Concerts pour les plus grands, garderie gratuite pour les minots, gâteaux pour tout le monde : l’Instant Thé revient ce dimanche 29 janvier après-midi à l’Antipode MJC, en partenariat avec les Tombées de la nuit. Au programme, les concerts de Lambchop et Liev, en plus du thé, du café et des gâteaux…
Depuis plusieurs années, l’Antipode MJC aime expérimenter de nouvelles formes d’accueil et d’interaction avec le public. Fondus du concept et nouveaux curieux se retrouvent ainsi quelques dimanches par an pour L’Instant Thé, après-midi gourmand et convivial autour de gâteaux, de thés et de concerts. Ce dimanche 29 février, c’est avec les Tombées de la Nuit que l’Antipode MJC s’associe pour nous proposer deux concerts dans la salle de l’Antipode. D’une part, des Américains dont l’élégance est l’exacte opposée de celle de leur président : Lambchop. Et juste avant une jeune pousse prometteuse : Liev.
Lambchop
Depuis près de 25 ans, le chanteur guitariste Kurt Wagner et son groupe Lambchop réinventent à l’envie une country alternative sans œillère. Jusqu’à la reprogrammer carrément avec leur dernier album en date, le surprenant Flotus, paru à l’automne.
La dernière fois qu’on a vu Lambchop sur scène, c’était assis dans l’écrin ouaté du Grand Théâtre de Lorient pour le festival des Indisciplinées. Très affecté après la disparition de son ami Vic Chesnutt en 2009 (le groupe avait notamment joué en 1998 sur The Salesman and Bernadette), Kurt Wagner avait un temps délaissé la musique pour reprendre la peinture. Jusqu’à retrouver le chemin des studios de Nashville pour accoucher de son 11ème album, Mr M (2011), disque de folk sensible et épurée, marquée par de délicats arrangements de cordes.
Sur la scène de Lorient, en 2012, le groupe en avait présenté une version particulièrement classe, avec une coloration légèrement jazz (notamment due au saxophone et à la clarinette), à un volume aussi ouaté que nos fauteuils confortables, mais sans que les morceaux ne perdent à aucun moment leur puissance émotive.
La sortie de Lotus nous a donc pris un tantinet à rebrousse-poil de prime abord. Inspiré par HeCTa, l’un de ses projets récréatifs -entre deux albums de Lambchop- (avec d’autres membres de Lambchop, Scott Martin et Ryan Norris), Kurt Wagner est allé là où on ne l’attendait pas vraiment. Fortement marqué, d’une part, par cette expérience dans HeCTa qui l’a vu se pencher sérieusement sur les musiques électroniques, se poser la question de comment travailler avec la voix et se demander de quelle manière elle pouvait s’intégrer dans un environnement électronique. Particulièrement fasciné, d’autre part, par la production du hip hop (notamment la scène de Los Angeles), même mainstream, mais dont les prods restent téméraires, osées et particulièrement novatrices -tout en concassant tous les genres existants sans œillère (du free jazz à la soul, …)-, Kurt Wagner a complètement revu sa façon de composer.
Jusqu’à présent, le musicien écrivait ses morceaux à la guitare, avec sa (belle) voix (grave) et un enregistreur-cassette. Mais sa découverte des machines et notamment d’une sorte de processeur vocal, qui permet un traitement de la voix en temps réel, a complètement modifié son travail sur ce nouvel album. De son propre aveu, les machines lui ont permis de totalement écarter ses limites techniques de musicien (à la guitare, à la voix) en l’aidant à aller là où il n’aurait jamais pu aller (techniquement, en termes de virtuosité instrumentale ou vocale). Cet album s’est donc progressivement construit avec l’idée de ne pas refaire des choses que Lambchop avait pu faire auparavant mais de creuser dans de nouvelles directions, pour continuer d’expérimenter. « En tant qu’artiste je me dois d’avancer et je crois que si ce que je fais est honnête, avec les bonnes intentions, le public comprendra » confiait ainsi Kurt Wagner à Face Culture.
Ainsi, même si comme sa femme (élue démocrate particulièrement impliquée, pour qui il a composé cet album), on préfère le timbre de sa voix non trafiquée, on doit avouer qu’après l’indigestion immédiate d’autotune et consorts (on n’est vraiment pas friand du procédé), une fois passée la première écoute, on a complètement revu notre jugement initial, alors tout hérissé. On est ainsi revenu avec une réelle curiosité sur ce disque. Qu’on trouve désormais passionnant et particulièrement riche. Qu’il s’agisse des cuivres hantés de The Hustle (épatante pièce de 18 minutes) et de son cor d’harmonie (?)/ piano à la Brandt Brauer Frick, des ambiances éthérées à la James Blake (c’est la voix qui fait ça) d’un Direction of the Can aux accords plaqués tantôt à la Debussy tantôt aux légères colorations jazz du piano de Relatives #2, Flotus nous surprend constamment par l’inventivité de ses arrangements et de sa construction. On est donc immensément curieux de voir comment les Lambchop vont transposer ces nouvelles directions sur scène et de quelle manière ils vont adapter leurs morceaux au live.
On ajoute qu’un groupe qui choisit de faire un clip comme NIV ne peut que davantage forcer notre respect. En effet, plutôt que de travailler sur un clip musical habituel, la réalisatrice Elise Tyler et Kurt Wagner ont préféré parler de ce qui se passe dans leur ville, Nashville : suite à l’explosion des prix dans l’immobilier, de nombreuses familles pauvres ont progressivement été écartées, voire totalement rejetées de la ville, sans solution de repli. « En temps qu’artistes et communicants, on peut leur donner le micro pour leur permettre de raconter leur histoire » explique Elise Tyler. Et c’est donc ce que fait ce clip : il donne la parole à ceux qui ne l’ont pas. On y découvre l’histoire d’Amber et Matt, un couple de Nashville, aidé par l’organisation caritative Open Table Nashville, qui vit sous une tente alors qu’ils attendent la naissance de leur enfant dans les semaines qui viennent.
Liev
Juste avant Lampchop, on sera ravi d’enfin découvrir Liev. Après une jolie captation par Sourdoreille lors du dernier festival des Indisciplinées qui nous avait plutôt bluffé (la demoiselle n’est même pas majeure), on a lamentablement manqué ses passages aux TransMusicales à l’Ubu ou aux Inouïs du Printemps de Bourges il y a quelques jours à peine à l’Antipode MJC. Fort heureusement, la jeune Belge (qui vit en terre lorientaise) assure quatre des premières parties de la tournée des Américains de Lambchop, nous permettant d’enfin l’écouter en chair et en os ce dimanche. Si la jeune femme est encore en train d’affirmer son style, d’affiner ses compositions et de construire son univers, on tient déjà là une jeune pousse particulièrement riche de promesses. Les échos de ses précédentes prestations le confirment. Sur scène, ils sont deux à la guitare, avec un ordinateur qui lance des boucles. Et une jolie présence scénique. A découvrir (enfin !).