Le mois de l’Argentique, manifestation organisée par l’association Gosh! proposant ateliers, marathon photo, expo et autres curiosités autour de la photographie argentique, vous invite à sortir des/vos clichés. Rencontre avec Nicolas Lebon, l’un des deux co-fondateurs de Gosh! pour en savoir plus sur cette initiative aussi intéressante que jubilatoire.
Alter1fo : Est-ce que tu peux nous présenter l’association Gosh ! en quelques mots ?
Nicolas Lebon pour GOSH! : GOSH! c’est une association montée en 2009 qui œuvre pour la transmission de la diversité des pratiques photographiques et de leurs savoir-faire.
Gosh ! est né en 2009. Peux-tu nous en expliquer la genèse ?
Ma pote Fanny et moi, nous avions pas mal d’envies, de projets autour de pratiques artistiques diverses. Moi en terme de photo, et Fanny plus en terme de spectacle vivant. On avait besoin d’une structure juridique pour organiser tout ça. Après une séance de brainstorming avec plus de 200 idées de noms, GOSH! s’est finalement imposé démocratiquement… Ça vient de l’expression d’extrême surprise outre atlantique : « oh my gosh! ». Dans un premier temps on a monté le projet « galerie privée », des expositions photo en appartement chez des particuliers. Fanny est depuis partie à Londres, et du coup je développe l’aspect photo, qui est un peu mon dada…
Je ne te connaissais pas ce petit côté Omar Sharif… Du 13 mai au 22 juin, vous proposez donc un temps fort « le mois de l’argentique ». Pourquoi avoir choisi de vous intéresser plutôt à l’argentique qu’au numérique ?
Alors tout simplement parce que depuis 2008, à titre personnel, je me suis mis à l’argentique n&b à la maison, et en en parlant autour de moi je me rends compte que ça éveille la curiosité. Je pratique avec plaisir le numérique aussi bien sûr, mais l’argentique est un plaisir différent.
Il y a beaucoup d’autres clubs photo à Rennes et autour qui pratiquent largement le numérique, et proposent des choses à ce niveau. Je ne voyais donc pas l’intérêt d’amener une proposition supplémentaire sur cette question. Dans la plupart de ces clubs, on peut aller à la rencontre de membres pour découvrir cette pratique. Mais nous, nous voulons aller chercher les gens, susciter la curiosité en allant à leur rencontre en dehors des clubs photo. C’est pourquoi nous proposons des ateliers, un événement et une expo dans des lieux variés à la rencontre d’un large public.
Quel est ton parcours personnel avec la photographie ?
La photo de mon côté n’a pas toujours été là. J’ai fait quelques photos de vacances ou voyages scolaires avec l’appareil reçu à Noël grâce au CE de la boîte de mon père quand j’étais enfant, mais pas du grand art… J’y suis revenu en 2001, lorsque j’ai reçu mon premier numérique, un canon a10, par le biais du CE de la boîte où je travaillais…
Je note le rôle prépondérant des Comités d’Entreprise dans ton parcours… Et ensuite?
J’ai commencé à mitrailler mes amis en soirée… Et puis petit à petit à faire de la photo, pour la photo, en faisant évoluer mon matériel. Par mon milieu familial et ma formation secondaire, j’ai toujours été très sensible aux belles mécaniques, quelles qu’elles soient… Du coup en surfant sur Ebay en 2008 je tombe sur un Voigtlander vito b magnifique pour 20 euros (appareil argentique télémétrique entièrement mécanique des années 50)…
Et là tout à commencé : recherche sur le net pour connaître cet appareil, achat, essai, recherches sur le développement, achat d’une cuve pour développer moi même à la maison etc… Et depuis, je développe mes propres photos dans ma salle de bain, et réalise mes scans et tirages à la maison.
Dans le cadre de cet événement, vous proposez plusieurs ateliers d’initiation (à des horaires accessibles à ceux qui travaillent) au Bon Accueil et à l’Antipode MJC dont un consacré à la lomography. Qu’est-ce que c’est que cette bête-là ?
Lomography est une marque. Un marque autrichienne d’appareil photos issus de stocks russes, chinois, ou basés principalement sur des rééditions de ces vieux appareils de l’époque du communisme… Ils ont réussi à lancer plus qu’une mode, un genre photographique : le lomo (qui est une ancienne marque russe, dont un des modèles à fait leur succès grâce à son rendu particulier)…
L’intérêt de ces appareils est aujourd’hui, pour emprunter un terme à la mode, d’obtenir des clichés originaux au rendu « vintage ». C’est très amusant et ça peut être très chouette comme résultat.
On pense fréquemment que la photographie argentique, en plus d’être un gouffre financier, est difficile techniquement. Vous allez à contre-courant de ces idées reçues en proposant un atelier «DIY : l’argentique N&B chez soi, facile et pas cher !». Tu nous expliques ?
L’argentique, un gouffre financier, ça reste à voir… (rires)
C’est surtout une autre façon de faire la photo : autre outil, autre pratique… Aujourd’hui un le prix d’un reflex argentique d’occasion avec des optiques de qualité va de 50 à 170 euros en moyenne (si on sait quoi et comment chiner…), jusqu’à bien plus pour des rolls du genre bien sûr. J’ai acheté mon reflex argentique avec 3 optiques de qualité pour 150 euros… L’équivalent aujourd’hui en numérique vaudrait au moins 2000 euros… Souvent on hérite d’un appareil dont on ne soupçonne pas la qualité… La simple envie de l’utiliser motivera sûrement pas mal de participants… Les pellicules se trouvent sur le net chez des distributeurs français à bon marché (de 3 euros pour du n&b standard à 8/9 euros pour de la couleur professionnelle).
Ce qui est intéressant ici c’est la démarche de vouloir maîtriser toute la chaîne, de la prise de vue, du développement jusqu’au tirage papier. L’autonomie que l’on peut acquérir est très enrichissante. Le but de cet atelier c’est que les participants puissent repartir avec les clefs, qui leur permettront de se lancer chez eux tout seul, en apprenant petit à petit, avec toute la satisfaction que cela peut apporter. Savoir quel matériel acquérir pour commencer, où le trouver au meilleur prix. Au fur et à mesure qu’on veut continuer, qu’est ce qui vaut le coup ou pas… C’est vraiment un retour sur mon expérience depuis 2008.
Et la technique photographique, c’est simple, il faut juste revenir et se consacrer sur les bases… La photo, ce n’est après tout que le résultat d’une équation à 4 paramètres de base (mise au point, ouverture, vitesse d’obturation, sensibilité), qui un peu à l’image de la musique avec ses notes, permettent une infinité de combinaisons et de résultats…
Dit comme ça, ça semble simple. On a vu que Denis Peaudeau viendra également animer un atelier. Peux-tu nous en dire plus?
J’ai rencontré Denis l’an passé lors du premier marathon photo argentique n&b que nous avons organisé. J’avais déjà vu son travail sur internet mais je ne savais pas que c’était lui. Je n’ai fais le lien que plus tard. Denis est un vrai passionné, et en tant que tel, curieux de toutes les techniques. Il est très créatif et particulièrement productif. J’avais vu de beaux tirages qu’il avait réalisés et entendu beaucoup de bien des ateliers qu’il avait déjà conduit à l’Antipode. Je lui ai proposé d’animer notre atelier sur le tirage papier argentique.
C’est une vraie spécialité de réaliser des tirages. La technique de base est, là encore, simple ; en maitriser l’équilibre est en revanche un véritable art. L’objectif de cet atelier sera d’apprendre au public les principes de base, et de les leur faire mettre en application dans une salle aménagée ponctuellement pour l’occasion en labo photo, avec 4 agrandisseurs équipés afin de pouvoir prendre le temps d’expérimenter en petits groupes. Les participants pourront ainsi repartir avec leurs clichés tirés pendant l’atelier.
Vous avez également eu la bonne idée de proposer des ateliers enfants à l’Antipode MJC sur quatre après-midis. Pourquoi cette action dirigée vers le jeune public ? Quelles activités seront proposées ?
Un jour, je me suis retrouvé face à un jeune couple d’adolescents qui me voyant avec un appareil m’a demandé de les prendre en photo. J’ai refusé, car c’était un argentique et je n’étais pas intéressé par ce genre de cliché. Le couple m’a alors regardé, outré, comme le dernier des grincheux… Ils ont insisté, j’ai fait mine de faire la photo. Aussitôt ils m’ont demandé de regarder le résultat sur l’écran de l’appareil… J’ai alors tourné le dos de l’engin vers eux et je me souvient encore de l’expression sur leur visage : la surprise et l’incompréhension la plus totale… Ça m’a beaucoup amusé j’avoue.
Un appareil argentique n’a pas d’écran d’affichage des photos sur le dos… Je me suis rendu compte à ce moment, que j’étais face à une génération qui n’avait jamais connu que la photographie numérique. J’ai repensé à mes souvenirs de gosse à l’école, dans la chambre noir, la magie de l’image se révélant dans la chimie… Ils n’avaient jamais connu ça. C’est ce qui m’a donné envie de le faire découvrir aux enfants. C’est pourquoi j’ai proposé ces ateliers à l’Antipode qui a de suite accepté.
On propose aux gamins de découvrir les bases de la photographie par le biais de l’argentique. A l’aide de vieux appareils tous mécaniques (sans automatismes), afin de bien comprendre tous les réglages possibles et l’influence des un sur les autres : bref à faire de la photo… Les jeunes immortalisent des portraits, des paysages, avant de pouvoir en réaliser eux-même les tirages lors des prochaines sessions.
Vous avez déjà plusieurs fois organisé de très chouettes marathons-photo par le passé. Le 15 juin, vous en proposez un nouveau pour clôturer ce temps fort de manière conviviale et ludique. Pourriez-vous expliquer le principe à ceux qui ne le connaîtraient pas ?
Le principe de notre marathon argentique n&b est simple. Il s’agit d’un concours photo où par équipe de 2 (munis d’un seul appareil), vous parcourez à votre gré Rennes Métropole pour réaliser des clichés illustrant les 4 thèmes remis par l’organisation tout au long de la journée, dans des lieux de rendez-vous secrets qui vous sont imposés, dévoilés au fur et à mesure de la journée.
Au départ, on vous remet une pellicule 12 poses format 135 ou 120, suivant l’appareil que vous utilisez, la même pour tous. Pas question de partir ici le matin avec une liste de thème, et prendre toute la journée pour illustrer chacun d’eux. Toutes les deux heures un nouveau rendez-vous et un nouveau thème vous est imposé… Ça corse la situation… Et forcément, stimule le jeu… A 18h, tout le monde a rendez-vous au point de départ, le Bon Accueil, pour remettre aux organisateur la pellicule de la journée. Pas de retouches ici, que du brut, de l’authentique !
On en profite ensuite pour boire un verre de l’amitié (attention l’abus d’alcool est dangereux pour la santé) et revenir sur cette journée souvent mouvementée… On se donne rendez-vous ensuite pour le samedi suivant même endroit à 18h, pour la remise des prix, le temps pour l’organisation de développer les pellicules et pour le jury de statuer…
Le jury est composé de photographes professionnels, professionnels de l’image et/ou de la communication, sous l’arbitrage d’un membre de GOSH!. Il y a de chouettes lots à gagner avec notamment des appareils photo LOMOGRAPHY, des bons d’achats sur MX2 boutique en ligne de matériel argentique, des réduction à la galerie Yellow Korner Rennes Parlement, des cadeaux Ouest France et des cadeaux surprises de la STAR, pour un thème surprise… Mais chut !
A ceux qui vous répondent gênés qu’ils n’ont pas (plus ?) d’appareil argentique et qu’ils ne peuvent pas participer, vous répondez quoi ?
Tout simplement qu’on peut leur prêter un appareil pour l’occasion ! On peut s’amuser à cette occasion sans avoir non plus envie d’investir. On est encore limité pour l’instant, c’est pourquoi j’en profite pour lancer un appel aux dons ! Si vous avez des appareils argentiques mécaniques dont vous n’avez plus l’intérêt, nous leur trouverons une seconde vie…
Vous êtes déjà bien rodés à l’organisation de marathons photos. Lors des précédents, quels retours avez-vous eu des participants ? Qu’est-ce qui vous a (éventuellement) marqué ?
Le 15 juin prochain, ce sera notre 4ème concours de ce type. Ce qui nous a tout de suite plu et motivé pour la suite c’était le bon esprit des participants.
Tout le monde vient là pour se faire plaisir, s’amuser, se confronter aussi, mais pas dans l’extrême malsain que peut engendrer parfois une compétition. Ils jouent vraiment le jeu, se creusent les méninges pour trouver la bonne idée qui les fera se démarquer sur chaque thème : ça stimule la créativité. Au final, c’est vraiment la convivialité qui l’emporte : c’est le simple plaisir d’utiliser ces appareils, de revenir aux bases de la photo dans un bon esprit.
En pratique, comment fait-on pour participer/s’inscrire aux différentes manifestations/ateliers que vous proposez durant ce mois de l’argentique ?
Pour participer à nos activités, rien de plus simple. Il suffit de se rendre sur notre site internet, www.lesitedegosh.fr, de cliquer sur la rubrique qui vous intéresse, remplir le formulaire d’inscription et effectuer le règlement sécurisé en ligne à disposition en bas de formulaire. Et voilà ! Pour les plus conservateurs, un bon vieux bulletin d’inscription et un règlement par chèque à envoyer par courrier est bien sûr disponible…
Vous proposez d’ailleurs une exposition des clichés des marathons photos de l’année dernière au O’Retroviseur jusqu’au 3 juin. Que souhaitiez-vous mettre en avant avec cette « rétrospective » ?
Le but de cette exposition est avant tout de remercier les participants de l’an passé en leur permettant d’exposer publiquement leurs clichés. Cela met en avant leur créativité et leur talent. Et c’est l’occasion de se revoir tous pour passer un bon moment à nouveau.
Pour finir, y a-t-il des choses que tu souhaiterais souligner particulièrement concernant ce mois de l’argentique ?
Ce mois de l’argentique est ouvert à tous, né d’une initiative associative qui n’a aucune aide extérieure que celle de l’énergie de ses membres, bénévoles et partenaires.
La seule chose à souligner : c’est la passion de la photo qui est au cœur de tout ça. Alors venez nombreux !
Merci !!
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Le Mois de l’Argentique, organisé par l’association Gosh! a lieu du 13 mai 2013 au 22 juin 2013.
Infos, horaires, tarifs des ateliers et des différentes manifestations proposées à retrouver là.