C’est tout beau et tout neuf, au Jardin Moderne. Les peintures et réaménagements divers et variés ont été achevés juste avant le début du lancement de Jardin Numérique. En effet, du 1er au 4 février, le Jardin Moderne se transforme en Jardin Numérique, mini-festival autour du numérique alternatif. Ce temps fort vous propose aussi bien de bidouiller vos vieux jouets pour les transformer en instruments de musique que de hurler dans des tuyaux avant de prendre un apéro convivial avec des objets numériques et des créations innovantes en guise d’olives et de cacahouètes… Et ce ne sont que quelques exemples ! En résumé : des ateliers, des démos, des formations, des expositions, des conférences, des tables rondes…
Premier jour ce mercredi avec un après-midi dédié à des ateliers découvertes. Car Jardin Numérique affiche un principe haut et fort : proposer aux publics de participer. Le mot d’ordre « faites le vous-même » en étendard pour défendre la créativité au quotidien, la rencontre, le partage et l’échange de savoirs… Ainsi la manifestation souhaite vraiment s’adresser aussi bien aux personnes totalement débutantes qu’à celles qui sont plus expérimentées, et cela que vous ayez entre 7 et 77 ans… Et ça tombe bien ce mercredi, on croise aussi bien des tout jeunes que de vrais utilisateurs chevronnés du numérique.
On commence la découverte des lieux et des activités proposées avec une grande table autour de laquelle s’affairent petites mains et fers à souder. C’est l’atelier Kits Électroniques.
Kits Electroniques
L’un des intervenants de cet atelier n’est autre que Mitch Altman (le monsieur sur l’affiche, c’est lui!), personnalité incontournable dans le monde du hacking. Il est facile à reconnaître : il a des cheveux de plusieurs couleurs, un badge qui clignote avec son prénom « Mitch » sur la poitrine (qu’on devine home made), mais surtout un immense sourire et une vraie envie de partager ses inventions.
Comme nous l’expliquait Cyril Marchal en interview, Mitch Altman est le co-fondateur de Noisebridge, Hackerspace de San Francisco, où tout le monde est invité à venir pour « fabriquer » des choses, apprendre et partager. Un peu sur le modèle des Circuit Hacking Mondays qu’il organise là-bas et ballade dans le monde entier, Mitch Altman est donc venu apprendre au public rennais que tenir un fer à souder en électronique peut vous ouvrir les portes d’un monde inconnu, celui où l’on peut se fabriquer une télécommande pour éteindre la télé une bonne fois pour toutes (et donc avoir enfin du temps pour autre chose), ou tout autre objet à loupiotes magiques. John Lejeune, dont le réseau élargi a contribué à la venue de Mitch, est aussi de la partie.
Autour d’eux, des adultes, mais aussi des enfants qui ne s’embarrassent pas de la barrière de la langue et conversent avec Mitch Altman, qui pour savoir où souder, qui pour demander où placer sa led… Les grands sont aussi studieux (si ce n’est encore plus !), les yeux rivés sur leur circuit imprimé en essayant d’être précis avec leur fer à souder. « J’adorais ça, à l’école » nous glisse l’une des « apprenties » . Mitch Altman et John Lejeune vont de l’un à l’autre autour de la grande table de bois recouverte de composants électroniques et surtout d’un nombre impressionnant de fers à souder. Et comme l’indique le t-shirt de Mitch Altman, si ça sent le poulet, c’est qu’il y a un problème… Mais cet après-midi, tout le monde est très concentré et les bévues au fer à souder ne se produisent pas.
Chaque participant a choisi son objet parmi les 5 kits à monter proposés par Mitch Altman. Les kids ont automatiquement été vers les leds de toutes les couleurs (euh, eux, la télécommande qui éteint toutes les télés, ils ne comprennent pas trop l’intérêt…). Deux miss toutes jeunes sont carrément enchantées par ce qu’elles ont réussi à réaliser de leurs mains. Quand on leur demande si nous, on pourrait aussi réussir à faire la même chose, elles nous toisent, nous jaugent du regard et concluent « oui, toi aussi, tu pourrais y arriver, c’est facile » … A bon entendeur !
On quitte les lunettes numériques (Trip Glasses), télécommandes universelles (Tv-B-Gone) pour éteindre la télé et autres leds clignotantes, pour se diriger vers Cédric Doutriaux qui propose une démonstration d’une imprimante 3D. Derrière lui, dans le tout nouveau centre de ressources en partie vitré, Juliana de Canal B (Wake up call) enregistre ses émissions et interviewe les intervenants des différents ateliers. Les discussions sont diffusées en direct autour de nous.
Démo Imprimante 3D
Cédric Doutriaux commence par nous expliquer le principe de cette imprimante libre (tout le monde peut en obtenir les plans et la fabriquer chez lui) qui « imprime » en 3 dimensions des modèles inventés et conçus sur l’ordinateur. Reliée à l’ordinateur, l’imprimante exécute les ordres qui lui sont envoyés et crée les objets en 3D. Pour exemple, un sifflet et une roue dentée réalisés avec l’imprimante sont devant nous. La préférence des enfants va aussitôt vers le sifflet. Cédric Doutriaux lance alors la machine mais nous prévient « il faut que ça chauffe…«
Si on a bien retenu le matériau utilisé pour la création de l’objet est un grand fil d’amidon de maïs. Le balai de l’imprimante commence alors sous nos yeux épatés : couche après couche, le sifflet prend forme sous nos yeux. L’avantage de l’outil, nous explique Cédric Doutriaux, c’est qu’on peut imprimer avec « des creux » … C’est à dire qu’on peut laisser un espace de vide dans le sifflet et en même temps « imprimer » la petite boule sans attache qui s’agitera avec notre souffle une fois l’objet fini. On est plutôt impressionné, on doit le dire, et nous ne sommes pas les seuls. Il est assez magique de voir le sifflet devenir un vrai objet en 3 dimensions…
On quitte alors la démonstration pour se rendre dans la salle de concert du Jardin Moderne. Mais aujourd’hui, point de guitares acérées ou de batteries fracassantes. Non une initiation à Arduino.
Initiation et perfectionnement à Arduino
Le contraste est saisissant : la salle de concert a été transformée en gigantesque salle de classe. De grandes rangées de tables de bois derrière lesquelles une bonne quarantaine de personnes sont assises derrière l’écran de leur ordinateur. A côté d’eux, des petites boîtes ouvertes identiques sur lesquelles on lit l’inscription Arduino.
Mais qu’est-ce donc, vous demandez-vous peut-être… Les kits Arduino sont de petites cartes électroniques (et un environnement de programmation dédié) qui, associées à un ordinateur et à votre imagination, peuvent faire clignoter des Leds, piloter une petite tondeuse à panneaux solaires, ou pourquoi pas donner des croquettes à votre chat à heures fixes.
MatV d’Hacknowledge, intervenant durant cette initiation/perfectionnement, nous avait expliqué en interview : « Arduino a été élaboré pour débuter l’électronique numérique avec un maximum de simplicité. Fini les centaines de pages de documentation à lire avant de se lancer. Arduino est fourni avec des centaines d’exemples simples, compréhensibles et open source. La plupart du temps il est possible de réaliser ce que l’on souhaite en partant de ces exemples, en les combinant, les modifiant, les compliquant si nécessaire. C’est ça la force du libre : réutiliser, modifier, et si possible reproposer ces améliorations. »
Et bien autant vous dire après avoir vu l’atelier fonctionner, que le kit Arduino a du succès. Derrière chaque table, tout le monde a l’air passionné.
On tend l’oreille et on entend quelques termes échangés entre les participants auxquels on doit l’avouer, on ne comprend vraiment rien. Pourtant, nous explique l’un des participants, lui n’y connaissait pas grand chose avant de venir. Cyril Marchal nous l’avait expliqué en interview, ce sont tout aussi bien des initiations pour le grand public qu’un perfectionnement pour des « experts » qui « ont déjà leur projet » et qui viennent le finaliser lors de cet atelier.
On demande timidement : « Mais vous avez besoin de taper beaucoup de codes ? » (on a entendu le mot, on sait pas trop ce que c’est, cela dit…). On nous répond par la négative et que tout ça reste assez facile d’accès. D’ailleurs certains ont déjà commencé à agréger plusieurs kits les uns aux autres… Au premier rang, une sorte de mini haut-parleur se met à vrombir : le programme a réussi. Plus loin derrière, deux participants sont dans l’attente d’un message de l’ordinateur voisin, qui apparemment, tarde à arriver… On s’éclipse sur la pointe des pieds pour ne pas déranger davantage les participants passionnés, assez impressionné par l’ambiance qui règne dans la salle de concert, transformée en atelier-salle de classe géant. Mais pour ceux qui auraient envie d’en savoir un peu plus sur Arduino et cet atelier, voir ici notre interview de MatV de Hacknowledge.org.
Pour les curieux, il reste encore la possibilité d’essayer puisque certains de ces ateliers de Jardin Numérique sont encore proposés tous les jours jusqu’au samedi 4 février de 14 à 20h, au Jardin Moderne (en détail là).
Retrouvez tous nos articles sur Jardin Numérique 2012 ici.
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