Il y a deux ans, l’association Electroni[k] nous avait fait écouter un concert en pyjama toute une nuit ! Cette année, la facétieuse équipe nous a invités pour une sieste musi[k]ale avec de minis jedis âgés de quelques mois, Toutouig la la. Et surtout trois joyeux drilles (Chapi Chapo et les Petites Musiques de Pluie) prêts à nous émerveiller par leurs délicates comptines dans un univers moelleux et magique.

Mercredi matin pluvieux. Ciel bas et morne, d’un gris morose. Pourtant, dans le hall de l’Antipode MJC, ça gazouille et piaille doucement à qui mieux mieux. De petits bouts hauts comme moins de trois pommes (de 0 à 18 mois, en gros) et leurs mamans, nourrices, grands-mères, papas, attendent en babillant que la porte de la salle de concert s’ouvre. On nous propose alors d’enlever nos chaussures. Parce que la salle de l’Antipode MJC s’est transformée en nid douillet pour piafs aux plumes et aux oreilles délicates.

La magie opère immédiatement dès qu’on en franchit le seuil. Plongée dans une demie obscurité, éclairée par de doux spots, la salle a été transformée en havre paisible et ouaté pour petits petons et mini oreilles.

Un grand tapis de moquette sur lequel sont éparpillés moult coussins rouges, gris ou noirs particulièrement accueillants est surmonté de quatre immenses parasols orientaux.Sous chaque toile, pendent petites boules à facettes et mobiles de papier à origami ou de tissu. Les petits yeux comme les grands s’écarquillent.

Les Chapi Chapo nous invitent à nous asseoir et à profiter du concert… Eux-même s’assoient, pour deux d’entre eux, sur le sol, pour le troisième au centre sur une chaise d’enfant. Devant eux des dizaines de toy instruments multicolores.

On peut s’installer comme on veut : se lover dans les coussins, s’asseoir sur un transat ou s’allonger en regardant les mobiles qui brillent au dessus des petites têtes. Et même, ajoutent-ils, se faire des câlins.  Avec une seule demande, bien sur, celle de ne pas venir attraper les instruments jouets sur le devant du tapis puisque ce sont ceux qui leur servent pour le concert. On sera d’ailleurs épaté par ces petits lurons en herbe qui respecteront bien attentivement les musiciens et la scène simplement délimitée par un tapis poilu. Pas de cris stridents, pas de petites mains chapardeuses mais plutôt de temps en temps des bravo et des applaudissements, déclenchés par une note, un son, un reflet doré. Et des sourires d’être si bien ensemble.

Bébés allongés sur les coussins, gigotant dans les bras aimants ou petits loustics heureux de croiser congénères et couleurs douces, tout est calme, reposé. Entends-tu les cloches tintinnabuler ? pourrait-on alors fredonner. Car les douces mélodies de Chapi Chapo et ses musiques de pluie mélangent sonorités douces et instruments colorés : ukulélé, toy piano, sifflets de toutes formes, métallophones arc-en-ciel, scie musicale, flûte à piston et autres moulin à musique. Pour les plus grands, qui s’en amusent aussitôt, une dictée musicale épellera même quelques lettres et « essaie encore ».

Ce qu’on aime avec Chapi Chapo, c’est leur application à faire de vraies chansons, des morceaux qui sous leurs abords chamarrés et bricolés, s’avèrent ficelés avec une indéniable classe. Et plein de détails essentiels dissimulés sous un minimalisme apparent. Beau, tout simplement.

Et puis aussi, cette facilité qu’ils ont à se mettre pile à bonne hauteur. On a malheureusement croisé des spectacles pour enfants finalement pensés pour les adultes. Les Chapi Chapo, eux, tombent juste à chaque fois. Ni gnan-gnan, ni stupide. Ni écervelé, ni flagorneur. Non : juste.

On apprécie particulièrement notamment la construction de leur set plein de petites trouvailles pour captiver constamment les attentions volatiles sans jamais les contraindre : en plus de la continuelle variation de timbres et l’utilisation de multiples instruments aux formes diverses et colorées tout au long du set, l’un d’entre eux fait virevolter un long ruban sur l’un des morceaux par exemple, pour un moment éphémère et fascinant. Plus tard, un second relance les culbutos à ses pieds. Ou encore des couleurs chaudes et douces tournent soudainement sur deux petits écrans blancs ronds en arrière-fond.

Sur le dernier morceau, ils distribuent également de petits instruments cachés dans une boîte à trésors, aux petites mains qui le souhaitent. Les enfants agitent alors timidement ou plus vaillamment leur nouvelle trouvaille. En commençant bien souvent bien sûr par les goûter.

Les musiciens s’arrêtent alors, une fois encore avec une classe indéniable, pour laisser la place aux gazouillis graciles et petites notes égrenées. « C’est à vous de jouer maintenant. »

Ils nous invitent alors à prendre notre temps. A profiter encore des coussins et des guirlandes qui s’agitent doucement, permettant à chacun d’aller à son rythme. Certains, grands et petits, prennent alors le temps de flâner et butiner au milieu des coussins, le temps encore de quelques caresses douces ou de rencontres de sourires. On s’éclipse dans les derniers. Sur la pointe de pieds de nouveau chaussés.

Mercredi matin pluvieux. Ciel gris et bas. Dehors les gouttes ruissellent sur le pare-brise. Qu’importe, on est intimement persuadé que les petites musiques de pluie sont de celles qui rendent profondément heureux.

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L’association Electroni[k] présente Maintenant du 15 au 20 octobre.

Pour plus d’1fos : http://www.maintenant-festival.fr/

Chapi Chapo et les petites musiques de pluie