsciemment, elle sait qu’il ne peut y avoir d’avenir sans liberté.

Ce roman est aussi, comme son titre l’indique, une réflexion sur le fait de devenir adulte. Qu’est ce qu’un adulte ? Pour l’état, c’est passer la barre fatidique des 18 ans. Pour Julie, ce serait d’arrêter de boire des coups, pour ses anciennes copines, d’avoir un enfant et pour Milan son copain, faire des courses sans tout dépenser pour du rhum de 20 ans d’âge. Bref, chacun a sa propre définition et chacun quelque soit son âge, peut se positionner là où il le souhaite. Alors au final, qu’est-ce qu’un enfant ? Et qu’est ce qu’un adulte ? Est ce que cela à voir avec l’âge, avec les responsabilités, l’engagement, la maturité ou que sais-je ? Pour Sylvia, c’est « un gamin à qui on a confié des responsabilités ». Pour ma part, il me semble que ça un rapport avec la curiosité et l’émerveillement qu’on voit rarement en dehors des yeux des enfants.

Alors, et vous, quelle est votre définition, et dites le franchement. De quel côté de la barrière êtes vous. Chez les adultes ou chez les enfants ?

Postscriptum


Comme, je le disais en introduction, Sylvia n’a pas délaissé la musique. Depuis le début de l’année civile, elle fait un podcast d’une quinzaine de minutes sur une chanson qu’elle aime. Elle nous en raconte son histoire puis la joue dans son salon. Je ne saurais que vous en recommander vivement l’écoute.
————————————————————————————————————————————–
Les adultes n’existent pas – Sylvia Hansel – Editions Intervalles – ISBN : 978-2-36956-065-4
————————————————————————————————————————————–
Liens :
Le site de Sylvia Hansel
La chronique de son premier album : Sylvia Hanschneckenbühl Does Not Sing Christmas
La chronique de son single « Your name is nobody »
Les éditions Intervalles

Laisser un commentaire

* Champs obligatoires