Dans le cadre des sessions Route du Rock, cette soirée spéciale Kütu Folk est la première date d’une tournée regroupant trois groupes du label. Cette tournée coïncide avec la triple sortie de leurs nouveaux opus : St Augustine sort son nouvel EP June a Maze ce 26 avril, Hospital Ships (Lonely Twin) et Zak Laughed (Love is in The Carpet) le 02 mai.
Du folk teinté de pop, pour ce label si particulier dans le paysage musical. Nous avions rencontré François-Régis Croisier aka St Augustine lors de son passage au Sambre le mois dernier. Lors de cette interview, il évoque notamment ce nouvel EP, différent de son premier album, Changing Plans. Retour sur un artiste humble et abordable.
Pour commencer, je sais que ce n’est pas évident, mais si tu devais te présenter en quelques mots, que dirais-tu ? Peux-tu nous parler de ton parcours musical ?
J’ai commencé en tant qu’humble guitariste et je me suis mis à faire mes propres chansons à 25 ans passés. Et maintenant je fais un projet qui me ressemble vraiment, qui raconte un peu ma vie, qui est vraiment très personnel.
La question difficile : si tu devais citer 3 disques sans lesquels tu ne pourrais pas vivre ?
J’écoute énormément de musique, donc c’est dur, mais comme ça, au débotté, Odessey and Oracle des Zombies. Ca en fait un, c’est bien… C’est horrible, c’est dur… Je dirais le premier Leonard Cohen et un troisième… C’est horrible, c’est impossible à faire ça… Pet Sounds des Beach Boys. C’est très classique mais j’écoute énormément de disques, il y en a une bonne cinquantaine de vraiment indispensables pour moi.
On sent un lien particulier entre les membres du label Kütu Folk, il y a l’excellent projet Winter & Bonfire, les concerts à la Coopérative de Mai, il y a aussi les participations aux albums de chacun. Est-ce que les autres membres influencent ta façon de composer, ou bien tu composes seul et les autres participent après ?
Ah non, je compose vraiment tout seul, c’est un truc très personnel, c’est moi au piano ou à la guitare, et ensuite je demande parfois des coups de main. Le prochain disque, je l’ai fait entièrement seul, il y a juste un passage chanté par tout le monde, et là effectivement, c’est encore les mêmes, c’est les gens de Pastry Case, de The Delano Orchestra et de Leopold Skin qui sont venus. On retrouve toujours la même clique effectivement.
Est-ce que tu peux nous parler de ton nouvel EP, June a Maze ? En quoi est-il différent de ton album précédent, je pense aux petites touches électro sur User Guide ?
Déjà, j’ai entièrement enregistré tout seul. J’ai joué tous les instruments, batterie, piano, donc c’est peut-être moins pro dans le son, mais c’est vraiment un parti-pris. Et plus minimaliste aussi, beaucoup moins orchestré. Sans parler de concept, c’est 6 chansons qui parlent de la même chose, qui sont vraiment centrée autour d’un même sujet, donc il y a une vraie cohérence qu’il n’y avait peut-être pas sur l’album. C’est peut-être un peu plus dur d’accès, moins pop, moins immédiat que l’album, mais je crois en même temps que ça me ressemble encore plus que l’album.
Est-ce que tu envisages une tournée après la sortie de ton EP ? Et si oui, seul ou avec d’autres musiciens ?
Les deux. Dans le sens où je refais une tournée qui commencera le 29 avril jusqu’à la mi-mai à peu près, où je vais faire un peu des deux. Il y a quelques dates assez importantes, la Coopérative de Mai, le festival les Faveurs de Printemps à Hyères dans le sud de la France, il y a le Brise-Glace à Annecy, donc là je vais jouer en groupe. Et à côté de ça, il y aura pas mal de dates plus « modestes » où je jouerai sûrement tout seul. Pour l’instant, j’ai fait des sets voix-guitare très simples, là je vais essayer de préparer des choses un peu plus compliquées avec des boucles, histoire de présenter quelque chose qui soit vraiment conséquent. En plus je vais tourner avec Hospital Ships, qui est un groupe du label, dont je suis très très fan donc je suis très heureux.
Concernant les dernières signatures sur le label, envisagez-vous de faire des projets ensemble ? Je sais que tu as fait Toothless avec Zak. Est-ce que tu envisages d’autres projets avec d’autres membres ?
Zak, c’est un petit gars que je connais depuis qu’il a 12 ans, donc c’est très naturel pour lui de venir jouer derrière moi. D’ailleurs je suis entrain de remonter un groupe autour de St Augustine, et Zak en fait partie. Il y a le batteur et le bassiste de The Delano Orchestra également. On reste toujours dans la même famille. C’est sûr que pouvoir faire des participations avec les signatures, notamment des groupes étrangers, c’est génial. On a Evening Hymns qui est venu au mois de septembre : ils en ont profité pour enregistrer une chanson à Clermont où Damien de Leopold Skin fait un peu de batterie. Si on pouvait faire ce genre de choses avec Jordan de The Hospital Ships, ce serait génial, parce que si l’on sort leurs disques, c’est avant tout parce qu’on est très très fans. Le fait de tourner avec eux, de faire des choses avec eux, c’est incroyable pour nous.
On voulait savoir aussi où tu en étais avec tes 500 dessins ? (ndlr : June, a Maze sortira dans une version limitée à 500 exemplaires, chaque pochette étant illustrée par un dessin original de François-Régis)
(rires) Alors je pense que je vais avoir un petit coup de stress à la fin mars, dans la mesure où le disque doit être prêt pour le 25 avril, si je ne m’abuses, et j’en ai une centaine seulement pour l’instant. C’est un peu par vague, je peux m’y mettre et en faire une trentaine de suite, ce n’est pas un problème. Le tout est de trouver du temps parce qu’entre la musique, le fait d’avoir une autre vie à côté, ça fait beaucoup de projet à combiner, beaucoup de choses en même temps. Mais j’y arriverai !
Et pour finir, pourquoi ce nom ?
Alors c’est pas du tout glamour. Je jouais dans un groupe où je ne faisais que de la guitare et je n’avais pas forcément l’intention de faire quelque chose des chansons que je composais. J’ai un ami, qui d’ailleurs joue maintenant de la basse avec moi et qui est aussi le bassiste de The Delano Orchestra, qui m’a « forcé » à jouer en me disant (c’était en 2005) : « voilà, le 15 novembre, dans 3 semaines, tu fais un concert ». Et j’ai dit « d’accord ». Il me dit « par contre, il me faut un nom avant ce soir ». Ah ! Et j’ai donc pris ma collection de disques, j’ai pris les disques qui venaient, et je regardais les titres des chansons pour trouver un nom de groupe. J’ai pris un disque d’un groupe qui s’appelle South San Gabriel, un groupe américain, et une des chansons de l’album s’appelait St Augustine. Je ne suis même pas sûr d’avoir réécouté la chanson, mais le titre m’a tout de suite plu et donc je l’ai gardé sans chercher à savoir ce dont il s’agissait. C’était vraiment juste pour la sonorité. C’est pas très classe, mais bon…
Merci. On a une envie à Rennes, c’est de voir le label, enfin les artistes du label se déplacer en grand nombre, pour avoir l’exemple des concerts que vous faites à la Coopérative de Mai. Est-ce qu’un jour on peut espérer vous voir sur Rennes dans une petite salle ?
C’est compliqué. On avait fait des concerts avec cette formule là, mais ça fait déjà un moment qu’on ne l’a pas fait malheureusement. On l’avait fait effectivement à la Coopé, et on l’a fait quand on a eu l’occasion de jouer à Fnac Indétendances, place de l’Hôtel de Ville à Paris, devant quelques milliers de personnes. Là c’est sûr qu’on est 10 sur scène, c’est quelque chose de génial. C’est juste une grosse infrastructure, « ça coûte très cher » de bouger 10 personnes, de devoir les transporter, et c’est dur de trouver des endroits adaptés. On s’est toujours dit qu’il faudrait qu’on fasse une tournée comme ça, mais entre le dire et le faire… Mais on espère vraiment ! Si on peut le faire, on le fera.
Merci beaucoup François-Régis !
C’est moi, merci beaucoup !
Photos : Solène
Pour en savoir plus : le site du label Kütu Folk
Route du Rock session : soirée Kütu Folk Records
Le Dejazey
Vendredi 29 avril, 20h.