Louée mille fois soit l’association Des pies Chicaillent, ce dimanche 27 janvier verra, grâce à eux, le retour sur Rennes de l’immense Thalia Zedek. Cette si discrète et pourtant si essentielle grande dame, revient jouer avec son backing band de grande classe dans notre bonne vieille ville et, cette fois, dans l’ambiance feutrée de la chaleureuse petite salle de l’Institut Franco-américain. Ne manquez sous aucun prétexte l’occasion de découvrir ou de réentendre en live la voix si bouleversante de cette magnifique artiste.
L’association Kfuel avait déjà fait venir Thalia Zedek Band, la formation americana/classic rock de la dame, en mai 2014. C’était dans un lieu de concert qui n’a pas fait long feu, contrairement à l’immense émotion d’une prestation tout en sensibilité écorchée qui reste graver bien haut dans notre petit panthéon personnel. Toujours grâce aux inépuisables partisans des musiques indociles, nous avions ensuite eu la chance de la retrouver en février 2017 en compagnie de Jason Stanford et Gavin Mc Carthy pour leur projet E. Le trio avait de nouveau enflammé le Bar’Hic avec un concert sidérant d’implication qui s’était métamorphosé en un de ces rares moments de pure communion comme on en vit si peu. C’est donc un doux euphémisme de dire que nous avons bondi de joie à la confirmation du retour sur Rennes d’une artiste aussi vitale à nos oreilles comme à nos petits cœurs.
Originaire de Washington, Thalia Zedek est une de ces légendes discrètes mais chéries, des marges de la musique américaine. Elle s’est d’abord fait connaître dans les années 80 comme la furieuse frontwoman d’Uzi ou Live Skull. Elle quitte ce dernier groupe en 1990 empêtrée dans de terribles conflits personnels envenimés par une sévère addiction à l’héroïne. Aidée par ses amis, elle parvient tout de même à se sortir de sa dépendance. En compagnie de Chris Brokaw, batteur et guitariste de Codeine, elle fonde dans la foulée le groupe qui aura une place toute particulière dans le cœur de tous ceux qui ont croisé sa musique à l’époque : Come. Entre 1992 et 1998, ils sortiront quatre albums chez Matador Records, tous plus splendides les uns que les autres. Zedek et ses acolytes y développent un blues-noisy, abrasif, furibard et d’une sublime noirceur. Le duo de guitares Zedek/Brokaw apporte une tension saisissante à ces longs morceaux envoûtants. Surtout que plane sur cette musique déjà remarquable, la voix de Thalia Zedek. Une voix âpre et éraillée, où chaque aspérité comme chez le regretté Vic Chesnutt, porte la marque d’une vie tourmentée. Une voix de quelqu’un qui a vu le fond du trou et qui en est remonté. Une voix qui vous dévoile autant qu’elle ne se dévoile elle même.
La dame poursuit à partir des années 2000 une carrière solo, d’abord sous son propre nom puis sous celui de Thalia Zedek Band, une fois la formation l’accompagnant stabilisée. Son inspiration s’est faite légèrement plus inégale malgré des fulgurances toujours aussi bouleversantes. Sa musique s’est également apaisée et ses disques naviguent plus vers des terres folk ou classic rock. Pourtant, cette grande dame n’a rien perdu de sa remarquable intensité même quand elle chante des ballades plus classiques. En témoigne EVE, son très beau troisième album, sorti en août 2016 chez Thrill Jockey.
Sauf que Thalia Zedek n’en avait pas terminé avec l’électricité. En 2013, elle s’associe donc à Jason Stanford (Neptune) et Gavin Mc Carthy (batteur de Karate) pour former E. La musique du trio se nourrit des parcours assez différents de ses trois protagonistes. Elle combine avec élégance et rugosité un rock fiévreux, une évidence qui vous frappe pile sous le menton et un goût certain pour les sentiers les plus tortueux. Les deux albums sortis par la formation en novembre 2016 et en mai 2018 (toujours chez Thrill Jockey) ont confirmé haut la main la fertilité et l’inspiration du projet.
L’infatigable Thalia est depuis retournée à ses inspirations plus folk rock et a sorti en septembre 2018, Fighting Season, quatrième disque sous l’appellation Thalia Zedek Band. C’est donc ce disque qu’elle viendra défendre ce dimanche 27 janvier 2019 à l’Institut Franco-américain. et c’est une perspective des plus réjouissantes. Non seulement on connait d’expérience la folle présence scénique de la dame mais elle revient de plus avec ce qui est, à notre humble avis, rien de moins que son meilleur disque pour ce projet. Les neuf titres du disque trouvent un remarquable équilibre entre ballades ultra-sensibles et tension revendicative. Thalia Zedek n’en a pas fini avec ses colères et ses déchirures et elle les chante avec une force et une inspiration d’une fraicheur sidérante. Nous n’avons donc strictement aucun doute sur le fait qu’elle et ses classieux acolytes vont, une fois de plus, nous mettre dedans dehors .
Les occasions de croiser le chemin d’une artiste aussi singulière qu’intense ne sont pas légions. Louper celle-ci, alors qu’elle est en plus en excellente compagnie, serait donc rien de moins qu’impardonnable. Foncez, il parait que les places partent vite.
Dimanche 27 janvier 2019 – l’Institut Franco-Américain, 7 quai Chateaubriand, Rennes – 16h à 17h30
Tarif plein : 6 € et 4 € pour les adhérents Des Pies Chicaillent ou Institut Franco-Américain
Plus d’1fos sur :
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