C’était déjà le dernier soir pour les Trans Musicales 2011, la soirée du samedi affichait complet dès 15h10, on peut dire que le public rennais aura encore répondu à l’appel du festival le plus underground de l’ouest. Je ne vous parlerai pas du Hall 9 et de ses superbes sets électro car j’avais mieux à aller voir…
Choix cornélien s’il en est pour ceux qui aiment la musique au pluriel lors de cette dernière soirée Trans Musicales, on pouvait se laisser porter par la vague électro du Hall 9 (Carbon Airways, Agoria, Don Rimini…) ou alors tenter l’expérience des deux autres petits halls et savourer de savants mélanges de rock, électro, hip hop et funk. J’ai choisi la deuxième voie pour ne pas avoir de regrets à rater les lives d’Hanni El Khatib, Janice Graham Band, Spank Rock ou encore Wolf People.
J’arrive pour le début du concert de Galaxie encore chargé des émotions du samedi après-midi où l’on a assisté aux merveilleux concerts de Jesus Christ Fashion Barbe, du virevoltant Mein Sohn William et on a même réussi à rentrer voir le blues fiévreux de Guadalupe Plata au 4Bis ; on reviendra sur ces concerts dans la semaine pour vous en dire plus.
On arrive donc pour le concert rock-bluesy de Galaxie, c’est clairement plus violent en Live que sur l’album du groupe de rock québécois mené par Olivier Langevin, et le son sature violemment dans les tôles du Hall 3 du Parc Expo. Il aura fallu des québécois pour nous rappeler que le rock pouvait se conjuguer au français, une dizaine de décibels en moins nous aurait fait apprécier un peu plus la richesse du groupe (ou peut-être je deviens vieux aussi…).
Un petit saut au Hall 4 pour aller écouter Shabazz Palaces, l’ovni hip hop de l’année et signé chez le label indie-rock SubPop, le combo de Seattle de Palaceer Lazaor et Ishmael Butler nous propose une musique du futur aux rythmes africains, flow old-school, ambiance west-coast tintée de sons extra-terrestres, ça s’écoute avec aisance mais j’aime autant faire ça chez moi. Pas le temps de s’attarder cependant car le chouchou de la soirée va bientôt commencer son set dans la salle d’à côté.
Le public est déjà présent pour accueillir le remplaçant de l’Iranien Kourosh Yaghmaei qui a du annuler sa venue, Hanni el Khatib jeune trentenaire américain sobre et classe pénètre lui aussi dans la brèche créée par The Black Keys ces dernières années et nous propose son blues-rock un peu garage en formation binôme guitare/batterie. C’est simple et efficace, on alterne les morceaux calmes avec les morceaux énervés, la formule est plaisante, on rajoute la minute d’hommage avec sa reprise d’Heartbreak Hotel qui déstructure le morceau mais nous offre une nouvelle lecture de ce morceau qui s’est bien usé avec le temps. On a passé un bon moment en compagnie du rockeur. A la sortie, je croise le chanteur des Juveniles aux toilettes avec un sac de Kutu folk, il me dit que Kim Novak était génial.
Petite pause entre amis avant d’aller voir le sud-africain Spoek Mathambo pendant que tout le monde se dirige voir le set d’Agoria. Je ne savais pas trop quoi penser de ce MC exilé en Suède, un flow hip hop intéressant mais une voix sans véritable puissance, seul la musique m’intéressait à base de techno, funk pour former une sorte de post-punk façon kwaito. Le live ne m’élève pas plus que ça, la qualité sonore n’est pas au rendez-vous de mes attentes et même si je reconnais quelques qualités à cet ambassadeur musical de l’Afrique du Sud, je vais attendre de revoir le live complet en vidéo pour me faire une idée. En sortant du Hall, je vois un gars en costume à fourrure se faire violemment câliner par deux adolescentes en furie.
On s’en jette un petit avant de se faufiler au Hall 3 pour voir les petits gars des quartiers sud de Manchester, Janice Graham Band et leur morceaux punky ska dont on peut ranger le disque entre « Sandinista! » et « I bet you look good on the Dancefloor » dans les étagères de nos cédéthèques. Ils font quelque peu minots mais ils envoient du lourd, le punk n’a jamais sonné aussi soul et le chanteur à l’allure juvénile, Joe Jones, emplit l’air d’un chant déchiré de contestation railleuse. Nous avons peut-être affaire ici aux nouveaux Clash, une musique à l’opposé des tendances musicales actuelles avec une contestation vindicative de leur propre génération et de la culture pop. Le message est clair pour la jeunesse actuelle, quittez la lobotomisation de masse, aimez ce que vous avez envie d’aimer et soyez acteurs de votre présent !
Changement de genre avec les furieux de Spank Rock et leur hip hop pour dancefloor, produit par Boys Noyze, rien que ça. La fessée se fait attendre pendant les deux premiers morceaux où les MCs semblent avoir quelques problèmes techniques, puis le combo arrive enfin à se lancer. Un énergie terrible au profit de la luxure et de la décadence, un mélange d’électro et de hip hop qui a de quoi ravir les amateurs du genre. Une moitié de la salle se réjouit du flow, l’autre retourne se chercher une bière. Moi je file me prendre un café au salon et je remercie ces gars-là de pas faire d’inflation sur cette denrée des plus nécessaires au chroniqueur de concert que je suis, franchement 1€ le café à 4h du mat’, ça mérite un prix Nobel.
Je finirais sur Wolf People, il n’y a que les Trans Musicales pour programmer un groupe de prog-rock psychédélique à 4h45 du matin. Le groupe semble s’en étonner aussi et remercie le public rennais d’être présent. Les trois jours de festival ont raison de mes jambes et je m’assois sur le côté du Hall pour profiter du concert. Ah ! Mais qu’est ce que c’est bon ce petit son rock 70’s, car même si on apprécie toujours autant d’écouter nos vieux vinyles psyché de Fairport Convention chez nous, on n’a pas souvent l’habitude de retrouver en live ce vieux son un peu aigu et vibratoire. On apprécie tout autant les passages un peu bluesy, où la guitare emplit l’espace. On sort en esquivant quelques zombies solitaires.
Un petit tour au bar VIP où le funk est à l’honneur avec un battle de danse et on s’échappe voir les plus téméraires des festivaliers qui dansent encore devant les Seniores Picantes, duo dj/vj noctambule à moustaches, qui passent alors un remix de cumbia des plus sympathiques devant des vidéos de femmes culturistes à demi-nue, puis on se prépare tranquillement à quitter les lieux, ma dernière image du festival sera l’équipe d’Electroni[k] chantant Michel Delpech debout sur les tables du bar à champagne, insouciante jeunesse…
Merci Jean-Louis et à l’année prochaine ! Yo !
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Le site des Trans Musicales 2011 : http://www.lestrans.com/
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Pour notre part, nous avons vu la porte du hall 3 se fermer à notre nez pour Hanni el Khatib.
Dommage mais on pourra s’en faire une idée ici :
http://liveweb.arte.tv/fr/video/Hanni_El_Kahtib_aux_Trans_Musicales_de_Rennes/
et on a eu le temps de voir Zomby, avec le masque de Guy Fawkes des Anonymous enflammé un hall 9 pourtant à peine échauffé.
Le Mexican Institute of Sound nous a fait danser la cumbia avec sa version survitaminée de la pop mexicaine.
Agoria a fait preuve d’une classe imparable avec sa house, certes extrêmement classique, mais exécutée avec style et goût.
On a adoré l’étrangeté et l’énergie de Shabazz Palaces qui pourtant s’entêtait à jouer downtempo totalement à contrepied de l’esprit de la soirée.
Cependant la soirée nous a laissé un peu dubitatif. Trop de groupes moyens et surtout des halls fermement cloisonnés dans leur style, en gros : hall 9 : electro, hall 4 : Hip Hop, Hall 3 : Rock.
Je sais bien que la tendance et à cibler les publics, mais quand on voit la soirée du vendredi, on se dit que les métissages ont bien du bon.
KIM NOVAK était définitivement le meilleur goupe des Trans 2011. Suivi de Kütu Folk The Band et de Ghostpoet.
@Mr B : suffit juste de changer de Hall