Alter1fo vous propose de (re)découvrir la scène musicale rennaise à travers une chronique, hebdomadaire le plus souvent. Des talents émergent, d’autres confirment sur la scène locale. Certains les soutiennent, sortent leurs disques, d’autres leur proposent des lieux de concert, de répétition… Alter1fo donne un coup de projecteur à ces artistes, labels, lieux ou assos qui œuvrent d’arrache-pied pour que la scène locale existe. Permettre aux acteurs et aux publics de se rencontrer, donner la parole à ceux qui font la vie rennaise, tels sont nos buts avoués. Chaque semaine, vous retrouverez donc un ou plusieurs focus sur l’un de ces acteurs…
Envie de vous déhancher et de vous éclater au son d’un twist des temps modernes, entre eighties növö et surf music boostée à l’électro ? En manque de mélodies à la fraîcheur et à la candeur yéyé des sixties en frenchy dans le texte ? Superets, le groupe de Léo 2MyMilk (guitare, chant), Hugo Pretty Kasbah (machines, percussions), Romain No Oats (basse) et Ulysse Tasty Tornado (batterie, chœurs) pourrait peut-être vous satisfaire. De l’énergie, de l’humour et des refrains addictifs ( « 160 caractères pour te dire adieu/ à dix centimes la rupture sans les larmes aux yeux »), les Superets en ont à revendre. Avant de les découvrir sur la scène de l’Étage le 3 mai pour la finale du Tremplin Label Mozaic, on a décidé d’en savoir plus sur ces jeunes gens modernes.
Alter1fo : Si vous deviez vous présenter en quelques mots, que diriez-vous ?
Superets : Superets du latin Superetum, nous sommes un quatuor rennais de musique auto-proclamée Yéyétronic : un peu de yéyé, un peu d’électronique.
Ça fait un an qu’on se terre dans des locaux de répétition pour avoir l’air forts. Ça commence à payer.
Comment en êtes-vous arrivés à ce projet ? Avez-vous joué dans d’autres groupes avant ou jouez vous dans d’autres formations en parallèle ? Quelle est la genèse de Superets ?
On a fait nos armes dans d’anecdotiques groupes de lycée, c’était formateur mais on ne referait pas la même musique aujourd’hui. Comme on a élevé les vaches ensemble en écoutant nos cassettes sur un ghetto-blaster, une fois revenus en ville c’était naturel pour nous de former un groupe.
A vrai dire l’idée du groupe c’est un délire d’ados, mais on a dû attendre d’être majeurs aux US pour sa mise en pratique.
Mais aussi, deux d’entre nous jouent dans Asian Porn Stars qui lorgne plus du coté electro de la force.
Au tout début, les Superets, c’était surtout l’influence yéyé, Dutronc en tête. Et puis vous avez rajouté de l’électro là-dedans… Pourquoi ? Comment en êtes vous arrivés à ce « nouveau » son ? Vous aviez des jeunes gens modernes tel Jacno en ligne de mire ?
Les synthétiseurs chez nous, c’est le fruit du hasard. Sur nos vieilles chansons on bidouillait avec des logiciels pour ajouter quelques claviers mais ça restait discret… Jusqu’au jour où un voisin est apparu sur le palier tel un prophète pour nous laisser des claviers. C’était comme un signe, une mission délivrée par l’idole électronique, « Enfants de Dutronc, vivez avec votre temps, devenez 2.0 ». Alors avoir un guide comme Jacno ça aide.
Mais Gainsbourg aussi a fini par tâter du synthé, Devo nous fait terriblement danser, Daho est bien de chez nous… Que de bon moyens d’inviter le twist dans le 3eme millénaire!
Côté plus électro, donc, ou même yéyétronic, quelles sont les autres influences que vous revendiqueriez?
Principalement la surf-music, omniprésente chez nous. The Marketts, The Ventures, Dick Dales et consorts: que de bons souvenirs de nos folles sessions de body-surf à la Torche. La dichotomie Brian Jonestown Massacre / Dandy Warhols (et Dig!) c’est un énorme leitmotiv, une influence de l’ombre. On aime picorer du coté des Ravonettes, des compils Wizzz! et on met toujours « Leave Them All Behind » des Ride avant d’aller heurter le bitume.
Mais il y a beaucoup de choses qui trainent dans nos chansons, par exemple on traite pas mal les percussions comme dans la house ou la minimale. Pourtant…
Effectivement, ce ne sont pas des influences auxquelles on aurait immédiatement pensé… Sinon, trois disques sans lesquels vous ne pourriez pas vivre ?
Brian Jonestown Massacre – Take It From The Man
Jacques Dutronc – En Vogue (le bon compromis: il contient toutes nos préférées).
Velvet Underground & Nico
Vous avez partagé deux fois la scène avec La Femme à Rennes (la Bascule, l’Antipode) qui comme vous, sont décomplexés par rapport à l’utilisation du français. Pour vous, c’est à cause de Dutronc et Jacno ?
On avait ouvert en Mai dernier leur concert à la Bascule à la demande du Twist Komintern: on s’est découvert énormément de points communs et ce sont devenus de bons copains. Ensuite, nous avons joué a l’Antipode trois semaines après eux (avec Yelle & Jupiter) mais pas avec eux.
Oups, pardon !
Par contre ils ont eu la gentillesse de nous inviter à leur concert, Hugo avait sorti son plus beau cri de groupie.
Je pense que nos groupes respectifs ne sont pas décomplexés, c’était une voie naturelle: on a tout de suite transformé l’essai avec nos premiers textes.
Ce qui est intéressant c’est que le fondement de notre musique est quasi-uniquement influencé par des artistes francophones, ce qui n’est pas monnaie courante. Et puis pour rester simple, nous sommes incapables d’écrire de bons textes en anglais. On aime jouer avec les tournures de phrases, on aime se comprendre et être compris: il y a tellement à puiser dans notre langue qu’on voit mal pourquoi on irait puiser dans d’autres.
Peut être qu’une fois qu’on aura fait le tour, on ira tester l’Esperanto.
Vous vous produisez dans le cadre du tremplin Mozaic ce jeudi avec trois autres groupes (We are Van Peebles, Our Name is a Fake et William Josh Beck ). Pourriez-vous nous expliquer comment se sont passées votre candidature et votre sélection ?
Les concerts au Jardin Moderne et à la Bascule avant l’été nous avaient pas mal encouragés. On est revenus gonflés à bloc à la rentrée, la date à l’Antipode, les encouragements du Jardin Moderne, les répétitions plus longues aux locaux de Fake Records, cette ambiance de travail a payé. On a alors mailé le Label Mozaic et ils nous ont coupé en plein travail pour nous annoncer qu’on jouerait au Liberté.
C’était nouveau pour nous d’être parmi une sélection, on s’est pointé à la conférence de presse, on a bu du champagne, on est repartis en répète.
Depuis, le fun s’enchaine: on a adoré tourner un teaser avec Jo Pinto Maia, on a jouté avec Radio Campus et on espère croiser l’emblématique chauve de Tv Rennes le 3 Mai.
Sur la scène rennaise, comment vous situez vous ? Êtes vous en contact avec d’autres groupes ou artistes rennais ? Desquels vous sentez vous proches ?
Nous on est plutôt au Sud, vers le métro Poterie. Après, on aime bien aller dans le centre, mais pas quand il pleut.
En bons noctambules, on a pu rencontrer pas mal de nos camarades. On a un feeling particulier avec Splash Wave, les Juveniles et Maria False. On croise et on apprécie Mermonte, les Pops, Manceau (et O Safari), les Wankin’ Noodles ou les Bocal Records. On a un plaisir tout particulier à vider la bouteille de Slivovitz du Melody Maker avec les Rigg. C’est un tout nouveau groupe, du Garage qui fait du bien.
Les groupes de musique riment avec bière fraiche: avant tous allaient au 1929, maintenant ça traine autour de trois bars pas plus alors tout le monde se connait. Qui plus est, personne ne fait la même musique, alors on se sent proche des autres d’abord parce qu’on partage une passion et pas par rapport aux similitudes de nos projets. Big Up dudes, 35 en force sisi, restez swag.
Après ce concert pour le tremplin Mozaic, quels sont vos projets, vos actualités ?
Qu’importe l’issue du tremplin, notre prochaine étape sera d’enregistrer un premier acte discographique. L’avantage du tremplin, c’est qu’on entrevoit la perspective d’enregistrer dans des conditions qu’on ne pourrait s’offrir. On est aussi en plein travail pour acheter la bouteille de Slivovitz du Melody Maker ! Le 4 Mai prochain on jouera avec Lescop, dont on apprécie beaucoup les chansons. On est aussi en contact avec des tueurs à gages, on met quelques contrats sur les têtes de ces gens qui interdisent les bars de concert (une pensée pour le Sambre [NDLR : nous aussi…]). Puis on jouera jusque fin Juin dans les alentours de Rennes, après on passera l’été à travailler sur nos futurs morceaux. Le plus important sera de continuer à travailler, nous perfectionner et rester en vie.
Merci !!
Retrouvez toutes nos interviews-focus sur la scène rennaise ici
(Santa Cruz, La Terre Tremble !!!, Lady Jane, Fago.Sepia, Band of Ghosts, le pôle musiques actuelles du CRIJB, Manceau, Nola’s noise, Wesson Maespro, Get Flavor Records, Idwet, les Disques Normal, Mekah, Dj Netik, La Corda, Eat your toys, Théo Gravil, Simba, Shtok, Spash Wave, Monkey & Bear, Mess Zero, Regïs Boulard, Le Bocal, We only said, Deejay Ober, Makassy, Skap’1, I&A, The Last Morning Soundtrack, Alee, Garbo, Russian Sextoys, Ladylike Lily, Missing Girl, Zaïba, Homecooking, Psykick Lyrikah, RCR, Bumpkin Island, Wonderboy, Micronologie, ReDeYe, Colin Linkoln, Sudden Death of Stars, Juveniles, Alexel, Güz II, The Enchanted Wood, James Legalize, The Missing Season, RezO, Bunch of Crows, Our Name is a Fake, Heskis’, Vortex, Users, Nola#, Mermonte, Mekah…)
_____________________________
Superets au Tremplin Label Mozaïc jeudi 3 mai 2012 à partir de 20h – l’Etage (le Liberté). Entrée gratuite.
Soundcloud des Superets : http://soundcloud.com/superets/