Tremplin Label Mozaic : compte-rendu et palmarès 2012

2012-05-03-MOZAIC-WilliamJoshbeck_ALTER1FO-005Jeudi soir avait lieu la finale du Tremplin Label Mozaïc à l’Étage au Liberté. Quatre talents prometteurs, sélectionnés sur l’envoi de maquettes par un jury présidé par Jeanne Cherhal, se produisaient sur la scène de L’Étage, dans des conditions professionnelles pour un concert gratuit ouvert à tous. A l’issue des prestations des quatre lauréats, le jury a désigné le gagnant de cette année, mais les quatre finalistes sont tous repartis avec un prix. Les années précédentes, des groupes aussi divers que The Popopopops, Da Titcha, Ladylike Lily ou M. Roux avaient été lauréats. Quatre nouveaux sélectionnés étaient donc présents ce jeudi 3 mai sur la scène de l’Étage devant un public venu très nombreux. Présentation, compte-rendu et palmarès de cette soirée.

Cette année, ce ne sont pas moins de 220 groupes et artistes qui ont participé à la sélection sur maquettes qui devait désigner les quatre finalistes. Ces maquettes étaient examinées par un jury présidé par Jeanne Cherhal et comptant des personnalités aussi diverses que Jean-Michel Boinet (directeur artistique d’Art Rock), Armel Talarmain (attaché de presse pour les Bars en Trans, Mythos ou Le Grand Soufflet, mais aussi violoncelliste-guitariste de Dahlia), Mathias Durand (le programmateur de Radio Campus Rennes et l’homme derrière l’excellente émission l’Entrée des artistes consacrée à la scène rennaise), Da Titcha (lauréat de l’an dernier), Cédric Bouchu, dj émérite des nuits rennaises et animateur de l’Echo du Oans (émission co-produite par Canal B et Alter1fo), Sébastien Lohro (technicien-son au studio Passage à Niveaux), Claude Guinard (directeur des Tombées de la Nuit), Thierry Houal (programmateur et directeur de la communication M.A.P.L – Le Manège), Ladylike Lily, et l’un des membres du Crédit Agricole, Emmanuel Bremand : en résumé essentiellement des artistes et des professionnels du monde des musiques actuelles. En tout 11 personnes qui se sont réunies pour sélectionner 4 lauréats.

 2012-05-03-OurNameIsAFake_ALTER1FOA l’issue de cette sélection, c’est donc William Josh Beck et et sa folk teintée d’americana qui a été choisi pour ouvrir la soirée avant l’électro-pop taillée pour le dancefloor d’Our Name is a Fake. Suivront les We are Van Peebles et leur math-punk qui débouche les sinus puis le yéyétronic en frenchy dans le texte des Superets. Autant le dire tout de suite : quatre groupes pour quatre styles de musiques totalement différents.

L’accueil est impeccable cette année encore, l’organisation est bien rodée et l‘entrée gratuite rend la soirée accessible à tous les budgets. Les gens viennent, repartent, toute la soirée durant. Certains pour voir un groupe, d’autres pour en voir deux ou trois ou bien assister à l’ensemble des concerts. En tout, l’organisation estime la fréquentation autour de 950 personnes, ce qui est assez impressionnant pour un tremplin de groupes locaux !

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L’organisation a cependant un peu changé par rapport aux années précédentes du fait de la retransmission de la soirée sur les chaînes de télé bretonnes (TVRennes, TBO, Ty télé). Thibault Boulais et Elise Clercin animent la soirée, présentent les groupes et reçoivent différents intervenants du projet, notamment les lauréats des années précédentes Da Titcha et Ladylike Lily, ce qui permet d’enchaîner une soirée sans temps mort durant les changements de plateau et la délibération du jury. Autre nouveauté : des intermèdes au milieu du public par des danseurs de hip hop ou encore des dj sets par Dj Brahim et un live de Da Titcha. Bref, tout s’enchaîne sans temps mort et le public va progressivement devenir de plus en plus dense.

Avant chaque prestation, le clip-teaser réalisé par Jo Pinto Maia, pour présenter chacun des candidats est également projeté sur l’écran géant derrière la scène. Cela permet ainsi au public d’appréhender les quatre artistes d’une manière plus complète que par le seul biais de la prestation scénique qu’ils vont réaliser.

L’Étage, Rennes ou les plaines du Midwest américain avec William Josh Beck

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C’est William Josh Beck qui a la lourde tâche de lancer la soirée devant une foule pas encore compacte, mais dont les rangs commencent déjà à se resserrer. Le songwriter arrive sur la scène plongée dans le noir et allume une toute petite lampe sur le côté de la scène : il éclaire un petit transistor qu’il met en marche : des pépiements d’oiseaux et des arpèges tout en douceur à la guitare nous plongent dans l’univers de cet artiste nouvellement arrivé sur Rennes que vous avez peut-être pu découvrir il y a peu dans l’Echo du Oan’s (à retrouver là).

Folk, mâtinée d’americana, à l’instrumentation essentiellement acoustique, la musique de William Josh Beck lorgne sans rougir vers les plaines du Midwest nord-américain.

2012-05-03-MOZAIC-WilliamJoshbeck_ALTER1FOSur la scène de l’Étage, William Josh Beck a choisi la formule trio : il est à la guitare sèche et au chant (parfois à l’harmonica), accompagné par une contrebasse et une autre guitare acoustique (quelques fois électrique), troquée contre un banjo sur Firelady.

On est d’abord frappé par les qualités vocales du Monsieur. Voix parfaitement posée, profonde et chaude, malgré, on l’imagine, le trac qui l’étreint. Cette voix sait aussi se faire entraînante et rythmée sur les titres les plus « sautillants » du trio, ce qui en dit long sur la palette vocale dont dispose William Josh Beck.

La basse assurée par la contrebasse, à la manière d’une walking bass, apporte une vraie valeur ajoutée au dialogue des guitares. Pour varier davantage le set, le trio jouera également du banjo, de l’harmonica et le contrebassiste se saisira d’un archet sur I Remember.

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Pour le reste, on apprécie également le dialogue loin d’être simpliste entre les deux guitares, qui se répondent le plus souvent en arpèges mais savent aussi jouer rythmique. William Josh Beck utilise notamment un onglet (sorte de médiator accroché au pouce) pour accentuer les cordes graves et se sert de tous ses autres doigts pour frapper ses cordes, ou pour les jouer en arpèges à la résonance plus mélodiques. Au final, une très chouette prestation et pour qui aime la folk épicée à l’americana, William Josh Beck est un artiste à suivre. Les trois musiciens quittent la scène en rallumant la petite lampe et le transistor. Le public applaudit chaleureusement et après ce premier concert, on se dit que si tout le reste est de cette qualité, on risque de passer une très bonne soirée.

L’Étage ou le Madchester rennais avec Our Name is a Fake

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Our Name is a Fake ne doit pas être rassuré non plus en montant sur la scène. C’est le souci avec les tremplins. On peut craindre que les groupes restent paralysés par l’enjeu. Pourtant, à leur arrivée sur scène, les quatre musiciens entament crânement les choses en imposant un rythme lent à la guitare claire et à la grosse caisse. Puis vient la disto… Mais le rythme reste toujours tout en retenue… Jusqu’à quelques mots susurrés au vocoder (?) juste avant la montée d’une basse acid qui nous propulse immédiatement sur le dancefloor. Our Name is Fake fait de l’électro-pop taillée pour le dancefloor. Une électro-pop qui aime tout autant les déflagrations de guitare (une fender jaguar pour les amateurs) que les rythmes à la grosse caisse en 4/4 qui martèlent les temps. Claviers, machines, batterie, basse et guitare : tout est au service de la danse, comme ils nous l’avaient expliqué en interview (retrouvez l’interview d’Our Name is a Fake ici). Le titre de leur premier ep, Put Your Dancing Shoes On, était à ce titre sacrément évocateur.

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Pourtant cette électro-pop se teinte également de cold wave aux accents plus mélancoliques (la ligne de basse de Rock in Downtown ou les claviers sur le pont de Put your dancing shoes on) ou de rock avec son chanteur-guitariste qui fait preuve d’une grosse présence scénique au chant, avec un timbre de voix définitivement rock.

Si les quatre musiciens semblent au départ rester un peu en dedans (la pression est forte, on l’a dit), leur énergie se libère au fur et à mesure du concert. La bombinette Night Club (de l’électro avec une guitare acoustique) produit son effet. La disposition scénique qui nous a semblé d’abord un peu curieuse : le batteur dans l’ombre, le claviériste à peine plus en avant et un immense espace à combler pour le bassiste et le chanteur guitariste, se fait finalement oublier tant le chanteur-guitariste donne de sa personne.

Sur les derniers titres, notamment Put your dancing shoes on ou sur un final résolument dancefloor, il semble totalement libéré et on se dit qu’il n’a rien à envier à pas mal de rockers professionnels. L’homme a une réelle présence et le groupe partage vraiment ce dernier morceau avec la salle.

C’est donc dans un beau tonnerre d’applaudissements qu’Our Name Is a Fake termine sa prestation. Ils n’auront rien à regretter, ils auront vraiment tout donné.

L’Étage ou Washington DC à Rennes avec We are Van Peebles

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On a déjà dit tout le bien qu’on pensait des We are Van Peebles après leur prestation à l’Antipode lors de la Start’in Block en janvier dernier ainsi que lors de la parution de leur interview (retrouvez l’interview de We are Van Peebles là). En effet, pour qui apprécie Fugazi, Shellac, At the drive-in, Mc Lusky ou plus près de nous Papier Tigre (nous en sommes), la musique de We are Van Peebles vaut le détour.

Première caractéristique : le groupe ne propose pas un trio guitare-basse-batterie, mais deux guitares-batterie (avec parfois un clavier). Et tout ça au service d’une noise du meilleur aloi, qui tabasse bien.

On était comme eux, surpris de leur présence dans la finale du tremplin, parce que leur math punk ne compte pas fleurette sur le bord des chemins mais envoie sacrément le bois. On s’est trompé et c’est tant mieux : les We are Van Peebles montent sur la scène de l’Étage et vont pouvoir faire montre de leurs qualités de composition.

Pourtant ça ne démarre pas très bien. Sur le premier morceau (impeccable cela dit !), l’un des deux guitaristes casse une corde. S’ensuivent quelques longs instants à meubler qui font retomber l’adrénaline de ce début de concert, le temps de changer de guitare et de l’accorder. La jazzmaster est remplacée par une telecaster mais on s’inquiète un peu : comment le trio va-t-il réussir à se remettre dedans ?

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Mais une fois qu’ils recommencent à jouer, on est rassuré : le trio assure carrément, malgré ces temps morts entre les titres, tant ces morceaux sont de la belle ouvrage. Des compos à la fois puissantes et inventives, avec de vraies bonnes trouvailles, un batteur qui dépote sans être monolithique, un dialogue entre les guitares tout en richesse et les trois musiciens qui alternent aux voix et aux cris.

C’est carré, malin, parfaitement mené. Le batteur est d’une implacable maîtrise et les breaks sont tout en intelligence. Les musiciens de We are Van Peebles ont plus d’une idée dans leur besace et bien plus de subtilité dans leur vocabulaire que ne le laisserait croire leur son abrasif tout en déferlantes.

On n’a d’ailleurs de nouveau plus vraiment l’impression d’être à Rennes, mais plutôt à Chicago, Louisville ou Washington DC le temps de la prestation du trio.

A côté de nous, c’est plus mitigé, il faut le reconnaître et on comprend parfaitement que pour ceux qui aiment moins la noise, la déferlante prestation du trio aura été moins accrocheuse qu’elle ne l’a été pour nous.

Mais de notre côté, on en a pris plein les oreilles. Et on n’est tout de même pas les seuls quand on en voit plusieurs dans les premiers rangs qui hurlent de concert sur les déflagrations du trio.

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L’Étage ou Saint-Tropez Növö à Rennes

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Autant dire que le contraste est pour le moins immense avec le dernier groupe sélectionné, pour qui une bonne majorité du public est venu ce soir.

Les Superets sont de jeunes gens modernes qui donnent dans un twist entre eighties növö et surf music boostée à l’électro, à mi-chemin entre candeur yéyé des sixties en frenchy dans le texte et humour au dix-septième degré. Avec Jacno ou Dutronc en ligne de mire, les Superets sont pourtant passés au 2.0 comme ils nous l’ont expliqué en interview (retrouvez l’interview des Superets ici).

Sur scène, les quatre joyeux lurons arrivent en tenue à l’élégance toute sixties : marinière, pantalon jaune et petit gilet pour le chanteur guitariste, veste de costume pour le batteur, chemise à pois, petite moustache et rouflaquettes pour le claviériste-bassiste et petit veston boutonné pour le claviériste.

Ce dernier a renommé son Korg Korgy en rajoutant un Y au chatterton et , sur un titre, n’hésitera pas à sautiller autour de la scène avec un tambourin tel un farfadet possédé et facétieux.

Le set commence avec le cri de Dogmatique et les titres s’enchaînent dans une folle sarabande. Le public adhère à ce twist décalé et frappe dans ses mains avec chaleur pour accompagner ces élucubrations relativement déjantées.

2012-05-03-MOZAIC-Superets_ALTER1FOPourtant si les Superets jouent de leur image à contre-courant, ils restent carrés et toujours calés. Ils possèdent une vraie science du refrain entraînant ainsi que de réelles qualités pour donner du relief à leurs morceaux.

On ne s’ennuie pas et le public autour de nous a l’air ravi. C’est encore sans compter le dernier titre joué par le quatuor, ce 160 caractères par secondes addictif et pernicieux en diable : 160 caractères pour te dire adieu/ à dix centimes la rupture sans les larmes aux yeux reprennent en chœur les premiers rangs bondissants. Le groupe ménage même un break au milieu du morceau pour faire encore monter l’ambiance.

Le public devant est survolté et se trémousse pour les dernières reprises du refrain de ce tube en puissance. Le groupe finira sans surprise son set dans les cris de ses fans.

Le verdict du jury :

Étant donné l’éclectisme de la sélection et des prestations, tout le monde se demande un peu comment le jury va départager les quatre finalistes. Et bien, c’est finalement la qualité des compositions noise des We are Van Peebles qui remporte la quasi-unanimité des suffrages du jury, à la plus grande surprise des intéressés ! Le jury semble avoir apprécié la maturité d’écriture du trio et son énergie scénique. Conséquence :ils remportent l’enregistrement, le mixage, le mastering d’un EP au studio Passage à Niveaux à Rennes ainsi que les droits SDRM et le pressage de 500 Cds.

Les seconds sont les chouchous du public de ce soir, entendez les Superets et leur twist survitaminé ; chuppa chups à la bouche, ils gagnent le mastering de 2 titres et 500 € en bons d’achat au Shop Passage à Niveaux. Quant à la folk classieuse de William Josh Beck et l’electro-pop efficace des Our Name is a Fake, troisième et quatrième, ils se partageront respectivement deux bons d’achat de 800 € et 500 € en imprimerie pour leurs futurs flyers, affiches, etc…

Attendez vous d’ores et déjà à retrouver les quatre finalistes de ce soir sur les scènes d’ici et d’ailleurs dans les mois qui viennent.

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Photos : Caro

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Bandcamp de We are Van Peebles : http://wearevanpeebles.bandcamp.com/

Zickcard d’ Our Name is a Fake : http://zikcard.com/ournameisafake

Bandcamp de William Josh Beck : http://williamjoshbeck.bandcamp.com/

Soundcloud des Superets : http://soundcloud.com/superets/

1 commentaires sur “Tremplin Label Mozaic : compte-rendu et palmarès 2012

  1. juryca

    Membre du Jury,
    Je vous félicite pour votre compte-rendu très précis !

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