[concert] Mermonte, Oiseaux-Tempête & Friends, Squid, Sir Edwards et Wunderbar @Antipode

Dans le déferlement de très belles soirées concert que vous propose l’Antipode pour ce mois de novembre, le samedi 19 nous a tout particulièrement tapé dans l’oreille. En une seule soirée, vous pourrez en effet y entendre le post prog chaloupé de Squid, la pop céleste de Mermonte, le post rock atmosphérique d’Oiseaux-Tempête et de ses complices et le psyché bien barré de Sir Edwards. Ajoutez à tout ça un DJ set  bien rock de Wunderbar et vous obtenez un samedi qui devrait combler même les plus insatiables.

Après la vivifiante suée du mardi 15 devant Guerilla Toss et Crack Cloud et avant l’explosive soirée hip hop du mercredi 23, l’Antipode nous offre une étape follement généreuse le samedi 19 novembre avec pas moins de quatre groupes et un DJ set prévus ce soir là. Avec sa programmation ayant des airs de session pirate d’une Route du Rock automne, cette soirée aussi qualitative qu’éclectique devrait mettre tout le monde d’accord. On vous explique en détails pourquoi.

Si vous êtes des lecteurs assidus d’Alter1fo, vous avez forcément entendu parler de Mermonte. Vous les avez probablement vus en concert depuis leur toute première date au Jardin Moderne en avril 2012, avec un excellent premier album qu’on continue de chérir sur nos platines avec toujours autant de ferveur. Deux ans plus tard, c’est l’époustouflant Audiorama qui nous avait bluffés : la palette instrumentale s’était élargie, la bande de Ghislain Fracapane n’hésitant pas à faire des détours vers d’autres styles musicaux. Bluffés parce qu’ils avaient réussi, là où de nombreux groupes s’étaient cassés les dents : un second album à la hauteur du premier, et peut-être même au-delà. Leur troisième album, Mouvement sorti en 2018, nous avait tout autant conquis avec ses multiples collaborations d’une classe folle (Laetitia Sadier de Stereolab, Dominique AStuart Smith et Devin Yunei). Après une trop longue attente, les voilà qui reviennent enfin sur scène pour défendre Variations, leur quatrième long format tout juste sorti en septembre 2022. Avec sa pop orchestrale vaste et fascinante, mystérieuse et immédiatement familière, le disque confirme, encore une fois, la singularité et l’élégance de cette belle équipe.
À l’époque du premier disque, nous avions fanfaronné en déclarant « Le meilleur groupe de pop du monde est rennais et il s’appelle Mermonte ». On ne peut pas dire que les années ont entamé notre enthousiasme et notre adoration de ce groupe qu’on est ravi de retrouver dans un écrin digne de la finesse et de la puissance de leur musique.

Autre groupe qui devrait pleinement profiter de la qualité sonore de la grande salle de l’Antipode, les Oiseaux-Tempête, seront également de la partie pour notre plus grande joie. Nom évocateur d’embruns, de volatile qu’on imagine baudelairien, on a découvert leur premier album sorti en novembre 2013. Une pochette les mains jointes à l’envers, photo de la façade d’un immeuble en Grèce, au moment où la crise frappait durement le pays méditerranéen (on aimerait pouvoir l’écrire au passé), et à l’intérieur 11 titres mêlant instrumentaux et fields recordings réalisés dans un pays à l’horizon bouché, désespéré. Les oiseaux-tempête sont ces oiseaux marins qu’on ne peut voir que lorsque la tempête arrive, image abyme d’un groupe qui naît d’une situation sociale délétère. La Grèce, façonnée par la crise financière, économique et sociale est en effet apparue comme point de départ de ce projet un tantinet protéiforme.
Oiseaux tempête premier albumAu commencement il y a eu ces voyages entrepris par le photographe vidéaste Stéphane C. et le musicien Frédéric D. Oberland en Grèce ; leur envie :  un projet non clairement identifié qui pourrait être à la fois un film, une installation, un album, des photos… Stéphane Pigneul (qui joue en parallèle avec Frédéric dans Le Réveil des Tropiques ou Farewell Poetry) rejoint alors les acolytes, tout comme le batteur Ben McConnell alors nouvellement installé à Paris, rencontré à un concert de Marissa Nadler : et là, dès les premières répétitions, l’alchimie fonctionne.
Les photos serviront en partie d’artwork à l’album à venir, le groupe jouera également devant des projections de vidéos ou de photos ramenées de Grèce, mais pas que. L’image sera partie prenante du projet sans en devenir le pilier (elle avancera également toute seule de son côté). Tout comme la Grèce, qui n’est que la mise en avant d’une réalité qu’on peut extrapoler à toute l’Europe, à la société occidentale. Cet aspect social et politique de l’album n’étant pas acte de militants, d’activistes, mais le souci d’hommes qui observent le monde autour d’eux et en offrent leur vision subjective.
De cette réalité balafrée, les musiciens ont fait une œuvre poétique, sensitive, faite de montées, de tensions, d’accalmies sereines et d’instants lumineux, portés par l’une des voix finales, « on ne s’en sortira que si on est ensemble » dit un vieil homme. Un disque qui garde foi en l’homme, et qui garde les mains jointes d’espoir, mais davantage tournées vers les hommes que vers un hypothétique ciel.

Depuis cette magistrale entrée en scène, la bande a brillamment continué son chemin en multipliant les collaborations. Le collectif a ainsi été rejoint au fil de sept albums, tous aussi passionnants que le premier, par Mondkopf, GW Sok (l’ex chanteur de The Ex), Jean-Michel Pirès (Bruit Noir, The Married Monk), Sylvain Joasson (Mendelson), Ben Mc Connell (Beach House, Marissa Nadler), Radwan Ghazi Moumneh (Jerusalem In My Heart), la violoniste Jessica Moss (A Silver Mt. Zion), le clarinettiste Gareth Davis, l’ondiste Christine Ott… Leur dernier disque WHAT ON EARTH (Que Diable) est de nouveau la brillante preuve de la fécondité de leur collective inspiration. Ce disque d’apocalypse, vertigineusement labyrinthique mais intarissablement fascinant, devrait nous offrir un moment magique surtout que l’on retrouvera ce soir là sur scène en plus du trio de cœur GW Sok, Jean-Michel Pirès,Radwan Ghazi Moumneh et un membre de SUUNS. Ne loupez donc pas l’occasion de voir ou revoir ces oiseaux rares, surtout aussi bien accompagnés.

 

On s’attendait sérieusement à les voir cet été sur la scène du Fort Saint-père mais c’est bien à l’Antipode que nous allons enfin avoir l’occasion de vérifier la flatteuse réputation scénique de Squid. Le quintet originaire de Brighton et désormais basé à Bristol a bien affolé les tops musicaux de l’an dernier avec son épatant premier album Bright Green Field sorti en mai 2021 chez Warp. Le groupe composé d’Ollie Judge (batterie et chant), Louis Borlase et Anton Pearson (guitares), Laurie Nankivell (basse) et Arthur Leadbetter (clavier) avait initialement un peu brouillé les pistes avec quatre EP distillés depuis 2017 où planaient aussi bien les ombres de Slint que celle des Talking Heads. Le long format a (un peu) clarifié les choses avec onze titres tortueux et chaloupés soufflant le chaud et le froid avec une malice et un sens de l’absurde assez redoutables. Leurs compositions brassent là encore large entre chant parfaitement braillé, spirales krautrock, guitares post punk et swing jazzy mais trouvent leur cohérence dans un sens épatant du rythme. Cette pulsation à la fois indomptable et sauvagement accrocheuse devrait s’avérer parfaitement incendiaire en live.

La découverte de la soirée ce seront les locaux de Sir Edwards. Ce combo a mis en ligne un quatre titres Cyclic Existence et un deux titres DuTy Of Time proposant un rock psychédélique bien brumeux et entêtant mais montrant aussi une belle maitrise mélodique. Passé de trio à septuor depuis ces sorties, nous avons hâte de voir comment se déploient les volutes de leur flower rock sur la scène de l’Antipode. Attention aux personnes sensibles, ce concert peut contenir de larges doses de flute traversière.

Pour celles et ceux qui auront encore un peu de force, les sélections rock et avisées du DJ set de Wunderbar devraient leur offrir de quoi pousser leur petit corps jusqu’au bout de la nuit. On se souvient le sourire aux lèvres d’un redoutable Crack Cloud que nous avait décoché la dame à 3h du mat’ alors que nous repartions de la Route du Rock cet été et qui nous avait bien revigorés. Nous sommes donc ravis d’avoir l’occasion d’un second round sur le dancefloor.

Mermonte, Oiseaux-Tempête & Friends, Squid, Sir Edwards et Wunderbar
seront en concert le samedi 19 novembre 2022 à l’Antipode (Grande scène)
75 avenue Jules Maniez, Rennes
Ouverture des portes : 20h00 – Début des concerts : 20h30
Tarif – Pass Sortir ! : 5€/ Abonné·e offre Admit : 17€/ Prévente : 20€/ Sur place : 23€

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