Plusieurs mois se sont écoulés depuis leur mise en service, et pourtant, malgré des alertes répétées, les portillons du métro rennais continuent invariablement d’être un obstacle pour les personnes à mobilité réduite, principalement pour celles qui se déplacent en fauteuil roulant. Le constat est amer et sans appel pour le collectif “ON EXISTE” qui regroupe des citoyen·nes en situation de handicap. « Nos craintes se sont révélées fondées », déplore-t-il dans une lettre ouverte source adressée au vice-président délégué aux transports de Rennes Métropole.
Suite à des mésaventures vécues relatées dans leur missive (heureusement sans gravité extrême, NDLR), le collectif est donc contraint de revenir à la charge pour exiger la satisfaction de leurs revendications. L’une d’entre elles est la création d’un bouton d’assistance facilement actionnable source qui « permettra à n’importe quel usager en situation de handicap de demander de l’aide pour ouvrir le portillon, d’appeler les secours si lui-même est témoin d’une agression ou d’un malaise. »
Mais la Métropole, qui sait mieux que tout le monde ce qui est bon pour nous, freine des quatre fers. En effet, le vice-président délégué aux transports de Rennes Métropole explique dans le quotidien Ouest-France source que « cette solution (cf. bouton d’assistance, NDLR) ne paraît pas être la meilleure. ». Toujours selon ce dernier, le scénario privilégié est la mise en place d’un système de télécommande multifonctions individuelle. Cette alternative, qui n’existe pas encore sur le marché, est actuellement en cours de développement avec l’aide de Kéolis. source « Cette télécommande est une idée que nous avions proposée dès 2015, mais elle ne suffira pas à rendre le métro accessible pour tous si elle est utilisée comme unique moyen de substitution au bouton d’assistance. », répond le collectif. Source « Nous restons convaincus que le bouton d’appel adapté est une sécurité complémentaire, non négociable, pour l’accessibilité pleine et entière du métro. »
En 2021, il est hallucinant de constater que l’accessibilité des personnes en situation de handicap ou en perte de mobilité n’ait pas été mieux anticipée. Depuis le vote de ces machines infernales, la Métropole a eu 6 ans pour se préparer. Six années pleines et entières ! Pendant tout ce temps, on nous murmurait à l’oreille la douce musique du « Promis-juré-craché, nous sommes prêts », hit repris depuis par la Startuffe-Nation en cette période de crise sanitaire. L’ancien président de Rennes Métropole, Emmanuel Cauet, le certifiait lui-même dans la presse en 2015 : « La question de l’accessibilité du métro est pour moi absolument prioritaire. »source Croix de bois, croix de fer… on connaît la suite. Et la suite n’est pas heureuse. 4 mois après la mise en sévice service des portillons, le collectif “ON EXISTE” nous rappelle que le droit à la mobilité dans le métro n’est toujours pas effectif. Forcément, les personnes qui n’ont aucun souci pour monter les escaliers lorsque l’ascenseur est en panne ou pour se faufiler rapidement dans la rame du dernier métro avant la fermeture des portes, ont tendance à l’oublier. « Nos revendications ne sont ni un luxe, ni un caprice. », assène le collectif. « Elles ont pour but d’exercer notre droit fondamental de citoyen : pouvoir se déplacer sans subir de régression. »
Drôle d’époque tout de même, où l’on préfère choisir la coercition du plus grand nombre pour dissuader une minorité de frauder. Drôle d’époque aussi, où l’on préfère choyer un prestataire en installant un équipement qui coûte 7 fois plus cher que ce qu’il ne rapporte par an à la collectivité(1). Drôle d’époque enfin, où l’on préfère se résigner et enterrer le dernier « métro ouvert » alors que la maire de Rennes, Nathalie Appéré, s’est dite ouverte à la « mise en débat d’une avancée par paliers dans la gratuité des transports publics source », comme c’est déjà le cas dans une vingtaine de villes du pays.
À part créer des contraintes, des stigmatisations, des discriminations, mais aussi parfois un fou rire quand les flics restent à leurs portes source, on n’a pas bien compris l’utilité des portillons. L’actuel vice-président délégué aux transports avait d’ailleurs bien raison lorsqu’il affirmait en 2015 que ces derniers coutent cher et qu’ils ne servent à rien (cf. tweet ci-dessous, NDLR). Mais bizarrement, après quelques tours de passe-passe liés aux dernières municipales, le même affirme – sans rire – que dorénavant « le métro est parfaitement accessible aux personnes en fauteuil roulant source », balayant ainsi d’un revers de la main les retours d’expérience du collectif. Main qu’on aurait aimé plutôt voir tendue, comme un signe de bonne volonté.
(1) Avec l’installation des portillons, dont le coût est évalué à 7,5 millions d’euros, « nous ferons baisser la fraude et réaliserons au moins 1,5 million d’économie par an », précise le président de Rennes Métropole. source
La page FB du collectif ON EXISTE
Lire la LETTRE OUVERTE du
La page de la pétition qui demande le retrait de ces horreurs
Rien à voir mais un peu quand même … Après avoir été adoptée au Sénat le 9 mars dernier, la proposition de loi pour déconjugaliser cette allocation poursuit son chemin jusqu’à l’Assemblée nationale pour une seconde lecture. Une nouvelle pétition a été lancée par des associations et collectifs pour prolonger la mobilisation.