Les trois groupes programmés à l’Ubu ce mercredi 16 février dans le cadre de l’Inrocks Indie Club ont réussi à embarquer avec eux le public venu nombreux. Progressivement, la soirée a gagné en intensité avec en point d’orgue la prestation remarquée des Gallois The Joy Formidable.
Les très jeunes membres de Divine Paiste ont la lourde tâche d’ouvrir les débats, ce qu’ils vont faire avec beaucoup de fraîcheur et un certain talent.
Un chanteur (de temps en temps avec une guitare ou un clavier), un batteur, un bassiste et un guitariste (claviériste aussi), qui nous proposent un dance rock assez mature étant donné leur jeune âge. Leurs compositions manquent encore d’épaisseur, mais c’est déjà très carré. On peut constater qu’ils ont dû se forger une première expérience scénique, car ils ont élaboré quelques effets visuels (arrêt sur image par exemple) très synchros.
Les références sont là et bien là, mais ces références se transforment parfois en tics scéniques fortement empruntés à d’autres groupes, un défaut inhérent à tout jeune groupe. Mais les fondations sont bonnes et le chanteur est charismatique à souhait avec un beau timbre de voix, particulièrement sensuel dans les graves. Aux dernières nouvelles, ils devraient sortir un premier album cette année, qui devrait mériter toute notre attention.
Divine Paiste a en tout cas relevé haut-la-main cette mission inaugurale. A suivre dans les prochains mois.
Une partie du public était venu voir The Dodoz et nous aussi ! Leur premier album nous avait particulièrement plu et la curiosité était forcément de mise à l’heure de découvrir le résultat sur scène.
Mais le set des Toulousains, alternant morceaux de leurs deux premiers albums, nous a laissé sur notre faim.
Ils venaient nous présenter leur deuxième album (qui devrait paraître courant mars). Après un début un peu poussif sur West Coast (on n’entend pas la voix de Géraldine), la tonalité plus dance rock d’I Can Purr a le mérite de lancer véritablement le concert.
Middle of the Night, morceau d’ouverture de leur premier album, permet au public de retrouver ses repères, et le morceau est suffisamment malin, avec son accélération à mi-parcours, pour embarquer tout le monde. Géraldine lâche enfin sa voix et l’association avec les choeurs fonctionne parfaitement (notamment le très joli duo de voix des jumeaux Jules et Adrien). Jules est particulièrement doué à la guitare et on sent une complicité énergique avec son frère à la batterie.
Le combo déroule son set efficacement, alternant nouveaux morceaux et titres du premier album (repris en choeur par les fans du premier rang), avec notamment leur tube Do You Like Boys et son redoutable petit riff de guitare.
Sur Twice, l’amplitude de la voix de Géraldine est très nette, navigant entre graves et aigus, avec quelques passages scandés.
Leur second album semble prometteur, avec une tonalité nettement plus dance rock, mais qui sait faire la part belle à des morceaux plus élaborés et mature (Don’t Touch, Stroke My Curts). Le set se termine sur Bet, repris en choeur par le jeune public des premiers rangs. Applaudissements nourris qui permettent un petit rappel.
Au final, une prestation réussie mais qui nous laisse quelques regrets.
La production des albums est particulièrement soignée, et on s’attendait à une présence plus charismatique de Géraldine au chant. Mais le groupe est en devenir, et est encore en rodage sur les nouveaux titres. Nul doute que ces derniers gagneront en épaisseur lors de leur tournée qui ne fait que débuter.
Une pause houblonesque, et puis une claque phénoménale.
The Joy Formidable nous présentait leur premier album The Big Roar après un premier EP Unicorn. Et dès les premières notes de The Everchanging Spectrum of a Lie , on est scotchés par le regard intense, perçant de Ritzy Bryan.
Puis sciés par les grosses déflagrations sonores qui nous tombent dessus. Aucun temps mort, les Gallois enchaînent sur The Magnifying Glass. Puis vient Austere, sa ligne de basse diabolique et son refrain entêtant. Rhydian Dafydd fait voler en éclats l’image du bassiste ronflant dans un petit coin de la scène. Là, on est en présence d’un bassiste très remuant, aussi énergique que Ritzy à la guitare. Dans leurs mouvements, les manches de leurs instruments sont souvent à la limite de s’entrechoquer, sans jamais se heurter.
Le batteur Matt Thomas n’est pas en reste et la disposition du combo (les trois au premier plan) renforce leur jeu scénique puissant. La complicité entre Ritzy et Rhydian est évidente (petits mots et regards échangés). Ils associent leur batteur dans cette folie maîtrisée, ce dernier nous montrant aussi une belle énergie, gérant en plus de petites boucles sonores introduisant chacun des morceaux.
Au milieu d’un set très intelligent, la fureur se calme, et le groupe enchaîne des titres plus en retenue (The Greatest Light Is The Greatest Shade, Greyhounds, Buoy) sans perdre un seul instant en intensité.
La fin du set est parfaite, avec le remuant Cradle suivi du sublime 9669 : le duo Ritzy/Rhydian nous procure un vrai moment de grâce, avec la voix aérienne splendide de Rhydian.
Le final est grandiose avec Whirring : un son noise à souhait, avec saturations de la basse et de la guitare, renforcées par les pédales bidouillées frénétiquement. Ritzy jette sa guitare, pas de rappel, mais tout était dit.
The Joy Formidable, la grosse sensation d’une programmation résolument rock.
Le public de l’Ubu ne s’est d’ailleurs pas trompé, puisque la salle n’a pas désempli de la soirée.
Photos : Solène
Pfff…j’aurai mieux fait d’inverser mes soirées ! venir à l’UBU et snober la RDR à l’Antipode, qui n’avait rien de rock et où je me suis royalement ennuyée (heureusement, toute la blogosphère et la twittosphère rennaise était là pour papoter dans l’antre houblonnée…).