Ouest-France et la presse institutionnelle

Au début du mois de février, 213 000 exemplaires de l’Agenda des sorties dans Rennes Métropole ont été distribués dans les boîtes aux lettres. Ce nouveau mensuel institutionnel a pour ambition de sélectionner des « événements de culture ou de loisirs » se déroulant sur le territoire de Rennes Métropole (dixit la rédaction dans l’édito). Un magazine issu d’un petit arrangement entre amis ?

Agenda des sorties okLa couverture du premier Agenda des sorties dans Rennes Métropole dévoile un Antonio Banderas et une Salma Hayek langoureusement enlacés, image tirée du film de Roberto Rodriguez Desperado. Et trouvaille très originale pour annoncer le festival du festival du film Travelling, consacré cette année à Mexico. Cet Agenda remplace désormais Sortir, le magazine culturel jusqu’ici distribué avec l’Info Métropole. Mais outre le fait que ce 16 pages soit un magazine de piètre qualité esthétique et que les informations qu’il offre au lecteur se résument, en grande partie, à des « pitch » insipides, voire même seulement à l’heure et au lieu des « évènements de culture ou de loisirs » présentés, d’autres questions d’ordre un peu plus éthiques se posent déjà. En effet, c’est plutôt la fabrication de ce mensuel qui devrait donner à réfléchir, ainsi que le peu de réactions qu’a entrainé cette fabrication désormais réalisée par le groupe Ouest-France.

Le 15 décembre dernier,  Le Mensuel de Rennes dévoilait les changements de formules qui allaient toucher les médias institutionnels locaux. Parmi ceux-là le remplacement de Sortir par l’Agenda des sorties.  On apprenait que Ouest-France allait réaliser ce nouveau mensuel. On apprenait également que la commercialisation des espaces publicitaires serait bien évidemment assurée par sa régie publicitaire, PRECOM. Et cela, « sans commission pour Rennes Métropole », selon Le Télégramme du 4 février dernier.

Une entente « commerciale » qui fait grincer quelques dents

Grâce à ces modifications apportées à sa presse, Rennes Métropole affirme réaliser 100 000 euros d’économie. La disparition de Sortir permettrait d’éviter 20 000 euros de dépenses.

On ne peut rien reprocher à la légalité de ce tour de passe-passe : pour les budgets en deçà de 210 000 euros, la loi n’oblige pas la collectivité à recourir à un appel d’offre. Mais le fair-play d’une telle entente « commerciale » entre Rennes Métropole et Ouest-France pourra néanmoins faire grincer certaines dents. Car Ouest-France, non content de détenir une somme écrasante de quotidiens, hebdos ou mensuels, s’attaque donc désormais à la presse institutionnelle. Le modèle économique basé sur une croissance toujours plus importante est un choix qui n’engage que ceux qui le font. En matière d’information et de presse, seule la pluralité des opinions y court finalement quelques risques, remarquera-t-on avant de détourner le regard… Une telle concentration ne semble d’ailleurs pas avoir ému outre mesure les élus rennais et ceux de la Métropole.


5 commentaires sur “Ouest-France et la presse institutionnelle

  1. LZ

    Par contre, le citoyen lambda a le droit de râler, surtout quand le-dit supplément n’a pas trouvé le chemin de sa boîte aux lettres (et que cela s’est reproduit avec la nouvelle mouture du média institutionnel de la métropole). Alors, les économies, je veux bien, mais si elles se font au détriment de la circulation de l’information, je vais sortir les crocs.

  2. Sylvain

    La ville de Rennes me fait un chèque quand elle veut pour http://arennes.mobi (sans données ouvertes par la ville dedans… vu qu’il n’y en a pas en la matière) consulté sans doute plus régulièrement que Sortir. Je ne demande même pas à mettre de la pub dedans.

  3. Canard déchaîné

    D’accord avec la piètre qualité du papier.
    D’accord avec l’inintéressant produit final (peut-être que le n°2 sera.. moins pire).
    D’accord avec l’article, mais il faut l’approfondir:
    – combien de personnes travaillaient à sortir et combien dans ce nouveau canard ? Une seule semble t-il, donc faire des réductions se voit nécessairement à un moment ou à un autre.
    – comment la pub culturelle va se positionner ? Cette feuille de choux appartenant à Ouest-France, y a t-il un risque pour les autres supports papiers vivant de la pub et se voulant, eux, exhaustif ? A voir dans les prochains mois.
    – Rayonnement, mutualisation, externalisation semblent être les mots clés pour comprendre le fonctionnement politique de Rennes et de la capitale. Mais comment une municipalité de gauche comprend ces mots ? L’an dernier, une rencontre aux Champs-Libres avec Florence Aubenas avait mentionné le fait que l’externalisation impliquait de ne pas contrôler le respect des salariés et la qualité du produit final. Le maire de Rennes était dans la salle, peut-être n’a t-il pas tout entendu.
    – Payer ainsi le quotidien influent dans la ville, est-ce s’acheter des articles favorables en vue de prochaines élections ? Là, je dois avouer que je n’en sais rien, mais qu’il faut se poser la question avec un maire qui semble faible dans son propre conseil municipal. Les journalistes de OF sont objectifs, certes, mais jusqu’à quand ? Est-ce un premier pas dangereux qui a vient d’être franchi. Alerte!
    – La ville veut faire des économies en confiant à un journal une partie de son propre journal, pour faire des économies, et dans le même temps, elle finance abondamment Libération dans sa survie avec les Forums ? Ce n’est pas ce qui a de plus logique.

    Faire des économies: oui, mais jusqu’où ? Avec quel résultat ? et avec qui ?
    Personne ne semble pour l’instant satisfait du résultat: ni les acteurs culturels de la métropole, ni l’ensemble de la presse, ni les citoyens, alors qui ?

  4. Fix

    Les journalistes de OF sont objectifs, surtout Mr Paul Burel.

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