Lady Jane fêtait la sortie de son cinquième album au Jardin Moderne le vendredi 04 octobre, avec le trio Paale en première partie. Une excellente soirée qui confirme une fois de plus le talent du quatuor rennais pour ciseler des mélodies aux influences diverses.
On ne connaissait pas grand-chose du trio Paale, pour une bonne raison : cette première partie au Jardin Moderne était tout simplement leur premier concert. Un concert préparé depuis de longues semaines en répétition, et que les musiciens avaient hâte de nous présenter. Mais si le groupe est pour nous une découverte, les musiciens nous sont plus que familiers. Régis Boulard à la batterie, Pierre Fablet à la guitare et au chant et Pascal Ferrari à la guitare, soit trois musiciens talentueux qui se lancent dans un nouveau projet plus que prometteur.
Les premières notes posent le décor : un rock expérimental qui prend le temps de se développer, et qui crée immédiatement des images. Un jeu de batterie doux ou percuttant, des guitares délicates (la fluidité du bottleneck) qui prennent progressivement des atours noisy, la palette musicale est large. On a l’impression d’être plongé dans un film avec ces compositions cinématographiques à souhait. Le chant de Pierre Fablet est tantôt déclamé (Lacan), tantôt chanté (Le sable lent), et se marie à merveille avec les structures musicales répétitives qui s’étoffent rythmiquement et musicalement. Mention spéciale pour le titre sur lequel Pascal Ferrari relance (« on recommence ») une mélodie avec de plus en plus d’intensité. Un concert qui nous aura permis aussi de découvrir un étrange instrument (shahi baaja), manche de guitare posé sur les genoux de Pierre, et qui possède une sonorité très particulière. Une découverte réjouissante que nous vous invitons à écouter ici.
Lady Jane est un groupe qu’on avait découvert aux Transmusicales en décembre 2010 sur la scène de l’Etage. On a retrouvé depuis Pierre Marais (guitare, chant), Franck Bosser (guitare), Mathieu Fisson (basse) et Steven Goron (batteire) au Melody Maker et au Bistrot de la Cité l’année dernière, mais on était clairement impatient de les revoir sur scène. Parce que nous avons eu la chance d’acheter l’album Things We Forgot On Vacation sur le stand des excellents Les Disques Normal lors de la Route du Rock. Et parce que cet album tourne en boucle depuis deux mois sur notre platine. Là où les albums précédents jouaient la carte du blues-rock tendance psyché avec une redoutable efficacité, le quatuor a rajouté une bonne dose de douceur ensoleillée, avec des mélodies pop entêtantes. Un savant mélange qu’on attendait avec une bonne dose d’excitation et une petite inquiétude quant à la transposition scénique de cet univers merveilleusement ciselé sur album.
Ca commence bien puisque le quatuor s’est étoffé pour l’occasion de trois musiciens : Ghislain Fracapane à la guitare, Eric Hardy aux percussions et Astrid Radigue au chant. Le combo s’était déjà élargit à plusieurs occasions lors de ses récents concerts, et plusieurs invités ont participé à l’enregistrement de l’album. Ca commence tout en douceur avec It Seems That It Stars (qui ouvre aussi l’album) et les notes de guitares ensoleillées de Franck. Intro parfaite sur disque et sur scène avec le redoutable enchainement Two Monkeys, qui donne une irrésistible envie de frapper dans ses mains. On retrouve immédiatement la patte musicale du groupe, à base de blues-rock teinté de sixties sur des titres imparables (Marilyn), avec quelques touches de psyché (Mandoline Song). Mais les atours de certains titres se font beaucoup plus pop (Death of a Dandy), avec un délicieux chant choral assuré par Pierre, Ghislain et Astrid. Un set qui fait la part belle à Things We Forgot On Vacation, et qui donne la sensation que le groupe a trouvé le point d’équilibre entre les diverses influences musicales. Le final se fait plus noisy, avec le somptueux titre épique Bring Up The Kids et son déluge sonore, mais les musiciens ne perdent à aucun moment le fil du concert, avec un rappel qui permet de redescendre tout en douceur.
Des compositions abouties qui prennent un relief supplémentaire sur scène, avec des guitares légères et (ou) tranchantes, une excellente rythmique basse-batterie qui donne le ton et la voix grave et chaleureuse de Pierre, magnifiquement accompagné par les choeurs. L’album nous avait collé une petite baffe, mais on s’est pris une belle déculottée ce vendredi soir au Jardin Moderne. Si vous n’avez pas encore écouté Things We Forgot On Vacation, on vous suggère d’y jeter rapidement les deux oreilles : il fait déjà partie de nos indispensables de la rentrée. Et on ne saurait trop vous conseiller d’aller les (re)découvrir sur scène.