« Le futur, c’était maintenant » et surtout ce week-end à l’Aire Libre, pour un vendredi et un samedi soir en compagnie du surprenant mais néanmoins passionnant duo Damasio-Péchin, pour le concert de rock-fiction Entrer dans la couleur. 

 

Fond de scène avec projection sur l’écran de contours de nuages défilant dans le noir. Deux poursuites de chaque côté de la scène. Trois guitares d’un côté, un micro de l’autre. Damasio et Péchin entrent discrètement en scène. Premiers mots scandés tel des uppercuts. Le ton est donné. Entrer dans la couleur est une plongée sombre dans une dystopie hostile.

Puis Alain Damasio prend la parole. Et retrace à petites touches le scénario des Furtifs, son roman de science-fiction sorti en 2019, pour les (rares) festivaliers ne l’ayant pas lu. Comme moi 😉

Un collègue d’Alter1fo m’a demandé il y a quelques jours si j’allais lire cet opus, devenu un « to have read » de la SF, avant d’aller écouter cette lecture-concert. « Non. Et même pas peur » avais-je répondu… Alors, oui, Damasio dévoile quelques pistes et péripéties de l’ouvrage. L’histoire nous est spoilée mais en décibels et en mots scandés, lancés dans le micro, chahutés par l’auteur lui-même, voire sussurés. La plongée dans ce futur mercantile et presque déshumanisé est violente. La rencontre avec les furtifs, scène d’ouverture du roman, est anxiogène. Mais qu’importe !
[Et si comme moi, vous êtes un.e néophyte, et que vous ne craignez pas le spoiler littéraire, relisez donc ce que Mr B. en avait dévoilé : [2019] Des bouqu’1 sous le sap1 #14 : Les furtifs, Alain Damasio].

La complicité entre Alain Damasio et Yan Péchin est palpable. Les mots et les décibels s’entremêlent. Et si le plaisir de l’échange avec le public est criant chez l’écrivain, il se fait beaucoup plus discret chez le musicien, ce dernier préférant sans doute laisser sa maestria musicale et les cordes de ses trois guitares s’exprimer. Et quelles cordes ! Comme les furtifs, l’homme devient guitare et se fond dans ses instruments…

Entrer dans la Couleur est une adaptation musicale puissante et troublante. Musicalement, la fusion entre les sons electro-dark et le rock poussif accompagne à merveille les mots énergiques et subtils de l’écrivain ainsi que ses dénonciations politiques. Difficile de raconter ce qui traverse le public durant cette heure de spectacle (qui peut durer plus ou moins longtemps selon l’improvisation des deux comparses).

Une chose est sûre : on est ressortis avec une furieuse envie de dévorer ce roman salutaire de SF ! Et celles et ceux qui l’avaient lu (ou pas) semblent avoir apprécié la performance : ce samedi soir, une standing ovation a clôturé le concert…