Un savant mélange des genres et une créativité sans bornes : voilà comment on pourrait caractériser cette soirée du samedi 03 octobre au Festival du Grand Soufflet : entre un combo accordéon-kreizh breizh-human beatbox avec Lionel Suarez et Krismenn & Alem, un savant cocktail accordéon-mix-vidéo-flamenco-percus sous la baguette d’Electro Rumbaiao, et un mix punchy électro-humour-accordéon via FlaSSh. Décoiffant ! 

Les bluffants Suarez-Krismenn-Alem

La proposition pourrait hérisser le poil de plus d’un puriste. Et pourtant, ce soir, on a découvert un trio tout à fait étonnant et exceptionnel. D’un côté, il y a Krismenn & Alem, duo surprenant entre kan an diskan, technique de chant bretonne particulière, et beatbox, pratique musicale tout aussi particulière. La rencontre des deux ouvrait déjà des horizons assez peu orthodoxes. Ajoutez-y la dextérité accordéonesque de Lionel Suarez, parrain de cette 20è édition du Grand Soufflet, et vous aurez là les ingrédients d’un concert plus que stupéfiant.

Stupéfiant parce que ce mélange des genres est subtilement réussi. Au duo diskan/beatbox qui se connait depuis quelques temps, l’accordéon se mêle et s’entremêle de façon tout à fait naturelle. Le trio s’écoute, s’attend, se suit, s’oppose, le tout avec le sourire. Comme si cette performance musicale était une pratique de longue date. Or, on a appris de source sûre que ces trois artistes se sont rencontrés et ont commencé à travailler ensemble il y a seulement trois jours… On est reste béat(e)s d’admiration. Car ce qui s’est passé sous nos yeux et dans la salle relève de l’incroyable. Non seulement j’ai dodeliné de la tête et tapoté du pied sur un plinn (alors que je suis farouchement allergique à tout ce qui s’apparente de près ou de loin à de la musique bretonne) mais c’est tout un chapiteau qui s’est mis à danser pour satisfaire le rêve inavoué de Lionel Suarez de jouer, une fois dans sa vie, dans un fest-noz (à la demande express de Krismenn)…

Moments étonnants, entre énergie endiablée d’Alem, vrai super héros du beatbox, et virtuosité de Lionel Suarez à l’accordéon. Pour un peu, en fermant les yeux, et en se laissant porter par cette alternance de bruitages et de notes accordéonesques, on se croirait projeté(e)s dans un cartoon, ne sachant pas qui poursuit qui…

Une performance bluffante assurément, comme seul le Grand Soufflet sait en proposer. Bravo !

Diaporama des photos du concert

Electro Rumbaiao ou comment faire grimper la température sous le chapiteau ! 

Voilà un collectif qui se joue des traditions ! Non seulement il est le fruit d’un savant mélange des genres mais qui plus est, les artistes se présentent en blancs de travail lumineux en traversant le public avant de monter sur scène…

Electro Rumbaiao, c’est la somme d’individus prêts à en découdre festivement parlant sous le chapiteau. DJ Panko, le maître-orchestre qui n’en est pas là à sa première expérience fusion, est rejoint dans cette aventure par Alan Sousa, percussioniste brésilien, par Kumar “Sublevao Beat”, un chanteur-danseur-percussioniste cubain explosif, par Anatol Eremciuc, roi de l’accordéon moldave et par Andre Cruz, aka Vj Mongo, en charge des visuels. Ajoutez le charme de la chanteuse de flamenco Izä et le tour est joué !

En dix chansons, ce collectif prouve combien leur mélange des genres fonctionne. Voilà un bien joli mix entre voix flamenca et danse, énergie délirante et genoux en caoutchouc de Kumar, mix vidéo, percus brésilienne et accordéon. Ce dernier n’est en rien placardé sur le reste comme cela peut être le cas de certaines propositions qu’il nous est parfois arrivé de voir. Ici l’accordéon fait partie prenante du tout et est parfaitement intégré à la partition.

Il règne une envie de dépenser de l’énergie et de s’amuser assez suréaliste, qui donne même parfois le tournis, tant les protagonistes du collectif remuent sur scène ! un vrai shaker musical et chorégraphique face à un chapiteau, curieusement peu plein ce soir, mais qui ne ménage pas sa peine pour répondre aux artistes…

Et quand arrive ce morceau incarnant la passion flamenco revue et corrigée, et qu’une prof de danse flamenco fort connue sur Rennes monte sur scène, on peut alors dire sans crainte que le pari d’Electro Rumbaiao est réussi. Tout comme celui du Grand Soufflet !

Diaporama des photos du concert

Le mystère FlaSSh

Et d’un seul coup, alors que le chapiteau était assez peu rempli pour une telle soirée, une ruée se fait aux abords de la scène quand les deux DJ bruxellois débarquent. Et même les artistes compatriotes de la veille, The Summer Rebellion pour ne pas les citer, sont présents parmi le public.

Et c’est une drôle de partition qui débute sous nos yeux et dans nos oreilles. Assurément, ces deux belges ne se prennent pas au sérieux. Quand l’un saisit l’accordéon, l’autre pratique le clavier façon mystique aigüe. Le public est aussi invité à chanter des « ah ah » tout en répondant à cette étrange question : « Est-ce que vous êtes bien mis ? »

Ca saute, ça dodeline, ça groove… Pas de doute, le chapiteau n’est pas prêt de se coucher ! Contrairement à nous, qui laissons ces joyeux drilles finir entre eux cette soirée décoiffante…

Retrouvez toutes les informations sur le Festival Grand Soufflet : http://www.legrandsoufflet.fr/