Encore une bien triste nouvelle qu’il est difficile de passer sous silence. Gladys Horton, la chanteuse principale des Marvelettes, l’un des premiers groupes de l’écurie Motown, vient de s’éteindre à 66 ans. Les Marvelettes représentaient l’archétype de ce qu’on a pu appeler les « Girls Groups » dont les fleurons venaient de Détroit, la patrie de cette fantastique Machine à faire des tubes qu’était la Motown.
Au début des années 60, les jeunes et futures Marvelettes auditionnent chez Motown. On leur demande de revenir avec une composition originale. Elles reviennent avec « Mister Postman » la réécriture d’un vieux blues. Berry Gordy, le grand patron, apprécie et les baptise, Marvelettes. Gordy est un fin limier. La chanson avec le chant rugueux et plein de retenue de Gladys Horton est touchant de vérité. Des milliers de teenagers vont s’identifier à la chanson. Le titre va rapidement devenir n°1 du Top Pop. C’est le premier n°1 de Motown, un véritable exploit. Elles vont ouvrir la voie à tout un tas d’autres groupes entre 1962 et 1966 qui symboliseront l’âge d’or des « Girls Groups ».
Les Marvelettes vont durant quelques années aligner les tubes dans le Top Pop, mais sans réitérer le tour de force de « Mister Postman ». Une chanson que les Beatles auraient voulu écrire et qu’ils reprendront sur leur 2ème Album ‘With The Beatles’ ( La chanson sera de nouveau n°1 en 1975 avec les Carpenters). En 1964, elles font l’erreur de refuser « Baby Love » qui devient le second n°1 des Supremes, le nouveau fer de lance de Motown. Les Supremes, avec Martha And The Vandellas sont les grandes rivales des Marvelettes. Leur Soul est plus sophistiquée et convient mieux au public entre 1964 et 1965. Les Mods Anglais, préféreront Martha et ses Vandellas, plus âpres. Les Who et les Kinks reprendront d’ailleurs 2 des plus grands hits de Martha et les Vandellas, soit respectivement « Heat Wave » et « Dancing In The Street ». Mais comme les Marvelettes et malgré leurs qualités, Martha et les Vandellas ne pourront rivaliser avec les tueuses des Supremes sur lequel Gordy concentre maintenant tous ses efforts.
De 1965 à 1968, même si les Marvelettes ne sont plus sur le tout devant de la scène, elles ne déméritent pas. Elles continuent à aligner des standards somptueux comme « I’ll Keep Holding On » (repris par les Actions). Désormais c’est Smokey Robinson qui devient leur compositeur/parolier attitré. C’est aussi la seconde voix du groupe Wanda Young qui se charge désormais de la plupart des chansons. Son chant convient mieux aux compositions qui sont désormais très orchestrées. En 1968, le groupe se disloque. Contre toute attente, Gladys Horton devient secrétaire pour Motown tandis que Wanda Young refuse de quitter Détroit pour L.A. S’en est fini des Marvelettes.
En sept années d’existence, les Marvelettes auront casé 23 morceaux dans les Charts. Elles ont surtout initié l’ère des « Girls Groups » qui était le courant musical le plus important avant que les Beatles ne posent leurs pieds sur le sol américain. Sous des airs faussement naïfs, les filles dévoilent leurs tourments, leurs fantasmes ainsi que les traumatismes de l’adolescence. Musicalement parlant, on est à mi chemin entre la Soul et le Rock And Roll ou mieux les « Teens Rock » de la fin des fifties. C’est aussi l’époque où se forment les couples et plus rarement des trios, de compositeurs. Ces équipes vont écrire à la chaine des flopées de tubes. On y retrouve « Barry Goffin/Carole King », « Ellie Greenwich/Jeff Barry » ou « Jerry Leiber/Mike Stoller ». Ils écrivent la légende des « Girls Groups » : « Loco-motion » de Little Eva, « The Leader of The Pack » des Shangri-Las, « Soldier Boy » des Shirelles, « He’s A Rebels » des Cristals, « He’s So Fine » des Chiffons, « My Boyfriend’s Back » des Angels, « Chapel Of Love » des Dixie Cups, seront tous n°1 du Top Pop. Les Supremes, elles, aligneront 12 n°1 entre 1963 et 1969. Face à l’hégémonie des « Girls Groups » noires, les Shangri-Las furent le seul groupe de blanches à véritablement tirer leur épingle du jeu. Leurs « Death Songs » mélodramatiques et leur réputation de « Tough Girls » (des dures à cuire) les emmèneront au sommet de la hiérarchie de ce genre particulier.
Ceux qui voudront se replonger avec délices dans ces pépites du début des sixties, n’auront que l’embarras du choix.
Le catalogue Motown est disponible via de multiples compilations, mais c’est plutôt les « Definitive Collection » qu’il faut viser : Marvelettes, Martha And The Vandellas, Smokey Robinson, Mary Wells, etc. L’essentiel à prix modique et remasterisé de frais.
Pour les Shangri-Las, le seul disque valable est « Myrmidons Of Melodrama » chez RPM. Des compilations ultra Cheap inondent le marché et si la plupart sont illégales, la (quasi) totalité est inécoutable !
Il y a quelques années, Rhino avait consacré un coffret aux « Girls Groups », « One Kiss Can Lead To Another ». L’objet en forme de boite à chapeau était aussi amusant que peu pratique. Le contenu, faisait l’impasse sur les classiques du genre, mais dressait en 4 disques bien remplis un panel bien représentatif.
Pour les adeptes de Phil Spector et de son fameux « Mur du son », il y a un coffret de 4 Cds « Back To Mono » dont au moins une bonne moitié est consacrée aux « Girls Groups » (Crystals, Ronettes, etc.)
Enfin pour finir, le label Ace Records consacre une partie de son catalogue aux rééditions de ces groupes (Shirelles, Goodies, etc) mais aussi à la création de compilations thématiques de premier ordre : « Girls With Guitars », « Where The Girls Are », « Early Girls » … l’occasion de découvrir des pépites stupéfiantes.
Toujours chez Ace Records on trouve aussi une serie très intéressante sur les « Grands » compositeurs. En plus de tous ceux cités précédement, on peux ajouter : Jackie Deshannon, Bo Diddley, Neil Sedaka, Mort Shuman ou Lee Hazlewood….
En quelque sorte, avec les « Girls Groups », on touche à un filon inépuisable !!
à lire tous ces noms de compositeurs à la suite, on en a carrément le vertige ! Mais quel talent chez tout ces gens là !
Merci pour ce salut à Gladys Horton et cette petite synthèse sur les girl groups…
Tommy, toujours incapable d’écrire un article médiocre…
Merci pour les souvenirs, mate ! (j’étais pas né, mais qu’est-ce que j’aurais aimé vivre cette folie en direct…)