[Report Vendredi] Route du Rock 2019 – Poncho Power !

Compte rendu écrit à six mains par Mr. B, Yann et Isa et photographié par Mr B.

Après le chouette retour de nos amis britanniques sur et devant la scène jeudi, c’est celui des embruns pluvieux au Fort St Père. Mais à voir le stoïcisme jovial et impassible avec lequel le festivalier de la Route du Rock enfile son poncho ou son k-way sans quasi même y penser, ce ne sont pas quelques gouttes qui vont gâcher la soirée. On craignait que les deux (petites) flaques aperçues jeudi à côté de la tour de la régie ne se transforment en marasme à l’arrivée de la pluie. Il n’en est rien : l’équipe de la Route du Rock a bien fait les choses et a effacé toute trace de boue en favorisant le drainage et comblant le tout. Les seules inondations seront comme d’habitude dues à nos pisseurs de barrière, désormais indéfendables (les toilettes sont maintenant en nombre suffisant, raccordées à l’eau courante et on n’y attend quasiment jamais. Et proches. Messieurs, à 100 mètres près, vous aviez presque visé juste). Un deuxième soir, donc, qui fut dans l’ensemble à la hauteur de nos attentes (Crack Cloud, cœur avec les doigts). Si dans nos rangs les stars incontestables de la soirée ont été le sandwich aux chips et le poncho décliné sous différents modèles, on aura aussi pris quelques belles suées en dansant sous nos capuches. On vous raconte.

Foxwarren

Bon alors certes, Foxwarren n’est pas là pour nous faire danser. Mais ces garçons nous ont tellement bichonné l’oreille qu’on en a tout autant oublié nos ponchos. Après avoir ouvert l’édition 2017 du festival avec son projet solo à la Nouvelle Vague, Andy Shauf revient en effet avec son groupe Foxwaren et la bande est la première surprise de l’accueil qui l’attend : applaudissements fournis et enamourés sous les capuches, paroles connues et chantées par cœur pour certains. La faute à un magnifique premier album (Foxwarren, novembre 2018), petit joyau de pop folk racée et de production soignée. On croise donc fort les doigts pour que cette petite merveille mélodique fasse naître les mêmes étincelles magiques en live et ne se transforme pas en brouhaha pénible sur scène, tant son équilibre délicat repose sur une grâce de funambule.

Les premiers accords à la guitare sèche d’Andy Shauf et sa casquette, tout comme sa voix magnifique sur To be, qui ouvrent le concert et ce refrain emporté nous rassurent très vite. Il apparaît tout de suite que ces merveilleux bourricots ont le sens de l’arrangement qui tue. En mode quintet puisqu’ils sont rejoints en live par un claviériste, avec seulement une guitare sèche (Andy Shauf), une fender stratocaster (Dallas Bryson), une basse (Darryl Kissick), une batterie (Avery Kissick) et un prophet 06, donc, les natifs du Saskatchewan revisitent leurs morceaux sans jamais en perdre leur essence. Sur le sublimissime Lost in a Dream qui suit, on va de merveilles en merveilles, le cœur gonflé de quelques accords aux claviers qui deviendront ensuite arpèges, de magnifiques chœurs assurés par Dallas Bryson ou de la richesse mélodique du morceau. Exit les cordes en live. Peu importe. Avec un effet à la limite du flanger sur sa guitare électrique Dallas Bryson retourne le morceau et les cœurs avec le même brio. Les Canadiens naviguent sur une folk rustique et baroque, toute en harmonies limpides, constamment marquée par un sens mélodique magnétique.

Le plus enlevé Everything Apart (qui nous rappelle tellement The Old and the Young des Midlake avec sa rythmique aux sonorités seventies revisitées et ses voix sublimes) ne rompt en rien l’enchantement, et on pleure de bonheur sur cette basse chaleureuse et ronde, et ses chœurs aux voix de velours aérienne au diapason. Tout est tellement juste dans ces arrangements aux petits oignons (petits glissando au bottleneck sur Sunset Canyon, sonorités qui rappellent quasi un pedal steel sur le tout aussi réussi Your Small Town) qu’on est totalement bluffé. Et quand sur l’avant dernier morceau au riff chaloupé et aux chœurs superbes Fall into a dream (les fans de Calc et Julien Pras ne peuvent qu’en tomber amoureux), le groupe devient un tout petit peu plus électrique sur le final aux graves basses lancinantes, plutôt que de finir sur le déluge sonore habituel de tous les groupes, il choisit à l’inverse d’achever le morceau en baissant progressivement le volume. Une merveilleuse entrée en matière pour ce deuxième jour au Fort St Père. La beauté est souvent dans la simplicité (feinte). Et autant dire que de ce côté-là, Foxwarren n’est pas en manque. Ah tiens, il pleuvait ?

Tim Presley’s White Fence

On était particulièrement curieux de découvrir le live du californien Tim Presley’s White Fence, la faute à un nouvel album, I Have to feed Larry’s Hawk, né des expérimentations de ce digne héritier de Syd Barrett. Autant l’annoncer tout de suite, nous tenons là le gagnant du set le plus mal agencé de cette édition. Un début poussif, un final bâclé : l’album est déjà en soi un patchwork un peu bancal, et l’organisation de la setlist renforce ce sentiment. Deux guitaristes (un claviériste qui fait également office de guitariste) et une section basse-batterie entourent Tim Presley : le concert débute avec I Have to Feed Larry’s Hawk, son refrain cathédrale et un final tout en psyché. L’enchainement avec Phone et Fog City est cohérent : le tempo reste lent, mais la nonchalance flamboyante de l’album se transforme en mollesse dépressive : il faut dire que l’ensemble des musiciens s’est donné le mot pour tirer la tronche, et on comprend rapidement que le tissu smiley du claviériste s’apparente à de la publicité mensongère. On sait que cette attitude peut relever de la posture inhérente à ce genre musical, mais ça n’aide pas à rentrer dans un concert, quand on prend de surcroit un bon crachin depuis une heure…

Fort heureusement, le set s’emballe enfin, avec un joli I Love You tout en contraste, entre couplet tristoune et refrain enjoué. Bon, le combo est toujours aussi peu content d’être là, mais les mélodies plus souriantes ont le mérite de nous réchauffer un peu, comme sur l’entrainant Neighborhood Light ou Until You Walk et ses petites sonorités tropicales avec des passages légèrement dissonants. Le contraste entre l’épure des accords introductifs de Solitude Cola et l’accélération rythmique qui suit nous permet enfin de rentrer pleinement dans le concert. On devine les têtes des festivaliers dodeliner gentiment sous les capuches au son de Run by The Same, et on a le sentiment de passer un bon moment, à défaut d’être totalement transcendant. Hélas, après une agréable revisite électrique de Lizards First, le groupe sabote avec application la fin de son set : une sortie en queue de poisson sur Forever Chained et on devine à peine les musiciens sortir de scène. Un final à l’image de cette heure passée avec Tim Presley et sa bande de joyeux drilles : on reste sur notre faim.

Altin Gün

Le meilleur moyen de lutter contre la pluie : le poncho. Et Altin Gün. Devant un Fort tout encapuché, les déhanchements chaloupés du sextet vont en effet rendre la foule complètement waterproof. Les Rennais font depuis longtemps honneur au sextet live turco-néerlandais, programmé (et acclamé) aux TransMusicales en 2017 (et qui a d’ailleurs joué à guichets fermés à l’Ubu en début d’année). Mais ce soir, c’est tout un Fort qui va se convertir à cette célébration de l’âge d’or de la musique psychédélique anatolienne des 60’s et 70’s. Maître incontesté d’un groove psychédélique oriental, mêlant musique traditionnelle et distorsions électriques avec une belle finesse, Altin Gün est responsable de deux albums qui revisitent standards anatoliens rock et chansons traditionnelles turques (On, mars 2018 et Gece, 2019), tout aussi irrésistibles l’un que l’autre. Et dès l’inaugural Yolcu lancé sur un coucou jovial et les deux percussionnistes (le batteur néerlandais Daniel Smienk -qui a remplacé Nic Mauskovic- et son compatriote percussionniste Gino Groeneveld -bongos, congas ?, darbouka, tambourin…), le dialogue de riffs entre guitare (le britannique Ben Rider) et saz électrifié (Erdin Yildiz-Ecevit qui chante également) se révèle aussi vicelard qu’irrémédiablement ensorcelant. Sur Kolbasti, c’est cette fois-ci la stambouliote Merve Dasdemir qui prend le micro pour déjà un grand morceau de groove irrépressible : section rythmique impeccable, virtuosité au saz à tomber, on ne sait plus où donner de la tête. Et quand sur le pont, les percussionnistes frappent puissamment leurs peaux pour accompagner les scansions rythmiques de la formidable Merve Dasdemir, à l’impeccable justesse, la foule crie son bonheur. Le final de Leyla ajoute les sonorités psychédéliques de synthétiseurs bien perchés, dernier ingrédient tout aussi magique des métissages chaleureux de sa musique.

Les halètements rythmiques lancent l’immensément facétieux Vay Dünya (chanté par Erdin Yildiz-Ecevit) qui percutent avec bonheur sonorités de synthés seventies étranges, guitare quasi wah wahtée et percussions à faire tanguer les bootys sous les ponchos. C’est sans compter sur la basse chaloupée tenue par le souriant fondateur du groupe Jasper Verhulst (auparavant auprès de Jacco Gardner) sur Goca Dünya qui emporte à nouveau tout le monde dans une ondulation de capuches incoercible. Le son est vraiment bon et on entend avec délectation chaque instrument. Les six sont incontestablement virtuoses, mais toujours au service de la musique anatolienne à laquelle ils veulent rendre sa flamboyance. On est également bluffé par la richesse de ce qu’on peut entendre : chaque morceau contient mille parties instrumentales, des relances constantes et variées qui comblent constamment les oreilles et les guiboles. Sans compter ces extraordinaires solos de percussions  (batterie/ bongo) qui mettent le Fort sens dessus dessous. Sur Kırşehir’in Gülleri et son solo vocal tout en écho d’Erdin Yildiz-Ecevit, le Fort et Merve Dasdemir dansent dans un même mouvement, ondulant les bras en l’air. Şad Olup Gülmedim nous transporte sur la rive orientale du Bosphore d’une longue et merveilleuse intro au saz aux claquements secs de la darbouka. Ravis d’être là, les Altin Gün jouent avec une belle générosité et semblent tout aussi heureux de voir le public aussi bien danser que slammer dans un grand moment d’euphorie collective.

Le totalement irrésistible Süpürgesi Yoncadan et ses synthés espiègles finissent d’emporter la foule dans un grand moment de bonheur partagé. Tout le monde sourit, tout le monde ondule. Saute. Cabriole. Vraiment touchée Merve Dasdemir essaie même de descendre en contrebas de la scène avec sa longue robe et ses talons un tantinet retors pour se rapprocher de la liesse qui étreint la foule et clapper avec un public radieux et reconnaissant sur un merveilleux final tournoyant. Le lancement parfait pour les Hot Chip qui vont suivre.

Hot Chip

Suite à l’annulation de la venue de Beirut, le concert d’Hot Chip, initialement prévu à minuit, a finalement été avancé à 22h par les organisateurs du festival, et cela s’est avéré un choix gagnant. Altin Gün a réussi à faire se remuer sous les ponchos et les Londoniens se présentent face à un public au taquet malgré le crachin ambiant. Depuis que nous l’avions découvert en 2004 au festival des Transmusicales, le quintet a complètement changé de dimension : les 5 musiciens ont troqué leur look improbable pour des tenues de scène blanches, parfois rehaussées de couleurs variées, à l’image de la pochette de leur dernier album A Bathfull of Ecstasy. D’immenses cloisons, colorées aussi à la faveur des jeux de lumières, encadrent la scène et les musiciens : ces derniers forment deux lignes, Alexis Taylor et Al Doyle (magnifiquement chapeautés) étant entourés par Owen Clarke et Joe Goddard, le cinquième membre historique, Felix Martin (machines) étant plus en retrait avec deux autres musiciens.

Les grosses basses d’Huarache Lights transpercent le Fort pour un warm up parfait, suivi de l’excellent One Life Stand qui marque une légère accélération de rythme avec son petit riff de guitare sautillant, avant le redoutable Night & Day qui transforme le Fort en club géant. Les délicieux arrangements vocaux en live diffèrent de la version sur album et apportent un savoureux éclairage à cette petite bombinette capable de remuer les guiboles les plus récalcitrantes. La voix aérienne d’Alexis Taylor nous colle de jolis frissons sur Flutes, et on sourit devant la chorégraphie tournante et touchante de simplicité. Le groove imparable d’Over and Over nous scotche une fois de plus, et nous rappelle que l’électro-pop d’Hot Chip est tout à la fois mélodique et bondissante, avec son lot de beats diaboliques mais incroyablement subtils (avec la participation de deux petites filles sur une chorégraphie pleine de fraicheur).

Une première moitié de set carrément emballante mais qui va retomber un peu, la faute à un dernier album, A Bathefull of Ecstasy, beaucoup plus faible à nos oreilles. Si les titres passent plus facilement le cut en live (comme Hungry Child et Spell), le dernier opus perd en groove et en subtilité, et cède un peu trop à la facilité, comme sur Melody of Love qui nous laisse de marbre. Dans ce dernier album, non seulement les compositions synthétiques ne sont pas aussi subtiles qu’auparavant, mais le groupe a malheureusement délaissé la mélancolie mélodique qui faisait tout son charme. Fort heureusement, l’hymne Ready for The Floor nous sort de notre décrochage et on se fait cueillir comme des bleu(e)s par une reprise surprenante et jouissive du Sabotage des Beastie Boys, Alexis Taylor nous bluffant avec ses deux micros et le timbre de voix rageur, si déroutant par rapport à son grain habituel. Un concert qui ne nous a pas autant emballés qu’en 2013, mais qui a tout de même rappelé qu’Hot Chip peut vous coller une irrépressible envie de danser quand ils déroulent les meilleurs rythmiques catchy de leur répertoire.

Crows

On avoue qu’à l’écoute du Silver Tongues du quatuor Crows, on n’attendait pas grand-chose de nouveau sous le soleil (noir) de leur garage sombre et crasseux. Mais les prestations scéniques nous font parfois revoir notre jugement et nous nous installons bien consciencieusement devant la scène des remparts. A l’écoute de l’album, on avait le souvenir de guitares bien plombantes et on avoue être surpris par le coup de fouet rythmique donné à l’introductif Silver Tongues.

La transposition scénique lorgne plus vers le post-punk furieux que le garage en mode diesel : chant rageur, slam dans le public dès le premier morceau, déplacements frénétiques sur scène, le chanteur fait le job, à défaut d’être original.

L’enchainement avec l’échevelé Demeanour fonctionne plutôt bien, mais la tension retombe très vite. Le groupe suit fidèlement le tracklisting de l’album, qui s’enfonce invariablement dans un garage boueux et lourdingue, avec de faux airs d’Oasis enlisé dans de profonds marécages. Hang Me High finit de nous convaincre qu’il n’y a rien à attendre de mieux d’une musique si peu inspirée : après un envol difficile, les corbeaux se sont crashés dans la plaine du Fort. On doit leur reconnaître deux qualités : celle de nous permettre de faire une pause salutaire pour remplir nos estomacs. Et celle, moins flatteuse, de réussir à nous pourrir avec application la dite pause avec une remarquable constance, malgré nos efforts d’éloignement de cette indigente mélasse.

2 Many Dj’s

A notre grand soulagement auditif, Crows finit donc par terminer son set. Hélas, le ventre mou de la soirée va continuer de cultiver son gras avec 2 Many Djs. Autant nous avions adoré le côté ludique de la joyeuse réconciliation entre rock et électro célébrée par les collages des frangins Dewaele au début des années 2000, autant l’annonce de leur passage au Fort en remplacement de Beirut nous avait laissé de marbre. Nous constatons rapidement et avec un soupçon d’amertume combien la formule a terriblement vieilli. On ne peut bien sûr pas s’empêcher de jouer au blindtest mais les empilements successifs du duo nous paraissent bien poussifs et peu inspirés ce soir-là. Ce ne sont pas les clins d’œil laborieux au festival avec un petit bout d’Hot Chip et un ignoble mash-up de Tame Impala qui nous réconcilient avec la chose. Nous nous offrons donc une petite pause assise bien revigorante. Ça tombe bien, la fin de la soirée va se montrer bien plus exigeante en énergie.

Crack Cloud

Il est en effet temps d’assister au très attendu concert de Crack Cloud. L’indispensable compilation de leurs deux Eps sortie chez Tin Angels Records en 2018 nous avait bien retourné les oreilles et nous étions plus qu’impatients de découvrir ce que valait la bande sur scène. Les quelques doutes qui subsistaient à ce sujet vont bien vite voler en éclat. Le groupe est sur la bonne scène, à la bonne heure et ils vont nous offrir rien de moins qu’un de ces moments rares ou tout se combine pour un instant parfait.

Rassemblés autour de Zack Choy, le batteur chanteur gaucher jouant sur un kit de droitier, on retrouve deux guitaristes, deux claviers, un bassiste et un saxophoniste. Cette belle équipe rassemblant des jeunes canadiens est issue d’un collectif utilisant les arts en général et la musique en particulier comme remparts et thérapies à l’addiction. Malgré leur jeune âge, ces sept samouraïs bien cabossés des rues de Vancouver font d’emblée preuve d’une intensité et d’une précision rare. Leur détonnant mélange de post punk en mode no wave so new-yorkais est interprété dans un splendide élan collectif dont l’énergie est follement communicative. Comble du bonheur, les irrésistibles jeux sur les différents chants, les rythmiques délicieusement bancales et l’abrasivité des sonorités des guitares et des claviers sont transposés sur scène avec autant de finesse que de fougue. On savoure avec délice les versions survitaminées et savamment tordues des tueries rassemblées sur leur compilation dont l’imparable Drab Mesure dont on brame en chœur l’acide refrain  : Everybody come to the center / Where everybody dies in the winter. Le concert se conclue sur la belle apothéose d’un Swish Swash d’anthologie avec sa revigorante dose de de danger et d’incisivité.

Leur groove bancal et abrasif est parvenue à nous avec spontanéité et fraîcheur aussi bien Gang of Four, Television ou les Talking Heads sans qu’à aucun moment ces illustres références ne viennent écraser leur joie contagieuse. Après cette interminable vague rock garage, qu’est-ce que ça fait du bien de voir des jeunes s’intéresser à un héritage musical plus fécond et moins balisé. Tout particulièrement quand c’est fait avec autant de talent.

Paula Temple

Avec Paula Temple, oubliez les préliminaires. Ça commence fort et ça tombe dru. Programmée pour les Rennais lors de l’édition 2015 d’Urbaines, l’autoproclamée noisicienne occupe de ses machines et d’un grand sourire engageant la grande scène du Fort St Père. Depuis le début des 00’s, la musicienne britannique s’est aussi bien fait remarquer pour son Noise Manifesto à la fois label et plateforme qui abrite des « collaborations électroniques hors normes » que pour ses prestations hybrides entre live et dj sets (elle a par exemple co-développé le contrôleur MIDI MXF8 permettant de mixer simultanément avec 8 platines) ou ses talents de productrice (notamment la sortie de son formidable premier long format, Edge of Everything).

Et autant dire que la Britannique sait ce que raviner les oreilles d’un dancefloor en ébullition type Etna veut dire. Et même si elle la joue moins indus qu’à la dernière Katharsis d’Amsterdam, ça castagne l’oreille en mode rave in hell. Textures épaisses, riches, précises, ambiance froide et crépusculaire, basses à décoller la plèvre des poumons, le tout avec le sourire s’il vous plait, Paula Temple essore le festivalier tambour battant. Mais sans jamais non plus tomber dans de longs tunnels de beats monolithiques. La musicienne engagée (notamment pour la représentation de la moitié de l’humanité dans la scène électronique) sait couper les basses, installer une ambiance ou vriller la tête avec des nappes à se damner (merveilleux Joshua and Goliath). La Britannique a le sens de la respiration, sait ralentir le propos. Mais avec toujours ce damné  sens du timing qui ne laisse pas le festivalier les pieds et le nez dans la poussière, et le propulse les bras en l’air toujours au bon moment. Toute froide et industrielle qu’elle soit, cette musique se joue étonnamment en pleine lumière et Paula Temple n’a pas besoin de nous plonger dans l’obscurité pour nous en faire ressentir les sombres aspérités. Indus, techno brute de décoffrage et EBM en béton armé, bam dans ta face : Paula Temple aura su nous concasser les lombaires (ou les libérer c’est selon) avec autant de finesse rusée que de punch rouleau compresseur. Parfait pour achever la soirée.

Route du Rock 2019 : Vendredi 16 août


La Route du Rock Collection Eté 2019 a lieu du mercredi 14 août au samedi 17 août.

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