INFO → En raison de l’épidémie de coronavirus, les dernières personnes encore présentes au CRA ont toutes été remises en liberté. Le centre de rétention est donc fermé provisoirement depuis lundi dernier. « Il était difficile de respecter les mesures barrières à l’intérieur, rappelle la Cimade. Les nouveaux arrivants étaient confinés dans un bâtiment à part. »

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Amadou a fui son pays car il craignait pour sa vie et est arrivé en France il y a près d’un an. Il a rencontré une jeune femme et vivent aujourd’hui ensemble. Tous deux ont des projets d’avenir. Lors de son parcours migratoire, il a transité par l’Italie où il n’est resté que très peu de temps et où il n’a aucun contact. Malgré cela, l’administration française veut l’expulser vers ce pays frontalier en application de la procédure dite « Dublin ».

« Ils vont te détruire mentalement, physiquement, ils vont te détruire complètement. Jusqu’à ce que tu sois fou… »

Amadou : « Dès que je suis entré ici, j’ai détesté. Pourquoi ?

– D’abord, l’hygiène. Un homme sans hygiène, ce n’est pas bien.

– Les aliments, ce n’est pas bon. On est des humains mais on nous traite comme des chiens !

– Quand vous êtes couchés, vous ne dormez pas bien.

On vous traite de tout. Et pourtant, tous ceux qui sont là sont innocents, on n’a juste pas de papiers. Ils nous fatiguent pour détruire notre moral. Alors que d’autres, qui font du mal, sont dehors.

Moi, j’ai traversé la Libye, puis l’Italie, pour arriver jusqu’ici. Et on m’enferme pour rien, juste parce que je n’ai pas de papiers. Je vis avec ma copine, j’ai des preuves, une attestation d’hébergement, mais ils disent non. Pourquoi ? pourquoi ?

Ils nous envoient ici pour nous rendre fous.

Les médicaments qu’on nous donne sont des mauvais médicaments, la nourriture est mauvaise. Moi j’ai dit que je ne voulais pas prendre les médicaments parce que je ne suis pas fou. J’ai une famille à nourrir. Et on m’enferme ici, je deviens fou.

Je n’arrive pas à manger ici, j’ai pas d’appétit. J’ai demandé si on pouvait me donner un médicament pour ça, mais non. On nous donne que du doliprane et des médicaments pour dormir. Si on pouvait manger bien et dormir, ça pourrait aller mais ce n’est pas le cas.

Ça me fait très très très mal d’être ici. Même mon pire ennemi je ne veux pas le voir ici. Ils vont te détruire mentalement, physiquement, ils vont te détruire complètement. Jusqu’à ce que tu deviennes fou.

On n’a pas de papiers, mais tant qu’on n’a pas fait de délits, on est innocent. Qu’ils nous laissent en paix !

J’ai dit que j’ai un projet : je veux sensibiliser sur la question des migrants. J’ai mis en place un événement sur Paris. Mais je ne peux plus suivre le projet depuis que je suis enfermé ici. »

Amadou, expulsé en Italie après 30 jours d’enfermement.

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