Focus sur la scène rennaise – Belone en interview

Alter1fo vous propose de (re)découvrir la scène musicale rennaise à travers une chronique, hebdomadaire le plus souvent. Des talents émergent, d’autres confirment sur la scène locale. Certains les soutiennent, sortent leurs disques, d’autres leur proposent des lieux de concert, de répétition… Alter1fo donne un coup de projecteur à ces artistes, labels, lieux ou assos qui oeuvrent d’arrache-pied pour que la scène locale existe. Permettre aux acteurs et aux publics de se rencontrer, donner la parole à ceux qui font la vie rennaise, tels sont nos buts avoués. Chaque semaine, vous retrouverez donc un ou plusieurs focus sur l’un de ces acteurs…

Belone tame the tiger ep

Au départ, Belone était un groupe de St Lô. Remarqué par les Inrocks avec sa participation au CQFD, ainsi que pour une prestation au pied levé menée tambour battant aux Trans 2010 (il a en effet joué deux sessions aux Trans de 2010, dont une, inattendue à la Cité, du fait de l’annulation inopinée de Pigeon John), le combo normand était une affaire à suivre (lire l’avis de nos amis de Pop is on Fire et de notre chroniqueuse à la Cité).

Et puis, après un passage sur Paris, les désormais cinq membres de Belone, ont finalement posé leurs valises à Rennes. C’est ici qu’ils ont composé et mis en boîte les deux titres de leur nouvel ep, Tame the tiger, sorti le 15 octobre dernier. D’abord de la pop music, revendique Belone. Mais avec un petit côté eighties (involontaire, selon eux) donné à coup de claviers vintage et un vrai talent pour écrire des chansons qui donnent envie de danser. Rencontre.

Belone 2Alter1fo : Si vous deviez vous présentez en quelques mots ou quelques lignes, que diriez-vous ?

Belone : Nous sommes un groupe de pop originaire de Saint-Lô, désormais basé à Rennes.

Pouvez-vous noux expliquer la genèse de Belone ?

Au lycée Leverrier de Saint-Lô, nous avons été happés par la dynamique du moment … On pouvait monter un groupe, répéter quelques semaines et se retrouver rapidement sur la scène du Normandy, c’était terrible !

Il y avait une émulation incroyable. Tous les groupes faisaient de la Pop (Blur, Oasis, Stone Roses…) ou … de la Noisy-Pop (Sonic Youth, Pavement …). La recherche de la pop-song parfaite d’un côté, la quête du larsen ultime de l’autre !

Belone fut un mélange des deux. Créé par les frères Molitor et leur meilleur pote, l’obsession était alors les mélodies voix. Des chants, une folk et une Groovebox (une MC-303 …) et basta. On faisait nos boîtes à rythmes à la main, c’était complètement bancal mais ça fonctionnait !

Nous sommes vraiment devenus un groupe de musique avec l’arrivée dans le groupe de Jif (le guitariste / bassiste) et Axel (le batteur, parti depuis). Les deux ont amené tout ce qu’il nous manquait : la folie et le rock n’ roll pour Axel, la rigueur/technique et le « french flair » pour Jif…

En y ajoutant « Bog » (David Bogdi), qui produit et arrange nos morceaux, notre nouveau batteur (Franck Richard), fan de Hip-Hop et les synthés qu’on utilise, ça donne Belone !

Belone samedi trans musicales 2010 @ cité

Vous avez justement quitté St Lô pour vous installer à Rennes. Pour quelles raisons avoir choisi Rennes ? Des bons souvenirs de vos passages aux Trans en 2010 ?

Après avoir vécu quelques temps à Paris, Rennes s’est naturellement imposée à nous. C’est une belle ville, à dimension humaine, qui bouge pas mal (et proche de Saint-Lô !). Des amis Rennais se plaignent pourtant souvent de leur ville. Elle bougerait moins et il serait de plus en difficile d’y répéter et d’organiser des concerts. Je ne sais pas … Mais en tout cas, ça nous paraît plus simple qu’à Paris pour l’instant !

Les Trans, c’était incroyable. Nous étions programmés le vendredi après-midi au 4-Bis et quelques heures avant de monter sur scène, on apprend que nous remplacerons Pigeon John le lendemain soir à La Cité avec Ava Luna et Wu Lyf … Pigeon John étant resté bloqué aux States pour une histoire de permis de conduire pas à jour.

Je ne sais pas si un groupe a déjà joué deux fois aux Trans la même année, si ? En tout cas, on en a profité à fond et évidemment dédié notre concert à Pigeon John …

Vous produisez une pop synthétique qui lorgne un peu du côté de Phoenix (pour l’évidence mélodique), un peu du côté de Madonna ou des Chromatics (pour les eighties revendiquées ou pour la volonté de faire danser). Vous êtes d’accord ? Comment qualifieriez-vous votre musique de votre côté ? Quelles sont les influences que vous revendiqueriez ?

Belone samedi trans musicales 2010 @ cité

« This is Pop-Music ».

Ce sont les seuls mots qu’on utilise parfois dans notre bio … car ils se suffisent à eux-mêmes. C’est de la pop, écoute-là et… voilà !

Concernant les influences, au risque de surprendre peut-être, on écoute presque jamais de la musique des 80’s et à part pour les Cure et Depeche Mode des débuts et New Order, on n’y connait pas grand chose. Notre son a une couleur 80’s parce qu’on est dingues des claviers de l’époque et qu’on en utilise (et collectionne !) beaucoup.

S’il faut tout de même citer des groupes, on sera obligé de prendre des trucs qui font plutôt consensus dans le groupe : Blur, Pavement, Sonic Youth, Wu-Tang, Oasis des débuts, MGMT…

Mais aujourd’hui, les vrais claques, on les prend par les « petits groupes », signés sur des labels indés, ou en passe de devenir « pros » : nos potes Da Brasilians, I Arkle, MmMmM, Caravelle, Interstellar Overdrive, The Lanskies … quelques Rennais : The Popopopops, Manceau, Juveniles, … et La Femme, avec qui on a joué il y a quelques mois et qu’on adore. Ils ont tous cette énergie des groupes qui veulent casser la baraque avec les défauts de jeunesse.

Trois disques sans lesquels vous ne pourriez vivre ?

AHAHAH, 3 disques ?? c’est une question torture ? Cela ne pourra jamais synthétiser les goûts du groupe … On va se taper dessus, désolé !

Belone samedi trans musicales 2010 @ cité

On aura essayé ! Comment composez-vous ? Vous improvisez ? Chacun fait ses propres morceaux, ou bien l’un d’entre vous arrive avec une partie que vous retravaillez ensemble ?

En général, Pierre, le chanteur amène un couplet / refrain, le plus souvent composé à la folk, très pop. On le bosse tous ensemble en répé, toujours dans une optique live. Ensuite, on balance ça à « Bog » (David Bogdi, le pote qui nous enregistre et nous produit) qui en général … modifie complètement ce qu’on lui a balancé, tout en gardant l’idée de départ. A chaque fois, il nous scotche … C’est le 6ème membre du groupe ! Nos morceaux sont donc le plus souvent le fruit d’un mix entre composition live et travail en laboratoire.

Comment ça se passe pour le chant. Sur votre nouvel ep qui vient de sortir, Tame the tiger, un morceau est chanté par Morane, un autre par Pierre. Comment décidez-vous qui chante ?

Morane ne chante seule que sur Tame the tiger. Pierre chante sur tous les autres morceaux et Morane fait les choeurs (sur Bad Combination notamment d’ailleurs…). On a la chance de pouvoir composer nos chansons sans être trop limités pour les mélodies voix. Peu importe qui chante, on prend la voix qui colle le mieux à la chanson !

Quelles étaient vos envies avec cet ep ?

On s’est enfermé un an pour composer avec l’ambition de sortir un album à la rentrée. Mais une fois les chansons terminées, on trouvait dommage de tout sortir en même temps. Le format « EP » est génial car il t’offre plus de liberté. On veut se faire plaisir et essayer de faire plaisir à ceux qui nous suivent : sortir un EP tous les 3 mois, balancer nos pistes par mail à ceux qui le souhaitent pour faire des remixs, faire des clips à la maison, délirer sur les pochettes etc. Ce que permet peut-être moins le format album.

Belone - Passaga à niveaux

Vous avez-vous enregistré votre ep au Passage à Niveaux avec David Bogdi. Pourquoi ce choix ? Comment s’est passé l’enregistrement ?

Nous répétons au « Passage à Niveaux » et avons en effet enregistrés pas mal de trucs là-bas, en alternance avec des prises « faites à la maison » (sur les synthés notamment).

Ca s’est fait naturellement : on s’entend super bien avec Seb Lorho (le Boss !). Il sait s’adapter au fonctionnement des groupes et fait du super taf.

Nous fonctionnons beaucoup par « sessions » : de gros efforts, très concentrés dans le temps. Il nous permet de répéter très tard la nuit et de travailler nos morceaux enfermés par sessions d’une semaine… C’est un luxe.

En échange, on essaye de ne pas déclencher l’alarme du Passage à Niveaux toutes les nuits et de rendre le local propre !

Pour tout le reste (enregistrement, arrangements, mixage …), c’est « Bog » qui gère !

D’où vient l’artwork de votre ep ?

C’est une photo de Morane, un peu plus jeune. Elle s’est fracassée la tête par terre, mais reste fière, avec ce regard plein de défiance … On trouve cette photo assez dingue, voilà.

Belone samedi trans musicales 2010 @ cité

Votre patronyme vient du joueur de foot Bruno Belone. Vous avez vu le ciné concert Séville 82 par Red + Tessier + Marinescu ?

Non, on ne l’a pas vu, merci !

Concernant Bruno, c’est surtout parti de la Coupe du Monde 86 au Brésil en fait… Dans toutes les équipes, il y a toujours un joueur improbable, venu d’ailleurs, qui se retrouve à jouer un rôle décisif contre toute attente. Dans les 80’s, en Equipe de France, c’était Bruno. Chaussettes baissées, look improbable, style de jeu très particulier (Lucky Luke était son surnom !)…  Mais il te met un but en finale de l’Euro 84 et un pénoche venu d’ailleurs en 86 contre le Brésil.

Ces joueurs-là ont un truc surnaturel en eux. La grinta. Comme Brandao à l’OM …

Vous aviez volontairement décidé de faire moins de scènes pour vous concentrer sur l’ep. Après sa sortie, donc, quels sont vos projets, vos actualités ?

On bosse le montage d’un clip pour Tame the tiger, sur la sortie de notre prochain EP, sur le remix de morceaux… Et bien sûr sur nos prochains concerts !

Merci !!

Retrouvez toutes nos interviews-focus sur la scène rennaise ici

(Santa Cruz, La Terre Tremble !!!, Lady Jane, Fago.Sepia, Band of Ghosts, le pôle musiques actuelles du CRIJB, Manceau, Nola’s noise, Wesson Maespro, Get Flavor Records, Idwet, les Disques Normal, Mekah, Dj Netik, La Corda, Eat your toys, Théo Gravil, Simba, Shtok, Spash Wave, Monkey & Bear, Mess Zero, Regïs Boulard, Le Bocal, We only said, Deejay Ober, Makassy, Skap’1, I&A, The Last Morning Soundtrack, Alee, Garbo, Russian Sextoys, Ladylike Lily, Missing Girl, Zaïba, Homecooking, Psykick Lyrikah, RCR, Bumpkin Island, Wonderboy, Micronologie, ReDeYe, Colin Linkoln, Sudden Death of Stars, Juveniles, Alexel, Güz II, The Enchanted Wood, James Legalize, The Missing Season, RezO, Bunch of Crows, Our Name is a Fake, Heskis’, Vortex, Users, Nola#, Mermonte, Mekah, Superets, We are Van Peebles, Korkoj, Twinztrack, You’ll Brynner, Drix MC, 6AM on the Moon, Coksinelle, Budju, Doist!, My Sleeping Doll, O Safari, Keevrat…)

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Bandcamp de Belone : http://belone.bandcamp.com/album/tame-the-tiger

1 commentaires sur “Focus sur la scène rennaise – Belone en interview

  1. djeepthejedi

    j’adore la pochette !

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