Cela en deviendrait presque une habitude, malheureusement, les alertes à la pollution aux particules fines se succèdent à Rennes. Comme l’indique Rennes Métropole sur son propre site, la principale source de ces pollutions est clairement identifiée : le trafic routier dans l’agglomération. Voitures et véhicules lourds sont responsables de 40% de la pollution par particules en suspension, de 70% des émissions d’oxydes d’azote, de 60% de monoxyde de carbone(1).
Et même si Emmanuel Couet, président de Rennes Métropole, avait rappelé lors d’un conseil communautaire son souhait que les transports en commun soient rendus gratuits lors des pics de pollution, cette mesure ne semble ni systématique ni automatique. Dernier exemple en date, samedi 21 mars où le seuil d’alerte a été dépassé à Rennes. La concentration en particules fines pouvait atteindre jusqu’à 99 microgrammes par m3.
Alors qui décide de quoi ? Rennes métropole répond à nos questions (interview réalisée le 16 mars 2015 soit avant le dernier pic de pollution de ce week-end)
Seuil d’information et de recommandation : un niveau au-delà duquel une exposition de courte durée présente un risque pour la santé humaine de groupes particulièrement sensibles au sein de la population et qui rend nécessaires l’émission d’informations immédiates et adéquates à destination de ces groupes et des recommandations pour réduire certaines émissions ;
Seuil d’alerte : un niveau au-delà duquel une exposition de courte durée présente un risque pour la santé de l’ensemble de la population ou de dégradation de l’environnement, justifiant l’intervention de mesures d’urgence.
► Alter1fo : En janvier, un pic de pollution a déclenché la gratuité des transports en commun : les mesures de pollution de l’air transmises par Air Breizh, pour les particules PM10 ayant dépassé le seuil d’alerte de 80 micro grammes par m³). Vendredi 06 mars, Air-Breizh déclenchait une nouvelle alerte aux particules avec le risque de perdurer pendant tout un week-end. Pourtant, aucune mesure incitative pour accompagner les habitants à laisser leur voiture au profit des transports en commun n’a été mise en place. Pourquoi ?
Si fin Décembre début Janvier, le seuil d’alerte (80µg) a bien été dépassé, cela n’a pas été le cas début mars où seul le seuil de recommandation et d’information (50µg) a été dépassé comme le soulignait le communiqué d’Airbreizh. L’utilisation de la notion d’alerte par certains médias a été dans ce cas un abus de langage.
► Un pic de pollution ne déclenche donc pas systématiquement la gratuité des transports en commun ? Si non, une telle mesure est-elle envisageable ? le souhaitez-vous réellement ?
Il n’y a pas d’obligation de gratuité des Transports en commun (TC) en cas de dépassement du seuil d’alerte (80µg). La gratuité TC n’est mise en œuvre automatiquement qu’en cas de mesure de restriction par le Préfet de la circulation générale (mesure de type circulation alternée en fonction des plaques paires ou impaires, ou interdiction des véhicules les plus polluants d’accéder à la ville ou baisse des vitesses réglementaires (par exemple 90 km/h au lieu de 110 km/h)…) ce qui n’a à ce jour jamais été le cas à Rennes.
Une telle mesure ne peut être automatique. En effet il faut tenir compte, d’une part de la durée prévisible de l’alerte (en général, le niveau de 80µg/m3 en moyenne sur 24 h glissante n’est dépassé que sur une journée ou deux) et d’autre part des délais de mise en œuvre technique (et d’arrêt) de la gratuité. Sinon, la gratuité serait parfois mise en œuvre au moment où le pic de pollution serait déjà terminé…
Par ailleurs, il faut également regarder la cause de la pollution et l’efficacité de la mesure : l’analyse du pic du 31/12/14 au 02/01/15 a montré que sa cause principale était le chauffage des immeubles sur ces jours froids : ainsi les relevés horaires de pollution atteignaient leur maximum la nuit de 21h à 2h du matin… La mise en place de la gratuité sur le réseau STAR (31/12 au 02/01) ainsi que les différents messages de sensibilisation mis en place (panneaux à messages variables de la rocade…) ont permis de constater l’influence quasi nulle de ces mesures sur la circulation et sur l’usage des transports : la quantité de trafic automobile (compteurs État sur la rocade et sur les rues de la ville de Rennes), le nombre de voitures utilisant les parking en ouvrage à Rennes, et les vitesses relevées sur la rocade ont été identiques aux jours sans épisode de pollution.
► La société KEOLIS RENNES a-t-elle un droit de regard sur une telle décision de gratuité, car il y a un manque à gagner pour eux. D’ailleurs, une compensation a-t-elle été versée par la municipalité auprès de KEOLIS lorsque la municipalité a décidé de la gratuité des transports en janvier par exemple ?
Rennes Métropole reste bien le décideur de tous les tarifs et de la gratuité y compris ponctuelle. Keolis Rennes en tant qu’exploitant du réseau met en œuvre la décision et sollicite de Rennes Métropole une compensation pour la perte de recettes et le surcoût de mise en œuvre de la mesure. Compte-tenu des jours très spécifiques concernés (31 décembre, 1er janvier et 2 janvier) situés en vacances scolaires et sur des jours où la fréquentation du réseau STAR est très faible au regard de jours classiques, la compensation à verser par Rennes Métropole à Keolis sur cet épisode de pollution a été calculée à 94 000 euros.
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(1) SOURCE AIR BREIZH