Nouvelle Route du Rock Session à l’Ubu ce samedi 1er juin avec une chouette programmation. On y retrouvera le noise-synth-rock des Civil Civic, le très surprenant Spectral Park, la synth-pop sulfurique des Splash Wave, mais aussi les toujours excellents Chausse Trappe. Présentation.
Duo composé de deux Australiens (ainsi que de The Box, leur boîte à rythmes, troisième membre à part entière selon leurs dires) qui ne s’étaient jamais rencontrés dans leur pays d’origine, à Melbourne, les Civil Civic ont finalement pris contact une fois émigrés en Europe. Pourtant l’un des deux était à Barcelone, l’autre à Londres.
Qu’importe, la révolution numérique leur a permis de composer essentiellement à distance des tubes addictifs mêlant tout à la fois noise et synth-rock.
Dès la première écoute, leur album, Rules (novembre 2011) est devenu totalement obsédant. On ne sait ce qui est le plus addictif : ces trois notes au synthé qui nous rappellent Robert Smith sur Airspray, le morceau d’ouverture, ces murs shoegaze à la My Bloody qui déboulent à la sortie d’une ligne droite à la guitare claire à la Cure et d’une basse nerveuse et mélodique à la Joy Division sur Street tap. On est tout autant complètement emporté par ces guitares noisy à la Sonic Youth qui débutent Run overdrive que par l’énergie post-punk d’un Grey nurse.
Civil Civic, en fait, c’est un peu comme si toutes nos amours d’adolescence étaient réunies en un seul groupe : la cold wave de Cure, la pop des Smiths, les guitares noisy de Sonic Youth, les sons crades de My bloody et l’évidence mélodique des Pixies.
Sur scène, les deux zigues aiment envoyer le son, quitte à ce que ça gratte et dissone. Déclenchant parfois des pogos jubilatoires dans les premiers rangs devant la scène. Pour notre part, on ne boudera pas notre plaisir tant on aime les les morceaux du duo, leur mélancolie dissimulée à coup de disto, cette tension entre mélodie et agressivité
Spectral Park
Luke Donovan ne doit pas être bien vieux, pourtant il mélange les influences avec une boulimie frénétique. Pour preuve ce premier single au titre en français, L’appel du vide, qui convoque en trois minutes et une poussière guitare noyée dans la lo-fi, riff synthétique à la Rock Lobster, pop psychée boostée aux amphets et voix à gorge déployée à la The Coral pour des refrains en technicolor.
La légende raconte que le jeune natif de Southampton, trouvant une boîte de disques dans une poubelle pendant qu’il se promenait, ramena le tout chez lui et y puisa la matière première de son album à venir. Tout ça à coups de samples, de distorsions, de pitch modifié et d’autres découpages / collages iconoclastes. Ces associations disparates apparaissant aussitôt comme de grands écarts effectués crânement au-dessus de l’histoire du rock. Là-dessus, il rajouta ses propres sons joués live et sa voix, noyée d’effets.
One man-band pour ce qui est de la composition, Spectral Park , le plus souvent accompagné par Daniel Tiley, Jimmy Shivers, Lee Kislingbury et David Miatt en live, a ainsi sorti son premier album (Spectral Park, janvier 2013) sur Mexican Summer. A découvrir samedi, sur la scène de l’Ubu.
On avait pour notre part découvert Chausse Trappe en clôture du passionnant festival Zang Toumb en avril 2011 où le quatuor nous avait fait forte impression [là]. Depuis, Chausse Trappe a sorti un premier Lp sur Kythibong, 420m3 – 37′14, pour exposer ses morceaux au carrefour entre post-punk, kraut-rock, noise et math-rock et était même programmé pour le Musiqu’ Alambic au Mondo Bizarro la semaine dernière.
Le groupe travaille sur la tessiture du son, et essaie d’arriver à une sorte d’homogénéité par la répétition. Un violoniste à l’impeccable mèche blonde, un batteur qui assure avec talent derrière les fûts, un guitariste et un bassiste cherchent ensemble à créer une sorte de son continu qui se développe progressivement. On se laisse rapidement prendre par ce long développement hypnotique. Le violon passe lui aussi par des pédales d’effets et emplit l’espace de fréquences différentes.
La musique de Chausse Trappe révèle l’épaisseur du son, mais sans abandonner pour autant un développement des compositions proche de la noise et du post-rock qui rendent ses morceaux, pourtant complexes et expérimentaux, facilement accessibles à ses auditeurs. On est fan.
Splash Wave :
Si Splash Wave surfe sur la vague, ce n’est pas sur celle des guitares math et post rock, pour leur part, mais plutôt sur celle du Krautrock. Et pourtant pas que.
Le groupe breton est certes grand amateur de synthétiseurs et autres machines vintage ainsi que de cassettes et de floppy disques, mais il l’est tout autant des couleurs flashy et de jeux vidéos des eighties. Tout ça crée un mélange énergique entre son lo-fi et électro-krautrock. En deux mots : de la synth pop… ou de la dude-wave, selon leurs propres termes.
_______________________________________
La Route du Rock Session présente Civil Civic , Spectral Park, Chausse Trappe et Splash Wave, samedi 1er juin à partir de 21h00 à l’Ubu (1, rue St Hélier, Rennes).
Tarifs : 9/11/12/14€
Plus d’1fos :
Bandcamp de Splash Wave
Site de Civil Civic
Bandcamp de Spectral Park