Qu’il fut doux en ce dimanche de retour de vacances de se dandiner tranquillement vers les Champs Libres pour le premier opus de la saison 2013-2014 des Premiers Dimanches. Aux commandes de l’équipement culturel pour tout l’après-midi, nos amis du Jardin Moderne. Vous venez ? on vous raconte…
La One Man Conf’ de Sapritch ou comment en on est arrivé à écouter Lady Gaga…
On vous avait annoncé une One Man Conf’ foutraque et loufoque. Elle fut bien pire que ça… Sapritch, rappeur et comédien originaire de Tulle, préfecture de la Corrèze, a entraîné le public rennais dans une valse humoristique assez délirante intitulée « T’as vu c’que t’écoutes ?! ». Fin connaisseur des musiques actuelles et de la musique en général, Sapritch anime cette conférence qui émane directement de l’action culturelle Des Lendemains qui chantent, Salle de Musiques Actuelles de Tulle.
Ça commence par une flopée d’onomatopées : SMAC, SACEM… On nous dit que la conférence portera sur les Musiques Actuelles, mais qu’on ne parlera ni de punk finlandais ni de Leonard Cohen. Le ton est donné ! Voilà l’histoire des musiques actuelles par Sapritch, tullien.
Durant 1h15 donc, nous voyageons du blues au rock, en passant par le punk, le disco, le reggae, la jungle, le rap pour finir par la soupe Lady Gaga. Fil rouge de cette conférence, la question « Pourquoi écoutons-nous Lady Gaga ? » fait l’objet d’une démonstration toute scientifique, bourrée d’extraits musicaux, d’impros du One Man Conf’ himself, expert en accords de guitare et en Beatmaker, et d’anecdotes croustillantes.
Avec humour et amusement, Sapritch nous montre comment les styles musicaux se nourrissent les uns des autres . Jolie démonstration avec le Blues du Beatmaker pour le prouver. Où l’on aura la joie d’entendre quelques notes de Success, qui selon le conférencier illustre à merveille le mélange du blues (un rythme lancinant) et de l’électro. Où l’on sera surpris d’entendre trois versions du même morceau : « Me Time » de BusDriver et « Mozart avec nous ! » de Boris Vian via la « Petite Musique de Nuit » de Mozart. Où l’on nous indiquera que Bobby Lapointe fut avec « Andrea c’est toi » un précurseur du rap.
On n’échappe pas à un petit cours sur la gamme pentatonique majeure ainsi qu’à un focus étonnant sur la gamme d’accords de « Let it be » , ce truc qui réconcilie les peuples dixit Sapritch : « Do majeur, Sol majeur, La mineur, Fa majeur ». Une gamme fil rouge, que l’on retrouvera au gré des extraits musicaux de la conférence : U2, « Take on me » de A-Ha, « Zombie » des Cranberries, « Femme libérée » de Cookie Dingler, « If you wanna to be my lover » des Space Girls…pour finir par le fameux « Poker face » de Lady Gaga. La boucle est bouclée !
Voilà une conférence en tout cas qui a fait rire le public et qui nous change, nous Rennais, des conférences sérieuses sur la musique actuelle auxquelles nous sommes habitués : celles données avec énergie par Christophe Brault ou celles du Jeu de l’Ouïe de l’ATM. Sapritch fait preuve d’un grand sérieux ; il maîtrise de façon hallucinante son sujet mais il le présente avec beaucoup d’humour et de dérision. Seul regret, la conférence était réduite à 1h15 alors qu’elle dure normalement plus de 2h…
Expo-photo Scène Rennaise (autopromo inside)
On quitte la salle de conférences en jetant un œil sur notre expo-photo préférée. Un grand merci d’ailleurs au Jardin Moderne pour son invitation à notre encontre de participer à leur Premier Dimanche. Notre expo Photos consacrée à la Scène Rennaise y a trouvé un très bel écrin…
Des concerts Impromptus par dizaines…
… et dans des lieux incongrus ! Comme le Café des Champs Libres par exemple, qui recevait pour la première fois des animations dans le cadre des Premiers Dimanches. Deux impromptus donc en alternance tout l’après-midi pour une ambiance décontractée autour d’un café ou d’un chocolat chaud.
Julie Seiller et sa musique qui voyage de New York à San Francisco…
Astrid & James, appartenant respectivement à Mermonte et Fago Sepia.
Dans le hall de l’escalier menant au Musée de Bretagne, le saxo et le violon d’Erwan et Morganne donnent vie à ce lieu de passage. Le public est partout, dans l’escalier, au-dessus et au-dessous de cette plateforme musicale insolite. Certains s’arrêtent, d’autres ne font que passer et tendre toutefois une petite oreille indiscrète…
Nefertiti in the Kitchen a gagné la palme du lieu le plus intime et le plus insolite pour un concert : la petite salle Bretagne des 1001 images est comme un amphithéâtre miniature sans gradins, plongé dans le noir avec comme seuls éclairages les lucarnes de photos bretonnes.
L’univers très freak porté par la musicienne-comédienne Jen Rival accompagnée par le multi-instrumentiste Nicolas Méheust trouve dans ce lieu un terreau intimiste assez étonnant. Le public se presse pour écouter leur prestation entre rock, folk, jazz et blues.
Notre photographe a également immortaliser les Vexations d’Erik Satie et l’Impromptu de Slim Wild Boar auxquelles je n’ai pu assister… tant l’offre de l’après-midi était dense.
Tous en choeur
Proposition étonnante de l’après-midi : la chorale du Jardin Moderne, dirigée par Craig Schaffer, a pris place dans le grand hall sous l’escalier. Tantôt en cercle, tantôt se déplaçant, la chorale est (presque) parvenue à faire silence auprès du public…
Des propositions décalées
Elles ont pimenté cet après-midi déluré, entraînant le public dans un sillage déroutant mais loufoque.
En début d’après-midi, le Hall s’était animé grâce à une troupe de majorettes décalée : les Majorennes ! Point de clinquant, de jupes ridiculement courtes ou de paillettes ; plutôt des torses bombés, des sourires de pom pom girls, des serres-têtes à cornes de caribou et des bottes blanches directement empruntées à l’industrie agroalimentaire. Dérision quand tu nous tiens !
Autre animation dans le hall : Party 4 People. La recette est simple et reprend, en version XS, les ingrédients du MP3 Experiment : une estrade, un DJ derrière ses platines, DJ Ced en l’occurence, une boule disco, une prof de danse (Claire Prigent). En face, quatre casques pour le public. Les quatre veinards, et ils vont se succéder, petits et grands, par vagues tout l’après-midi, sont enfermés dans les bulles musicales du DJ. Et nous, public curieux et voyeur, assistons à un drôle de spectacle. Voir danser ces 4 inconnus au son d’une musique qui nous est inconnue et écouter la prof scander des indications chorégraphiques que nous seuls entendons confèrent à la performance un genre foutraque assez amusant.
La Douch’Box, installée dans les locaux de la Cantine Numérique Rennaise, a rassemblé les fans de karaoké, sous la houlette de la Sophiste et des Ateliers du Vent !
Dans un coin, une jolie douche avec rideau coloré et pommeau. Vous y entrez, vous choisissez une chanson et vous êtes priés de faire comme tous les matins, vous chantonnez sous la douche !
Performance filmée et retransmise sur écran. L’animateur et un inconnu entonnent avec conviction « We are the champions ». La Cantine Numérique résonne de fausses notes et d’un anglais flageolant… Mais qu’importe ! Le Loft du karaoké séduit le parterre. Le public s’esclaffe, fredonne puis entonne à pleine voix le refrain. Les Rennais seraient-ils des chanteurs de douche nés ? tout porte à le croire…
Autre proposition décalée et non des moindres : le Master Punk, qui a tenu audience dans la salle Dreyfus. Petite jauge de la salle oblige, le public fait la queue et attend donc patiemment. Le recrutement du candidat se fait dans la file d’attente : « Qui veut être le Punk de l’année et interpréter un morceau choisi ? » Les plus téméraires et punk d’entre nous ne tardent pas à se déclarer…
Pour ma session de 17h45, le candidat punk sera un petit blondinet haut comme trois pommes ! il n’y a pas d’âge pour être punk… Dans la salle, un musicien assure le show et plante le décor : perfecto cuir, jupe en sky, collier à clou, tignasse ébouriffée et collants aux couleurs de l’Union Jack. Un jury de haute volée jugera la performance des M’s et leur interprétation punk du titre controversé « Une souris verte »… Ou comment porter en dérision les actuels jurys de la boîte à images qui trône dans le salon ainsi que l’essence punk et ses clichés.
Un franc moment d’humour orchestré par la Puzzle Compagnie, pour celles et ceux qui ont eu la patience d’attendre un peu…
Tendencies, l’expo cartons sonore
Et pour trouver un peu de calme pour ses oreilles, il était possible de se réfugier dans la salle Anita Conti pour profiter de Tendencies, souvenir du Festival Maintenant. Tendencies, c’est cette installation sonore de cartons créée par Zimoun en collaboration avec l’architecte Hannes Zweifel. Ou comment ces cartons, fixés au plafond et bougeant séparément produisent des éléments sonores étranges qui donnent l’impression de se retrouver au beau milieu de l’océan…
[Expo visible jusqu’au 17 novembre – Entrée gratuite]
Pour les Kids
Fidèle à sa programmation tout au long de l’année, le Jardin Moderne a proposé durant cet après-midi des animations dédiées aux petits : Rockokocolor avec Mein Sohn William ; de la bidouille créative avec l’association 3 Hit Combo et une drôle d’enquête visuelle interactive au Musée de Bretagne.
Beaucoup d’enfants présents donc lors de ce Premier Dimanche. Preuve en est que le Jardin Moderne a su s’adresser aussi à tous ses publics lors de cet après-midi !
Un après-midi dense
Au final, beaucoup de monde – plus de 10 000 visiteurs – pour ce Premier Dimanche de l’édition 2013-2014. On y a retrouvé sans aucun doute le public du Jardin Moderne mais aussi plein de curieux n’ayant probablement jamais mis les pieds dans la ZI Ouest. Une excellente vitrine donc pour le Jardin Moderne qui a su exposer la variété et l’originalité de ses activités. Les propositions étaient en effet touffues et trouvaient place dans des lieux incongrus ou nouveaux aux Champs Libres. Grand succès donc pour ce premier opus. Vivement la suite !
Le diaporama-photos de l’après-midi (photos réalisées par Franck Belloeil)
En savoir plus sur le Jardin Moderne : http://www.jardinmoderne.org/
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