Houlala la véritable histoire de Ludwig !!

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Il y eut une époque où Ludwig Von 88 était LE groupe de rock français. Je ne vais pas relancer l’éternel débat entre rock Français et rock en France, mais les seuls groupes qui ont réussi à atteindre le grand public (français) sont les groupes qui chantaient (en grande partie) en français. L’heure de gloire des Ludwig se situe donc entre 1987 et 1990. Cette époque est plus connue comme celle du Rock Alternatif. Cela correspondrait (pour les ignares) à la fin du règne de Téléphones et à l’émergence de la Mano Negra.

Ça peut sembler bizarre aujourd’hui mais tout le monde connaissait et aimait les Ludwig Von 88. Il y avait une sorte d’unanimité, leur musique plaisait à tous sans distinction de classe ou de sexe. Pourquoi Ludwig Von 88 et pas les Bérus ? Les deux groupes sont proches et même étonnement proches. Les membres des 2 groupes ont joué ensemble. Ils seront sur le même label et musicalement ils font un punk presque Oi! soutenu par une boite à rythme donnant une légère coloration industrielle. On pourrait dire que Ludwig et les bérus sont le Ying et le Yang d’un même cercle. Quand les Bérus mêlent politique, rock et déconne, les Ludwig font de la déconne dans du rock avec un soupçon de politique. Mais les Bérus sont du côté noir de la force et finissent par passer pour des gens un peu trop sérieux. Une qualité que l’on ne peut reprocher aux Ludwig. Ils seront donc le groupe phare de la fin des années 80 avant l’explosion de la Mano Negra, plus lisse (post Puta’s Fever) et d’Elmer Food Beat plus grivois. Mais à la fin des années 80, le rock alternatif vit ses dernières heures et quand arriveront les années 90, il ne restera plus que nos Noirs Désirs à pleurer.

<i>Loran Béru, Olaf Ludwig, François Béru, Laurent Manet</i>
Loran Béru, Olaf Ludwig, François Béru, Laurent Manet

Comme les chats, Ludwig Von 88 a connu plusieurs vies. La première débute en 1983 quand Laurent Manet et Olaf « Lobotomie » transfuges des Bérus décident de monter un groupe pour tuer l’ennui. Un gros travail de négociation est effectué pour convaincre Fabrice de s’occuper du micro tandis qu’un autre Laurent (Portes, futur Flitox) occupe la place de 2ème guitariste. C’est l’époque pré-alternative, où il n’existe rien pour la musique. C’est la grande époque des squats : « Pali-Kao » « l’usine » à Montreuil, « les Cascades ». La future scène alternative se cherche et commence à s’organiser. Les autonomes et les libertaires de tout poil montent des labels et des services d’ordre pour protéger les groupes et le public des dérives nationalistes d’une certaine frange skin, dont l’unique préoccupation est la baston. De cette époque, sous l’impulsion d’Olaf sont nés des textes plus sombres où il semble marqué par son passage par l’armée. Un morceau comme « Marche » en est l’archétype.

« Marche au pas à l’école, marche au pas à l’armée, marche au pas en colonne, marche au pas cadencé ! »

En 1984, Bruno Garcia (futur Sergent) remplace Laurent Portes à la guitare et Karim Berrouka devient le 2ème chanteur. Le groupe n’a pas de batteur et utilise une boite à rythme. C’est plus économique, ça va dans le coffre de la voiture et surtout ça ne parle pas pendant les morceaux. L’identité du groupe se forge vraiment à ce moment là. La basse omniprésente et la guitare abrasive contrecarrent le côté léger et enfantin des paroles. Ludwig naviguera toujours entre ces 2 pôles. Mi sérieux mi déconnade. Quand le groupe enregistre enfin son 1er 45T, c’en est trop pour Olaf qui refuse toute compromission commerciale et qui claque la porte. Le groupe va trouver ainsi un certain équilibre. C’est la formation classique à 4, celle qui nous intéresse, celle des 2 premiers albums, considérée depuis comme l’age d’or des Ludwig.

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Et c’est cette histoire que nous raconte Laurent Manet (Laurent Ex-Laurent pour mieux brouiller les pistes ..) dans son livre. Un livre drôle et fin mais hors norme, aussi bien dans le fond que dans la forme. En effet, le livre est construit à l’aide de montages photos sur lesquels Laurent dessine son histoire. On a donc un mélange tout à fait original entre le roman photo et la BD. Sur le fond, l’histoire de Ludwig est racontée avec philosophie et humour. Les personnages vont et viennent et on croise au détour des pages un bon nombre d’acteurs de la scène alternative. Mais attention, il faut faire le tri. Tous les noms sont remplacés par des pseudos autrement plus drôles que les vrais. Par exemple les Bérus deviennent les Bévues et ce qui débute comme une blague devient un jeu de piste afin de retrouver tous les noms manquants. Du coup, le livre qui se lit en 20/25 minutes devient de plus en plus passionnant au fur et à mesure des lectures. Il y a toujours quelque chose de nouveau à découvrir. L’histoire se termine quand Laurent et Fabrice décident de quitter Ludwig en 1988 après la sortie du 2ème album.

L’histoire de Ludwig, elle, ne s’arrête pas là. La basse sera reprise par François Gondry qui fondera dans la foulée la célèbre enseigne de T-Shirt Rock, le Goéland. C’est la grande époque des Maxi 45T, avec « New Orleans », « Sprint » ou « LSD For Ethiopie ». Mais le Goéland deviendra rapidement trop lourd à gérer en même temps que le groupe ce qui force le départ de François. C’est finalement Charlu rescapé des « Nuclear Device » qui vient compléter l’équipe. Malheureusement les disques deviennent de moins en moins bons au fil du temps. « Tout pour le Trash » est le dernier Grand album du groupe. Ensuite ce sera la descente inéluctable. Un « Houla-la » version 3 finira même par sortir, capturant le groupe « Live » qui parcourt l’ensemble de son œuvre. Le résultat est logiquement bon pour un groupe qui vit essentiellement pour la scène. Seul le titre reste bizarre. Il aurait sûrement mieux convenu à « Tout pour le Trash », mais les groupes intéressants font rarement les bons choix et c’est aussi ce qui fait qu’on les aime. Le groupe se sépare définitivement quand Bruno Garcia part faire son Sergent et Karim poursuit sa vie littéraire en se recyclant comme écrivain et en s’occupant de la maison d’édition « la griffe d’encre ».

On vient de le voir, l’histoire des Ludwig est longue et sinueuse. Le Livre de Laurent Manet permet enfin d’éclairer cette période lointaine mais au-delà de l’histoire de Ludwig, il permet aussi de mieux comprendre la naissance du mouvement alternatif et de vivre (enfin !!) la vie d’un groupe de Rock de l’intérieur. Une autre particularité de ce livre, c’est l’anti-promotion dont il est l’objet. Comme je l’ai expliqué, tout est fait pour brouiller les pistes au point où, le titre ne mentionne pas le nom du groupe, l’auteur utilise un pseudo et enfin … le meilleur pour la fin, le livre n’est absolument pas distribué. Alors pour se procurer cette merveille, il n’y aura pas d’autre solution que de contacter Laurent sur l’une ou l’autre de ses pages….
Ou bien d’aller sur son blog http://laurent-ex-laurent.blogspot.com/ car depuis quelques semaines il y sort périodiquement les planches de son livre. C’est un excellent moyen de se faire une idée de son travail surtout qu’il a ajouté des pistes audio afin d’enrichir le tout !

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Si vous voulez approfondir le sujet, quelques ouvrages sont désormais incontournables. Il s’agit de « Nyark, Nyark » d’Arno Rudeboy basé essentiellement sur des interviews dont une de Karim qui n’est pas très tendre avec son ancien bassiste. Pour les débuts de l’époque alternative, avec l’épisode des squats il faudra se tourner vers « Rebelles » de Rémi Pépin, ancien bassiste de Guernica. Enfin, chez l’éditeur « Rock » Camion Blanc, on peut trouver « Conte cruel de la jeunesse », l’histoire des Bérurier Noir. Tous ces ouvrages sont Hautement recommandables.

La discographie de Ludwig est désormais disponible chez « Crash Disques », le label monté par Marsu après son départ de Bondage (le label historique des Bérurier Noir et de Ludwig), le groupe ayant suivi logiquement leur ancien acolyte.

Liens
http://official.fm/tracks/172524 : Une longue interview de Laurent à propos de son livre.
http://laurent-ex-laurent.blogspot.com/
http://facebook.com/Laurent.ex.Laurent
http://www.myspace.com/exlaurent
http://www.crashdisques.org/-LUDWIG-VON-88-.html
http://www.goeland.fr/
http://www.sergentgarcia.com/
http://www.griffedencre.fr/
http://nyarknyark.fr/

9 commentaires sur “Houlala la véritable histoire de Ludwig !!

  1. Silent

    il semblerait que les dernières copies papier soient dispo par ici : http://www.folkloredelazonemondiale.fr/mailorder/product_info.php?products_id=2244
    ensuite, point de salut !

  2. Tom

    Tout à fait exact, j’avais oublié qu’il était depuis distribué par FZM (le folklore de la zone Mondiale) .. honte à moi. Il me semble que les parisiens peuvent aussi le trouver chez Publico la librairie Anarchiste de la Rue Amelot……

  3. Tom

    La suite de l’article devrait arriver dans les prochains jours avec une interview de Laurent Manet …..

  4. CHESTER.

    A noter qu’un 45 tours vinyl des LV88 est sorti en 2013 avec les titres « Bilbao » et « Un quai de gare ». Des enregistrements qui datent de l’époque où Laurent et Olaf faisaient encore partie du groupe. Dispo auprès de Laurent-ex Laurent. Pochette en noir et blanc, dépliable avec des tofs et du texte, à l’ancienne, et ça l’fait grave ! Tout ça chez Rhéostat Records en collaboration avec Euthanasie et les LV88.

  5. Anonyme

    Merci de ne pas oublier Fabrice et ses textes fantastiques

  6. Anonyme

    Whaou! On ne peut plus clair !

  7. Roulio Iglesias

    Troud’la balle (du fion) baby !!

  8. Loran ++

    Total respect à Loran qui fait twister du 22, du 29 !! Merci amigo, on t’aime !!!!
    Même si il s’incruste comme un gamin dans les concerts des ludwig 😉

  9. Anonyme

    Bon allez, comme quoi y’a pleins d’abrutis partout et c’est bien cool !! https://www.youtube.com/watch?v=GCevrdJLgLg Bin voyons …

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