Gabba Gabba Hey !

LSD6

Si vous vous souvenez bien, j’avais été fortement impressionné en début d’année par le nouveau disque de La Souris Déglinguée, celui qui avait mystérieusement disparu avant son mixage au début des années 80.

Il y a quelques semaines, j’ai appris que le groupe venait au Bacardi à Callac, haut lieu de l’insoumission bretonne.En effet à la fin du 17ème une révolte sévère avait secoué la région en réaction aux hausses des taxes. Cette révolte anti-seigneuriale est plus connu sous le nom de « la révolte des bonnets rouges » ou « la révolte de Torreben » (« Casse lui la tête » dans le code Paysan).

Et c’est dans cette contrée fort hospitalière qu’un festival Punk au doux nom de « Gabba Gabba Hey » avait eu la bonne idée de se monter. L’idée d’associer les Lobotomisés du Bronx (les Ramones) et leur hymne décérébré avec la révolte des « Casse lui la tête » me semblait assez cocasse mais néanmoins lourde de sens.

La soirée semblait alléchante, en plus de mes muridés préférés la tête d’affiche était partagé par les UK Subs, légendes de la scène punk anglaise originelle. Le groupe formé en 1976 va sortir ses premiers disques studios en 1979. L’âge d’or du groupe se situe donc entre 1979 et 1981 ou le groupe va entrer plusieurs fois dans les Charts Anglais avec des singles comme « Stranglehold », « Warhear », « Teenage » ou la reprise survitaminé du délicat « She’s Not There » des Zombies. Vous l’aurez compris, les Uk Subs ne font pas dans la dentelle. Je ne vais pas vous détailler le line-up du groupe car celui ci varie continuellement mis à part l’indéboulonnable Charlie Harper au Chant. Sur scène le groupe est une machine de guerre qui avance comme un rouleau compresseur. Le batteur tape comme un malade sur ses futs et le guitariste, un eurasien à la banane démesurée, s’amuse devant son double mur de Marshalls. Et pour finir Charlie Harper qui soigne son organe à double ration de bière n’a rien perdu de sa puissance.

Bon les Uk Subs était un peu la cerise sur mon gâteau. Je n’avais d’yeux que pour la Souris. Muzo le Saxo n’était pas là et il était remplacé par Manuel Castillo. Cela tombait bien je venais justement de le voir à Paris quelques semaines auparavant pour un concert de « Tio Manuel ». Ce soir c’est la Fraktion Punk de la souris, c’est à dire la souris composé de 2 membres du canal historique (Tai-Luc, Rikko) et 2 Wunderbach (Camboui, Manu). Dès mon arrivé, j’ai pu discuter avec Tai-Luc qui a accepté de répondre très gentiment à mes questions. Ce fut juste après le concert alors que le groupe venait de nous livrer une heure et demie de furie et de Rock And Roll.

LSD2

Les UK Subs sont à l’affiche ce soir avec vous. C’est un groupe que vous appréciez?

Tai-Luc : Oui, c’est sympa de les retrouver ici. On les a déjà croisé trois fois. C’était un groupe important. Tu sais on les a vu en 1ere partie des Ramones en 1980. Ils venaient de sortir « Another Kind Of Blues », et on était plus d’un à trouver qu’ils étaient meilleurs que les Ramones. Ils représentaient le nouveau truc qui venait de Londres. On a acheté leurs disques. Leur 3 premiers albums sont vraiment bon, il faut les avoir. (« Another Kind Of Blues »,  « Brand New Age », « Crash Course »). Ils y en a qui râlent à cause du public, genre « Punks à chien », qu’ils trainent mais eux ils l’ont vraiment vécu. La chanson « I Live In A Car », c’est vrai, ce n’est pas feint.

Concernant ATDO, c’est plutôt une bonne nouvelle de retrouver d’aussi vieilles bandes ? Le texte qui présentait le disque et qui racontait la restauration des bandes est à mourir de rire.

Tai-Luc : C’est un copain qui a écrit le petit texte, mais c’est, finalement assez proche de la réalité. Les bandes étaient vraiment en mauvais état et dans l’ensemble on a réussi à presque tout récupérer. Il y en a juste une qui était trop dégradé.

LSD3

Le son de l’album a plus de swing ou sonne plus Rockabilly que le 1er. La dynamique des morceau est bien mise en avant. Comment c’est passé le mix ?

Tai-Luc : Faire le mix d’un album est quelque chose de difficile. Le premier mix qui a été fait ne nous plaisait pas. Il sonnait trop actuel alors qu’à l’époque on utilisait aucun effet. Donc on a décidé de refaire le mix mais on était très limité. Par exemple la batterie était sur 2 pistes. La grosse caisse sur l’une et le reste sur l’autre. Du coup on avait pas beaucoup de marge de manoeuvre. Le reste des pistes, c’était en gros une piste par instrument. Mais bon on est content du résultat, il sonne vraiment comme s’il sortait directement de 1980. En, tout cas, les retours sont plutôt bon.

Je crois que je le préfère presque au premier album. Par rapport aux chansons que l’on retrouve sur « As Tu Déjà Oublié » il n’y a que « Jeunes Seigneurs » qui n’arrive pas à surpasser la version « New Rose ».

Tai-Luc : On peut préférer telle ou telle version cela dépend. Mais ce que tu dis sur « Jeunes Seigneurs » est juste. En fait elle vient d’une démo enregistré sur un deux pistes et qui est donc antérieure aux enregistrements de ATDO. On avait enregistré 8 morceaux dans un garage et elle vient de là. (« Beaucoup de Liberté » qui vient de la même bande peut être trouvé sur l’album du même nom.)

Ce soir Muzo n’est pas là et c’est Wunder Manu (Manuel Castillo/Tio Manuel) qui le remplace. L’histoire de LSD et de Wunderbach semble se croiser régulièrement ?

Tai-Luc : Muzo avait d’autres engagements ce soir. Il jouait avec le 8°6 Crew à Limoge et comme il s’est beaucoup investi dans le groupe s’il ne venait pas il les mettrait dans une position vraiment inconfortable. Et puis le concert de ce soir a été programmé ensuite, alors c’est Manu qui le remplace. On se connait depuis longtemps. Quand je faisais mon service militaire, il m’a remplacé plusieurs fois, ainsi que Marco le chanteur de Wunderbach. On se connait bien avec Manu, il a du apprendre une 30aine de chansons en très peu de temps.

Manu : C’est facile la musique de la souris, c’est du Blues.

Tai-Luc : C’est vrai ce que dit Manu pour le Blues. Tout vient de là. Tu vois les UK Subs avec leur album « Another Kind Of Blue » c’est la même chose. Charlie Harper tout à l’heure jouait avec un harmonica. Quand on a débuté le punk, on voulait supprimer ça, l’harmonica. Mais on y revient toujours.

LSD5

Je comparais dernièrement l’imagerie de LSD avec les films de Pierre Schoendoerffer, qu’en pensez vous ?

Tai-Luc : Schoendoerffer est un grand cinéaste, c’est celui qui à fait Diem Bien Phu. Tu sais qu’il a participé à la bataille en tant que cinéaste aux armées. Et quand les français se sont rendu, il a préféré détruire ses bandes plutôt qu’elles ne tombent aux mains du Viêt-Minh. Il a aussi fait la 317ème Section et écrit le Crabe Tambour (qu’il réalisera ensuite). Ecoute c’est très flatteur d’être comparé à lui, mais bon non on ne peut pas vraiment dire qu’il nous a influencé.

Je faisais une deuxième comparaison avec Corto Maltese ?

Tai-Luc : C’est un peu pareil. On a tous lu Pif Gadget étant gamin, avec les aventures de Corto Maltese mais après c’est difficile de dire qu’il nous à influencé. Tu dis ça à cause de la chanson « cheval de Fer » ? Le baron Sternberg est un personnage important dans l’histoire de la Russie, et des pays à l’Est. C’est un bon sujet de chanson.

Tu viens de sortir un livre « As Tu Déjà Oublié, 130 chansons pour guitare électrique ». Pourquoi ne pas avoir mis les accords des chansons avec les textes ? Peut être dans une version future ?

Tai-Luc : Certaines de nos premières chansons sont assez simples, 2 ou 3 accords mais ce n’est pas parce qu’elles sont simples qu’elles n’ont pas l’énergie suffisante ou l’intensité qu’il faut. « Jeune Voleur » c’est 2 accords. Bon d’accord « Brigitte Bardot Cambodgienne » est un peu plus compliquée, mais je n’avais pas dans l’idée de faire un songbook quand j’ai réuni ces textes. Je pense que n’importe qui qui cherche un tant soit peu devrait réussir à les trouver (rires).

Les textes de la souris ont une saveur particulière. J’aime bien ces petites histoires qui sonnent « locales » mais qui donne une portée universelle au propos. Un peu comme dans le Folk ou la country …

Tai-Luc : Si j’ai commencé à écrire les textes de la souris, c’est un petit peu par hasard. Je ne suis pas un littéraire. Et puis au début, notre public était assez sauvage. Il ne venait pas pour écouter des textes. Alors, il fallait faire attention à ce qu’on disait. C’est aussi pour ça qu’on chante en Français. De toute façon, dés le début, on savait qu’on allait pas faire une carrière internationale. Pour les histoires, oui c’est un peu vrai pour les premiers textes. Mais le décor ne sert que de support. Nous on parlait de la banlieue et du métro car c’est ce qu’on avait sous les yeux. Les groupes bretons devraient parler de leur environnement, de ce qui les entoure, de ce qui fait la spécificité du coin, Brocéliande, le roi Arthur, Merlin l’enchanteur, ce genre de chose. Ce qui est amusant, c’est qu’en 1981, quand j’étais en chine, j’ai écrit le texte de « Nostalgique » ou je parle de cette époque car je savais que j’en serais nostalgique. C’est un peu de la nostalgie à rebours.

Ton dernier disque est « Jukebox ». Est il complètement dé-corrélée du reste de la discographie de LSD ?

Tai-Luc : On ne peut pas vraiment dire que c’est du LSD. Dans LSD, il y a plusieurs Fraktions. La Fraktion Ska par exemple avec Muzo et Pedro, la Fraktion Punk Rock que tu as vu voir ce soir avec 2 LSD et 2 Wunderbach. J’aime bien ce mélange. Comme avec Wunderbach que tu as pu voir en tournée avec Pat Kebra. Je trouve ça sain ces mélanges. Jukebox est plus dans le dépouillement. Tu me diras qu’il y a déjà une amorcée avec certains titres de Mekong qu’on joue presque live avec Rikko. Donc voilà, c’est une peu ce qu’on essaye de faire avec Manu, juste à 2 guitares, quelque chose de très dépouillé.

LSD7

Le prochain concert « Tai-Luc » est pour Orléans. Est ce qu’on peut espérer vous voir plus à l’ouest bientôt ?

Tai-Luc : Tu sais on a pas de plan de carrière. On fait les choses les unes à la suite des autres comme elles viennent. Pour le moment il n’y a rien de prévu, mais tout est possible.

Quand pouvons nous espérer la prochaine livraison LSD ?

Tai-Luc : Comme je t’ai dit, on a pas de plan de carrière, et puis l’industrie du disque elle est morte. Alors on va surtout faire le plus de concerts possibles. Tu vois ça c’est beaucoup désacralisé de faire un disque Il te suffit que d’une cuisine aménagé (rire). Maintenant ce que veulent les gens, c’est des DVD avec le concert qui a été filmé. Les disques ça n’intéresse plus grand monde. On en sort juste un de temps en temps pour faire plaisir aux fans.

A ce propos, certains sont toujours difficilement trouvable : Eddie Jones, les Lives etc.

Tai-Luc : L’autre jour, j’ai croisé un gars qui était hyper fier de me dire qu’il venait de trouver « Eddy Jones ». Et bien je l’ai félicité car c’est vrai qu’il est très dur à dénicher (rires).

LSD et Internet ?

Tai-Luc : Internet ce n’est pas trop mon truc. Mais des fois, c’est sûr tu tombes sur des trucs extras. Hier soir j’ai trouvé un site sur les dynasties Thai. C’est un français qui a fait le site et qui se passionne pour ça. C’est complètement fou.
Sinon il y a le site http://www.la-souris-deglinguee.com/ qui est géré par Dom depuis plus de 10 ans avec le forum que tu connais. Un grand merci à lui pour tout son travail. Le site officiel c’est celui de clandestine http://www.clandestines79.fr/
Après il y a les pages myspaces et facebook. Moi je n’étais pas spécialement pour. Mais Cat, de Clandestine qui était à fond dedans, voulait vraiment le faire. Et c’est vrai qu’aujourd’hui ce serait dommage de ne pas occuper ce terrain là.
Sinon le gros avantage d’internet, c’est qu’il nous permet d’avoir une meilleur visibilité et surtout d’éclaircir notre propos. A une époque il y avait un certain racisme anti-LSD ou plutôt un fascisme Anti-LSD. Aujourd’hui les choses sont beaucoup plus claires, c’est aussi dû au fait que les paroles des chansons sont disponibles sur le web. Avec les évènements en Afghanistan quand les gens tapaient « Rebelle Afghan » sur un moteur de recherche, google ou plutôt altavista à l’époque, ils tombaient directement sur la chanson de LSD. Ça a donc amené des gens à s’intéresser à nous alors qu’ils ne l’aurait pas fait sinon.

Enfin dernière question vous avez un lien particulier avec la Bretagne ?

Tai-Luc : On est des vrais parisiens, mais une de mes grands mères était bretonne, pas très loin d’ici, d’Inzinzac-Lochrist (Dans le Morbihan sur le Blavet. c’est la grande banlieue Lorientaise).

2 commentaires sur “Gabba Gabba Hey !

  1. RatMort

    Salut et Bravo pour tes articles.
    J’espère te voir au Plan à Ris Orangis

  2. Alain penn sardine

    Merci.

Laisser un commentaire

* Champs obligatoires