Route du Rock collection hiver 2012 : les fièvres du samedi soir

RDRH2012_grdNous avions finalement fait l’impasse sur la soirée de vendredi. Les peu élogieux échos sur les concerts attrapés ça et là, nous auront au moins permis de n’en avoir aucun regret. Sur le papier, le samedi s’annonçait bien plus excitant, le festival malouin a-t-il réussi à corriger le tir ?

L’Omnibus est vraiment une salle que nous sommes ravis de retrouver chaque année. Le son y est plutôt bon, surtout quand on fait l’effort de descendre des marches. Il y a de multiples possibilités pour écouter et voir les concerts : dans la fosse, sur les larges marches ou tout simplement accouder au bar du bas. La circulation y est fluide et agréable même quand la salle est complète comme ce soir là. Il y a aussi des jeux de lumière joliment sophistiqués qui sont souvent un plus très appréciable. On ajoute à ça des toilettes correctes et des bars où l’on ne met 3 heures à obtenir sa binouze et on obtient un lieu éminemment sympathique au final.

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Comme c’est la Route du Rock, il y a un public attentif et chaleureux mais qui préférerait mourir ébouillanté que de danser. Il y aussi les incontournables Magnetic Friends qui jouent entre deux concerts des sélections carrément épatantes (merci à eux pour le Panico! This is Love de Peter Kernel), mais à des volumes dépassant hélas l’entendement transformant chaque conversation en un festival épuisant de pantomimes, jeux de mains et autres mimiques faciales appuyées.

Les américains de Blouse entame les hostilité pile à l’heure. Leur pop eighties peine à se dégager de la pelletée de groupes actuelles pratiquant l’exercice. La chanteuse et la clavier sont fort mignonnes et le petit filet de voix de la première est plutôt agréable mais tout le reste sonne comme du sous-Cure/New Order, appliqué certes, mais totalement stéréotypé et donc sans la moindre once d’originalité ou de personnalité.
Bon, au moins ils ont un nom rigolo à retenir.

On retrouve ensuite avec beaucoup de plaisir les Loney Dear.

peluche Emil Svanängen est décidément un monsieur extrêmement attachant. Même si les suédois ne semblent dans la meilleure des formes : ils jouent 30 minutes puis reviennent pour deux rappels sensiblement écourtés, le public réagit avec enthousiasme et bienveillance. La pop endiablée à tendance Bee Gees qu’on avait adorée la dernière fois que nous l’avions vu, à laisser la place à une folk sensible mais énergique où le jeune homme peut étaler toute la gamme de sa splendide voix, fort joliment secondé par une choriste. La générosité du garçon est évidente, et même si les tentatives de faire participer l’audience restent timides, le lien passe et la grande majorité de la salle a le sourire au final malgré une prestation en demi-teinte.

costume-cravateLa montée en puissance se poursuit avec le très attendu Baxter Dury, dont l’épatant Happy Soup a squatté de nombreux Tops de l’année 2011. Les connaisseurs de l’album ne seront d’ailleurs pas déçus car ils commencent tout simplement par enchainer l’infernal trio : Isabel/Claire/Leak at the disco,ouvrant l’album. Un peu attendu, mais super efficace. La foule compacte est définitivement accrochée et la température ne va désormais plus cesser de monter. Baxter en fait des caisses, picole avec un sérieux appliqué, balance vanne sur vanne entre le morceaux et joue à fond la carte du dandy anglais dépressif mais classieux. Et ça marche à fond. D’autant plus que son duo de voix avec la charmante Madelaine Hart fonctionne, sur scène comme sur l’album, à merveille. Le reste de l’équipe est elle aussi assez haute en couleur. La section rythmique est visiblement à peine majeure, mais elle est solide et carrée. Mention spéciale à la dégaine improbable du bassiste, moue boudeuse et coupe de cheveux à la noix comprises. Le guitariste grimace étrangement dès qu’il doit chanter, mais son jeu précis et incisif apporte une énergie punk irrésistible aux compos. La place plus présente de la guitare, avec quelques petites envolées supplémentaires et une jolie version d’Hotel in Brixton, sont d’ailleurs les seuls écarts entre la version disque et la prestation qui reprendra l’ensemble des titres (à l’exception du dernier) d’Happy Soup. Ça pourrait être un handicap, mais cela n’entame en rien le plaisir de la prestation de la bande. Le set s’achève en beauté devant un public ravi avec trois titres issus de ces deux premiers albums dont une excellente version de Cocaine Man.

choucrouteC’est peu de dire que le concert de l’été 2010 de Yann Tiersen et de toute sa belle bande de copains ne nous avait pas convaincu. Sa tentative d’insuffler une dimension post-rock à ses compositions, nous avait paru bancale, boursouflée et chargée jusqu’à l’insupportable. Avec Elektronische Staubband son nouveau projet, il s’agit là de passer maintenant à la moulinette Krautrock sa musique avec l’aide de deux autres musiciens. La perspective d’écouter, vers minuit, une version synthétisée de 20 minutes de la ballade d’Amélie Poulain, même avec une basse motorik, ne nous enchantait donc guère et le spectre du coup de barre fatale à cette heure, planait sombrement au dessus de nos têtes.

Pourtant, le set démarre plutôt bien et en guise de fantômes, ce sont bien ceux de Kraftwerk, Tangerine Dream ou Amon Düül qui hantent dans la salle. Les messieurs ont bien bossé leurs classiques et on prend un plaisir certain à se perdre dans ces méandres de synthés spatialo-psychédéliques portée par des rythmiques implacables. Passer les trois premiers très bons morceaux, la suite est plus inégale, avec des passages à gros kick et boucles de clavier plus faciles, mais l’ensemble se révèle assez riche en matière musicale pour nous amener dans les meilleures conditions vers une belle claque finale.

octopusParce que le dernier de la soirée, on l’attendait pas à ce niveau là. Zig Zaj, le dernier album de Boom Bip ne nous avait pas plus convaincu que ça malgré sa prestigieuse galerie d’invités. Sur scène, Bryan Hollon fait simple. Il gomme tout simplement la partie guest et se livre derrière ses claviers et autres machines, à un diabolique et jubilatoire duel sonore avec son complice Eric Garden, un batteur tout simplement stupéfiant. Avec son petit air de facilité total et sa tête de côté, le gars fait preuve d’un toucher stupéfiant et d’une finesse à toute épreuve, même quand il faut faire monter la sauce sur les longs morceaux. Le jeu précis et subtil du monsieur apporte une touche rock imparable aux boucles et autres bidouilles électros de son compère. C’est assez miraculeux et salutaire de se prendre un tel décharge de classe et de vitalité à une heure aussi tardive.

Merci à eux deux et aux programmateurs d’avoir conclu avec brio une soirée riche, variée, et donc très réussie.

Retrouvez les vidéos des concerts sur Arte Live Web.

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