La toute jeune Rozi Plain a composé un premier album (Inside Over Here, 2008) qui est aussitôt devenu le disque de chevet de Devendra Banhart, a collaboré avec Frànçois And The Atlas Mountains, This Is The Kit, Sleeping States ou encore Rachael Dadd, a tourné en Europe, aux Etats-Unis et Canada… Et comme si cela ne suffisait pas, elle a aussi créé un label collectif à ses heures perdues, le drôlement nommé Cleaner Records.
En 2012, les très bons Talitres ont décidé de sortir son second album Joined Sometimes Unjoined (le disque sort également ces jours-ci en Angleterre sur le label Fence Records des Ecossais King Creosote et James Yorkston, excusez du peu !) enregistré pour l’essentiel à Brighton avec plein de ses copains, dont certains viennent de ce côté-ci de la Manche. De la folk, intime et délicate, certes. Mais en même temps rieuse et buissonnière, qui rêve de grand air et convoque les mouettes sur la plage.
La musicienne Anglaise sera sur la scène de l’Ubu ce mardi 13 novembre en première partie d’Ewert and the Two Dragons. Fort à parier que dans la salle en forme de tympan, Rozi Plain sera le coquillage sur lequel poser votre oreille pour entendre les flux et reflux d’une folk aussi délicate qu’effrontée. En attendant, rencontre.
Alter1fo : Tu joues à l’Ubu le 13 novembre. Est-ce que tu seras en solo ou accompagnée par d’autres musiciens ?
Rozi Plain : Soit je serai toute seule, soit je serai accompagnée par mon amie Kate Stables (This is the kit) qui chantera avec moi.
Ton premier album Inside over here est sorti en 2008 sur Fence Records, le label de King Creosote. J’ai l’impression que vous partagez le même amour des structures minimalistes et de la simplicité (même si tes arrangements sont vraiment variés, et même parfois surprenants). Est-ce que c’est le cas ?
Oui ! J’aime vraiment les choses simples. J’essaie de ne pas compliquer les choses et je dois probablement faire de même avec ma musique. J’aime les grooves simples et les bons riffs. J’aimerais être capable de jouer un solo de guitare ou quelque chose de ce genre, mais je ne suis pas assez douée pour ça !
Joined sometimes unjoined est sorti en juillet sur Talitres (en France). Quelles étaient tes envies avec ce deuxième album ?
J’étais vraiment contente que Talitres veuille le sortir. Cet album a été long à terminer, et à la fin ça me rendait vraiment nerveuse ! Quand tu entends trop quelque chose, tu ne peux plus l’écouter… Je ne l’ai pas fait écouter à beaucoup de personnes donc j’étais vraiment seule avec ça. C’est seulement maintenant que j’arrive à le voir comme un album. Je m’en sens plus détachée. Je voulais le sortir avec un bon label, en qui j’ai confiance. Il est sorti sur Fence Records en Angleterre, et Talitres en Europe, deux bons labels en qui j’ai confiance. Donc c’est tout bon !
Sur Cold Tap, on peut entendre un marimba (?) Sur d’autres, on remarque des riffs à la guitare qui semblent vraiment inspirés par des rythmes africains. On sait que sur ce second album, tu as notamment travaillé avec François Marry (François & the Atlas Mountain) qui est justement très intéressé par les musiques africaines. Est-ce que cette influence vient de lui ?
Oui, tu as peut être raison, mais c’est difficile de savoir ce qui t’influence vraiment quand tu écoutes des choses. J’aime le côté répétitif et les notes basses et graves dans beaucoup de musiques africaines. Mais oui, quand j’ai écrit Cold Tap c’était un marimba au début, mais sur l’enregistrement c’est un steel pan.
Beaucoup de personnes ont travaillé avec toi sur cet album, (François Marry donc, Kate Stables, Jesse Vernon, Rachael Dadd, Mathieu Hauquier-aka Botibol- ou Markland Starkie). En premier lieu, comment les as-tu rencontrés et pourquoi les as-tu invités sur Joined sometimes unjoined ? Selon toi, qu’est-ce qu’ils ont apporté au disque ?
Toutes ces personnes qui ont joué sur mon album sont des gens avec qui je joue depuis des années, donc d’une certaine façon, ils sont à l’origine de beaucoup de ce que je fais en musique. On a tous joué dans les groupes les uns des autres, enregistré, tourné, vécu ensemble, donc pour moi c’est normal de les avoir avec moi sur mon album. J’ai rencontré Kate à Winchester, ma ville natale, donc on est amies depuis des années. J’ai connu les autres à Bristol, où j’ai vécu pendant 7 ans. Il y a une très bonne scène musicale là-bas, où tout le monde s’entraide. J’aime tout ce qu’ils font en tant que musiciens. Ils ont amené tellement de bonnes vibrations et d’énergie à mon album!
Tu as enregistré l’album en studio (Toybox à Bristol pour l’essentiel). Est-ce que tu peux nous en dire plus sur l’enregistrement ?
Oui ! Le premier album a principalement été enregistré dans des maisons et des salles de bains. Mon frère l’a enregistré et mixé dans sa chambre à Bristol. C’était vraiment bien comme façon de faire, par ajouts, bout par bout… On était assis dans sa chambre, et tout à coup on courrait dans la salle de bain pour ajouter un sifflement ou des percussions. On avait l’avantage d’avoir du temps. On y a passé un mois tous les jours. Mais pour cet album, je voulais qu’il soit prêt avant d’aller l’enregistrer en studio et de ressortir avec un produit fini. Mais en fait, je n’étais pas assez prête quand nous sommes allés en studio. Je trouvais qu’il manquait des textures. Donc on a fini par travailler en dehors du studio, en ajoutant des petites touches jusqu’à ce que je sois contente du résultat. C’était un bon apprentissage, mais maintenant j’en sais plus sur ce que je voudrais faire la prochaine fois, sur comment ça devra sonner et sur comment enregistrer dans les meilleures conditions pour moi.
On aime beaucoup que ton album sonne comme si nous étions dans la même pièce que toi et les musiciens. Comme s’il y avait une fenêtre derrière nous par laquelle on entend des sifflements d’oiseaux… Est-ce que c’est un choix ? Tu voulais cette proximité ?
Oui, j’aime ce sentiment de proximité. J’aime que l’album soit accueillant, qu’on s’y sente bien. Je ne veux pas que ce soit intimidant. J’aimerais qu’en mettant le disque, les gens ressentent une bonne vibration.
Comment est-ce que tu composes ?
Hum… Je n’ai pas vraiment de méthode, je ne sais pas vraiment comment ça marche. Je prends beaucoup de notes. Je fredonne souvent en m’enregistrant sur mon téléphone. Je joue beaucoup de guitare. Mais surtout, quand une chanson vient, elle surgit d’un coup et tout se passe très vite.
Est-ce que tu peux nous en dire un peu plus sur la pochette. On dirait une pièce de dentelle et en même temps, de loin, on dirait un coquillage. Qui l’a réalisée et pourquoi l’as tu choisie ?
L’image sur la pochette est un morceau de dentelle que m’a donnée mon amie Lou. J’aimais bien ce que ça donnait comme ça en gros. L’écriture est celle de mon neveu de sept ans. Il a vraiment une très belle écriture. Le découpage sur le dos de l’album a été fait par mon ami Pete… Il essayait de faire un flocon de neige rond, et il a fini par être carré ! Il ne sait pas comment. Ce sont juste des choses faites par mes amis.
Tu as fondé le label Cleaner Records. Est-ce que tu peux nous en parler ?
Cleaner Records était une idée de mon frère Sam, à Winchester. Je crois qu’à ce moment là, on jouait tous de la musique et on travaillait tous dans le nettoyage ! Donc mon frère a dit appelons nous Cleaner Records. C’était juste une façon pour nous de pouvoir produire notre propre musique. C’est bien d’avoir un nom derrière quelque chose. On sortait principalement des CDs de notre propre musique : Romanhead, Greg Ashby, This is the kit, Rachael Dadd, Binmouth Rozi Plain. On produisait aussi nos concerts.
Trois disques sans lesquels tu ne pourrais pas vivre ?
The Hamilton Yarns- The Show Boat Over
Captain Beefheart – Safe As Milk
Babe – je ne sais pas encore le nom de l’album car il n’est pas encore sorti !
Pour finir : après ce concert à Rennes, quels sont tes projets ?
J’attends d’enregistrer de nouveau. Il y a plein de choses sur lesquelles j’ai vraiment hâte de travailler ! Mais sinon j’ai plein de concerts prévus. Je suis très occupée par la tournée, en ce moment et l’année prochaine, donc j’espère que ça continuera. Je joue aussi dans This is The Kit, donc on on va jouer beaucoup l’année prochaine, et c’est super !
Merci !!
Traduction : Caro
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Rozi Plain sera en concert à l’Ubu (1, rue st Hélier – Rennes) le mardi 13 novembre à partir de 20h30 avec Ewert and the Two Dragons.
Tarifs : 4€/9€/11€/13€
Le site de Rozi Plain : http://roziplain.co.uk/
Le site de l’Ubu : http://www.ubu-rennes.com/