Parfois, il suffit juste d’une étincelle pour créer un nouveau festival militant !

Créé en 2017, le collectif L’Étincelle s’est fait connaître du grand public l’année dernière. Apprenant le parachutage dans notre ville d’un festival du film politique, grassement subventionné avec de l’argent public, il s’était associé avec d’autres structures (Ciné-Actions, Comptoir du doc, L’ARBRE,  Zéro de Conduite etc… ) pour créer Politik’OFF, une alternative salutaire aux propositions pompeuses et élitistes de Politikos. L’Étincelle a pour objectif d’installer durablement dans l’agenda local un nouveau rendez-vous artistique et militant (égalitaire, écologiste, solidaire et anticapitaliste). Rencontre avec Marlène et Vincent, deux membres du collectif, autour d’une Sainte-Colombe ambrée (ou peut-être 2)  avant leur soirée de lancement  du 21 mars à la Parcheminerie.

La première édition de Politikos n’a pas laissé de bons souvenirs à Rennes. Même Karl Zéro, sentant le vent tourné, a préféré décliner l’invitation à la toute dernière minute. Bien lui en a pris. Pour quelle raison se serait-il fourvoyé dans un festival « hors sol », totalement déconnecté du territoire et financé majoritairement par les deniers publics (NDLR : à hauteur de 320 000 € de subventions sur 600 000 € de budget total) ?

Ignorées pour ne pas dire snobées par le président Jean-Michel Djian(1), certaines forces vives du cinéma breton ont créé « Politik’OFF », une alternative salvatrice aux propositions pompeuses et élitistes de Politikos. Monté en un temps record avec trois fois rien et l’aide du collectif de l’Étincelle, son succès a conforté les membres de ce dernier dans la volonté d’installer durablement un nouveau rendez-vous militant et artistique.

Mais au fait, l’Étincelle, c’est quoi ? « Il est difficile de définir le collectif précisément car les lignes se dessinent et évoluent » explique Marlène, une des membres. « Il se compose d’une quinzaine de personnes, majoritairement féminines qui se rassemble autour d’un socle de valeurs communes longuement débattues. »

Créer un festival militant, artistique, social à l’horizon de 2019 est donc l’un des objectifs premiers du groupe. Mais rajouter un temps fort peut sembler risqué tant la ville connaît un agenda surchargé. « Nous avions toutes et tous fait le même constat. Malgré la pléthore de propositions existantes, il y a une vraie place pour un festival programmant des propositions sortant de l’ordinaire » précise Vincent, lui aussi impliqué dans l’aventure. « Le but est de rassembler un maximum de thématiques artistiques comme le cinéma, le théâtre, les conférences, la photographie dans un même espace-temps. On espère intégrer ce rendez-vous convivial et festif dans le centre-ville de Rennes afin qu’il soit le plus passant, le plus accessible et surtout le plus populaire possible. »

PO-PU-LAIRE…le mot est lâché. Alors que le cœur de Rennes se transforme en un immense espace mercantile (palais des commerces, projet d’extension du centre commercial Colombia, le centre d’affaire EuroRennes, le centre des congrès…), quel joli pied de nez que de vouloir y impulser un autre usage de l’espace public. Surtout que sans y prendre garde, nous nous habituons au déplacement des cultures dîtes « alternatives », celles qui questionnent, qui interpellent ou qui dérangent en dehors du centre-ville (Théâtre Dromesko à St Jacques de la Lande, le festival Les Oiseaux de Passages à la Prévalaye, l’Elaboratoire à la plaine de Baud, le Jardin Moderne excentré vers la ZI de Lorient ou encore le théâtre de poche à Hédé…)

Mais que l’on ne s’y trompe pas, pour Marlène, « l’intention n’est pas de faire pour faire. L’idée primordiale est de mettre en avant le « commun », le « faire-ensemble » avec l’envie de partager des initiatives, des utopies et de voir vers quoi cela peut déboucher. Et pourquoi pas se réapproprier la chose politique ? » Après la convergence des luttes, serait-il venu le temps de la convergence des arts ?

A écouter les envies et aspirations du collectif, on saisit mieux pourquoi certains esprits chagrins ont été soulagés de voir l’évacuation par le RAID de la Cité, rebaptisée « maison du peuple ». Qui sait ce qu’il se serait passé si ce lieu, à forte valeur ajoutée et symbolique, avait gardé ses portes ouvertes à des personnalités qui ne rentrent pas forcement dans les cases de la Start-Up Nation ? On imagine que cela aurait permis d’expérimenter mille choses et surtout de faciliter l’organisation du projet de l’Étincelle lancé il y a deux ans déjà. « Chaque décision se prend par consensus alors forcément, tout prend du temps mais on avance… »

La première soirée du ″festival-en-devenir″ se déroulera donc le 21 mars à la parcheminerie. A l’heure où l’on publie cet article, la programmation n’est pas encore tout à fait finalisée mais Vincent et Marlène ne semblent pas stressé·e·s pour autant. « On est carrément à la bourre, tout se fait à l’arrache mais on aime bien ça, c’est excitant (Rires). »

Les propositions ne manquent pas et il est prévu la tenue d’un village associatif avec de nombreux stands pour s’informer autrement (NDLR : continuez à lire alter1fo quand même…). Notons la présence des éditions du commun, du CRIDEV et de l’asso d’éducation populaire déCONSTRUIRE. « Pour cette soirée, nous avons voulu être pluridisciplinaires dans les formes et dans les thématiques. On balaie un large spectre de sujets, allant de l’Internet libre à une réflexion sur les différences salariales. Le collectif en soutien aux personnes sans-papiers tiendra une conférence, et il y aura peut-être un sujet sur les squats. On mettra aussi la lumière sur les prochains événements « amis » comme Ciné-Action qui commencera dès le lendemain ou le festival de littérature féministe Dangereuses Lectrices. »

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Peut-être y aura-t-il quelques couacs, des ratés, des absences ou des oublis pour cette édition n°0 mais on leur pardonne d’avance. L’important est ailleurs. « Notre objectif sur le long terme est de créer un espace qui soit aussi un carrefour des luttes locales, accessible au plus grand nombre grâce à une entrée prix libre et de pouvoir rémunérer correctement les artistes. Même si malheureusement, on risque d’imposer un petit quelque chose pour cette première puisque nous partons de zéro, sans aucune trésorerie et que nous refusons de quémander des subventions ! » Forcément, la liberté est à ce prix « Et ce n’est pas avec POLITIK’OFF que l’on s’est fait de la thune, tu penses bien ! » sourit malicieusement Marlène. Bizarrement, c’est toujours plus compliqué quand on ne fait pas partie du cercle fermé des professionnels de la politique.

Voici un bout de la programmation :
– Projection du film « Pied de Biche » de Mathieu Quillet
– Lecture du texte « Nous étions debout et nous ne le savions pas » de Catherine Zambon, lu par 2 Flora Diguet et Romain Brousseau
– Cours participatif « L’égalité des revenus est-elle possible », par la Bouffée
– Présentation du livre « L’art de conter nos expériences collectives » de Benjamin Roux, suivi d’un débat.
– « Des GAFAMs à l’auto-hébergement : la nécessaire (re)décentralisation? », par Gozmail
– Intervention de l’asso Déconstruire
– Une tombola
– De la bouffe


(1) Jean-Michel Djian, Président de POLITIKOS

→ → LA PROG OFFICIELLE à télécharger ICI


Le site du collectif l’Étincelle : https://l-etincelle.org/

La page FB de l’événement : https://www.facebook.com/events/582576528889334/

Comptoir du Doc – La Parcheminerie : https://www.comptoirdudoc.org/programmations/la-parcheminerie

→ Festival Politikos : ça nous coûte « un pognon de dingue ! »

→ [Festival du Film Politique ] : POLITI-KOS toujours, tu m’intéresses !

 

 

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