Mythos 2012 : Un homme debout ou 9m2 de solitude

Il est seul en scène, avec sa souffrance, sa colère, sa responsabilité, sa culpabilité, sa détermination. Il est seul en scène et il raconte sa vie, ou sa non-vie/survie. Jean-Marc Mahy joue son propre rôle dans Un homme debout. Et ne laisse personne indifférent. Une pièce où rien n’est noir, rien n’est blanc.

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Le Théâtre de la Parcheminerie a ceci de fascinant qu’il confère à ce théâtre-récit cette sensation de petitesse, d’étroitesse, de noirceur et d’exiguïté. Jean-Marc Mahy, tout de noir vêtu, entre en scène. Une scène tendue de noir, où de part et d’autre figurent des séries de portraits d’hommes, alignés comme des cellules de prison.

Au centre, un tabouret noir et rouge. Muni d’un rouleau de sparadrap blanc, Jean-Marc Mahy trace les contours de sa vie, ceux surtout de la cellule où il a passé 18 ans. On est en 1984, il a 17 ans et entre en cellule d’isolement. S’en suit un récit non linéaire, alternant entre la garde à vue post-cavale, les premiers jours de détention, le bloc d’isolement total, le procès, le quartier haute-sécurité et finalement ses 18 ans passés en cellule…

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« Rentrer en prison comme un lion, sortir comme un mouton ». Tantôt cage, tantôt fosse à lion, tantôt tombeau, tantôt cachot, le public entre avec Jean-Marc dans cette cellule et ses 9m2. Le public vit avec lui les fouilles, la main qui nourrit, la violence des geôliers, la folie de la solitude, l’abandon familial, le jour des 20 ans et comment regarder un avion qui passe derrière les barreaux, les subterfuges pour jouer aux échecs via les tuyaux du lavabo, la tentative de suicide.
Mais il vit aussi, avec un humour cynique, les joies de la gastronomie carcérale – ou les vingt frites dans l’assiette le jour des vingt ans. Il rit à l’évocation de la Bible, un vrai thriller selon Jean-Marc Mahy. Il découvre Macha Béranger version somnifère, un somnifère puissant et revigorant, salvateur même. Une voix, issue de la radio, ce lien avec l’extérieur, avec la musique, avec l’apprentissage. La radio comme prof virtuel pour quelqu’un qui a changé 14 fois d’école dans sa jeunesse.

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Jean-Marc Mahy parle, crie, éructe, mime, refait ses propres gestes. C’est à la fois impressionnant et touchant. Impressionnant de voir quelqu’un reproduire sur scène la souffrance qu’il a endurée et ce parcours de vie de taulard. Touchant de voir combien cet homme a appris avec humilité à tisser ce rôle mêlant tout à la fois les rôles de bourreau, victime et coupable. Après s’être fait oublié, s’être rendu invisible, il a décidé, à sa sortie, de témoigner. Puis de devenir éducateur en centre fermé pour délinquants juvéniles, pour transmettre cette expérience et éviter à d’autres de faire les mêmes erreurs.

Une catharsis pleine de colère et de tripes, de sensibilité et de respect (il refuse de venir saluer en scène à la fin par respect pour sa victime). Un témoignage qui remue, qui interroge sur la question carcérale et sur la réinsertion. Sans pour autant être dogmatique.

Mythos, Festival des Arts et de la Parole donne là une teinte éminemment politique et engagée en choisissant de programmer le travail de Jean-Michel Van den Eeyden, metteur en scène d’Un homme debout et de Jean-Marc Mahy.
A voir donc encore vendredi et samedi, sans hésitation aucune.

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Plus d’infos sur le site de Mythos

Quand ? Vendredi 6 avril à 21h/Samedi 7 avril à 14h30
Tarifs ? 12 euros/ 10euros / 5 euros (VIF)
Où ? Théâtre de la Parcheminerie
Tout public

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