Comme prévu le bouillonnant et éclectique Lieu Unique a fait salle comble aux Champs Libres dimanche dernier. Un Premier Dimanche de février ensoleillé que les Rennais n’ont pas boudé… Compte-rendu subjectif et non exhaustif !
Sous les pavés, la plage ? Non le piquet de grève des personnels de la Bibliothèque !
A peine arrivés sur place, une longue file nous attend devant l’entrée des Champs Libres. Ainsi qu’un piquet de grève. Pour le second dimanche consécutif, les personnels de la Bibliothèque de Rennes métropole sont en grève. Leur réclamation : une revalorisation de leur régime indemnitaire notamment au vu des contraintes horaires (ouverture le dimanche notamment)… Réclamation renvoyée aux calendes grecques, enfin post-Municipales visiblement. D’où un second dimanche de grève pour tenter d’obtenir des garanties.
A l’heure où certains candidats aux Municipales de Rennes souhaitent voir ouvrir les Bibliothèques Universitaires 24h sur 24 et jusque minuit en période d’examens, on nous susurre à l’oreille qu’il faudrait déjà s’occuper un peu mieux de l’existant… Voire s’occuper tout court des bibliothèques municipales ou métropolitaines qui sont du ressort des compétences des collectivités (pour rappel, les BU dépendent du Ministère de l’Enseignement Supérieur !).
Un Premier Dimanche version boîte à sardines donc car la bibliothèque est donc entièrement fermée au public. Circulation difficile dans les Champs Libres sous l’œil stressé d’agents de sécurité qui voient la foule des premiers Dimanches envahir les lieux. Un Premier Dimanche perturbé certes, mais le public soutient visiblement massivement l’action malgré les contraintes de jauge fort limitée en cet après-midi et les difficultés d’accès aux diverses animations.
Pour un Premier Dimanche Unique
Les Nantais du Lieu Unique s’activent donc fermement depuis ce matin si l’on en croit les comptes twitter et Facebook des Champs Libres. Le Lieu Unique est prêt à en découdre avec le public rennais dès 14h !
Encore une fois, les Champs Libres seront victimes de leur succès ! Et l’accès se fera au compte-goutte une bonne partie de l’après-midi. Mode sardines serrées en boîte avant les performances ou illustration parfaite de l’expo Parce Queue dans les longues files d’attente pour chaque animation programmée…
On ne pourra pas assister à tout, loin de là… Un compte-rendu très parcellaire donc de cette après-midi unique qui a démontré combien le Lieu Unique est pourvoyeur de performances décalées et originales.
Un concert pour une autre galaxie
Salle comble pour le concert de Loup Barrow et Serge Teyssot Gay qui entrent en action dans une lumière bleutée propice à la création qui va suivre.
La guitare se fait orage et grondements tandis que le crystal bachet se fait éminemment cristallin. Pour les non-initiés, le cristal bachet est une sorte de piano de cristal à auréole métallique servant d’amplificateur de sons.
Il faut juste fermer les yeux et se laisser emporter dans cette galaxie sonore étrange et envoûtante. Les doigts de Loup Barrow glissent sur l’orgue de cristal produisant un son vraiment très aérien. Mais il utilise aussi un objet en bois qui produit un son métallique. Ce mouvement de percussion sur le verre devient alors une farandole de sons de tuyauteries en sous-sol vaguement inquiétante. Comme si l’on s’immergeait dans les tréfonds de profondeurs obscures. Et quand Serge Teyssot Gay joue des cordes avec un couteau à viande, les sifflements d’animaux imaginaires nous entraînent dans une forêt sombre et inquiétante.
Puis changement de registre : une gamme de sons plus mélodieux émanent du crystal bachet. On bascule dans un nouvel univers. Loup Barrow et Serge Teyssot Gay sont les grands ordonnanciers d’un monde musical dont ils nous ouvrent les portes cet après-midi, si l’on accepte un tant soit peu de se laisser emmener loin de la salle de conférences Hubert Curien.
Serge Teyssot Gay, pieds nus, jongle entre les pédales d’effets disposées en demi-cercle autour de lui. C’est le chorégraphe Stonehenge de la création musicale. On se sent entraîné au fond d’un océan bercé des sons des cétacés. Moment apaisant après les sombres forêts…
Les deux musiciens sont concentrés mais les regards en disent long sur la complicité de création. Un travail remarquable se joue sous nos yeux.
Le séraphin, jeu de verres accordés, se découvre enfin et le maître-verrier entre en action. Outre l’aspect visuel complètement fascinant, les sonorités produites par cet instrument à part sont littéralement extraordinaires ! Et on pense, un peu ému, aux vagues chuintements que nous avions pu produire dans notre enfance sur les verres en cristal des repas dominicaux chez la Tante Adélaïde.
Pendant ce temps, Serge Teyssot Gay a la guitare posée sur les genoux et en joue avec une baguette en bois. Entre grimaces, mimiques et concentration se mue une création musicale fascinante et déroutante.
Loup Barrow se saisit d’un nouvel instrument étrange : le Hang, tandis que Serge Teyssot Gay joue à nouveau de la guitare avec son couteau de boucher…. [Et on dit merci Wikipédia ! instrument de musique acoustique de la famille des idiophones inventé par Felix Rohner et Sabina Schärer à Berne en Suisse en 2001. Le hang est un volume lenticulaire creux composé de deux coupelles métalliques embouties.]
Au bout de quarante minutes, tout s’arrête. Vous êtes priés de retrouver la terre ferme et ses sonorités banales et insipides… Atterrissage difficile, on serait bien restés en leur compagnie ad vitam aeternam !
Dans le Hall, aspiration à toute heure !
Dans le Hall des Champs Libres, une performance étrange se joue… C’est Shrink de Lawrence Malstaf.
Sorte d’aspi-couette géant où les humains enfermés dans des rectangles plastiques suspendus à une ossature métallique se prennent pour ces animaux exotiques vendus en porte-clés. Une soufflerie se met en marche et les corps se déforment et s’écrasent sous le plastique vidé de son air…
Capsules de science-fiction géantes où l’on se demande quelle peut-être la sensation du plastique collé ainsi à la peau ! Performance étrange, fascinante pour les uns, un brin angoissante pour les claustrophobes…
Le Verdouble ou la mise à l’épreuve du son et des tympans
Le Verdouble, c’est un duo de vielles à roue par Yvan Etienne et Yann Gourdon, deux musiciens qui questionnent son et écoute. S’il est curieux de voir ces vieux instruments raccordés à des tables de mixage et des amplis, on comprend dès les premières notes combien la performance va être une expérience sonore inédite.
Passée la première impression de « Oh my God, on dirait de la bombarde amplifiée ! », on est surpris par les tonalités électros qui se posent sur ce capharnaüm sonore géant. Et si les trompettes de Jericho détruisent des murs, gageons que ce Verdouble doit pouvoir en faire autant !
Telle une nuée de moineaux, une partie du public aux oreilles probablement délicates s’enfuit… Le son devient puissant, répétitif, très intrusif pour les tympans et se mue en transe hypnotique. Dans le public qui a résisté, certains ferment les yeux et tanguent…
Au bout de vingt minutes, on craque et on quitte les lieux. Nos tympans vibrent encore aujourd’hui du larsen entêtant du Verdouble… Sonneurs de bagadou, tremblez ! On a trouvé plus forts que vous !
Et un diaporama photos, un !
Un grand merci à Catherine Gaffiero pour les photos ; devant le Verdouble, elle y a laissé un demi-tympan…
Retrouvez tous nos articles sur les Premiers Dimanches 2013-2014