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On rit… d’un rire gras certes mais tellement jubilatoire ! On rit parce que ces mini-saynètes issues du blog « Hubert le Hobbit » racontent dans un style proche du vaudeville l’actualité politico-culturo-immobilio rennaise à travers ses 4 personnages principaux : Nathalie la Taloche, Sébastien le Margoulin, Didier le Dindon et Hubert le Hobbit. Bien sûr, tout le monde aura reconnu ici les caricatures respectives de Nathalie Appéré, Sébastien Sémeril (premier adjoint), Didier le Bougeant (adjoint en charge des quartiers Centre et Sud-Gare), et Hubert Chardonnet (en charge de la sécurité et du personnel).
Comique de caractère, comique de situation, l’auteur ridiculise allègrement leurs ambitions personnelles (vive le cumul des mandats) et leurs visions de ce nouveau « Renéville Rennes en devenir ». Comme dirait l’autre : « hashtag #rennes2030 ou #rennesquonaime ».
Sans pitié, tout le microcosme de la « Rennes créative et solidaire » en prend pour son grade. De la French Tech à Ouest-France en passant par la fabrique citoyenne sans oublier le futur centre des congrès, symbole idolâtré d’un centre-ville prédestiné aux plus riches et sur lequel certains promoteurs immobiliers ont la main mise. Les événements culturels ne sont pas en reste. L’auteur aime égratigner tout ce qui fait religion dans le calendrier rennais à commencer par le festival Mythos, les vernissages, petit doigt levé, d’exposition d’art contemporain ou bien les soirées Crab Cake… Bref, à ce rythme-là, « Transat en Ville » a du souci à se faire.
Ce blog tenu par on–ne-sait-pas-qui fait déjà grincer des dents. On nous rapporte même que certains élus tentent d’en savoir un peu plus afin de connaître la source. Nous, nous avons bien notre petite idée mais garder le mystère semble bien plus passionnant que de tout dévoiler.
Malgré tout, nous voulions en savoir un peu plus. Nous avons donc tenté une approche « journalistique ». Manque de chance, nous n’obtiendrons pas véritablement les réponses espérées à nos questions : l’auteur du site a préféré botter en touche avec une jolie pirouette… à moins qu’il ne soit complètement schizophrène ! L’essentiel reste finalement de ne pas se prendre au sérieux et surtout de prendre le parti d’en rire… Le seul parti d’ailleurs qui risque de ne jamais nous décevoir. Au contraire de celui des sokialistes…
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► Alter1fo : Pour celles et ceux qui ne connaîtraient pas encore votre blog, comment pourriez-vous le présenter ?
Hubert le Hobbit : Il s’agit d’un blog connecté du numérique sur lequel je raconte certains épisodes croustillants de ma carrière de shérif à Renéville. Je suis seul à le gérer (d’où le nom que je lui ai donné : « Les aventures de Hubert le Hobbit ») ; mais comme vous l’aurez compris en le lisant, Nathalie la Taloche, Sébastien le Margoulin et Didier le Dindon m’aident malgré eux à en écrire les invraisemblables aventures.
► « Hubert le Hobbit » c’est la caricature d’Hubert Chardonnet, le monsieur sécurité, le monsieur RenCitéZen. vous ne l’aimez pas trop, on dirait ?
Ce sont les autres qui ne m’aiment pas, car ils me trouvent trop petit (comme si le pouvoir et la gloire avaient quelque chose à voir avec la taille) ! D’où ce surnom ridicule de « Hubert le Hobbit » que je tiens du collège, mais que me donnaient aussi mes camarades maoïstes, du temps où je… Mais c’est une autre histoire. Las ! Faisant force de ma faiblesse, j’ai décidé de transformer ce sobriquet en nom de scène, afin de prendre mes détracteurs à revers, mais aussi afin de faire du pied aux producteurs de films à gros budget (et notamment à Peter Jackson et à J. R. R. Tolkien), car j’espère bien adapter mes aventures au cinéma.
► Dans un épisode, vous faites dire à Sébastien Sémeril : « Je vois un Centre des Congrès d’Affaires du Business de l’Entreprise, des limousines noires et blanches qui sillonnent les rues, les entreprises du CAC40 ». Bref, vous dénoncez tout ce qui se trame avec ces grands travaux pouvant se résumer par le hasthag #rennes2030. Qu’est-ce qui vous déplaît principalement ?
Au contraire ! Sébastien le Margoulin a raison. Nous avons tout lieu de nous réjouir de ces travaux très-dispendieux pour les Renés et les Renéses et qui vont faire affluer plein de riches à Renéville, tout en accélérant notre compékikivité à l’international de l’Europe. Il faut vraiment avoir un clafoutis aux poils à la place de la moustache pour ne pas voir que le luxe et le numérique sont la solution miracle à tous nos problèmes du moment (et notamment aux problèmes sociaux qui nous accablaient, car tandis que les riches et les start-up du boost viendront s’installer à Renéville, les pauvres qui n’innovent pas pourront aller se faire voir ailleurs).
► Actualité oblige, Starbucks ne semble pas vouloir s’installer à Rennes. Qu’en pensez-vous ?
Ce n’est pas parce que, pour une simple histoire de match de l’Euro 2016, le franchisé et l’enseigne n’ont pas réussi à se mettre d’accord que la bataille est perdue. N’oubliez pas que Starbucks était l’un des principaux sponsors de nos « Assises du centre-ville », organisées la semaine dernière au Liberté par l’association « Centre-ville en mouvement » (de quoi offusquer encore les participants au mouvement contre la loi « travail », héhé). Et grâce au grand Centre-Ville Dating qui s’y est tenu, plein d’élus rené ont pu rencontrer plein d’enseignes et de franchises, qui rejoindront bientôt notre cœur de ville, « premier centre commercial de Bretagne », et viendront booster notre akractivité – avec ou sans le père Starbucks !
► François-Régis Hutin, Samuel Nohra…bref, Ouest-France n’est pas épargné. En lisant toutes vos saynètes, on comprend rapidement que vous dénoncez une certaine complaisance du journal à travers d’articles « favorables et bienveillants » vis à vis des travaux dirigés par certains promoteurs immobiliers…
Et alors ? Ce n’est pas parce que nous vitupérons sans arrêt contre les idées de Karl Marx et de Pierre Bourdieu que nous pensons qu’ils ont tort – bien au contraire. Il nous paraît tout naturel que ceux qui ont les mêmes intérêts s’allient (comme c’est les cas des différents acteurs que vous dites : groupes immobiliers, élus, grands quotidiens régionaux), et luttent ensemble contre leurs ennemis communs. Et ceci est d’autant plus vrai à l’occasion d’un mouvement social, lorsque ces idées ressurgissent avec une force redoublée chez nos opposants politiques, et que nous devons tout mettre en œuvre pour les discréditer, afin de garder la main sur la chose publique (cela ne vous aura pas échappé sans doute, ces dernières semaines, à la lecture de Fouette-Rance). Vous me trouvez cynique ? C’est pourtant de bonne guerre. N’oubliez pas ce que disait ce vieux milliardaire américain 1 : il y a bel et bien une guerre des classes ; mais c’est notre classe, la classe des riches qui la mène aujourd’hui et qui est en train de la gagner.
► Le Coworking et la French Tech ne trouvent pas grâce à vos yeux. Pourtant, les nouvelles technologies sont souvent prises en exemple comme réponse à la crise actuelle par nos politiques, de tout bord d’ailleurs, locaux et nationaux. Le travail V2.0, ce n’est pas votre truc ?
Vous avez mal compris mes propos. En vérité, je suis un fervent adepte de la création connectée et de l’innovation du développement (regardez par exemple mes lunettes frétillantes de la French Tech, ainsi que mon blog). Car ces nouvelles technologies de la pépinière vont permettre de créer plein de rayonnements et de faire monter les loyers et les impôts locaux grâce aux investisseurs du talent. Quant à tous ceux que cette nouvelle économie 2.0 laisserait sur le carreau (car on ne crée pas un emploi très-qualifié sans faire disparaître plein d’emplois sous-qualifiés), je ne me préoccupe pas de savoir ce qu’ils deviendront – ils n’avaient qu’à innover davantage.
► Vous n’avez pas peur d’être taxer de réfractaire « à la modernité » ou de conservatisme ?
Conservatisme ? Réfractaire à la « modernité » ? Alors que nous sommes à la pointe des progrès, et que nous avons fait tout ce que le gouvernement nous avait demandé de faire (lui qui a fait tout ce que le patronat lui avait demandé de faire (celui-ci ayant fait tout ce que les actionnaires lui avaient demandé de faire (et ces derniers tout ce que les banques leur avaient demandé de faire))) ?
► Le fait que Le Mensuel de Rennes cherche à savoir qui se cache derrière le blog, un microcosme rennais aussi (nous y compris)… cela vous fait réagir ? Est-ce difficile de garder votre anonymat. D’ailleurs, souhaitez vous le gardez ?
Je ne me suis jamais caché pour dire ce que j’avais à dire. En l’occurrence, ce n’est qu’à la faveur de ma petite taille que mon visage n’apparaît pas sur la bande-annonce de mes Aventures.
► Si nous devions nous rencontrer, j’ai tendance à vous imaginer accoudé à un zinc d’un bistrot comme le Ty Anna, le Panama ou le Chat bavard plutôt qu’au bar VIP de Mythos ou à la terrasse du Mabilais…
Tout dépend de l’heure. Vous savez comme moi que la chair est faible. Quand je souhaite me livrer à mes vices, j’enfile une cape et un masque et, tel un empereur romain, je me dirige en effet vers ces lieux de perdition (à la fois infâmes et sublimes) que sont la rue Saint-Michel et la place Sainte-Anne, ou le quartier de la gare (où je retrouve chaque soir ce fieffé jouisseur de Didier le Dindon) – mais chut ! n’en dites pas un mot à Nathalie la Taloche.
► Si dans un communiqué de Place à défendre en avril 2016, je retrouve le terme « hobbit » concernant Hubert Chardonnet, si l’on repense au fait que ce dernier voulait porter plainte contre ce ledit collectif, puis-je faire rapidement le lien entre ce blog et ce collectif ou est-ce un raccourci de ma part ?
Les journalistes sont incorrigibles ! Chacun d’entre vous veut proposer sa petite hypothèse sur mon identité, pour montrer à ses amis et à ses concurrents qu’il est plus malin que les autres : un jour mes aventures auraient été dictées par des militants d’EELV, à en croire Le Mensuel de Rennes ; un autre jour par le collectif Place à défendre. Et demain ? Par le Parti de gauche ? Par l’Armée de Dumbledore à Rennes 2 ? Par l’Institut de démobilisation ? Par le collectif Prairies libres ? Par Jacques Cheminade et Solidarité & Progrès ? Et pourquoi pas par un rédacteur rennais d’Alter1fo qui voudrait brouiller les pistes ? Passez votre vie à récolter des indices si vous voulez, et revenez me voir… En vérité vous n’avez rien compris. Mes aventures ne sont pas une devinette. Et s’il est vrai que certains esprits archaïques se moquent parfois ouvertement de moi et de mes amis, sachez que je sais rire aussi de moi-même (ce dont seraient bien incapables tous ces charlots que vous désignez à ma place).
► Savez-vous si les intéressés principaux et la municipalité ont eu écho de votre blog ?
En public, mes camarades sokialistes font comme s’ils se désintéressaient complètement de ma vie privée et de mes lubies (qu’il s’agisse de ma collection de becs de poulets ou de mon appétence pour l’écriture littéraire du blog). Mais je suis sûr que, le soir, ils me lisent en secret sur leur tablette augmentée, pour rester un peu à la page (car on dit que mes aventures sont devenues la tendance du buzz dans les suites de l’hôtel Balthazar et les futurs wagons 1ère classe de la LéGéVé).
► Pour illustrer l’article, puis-je piocher dans vos images sur le blog ?
Si vous voulez, organisons plutôt une séance photo (à condition toutefois que vous disposiez d’un marchepied, afin que vos lecteurs puissent voir enfin mon visage).
