Pour sa quatrième édition, le Musiq’Alambic devient l’Alambik festival mais ne change par contre rien à ses aventureuses méthodes de distillation sonore. De ses diaboliques cornues vont se décanter deux soirées riches en aventures musicales bien allumées et variées à l’extrême. Le morceau de choix aura lieu samedi 10 octobre au Jardin Moderne avec Krinator, Infecticide, Condor, Deux Boules Vanilles et le Cercle des Mallissimalistes, cinq formations hautes en couleurs sonores qui devraient faire passer vos oreilles par tout le spectre de l’arc-en-ciel.
En 2012, une belle bande d’experts locaux en musiques «bancales et azimutées» lançaient Musiq’Alambic, un festival regroupant une belle brochette de dingueries entre free jazz, free rock, prog rock, rock in opposition, chanson dada… bref tout ce qui s’affranchit des carcans musicaux pour joyeusement ruer dans vos oreilles. Cette première édition fut follement gouleyante avec en point d’orgue la découverte des helvètes flamboyants d’Orchestre Tout Puissant Marcel Duchamp. Suivirent une édition 2013 tout aussi savoureuse dont on se remémore le sourire aux lèvres les prestations magiques de Cannibales et Vahinés et Winter Family et une édition 2014 ultrasensible marquée par les superbes concerts de l’Oeillère et d’Arlt & Thomas Bonvalet.
On retrouvera donc à nouveau avec beaucoup de bonheur la bande samedi 10 octobre au Jardin Moderne pour un festin musical aussi généreux que foutraque. Cinq groupes seront au menu à partir de 20h30 allant de la chanson déglinguée à la front wave décalée en passant par le free-rock inclassable. Vos tympans vont déguster.
On démarre avec un de nos chouchous de la soirée. Le Cercle des Mallissimalistes a en effet sorti en mai dernier Bélibaste de Cocagne – Le Moire, un formidable second EP grâce aux efforts conjugués de trois labels épatants : Kythibong, Les Potagers Natures, Et Mon Cul C’est Du Tofu ?. En deux long morceaux, les lascars y font une impressionnante démonstration de rock frondeur et hanté. Le quatuor s’affiche malicieusement comme l’héritier d’un mouvement musical fantasmagorique : le mallissimallisme. L’art mallissimal aurait été fondé « au début des années 70 par de jeunes compositeurs européens fortement influencés par le travail de Tachesky, Hugsky et Koustov. Ces musiciens autodidactes russes se sont intéressés aux anciens rites sacrés des peuplades sibériennes et plus tard aux textures électriques brutes« . Vrai ou pas, peu importe, le principal étant la fougue et la talent avec lequel ce quatuor brode une musique tendue et envoutante qui grince là où ça fait du bien. Nous sommes donc tout à fait fébriles à l’idée d’enfin savourer en live une aussi singulière sauvagerie.
L’autre groupe que nous attendons de pied ferme, c’est Infecticide. Leur album Chansons tristes sorti en 2014 chez Da ! Heard It Records nous avait bien tapé dans l’oreille avec leur front-wave bien punk sur les bords et franchement déconnante. Leur art de mélanger froideur des rythmiques et des synthés, une certaine grandiloquence et un humour noir assez croustillant se révèle très réjouissant. La pelletée de clips assez croquignolets illustrant leurs épatants Mourir, c’est nul, Bagarre Générale ou Babybelle avait achevé de nous rendre la bande plus que sympathique. Ajoutez à ça que sur scène, les lascars se produisent parés de somptueux costumes croisant de façon improbable la garde-robe de Devo à celle de Klaus Nomi et qu’ils sont des experts en chorégraphies spectaculaires et vous obtenez un groupe immanquable qui fait la démonstration qu’on peut rire en pleurant et inversement.
Le plus inclassable des groupes de la soirée sera Condor. Suivant les sources, le groupe viendrait des Pays-Bas ou de Belgique et sa musique est un incroyable mélange de cumbia, de new-beat, de musiques psychédéliques, de dub, d’acid house.. bref un combo pas facile à coller dans une case. Groupe cosmopolite revendiquant ouvertement piocher des influences de partout et d’ailleurs, la bande existe depuis le début des années 90 et revient après avoir marqué une longue pause suite à la désertion dans une secte de deux de ses membres lors d’une tournée en Amérique du Sud (!). Avec tout ça, on ne sait pas vraiment à quoi s’attendre mais on subodore un grand moment de jubilatoire barjerie.
Autre groupe qui devrait tout déchirer en live, Deux Boules Vanilles est un étonnant duo composé de deux batteurs. Loup gangloff et Frederic Mancini ont bricolé eux même leurs deux batteries pour pouvoir déclencher à loisir une foule de samples et de sons synthétiques. Le tout donne une musique joyeuse et étrange, tribale et bubblegum qui devrait enflammer le Jardin Moderne dans un tourbillon rythmique bigarré et irrésistible.
On termine enfin en toute logique par le début, puisque c’est Krinator qui aura le redoutable honneur d’ouvrir ce bal absolument pas tragique. L’échappée solo de cette membre des bouillonnants Headwar et du duo Les Morts Vont Bien, s’avère encore plus bizarroïde que ses deux autres groupes. Sa musique à base de synthés déglingués, de cassette de films d’horreur et de voix à l’hélium pourrait être la bande-son parfaite des recoins les plus flippants de l’enfance. Un démarrage hautement zarbi donc pour une soirée qui s’annonce comme la plus belle et la plus pétillante dinguerie musicale à laquelle vous pourrez assister cette année.
Samedi 10 octobre – Jardin Moderne, 11 rue du Manoir de Servigné, Rennes – 20h30 – 10€
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