Trans Musicales 2011 : Rêves cuivrés vendredi au parc expo

alexandertucker_http://riso800.comcolinstetson_Valerian MazataudOn pourrait se mordre les doigts d’être arrivés aux halls trop tard pour voir Breton ou Za ! mais comme c’était pour pouvoir s’en prendre plein le cœur par la magnifiçante bande de Kütu folk à l’Aire Libre, on ne va pas vraiment le regretter.
On signale au passage qu’il vous reste deux jours pour ne pas louper ça. Foncez-y sans hésiter. Ces gens prolongent votre espérance de vie.

orchestra of spheres

Nous avons tout de même réussi à arriver à temps pour voir les zarbis zigotos néo-zélandais d’Orchestra of Sphere. L’écoute préalable ne nous avait pas emballés mais sur scène leur musique se révèle assez irrésistible. Avec une poignée de synthés vintages, une cithare électrifiée en carton et des chants tribaux scandés, il bricolent sous leur chapeau lumineux une disco-no wave psychédélique et déconnante qui pourrait les placer comme une sorte de DEVO océanien.
Un concert dont on sort requinqué et remonté comme des pendules.

Tant mieux puisqu’arrive ensuite la grosse, grosse claque de la soirée. On l’avait sentie venir mais elle ne nous en a pas moins laissés sur nos postérieurs, les yeux ronds et la bouche bée.

colinstetson2

Le dispositif scénique de Colin Stetson est bien simple en apparence : lui, avec sa carrure de joueur de hockey, un titanesque saxophone basse et un autre saxophone ressemblant à un jouet à côté de l’autre. La patine des deux instruments laisse subodorer qu’ils en ont vu des vertes et des pas mures. Tout ça a l’air basique mais un des secrets de l’incroyable raz-de-marée sonore que l’on va se prendre sur nos tronches réside en une sonorisation très poussée des instruments. Il y a même un micro sur la gorge du monsieur. Il faut bien ça pour restituer l’incroyable palette de sons que peut produire le monsieur.

Il entame bille en tête par les cornes de brumes atomiques du Awake in foreign shore inaugurant son splendide New History Warfare vol 2 : judges. Les titres de ce même album agrémenté de ceux de son nouveau EP s’enchaînent ensuite avec une puissance saisissante. C’est une chose d’écouter cette musique en sachant comment elle est faite. C’en est une toute autre d’assister à son exécution. Chaque note, son, claquement, souffle, râle, frottement… devient un élément de la musique pour finalement devenir une composition époustouflante de puissance et d’amplitude sonore. On jure entendre des violons sur un titre, une batterie sur un autre. Le fait de tout réaliser en direct, sans effet, apporte une texture et une vie particulièrement émouvante à la prestation. Quarante petites minutes de pure magie musicale.

Surtout qu’en plus le bonhomme se paye le luxe d’être extrêmement sympathique. Reprenant à peine son souffle pour causer entre les morceaux, afin de remercier le public nombreux de son accueil ou de demander gentiment de ne pas trop fumer dans la salle parce que c’est cet air-là qu’il recycle en continu lors de ses morceaux.
La classe tout simplement.

On passe par la case Hall 9, pour une petite louchée émoustillante du DJ norvégien Todd Terje. Un garçon mixant Marvin Gaye, du Liquid Liquid, Country Boy de Superpitcher, et qui conclut sur Love Will save the day de Whitney Houston, mérite de toutes façons le respect éternel.

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Sinon, SBTRKT ayant été frappé du syndrome du hall 9 et ayant donc renoncé à toute la délicatesse qui fait le charme de ses compositions, nous nous sommes tournés vers Alexander Tucker. Malgré un public clairsemé et une voix pas toujours juste, l’américain a livré un belle prestation, intrigante et aventureuse. Sur scène, même avec sa voix éthérée, son travail sur les boucles de cordes se fait plus menaçant et sombre, plus proche des vrombissements inquiétants des musiques drones que de la folk psyché attendue.

Le slip rouge de Silverio ne nous aura pas plus ému que ça. Factory Floor ne nous aura pas convaincus de se battre plus longtemps contre le froid. On rentre pour garder des forces car on a la ferme intention de danser demain.

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