Après une rentrée fort réussie, l’Antipode va nous offrir un mois de novembre tout aussi généreux en concerts émoustillants et variés. Cette belle série démarrera dimanche 6 novembre avec la venue sur Rennes (enfin !) des essentiels allemands de The Notwist fort bien accompagnés par le trio local La Battue. Préparez-vous pour un dimanche soir d’indie pop aussi élégante qu’aventureuse.
Malgré des concerts réguliers du côté de la Route du Rock, il faut bien avouer que nous restions frustrés de ne pas avoir eu l’occasion de voir les essentiels The Notwist sur scène à Rennes. Le combo allemand fait en effet partie de ces formations dont on a chéri les disques successifs avec une attention toute particulière et ce, depuis fort longtemps.
Fondé à Hanovre l’année de la chute du Mur par les deux frangins Markus et Micha Acher (eux originaires de Weilheim, en Bavière) avec le batteur Martin Messerschmidt, The Notwist fut d’abord responsable d’essais bien plus punk/metal et bruitistes (the Notwist en1990, Nook en 1992). L’arrivée de Martin (Console) Gretschmann (programmations) viendra amplifier une tendance vers une électronica et un indy-rock plus mélancolique et tempérée apparue dès 12 (1995) sur lequel on retrouve par exemple le déchirant Torture Day et le limpide Puzzle. C’est avec Shrink (1997), que le groupe prend définitivement un virage mélodique plus marqué. Sorti en France chez Vicious Circle, l’album brasse avec un sens de l’équilibre peu commun une foule d’influences. Entre musique électronique lancinante et sensible, indie rock aux mélodies imparables mais aussi jazz frondeur et musiques expérimentales, l’album possède une richesse rare qui en fera un de ces albums sur lequel on revient sans cesse avec un bonheur inégalé.
Ce sera pourtant avec Neon Golden (en 2002 chez City Slang) que le groupe va connaître une certaine reconnaissance. Il faut dire que le disque est une pure merveille, un chef d’œuvre « à la fois moderne et déjà patiné », véritable coffre-fort à chansons belles à pleurer. De la sobriété exemplaire avec laquelle ces titres sont tissés au songwriting étincelant qu’ils recèlent. Guitares cristallines, rythmiques à la subtilité rarement égalée, mélancolie troublante, cuivres profonds et cordes sombres, les Notwist ont épuré et peaufiné avec un soin maniaque leurs morceaux pour atteindre le stade de l’évidence.
La bande a depuis continué à nous offrir de nouveaux albums, certes un peu plus inégaux mais toujours intéressants et pertinents dans leur façons de rebattre les cartes à chaque disque. Ont ainsi suivi le plus sombre The Devil you and me en 2008, le plus électronique Close to the Glass en 2014 et le plus étrange The Messier Objects compilation de leurs expérimentations sonores pour le théâtre ou le cinéma sorti en janvier 2015.
Il aura fallu attendre sept longues années à peine adoucies par l’excellent live Superheroes, Ghostvillains & Stuff sorti en 2016 pour retrouver de nouveau la bande sur disque. Le départ de Martin Gretschmann du groupe en 2015 et les multiples projets parallèles des membres restants (Spirit Fest, Hochzeitskapelle, Alien Ensemble, Joasihno…) n’y sont sans doute pas pour rien. La frustration de l’attente s’est finalement instantanément dissipée à l’écoute de Vertigo Days sorti en janvier 2021. Ce huitième album de The Notwist est un retour en grâce d’une évidence et d’une fraicheur renversantes. Les frangins Acher, le batteur Andi Haberl et le bidouilleur Cico Beck y questionnent au fil de quatorze titres d’une ambition et d’une grâce folles les notions de groupe et d’identité nationale en y multipliant les collaborations mais aussi les langues. Au fil d’une fascinante construction tout en entrelacs et échos, on croisera ainsi les voix ou les instruments de Saya du duo japonais Tenniscoats sur Ship, de l’américain Ben LaMar Gay sur Oh Sweet Fire, du clarinettiste Angel Bat Dawid sur Into The Ice Age, ou encore de l’argentine Juana Molina sur Al Sur. Cette ouverture au monde alliée à la structure très ouverte et « live » du disque lui donnent une dimension à la fois intime, épique et très cinématographique, comme à la fois une synthèse et un nouveau départ pour ce groupe dont on n’a pas fini de retomber amoureux encore et encore.
C’est peu dire que nous sommes totalement enchantés de retrouver le groupe défendre sur scène un aussi beau retour en forme dans les conditions parfaites de la grande salle de l’Antipode. Et vous ? Serez-vous au rendez-vous ?
La soirée sera de plus parfaitement complétée par les locaux de La Battue. Ellie James (Bumpkin Island, Mermonte) et son frère Bertrand (Totorro) se sont associés depuis 2019 pour faire de la musique ensemble après avoir longtemps tracé parallèlement leur voie musicale. Ils sont rejoints sur ce projet par Yurie Hu (Yacht Club) en second clavier. Pas de guitare donc mais une batterie, deux synthés et surtout trois voix pour nous offrir une pop sophistiquée et lumineuse où les arrangements vocaux et les rythmiques minimalistes et cristallines sont à l’honneur. Le trio a sorti son nouvel EP In The Attic en avril 2022 qui prouve une nouvelle fois leur épatante capacité à mêler leurs goûts pour les expérimentations et la pop solaire. Ce détonnant mélange devrait ouvrir la soirée avec une réjouissante pétillance.
The Hotwist et La Battue
seront en concert le dimanche 6 novembre 2022 à l’Antipode (Grande scène)
75 avenue Jules Maniez, Rennes
Ouverture des portes : 20h00 – Début des concerts : 20h30
Tarif – Pass Sortir ! : 5€/ Abonné·e offre Admit : 14€/ Prévente : 17€/ Sur place : 20€