L’affiche est alléchante, Rickie Lee Jones, une voix sans nul pareil, un registre exigeant, déambulation rageuse entre jazz, rock, folk, blues. Pour l’accueillir : Liberté rénové, comme une promesse du grand Soir, et pfutt… attache trop lâche d’une baudruche trop gonflée, l’enthousiasme s’échappe à la vitesse de l’espoir suscité.
Le Liberté à l’accueil lumimeux…
Il y a d’abord ce hall d’entrée (du Liberté) glacé par l’alignement de tubes fluorescents à l’éclairage cru, hall de gare, lumière souterraine de station de métro, ou temple hyper-trucmuche de la consommation, on ne sait ; aucune parcelle d’espace laissée au clair obscur, aveu éclairant d’une architecture de la crainte.
Le concert est commencé?
Pas le temps de voir si les caméras sont motorisées, suivent-elles la marche précipitée et subordonnée à mon retard, le concert est commencé me dit-on à l’entrée, le concert est commencé ?! Dans l’obscurité aveuglante qui succède aux néons, l’ouvreuse, sa lampe, me conduisent à une place ; en fond musical un titre de Jones, curieux choix, narcissique pour le moins, je m’installe tranquillement et assis, découvre : le concert est commencé.
Mais la sono est pas branchée!…
Le son est tout p’tit. La déjà quinquagénaire est accompagnée d’un contrebassiste, d’un guitariste qu’on voit plus tard au clavier, croiser les bras, attendre… après ça, attendre encore un peu, ah ! se déplacer vers une guitare, non, demi-tour, secouer deux, trois fois un maracas… elle est également épaulée d’une stratocaster et de son buzz plus fort que le son produit.
Ah! si on était au café-concert, avec des volutes de nicotine…
Les quelques ballades qu’elle reprend dans ces conditions prennent une dimension intéressante ; elle a toujours cette voix incroyable, juste et puissante. Mais l’ensemble peine à décoller, les fins de morceau sont approximatives, les arrangements dictés à la volée par gestes aux musiciens ; installée au piano un commentaire sur l’absence de fumée qui participerait à une atmosphère plus chaleureuse (cela aurait-il suffit !), une remarque sur sa robe noire et nouvelle, comme la salle.
Après l’absence de rappel ; «les américains, y’a jamais de rappel » dit un voisin de dortoir (le Liberté, salle multi-fonction) la lumière dure me tire de la torpeur ; c’était un peu comme un bon, ou mauvais match… le canapé en moins.
dommage, dommage
je retourne chez les pirates