[Route du Rock 2024] – C’est pas fini ! La prog’ du samedi

Comme toujours, les articles avant, après et pendant la Route du Rock sont écrits à trois mains par Yann, Mr B. et Isa

Vous commencez à avoir mal partout ? Le foie et les oreilles un brin rétifs ? Pas d’inquiétude, nous aussi. Pourtant ce samedi, on remet le couvert et on fonce une nouvelle fois en direction de la Route du Rock pour une dernière journée aux allures estivales. De toute façon, demain on sera tous tristes que ce soit fini (enfin peut être pas notre foie), alors autant terminer cette édition en beauté. Plongée dans la programmation de ce samedi au Fort et au théâtre (sic !).

Christophe Brault retrace l’influence des musiques du monde sur la pop anglo-saxonne

S’il est un habitué du festival, c’est bien Christophe Brault qui tous les ans délivre la bonne parole rock avec chaleur et force détails durant des conférences sautillantes et passionnantes. Cette année, la Route du Rock lui a confié une nouvelle conférence sur l’influence des musiques du monde sur la pop anglo-saxonne, qui sera une fois encore menée tambour battant par notre conférencier bondissant. On ne présente plus Christophe ici (ancien disquaire de l’institution Rennes Musique et chargé de cours à l’université Rennes 2 en musicologie, désormais conférencier sur ressorts passionnant et également star de l’émission Music Machine sur nos pages, diffusée sur C-Lab) qui se chargera de retracer (avec la fougue qu’on lui connaît) la fulgurante histoire des influences indiennes, jamaïcaines, africaines, latines, et on en passe, sur la pop rock d’ici. Comme chaque année, ce ne sera pas au Fort St Père, mais au théâtre Chateaubriant à St Malo dès 14h le samedi 17 août. Commencer la dernière journée du festival calé dans un fauteuil moelleux, du bon son et tout autant d’érudition dans les oreilles, on doit le dire, difficile de faire mieux…

Christophe Brault, Théâtre Chateaubriand – Conférence de 14h à 16h

La recette gagnante des Astral Bakers

Astral Bakers – Photo : Matthieu Torres

On démarrera cette ultime journée dans la délicatesse avec le quatuor Astral Bakers qui ouvrira ce samedi. Le quatuor parisien est composé de Ambroise Willaume, alias Sage, Théodora De Lilez (basse), Nico Lockhart (guitare) et Zoé Hochberg (batterie), musicien·ne·s confirmé·e·s que vous avez déjà pu croisé chez Clara Luciani, November Ultra, Woodkid, Pomme ou Revolver. Ces parcours musicaux hautement contrastés ont finalement amené cette petite bande à s’aventurer vers une indie folk teinté d’americana. Cette belle alliance s’est concrétisée avec The Whole Story sorti en février 2024 chez Sage Music et Big Wax. L’album contient 10 perles à la fois chaleureuses et fragiles mais jamais lénifiantes grâce aux aspérités qui rendent encore plus touchantes leurs compositions. A la production du disque on retrouve Sam Evian, le magicien derrière le son du dernier album de Big Thief qui n’est sans doute pas pour rien dans cette belle réussite qu’on a plus que hâte de découvrir sur scène.

Astral Bakers 19h sur la scène des remparts

Les ombres mélodiques de Timber Timbre

Timber Timbre – photo : Victoria Backzynska

Pour raisons familiales, José González ne pourra finalement pas venir et ce sera Timber Timbre qui prendra sa place. Depuis déjà presque 20 ans, la bande menée par le canadien Taylor Kirk explore avec autant d’obstination que de talent une folk élégamment sombre. Au fil de leurs sept albums, la voix de velours de Taylor Kirk soulignée des arrangements particulièrement subtils (quelques cordes, cuivres et chœurs) se faufile avec férocité et un peu de malice désenchanté dans les recoins les plus désenchantées de notre époque. Derrière leur fausse indolence, leurs chansons sonnent finalement comme un folk déviant dont les circonvolutions restent toujours aussi passionnantes. Lovage, leur récent dernier long format sorti en 2023 chez Two Gentlemen / Hot Dreams Publishing Inc semble plus lisse à la première écoute mais la classe et l’inventivité des arrangements et le spectre bienveillant de Leonard Cohen qui s’insinue au cœur des morceaux en font une addictive réussite. Il faut bien avouer que leur prestation de 2015 sur la même scène ne nous avait guère convaincue mais nous sommes ravis de leur donner une seconde chance qu’on espère sincèrement plus emballante.

Timber Timbre19h55 sur la grande scène du Fort

Beach Fossils, pop ouatée pour festivalier.es fatigué.es

Beach Fossils – Photo : Matthew Allen

On poursuivra la soirée avec la pop ligne claire de Beach Fossils. Même s’il s’agit de leur première venue à St Malo, les New Yorkais de Brooklyn sont loin d’être des minots puisque depuis 2010, Dustin Payseur et ses comparses ont sorti pas moins de deux albums chez Captured Tracks (Beach Fossils en 2010, puis Clash the truth en 2013). Avant de leur donner suite avec le très orchestré Somersault (2017) sur la propre structure du leader Bayonet Records, et ce avant un disque de reprises de leurs morceaux en version piano jazz plutôt léché (The Other side of life : Piano Ballads, 2021).

Albums qui au fil du temps, confirmaient haut les choeurs, que la formation en avait sous le capot, sans compter d’innombrables eps et un dernier album en date, Bunny, sorti en 2023 (Bayonet Records) où la dream pop éthérée de la bande new yorkaise continue de ravir les oreilles nostalgiques d’une pop aérienne et toute en délicatesse. Si vous aimez Wild Nothing, DIIV, Real Estate, voire the Drums, comme nous, nul doute que sur la scène des Remparts, le samedi 17 août, les douceurs cristallines de Dustin Payseur et sa bande vous mettront de la ouate plein les oreilles.

Beach Fossils, Scène des Remparts – 21h00

Air retourne en safari

Air – Photo : Willy Huvey

Même si dans la discographie dAir, on retient plus volontiers leur fantastique Bande Originale du Virgin Suicides de Sofia Coppola, il faut bien reconnaître que leur Moon Safari sorti en janvier 1998 a fortement marqué les esprits. C’est en effet ce disque au charme sans âge que viendra revisiter le duo ce samedi 17 août. Nicolas Godin et Jean-Benoît Dunckel se sont rencontrés dans le lycée versaillais où étudiaient aussi Alex Gopher et Xavier Jamaux. French touch d’origine donc. L’un aime la pop des Beatles et la soul de Sly and the Family Stone, l’autre apprécie le rock sombre de Siouxsie and the Banshees et Joy Division mais aussi David Bowie, Iggy Pop et Brian Eno. Les deux s’accordent sur leur fascination pour la musique de Michel Legrand, Philip Glass et Grace Jones. Des multiples influences de l’étudiant en astrophysique et de celui en architecture va naitre Moon Safari, un premier album singulier et groovy mêlant subtilement euro-dance et new wave. Ce déluge de synthétiseurs analogiques, d’orgues, de pianos électriques, de cordes voluptueuses et de voix transformées compose une étrange esthétique délicieusement kitsch mais intemporelle. Prêt.e.s pour un retour vers le futur ?

Air22h sur la grande scène du Fort

L’élégance dans la noirceur de Protomartyr

Nous sommes absolument ravi.es du troisième passage des Protomartyr dans le Fort St Père qui viennent pour leur part de Detroit. Ils ont sûrement moins écouté Derrick May et consorts (ou même les Stooges et le MC5) que les Anglais champions des ambiances sombres circa 80’s. Après un premier album No Passion, All Technique, Protomartyr avait sorti un second opus (Under Color of Official Right – 2014) de pop-rock/post-punk aux guitares grasses et à la voix grave et décharnée. C’est à cette époque que sur la scène des Remparts, les musiciens nous avaient infligé une bonne grosse déflagration de post-punk-from-Detroit, d’appellation d’origine contrôlée. Le quatuor balançait avec une belle assurance un rock froid et méthodique, cinglant comme un coup de trique mais sacrément envoûtant. La voix profonde et habitée de Joe Casey bien campé derrière ses lunettes noires hantait même parfaitement cette musique, à la fois rageuse et mélancolique. Ils avaient depuis renouvelé brillamment l’exercice en livrant une prestation aussi impeccable que sur la grande scène en 2018.

On est donc plus qu’heureux de retrouver le quatuor américain au Fort Saint père. Depuis leur première venue, les musiciens ont tous lâché leur job alimentaire et se sont concentrés sur l’écriture de deux albums aux fulgurances politiques et poétiques, allant d’Héraclite à Elvis gisant sur le sol de sa salle de bains. The Agent Intellect en 2015 d’abord, puis Relatives In Descent (2017, Domino Records) suivis d’Ultimate Success Today (2020, Domino) et de Formal Growth In The Desert (20224, Domino) ont continué avec une belle constance d’enfoncer le clou d’un post-punk sombre, hyper mélodique, un rien corrosif. Noir c’est noir, toujours, mais d’un noir incandescent qui voudrait bien foutre le feu. Basse en avant, guitares tranchantes, voix caverneuse et rythmiques plombées : la mélancolie sous tension de Joe Casey (chant), Greg Ahee (guitare), Scott Davidson (basse) et Alex Leonard (batterie) devrait on l’espère nous hypnotiser à nouveau entre les murs de l’imposante forteresse.

Protomartyr23h20 sur la scène des remparts

Meatbodies : retour de fuzz

Meatbodies – photo : DR

Pas de Ty Segall cette année à la Route du Rock mais vu les affinités du petit prince du garage rock, on devait forcément avoir un de ses camarades de jeu dans le coin. Dans Meatbodies, on retrouve en leader et guitariste Chad Ubovich (qui a d’abord accompagné Mikal Cronin, puis Ty Segall dans Fuzz). Déjà venue en 2015 lors d’une session hivernale du festival, la bande revient cette fois au soleil (on espère) et avec Flora Ocean Tiger Bloom, un troisième album qui élargit leur champ des possibles. Après avoir démarré dans le punk bien sauvage puis viré vers des territoires plus psychédéliques, le groupe ouvre ses chakras sur ce dernier disque pour ajouter des touches shoegaze, dream pop ou rock alternatif des années 90 à son rock toujours aussi bouillonnant. Disque de survivant, Ubovich a du réapprendre à marcher et à jouer de la guitare après un séjour à l’hôpital qui a bien failli lui être fatal, l’album est une odyssée vaste et joyeuse qui devrait briller de mille feux en version live.

Meatbodies00h25 sur la grande scène du Fort

Faut-il qu’on parle de la Chenille ?

Euh, non… Mais sachez qu’elle est prévue aux alentours d’une heure 30.

Final terminal avec Dame Area

La plus belle des bombes atomiques de cette programmation est espagnole et elle conclura cette édition sur bang définitif. Dame Area est un duo barcelonais composé de Silvia Konstance et Viktor L. Crux. Ils avaient frappé très fort en 2018 avec un premier EP déjà redoutable. Tribal, electro, industrielle, post-punk, krautrock, EBM… leur musique se joue des étiquettes en embrassant tous ces genres avec une jubilation communicative. Le chant sauvage à souhait deSilvia et les sonorités soufflant le chaud et le froid avec la même intensité apportent une personnalité remarquable à leurs titres. On serait bien tenté de les résumer en « Dopplereffekt qui utiliserait des percus live » mais ce serait méchamment réduire leur champ d’action. Suite au EP, ils ont enchainé les collaborations de qualité : Nurse With Wound, Jochen Arbeit des Einsturzende Neubauten, Jesse Webb de Gnod et leurs titres ont fait le bonheur DJs de haut vol (Toulose Low Trax, Vladimir Ivkovic, Lena Willikens, Yamatsuka Eye de Boredoms…). Le duo a déjà sorti trois albums dont un second sur le très select label Berlinois Mannequins records (Résident au Berghain, Arnaud Rebotini, Groupe A…) déjà remarquables de puissance mais ce sont surtout leurs dévastatrices prestations live comme au jardin Moderne en septembre 2021 ou à l’Antipode en avril 2022 qui nous ont marqué au fer rouge comme nos plus exaltants moments de folie scénique récents. Nous n’avons donc qu’une hâte, c’est de remettre le couvert en guise d’apocalyptique final de cette Route du Rock. Le duo viendra de plus défendre son très prochain quatrième long format Toda La Verdad Sobre Dame Area que l’on annonce déjà comme un disque enfin à la hauteur de leurs concerts.

Dame Area1h35 sur la scène des rempart
et ils ne laisseront rien debout après leur passage

Let’s Dance : des afters jusqu’au bout de la nuit

Si cette année, la Route du Rock n’a pas eu l’autorisation de continuer de proposer ses afters dansants dans les douves ainsi que l’expliquait François Floret à Ouest France et comme vous avez pu vous en rendre compte les deux premiers soirs, la programmation continue de faire la part belle aux fins de soirée dansantes et festives. Ce samedi, vous aurez même droit à deux plateaux de suite.

Jessica Winter is coming

Jessica Winter – Photo : Nan-Moore

La londonienne Jessica Winter démarrera à 2h30. Connue par le duo Pregoblin ou dans l’ombre en tant que productrice de Metronomy, Phoebe Green ou encore The Big Moon, la dame officie en solo avec des compositions entre trap, lndie ou pop 80’s mais qui savent aussi faire la part belle à l’expérimentation.

Enfin, le dernier plateau mixte du festival regroupera Dj Gap Life (aka Marin Perot, qu’on connait bien aussi ici dans The Missing Season) et Pascadog. Ils nous proposeront un set tout en rythmiques breakées, dancehall, bass, avec des détours par l’indie pop, la soul mais aussi le reggaeton, le hip-hop ou le dancehall (on cite encore).

after show du samedi 17 août à partir de 02h30

Retrouvez tous nos articles avant, pendant et après la Route du Rock 2024 ici

 


La Route du Rock Collection Eté a lieu du 14 au 17 août 2024 à St Malo et au Fort de St Père

Plus D’1fos 


 

Laisser un commentaire

* Champs obligatoires