Nous avons croisé pour la première fois la route de Pauline Goasmat à l’occasion de la diffusion de son documentaire « Au coeur de l’Hypocrite ». Mieux vaut tard que jamais ! Elle y dévoilait alors les coulisses de fabrication du trimestriel « Hypocrite ». Ce journal crée dans le cadre du projet « Entrée Libre » de l’association « Tout Atout » permet à un groupe de jeunes en réinsertion de découvrir le milieu artistique rennais. Et coïncidence oblige, la bande-son comportait un large extrait de la superbe chanson « Qui je suis » de Michel Cloup dont nous sommes fans |Relire son interview|. Depuis, nous suivons régulièrement son travail.
Aujourd’hui, l’actualité de Pauline est la sortie de son dernier film « Conquérantes ». Ce (très) court-métrage |A visionner ici| tout en noir et blanc traite du harcèlement de rue et des violences à l’encontre des femmes. Sujet qui demeure toujours d’actualité. Malheureusement.
Selon Pauline, la genèse du projet est née après la lecture d’un article sur les « Ovarian Psycos », sorte de brigade féministe qui sillonne les rues des quartiers de l’Eastside Los Angeles à vélo pour réaffirmer leurs droits tout en gardant en mémoire la phrase de Simone de Beauvoir : « N’oubliez jamais qu’il suffira d’une crise politique, économique ou religieuse pour que les droits des femmes soient remis en question. Ces droits ne sont jamais acquis. Vous devrez rester vigilantes votre vie durant. » « Conquérantes » est donc la métaphore pleine de rage et de sécateurs de ce combat quotidien que doivent mener les femmes.
Le film raconte l’histoire d’une jeune fille, Lila, vivant dans une société qui interdit aux femmes de sortir seules le soir. Pour les protéger, dit-on… Fiction, me direz-vous ? Et pourtant, nous n’en sommes pas si loin. En effet, de nombreuses femmes ont intégré, inconsciemment ou non, des stratégies pour se déplacer en milieu urbain. Principalement la nuit. Cela peut aller de la stratégie de camouflage (pas de jupe, pas de robe, préférer des mocassins ou des baskets aux talons pour courir vite, au cas où…) à la stratégie d’évitement (préférer faire un détour plutôt que de traverser une place peu sécurisante, préférer le taxi ou la voiture à la marche, même pour de petits trajets) ou bien à la stratégie d’anticipation (repérer son trajet en avance, prévoir de rentrer accompagnée…). Il suffit pour finir de s’en convaincre de (re)lire l’étude d’ Yves Raibaud, géographe, maître de conférence, pour comprendre que la ville est faîte par et pour les Hommes |Plus d’1fos ici|. Ce sentiment d’insécurité dans les rues est un « facteur numéro 1 de non-mixité », selon Chris Blache, cofondatrice de l’association Genre et ville. La liberté de circuler, de jour comme de nuit, n’est donc malheureusement pas une réalité pour les femmes. Et ce, sans aucune légifération, ni 49.3.
Pour en revenir au film, le tournage s’est organisé sur deux nuits dans les rues du Blosne. Quelques figurant-e-s, habitant-e-s du quartier, ont même pu y participer grâce à l’association le crabe rouge.
Pauline Goasmat : « Nous avons reçu un super accueil du quartier avec le prêt d’une salle par le Triangle et le relais d’infos par les associations locales. Pendant les tournages en extérieur, c’était très sympa et bon enfant. Pour le choix des comédiens, il y a eu d’un coté des comédiens professionnels (comme pour les parents) que je connaissais sinon, cela a été des rencontres coup-de-coeur. Graziella qui joue Lila a répondu à mon annonce sur Facebook. Elle est au Lycée alternatif de St Nazaire et est déjà très impliquée pour son âge sur les droits des femmes. Lenaïg qui joue la chef de meute a été repérée par mon assistante Kim en casting sauvage à la fac de Villejean… »
Dans l’immédiat, Pauline cherche avant tout une production capable de la soutenir puisque le but final est bien d’en faire un long métrage. A bon entendeur !
PLUS D’1FOS :
Conquérantes disponible ici : http://www.festivalnikon.fr/video/2016/1242
Site de Pauline Goasmat : http://www.paulinegoasmat.fr/
Merci pour ce court-métrage nécessaire, le traitement du harcèlement doit se faire dans sa globalité et non pas seulement dans le milieu du cinéma.
Toutes les générations et tous les milieux sociaux sont concernés et quelque soit le secteur d’activité, ce phénomène est global.
Pour ma part, j’oeuvre dans le domaine cinéma et audiovisuel, il reste du chemin.
A bientôt