Placer le hip-hop Rennais sur une carte, donner la parole, petit à petit, à tous ses acteurs, rookies, vétérans, old timer ou jeunes pousses, qu’ils officient en tant que Djs, beatmakers, Mc’s, en groupes, comme beatboxers, réalisateurs, photographes ou clippeurs, et on en passe, qu’ils soient actifs aujourd’hui ou qu’ils l’aient été par le passé, tous contribuent à faire de la scène hip-hop rennaise un vivier foisonnant et bien souvent passionnant. Ce dossier, évolutif, leur est consacré.

Pour notre nouvelle rubrique, c’est le groupe Rennais La Fab’ qui est mis à l’honneur. Rencontre avec un de ses membres, Foch, beatmaker du groupe. Nous échangerons avec lui sur son implication dans le groupe La Fab’ ainsi que sur ses autres collaborations, sa vision du milieu rennais et de sa façon de travailler.

 

Alter1fo: Peux-tu te présenter pour ceux qui ne te connaissent pas ?
« Foch »: beatmaker du groupe la Fab (composé des 2 rappeurs Al Bundy et Bro G), batteur à la base, DJ/Scracheur pendant quelques années puis beatmaker depuis 2009.

Qu’est-ce qui t’a décidé à te lancer dans la musique ?
Ma rencontre avec DJ Kopt en 2007 (avec qui j’ai formé le duo BEAT TRADERZ). A cette époque-là, je ne connaissais rien à la production, MAO… j’avais des notions de batterie et un sérieux penchant pour les trucs groovy et le rap en particulier. On se retrouvait pour jouer des nuits entières avec un bassiste et Kopt aux platines ; c’était incroyablement cool et motivant. Après ça, on a monté notre petite équipe pour mixer dans les bars puis on s’est mis à produire des instrus pour les copains rappeurs… Depuis je suis complètement mordu de ça !!!

Comment travailles-tu pour composer une instru ou un morceau ?
Je suis un bon gros consommateur de disques (comme nombre de mes comparses beatmakers). Du coup je compose uniquement au gré de mes achats de vinyles… Je dig des disques, je rentre chez moi avec et je cuisine. C’est mon process, je ne pense pas qu’il y ait de méthode parfaite pour la composition, mais c’est ma démarche et je m’y tiens parce que j’aime fonctionner comme ça. Je dois être dans un bon mood, avec de l’inspiration et de la bonne matière, l’environnement est primordial pour faire de la bonne musique. Après je n’ai pas de technique particulière, je peux partir d’un sample, d’un break ou d’un bout de voix… Le truc essentiel c’est que ça m’inspire. Je ne conçois pas de composer à partir d’un sample qui ne me parle pas. Sans feeling, je n’arriverais pas à mettre d’émotion dans ma musique et ça, ce n’est pas possible. J’essaye de m’éloigner un peu du sampling de temps en temps pour composer uniquement avec des instruments virtuels mais les disques me rattrapent bien souvent ; du coup je mélange pas mal les deux : samples + VST, ça fonctionne bien.

Tu es avant tout beatmaker mais tu te produis aussi sur scène avec des groupes. Que préfères-tu ? Être sur la scène ou composer tes morceaux dans ton studio ?

Très bonne question… La vérité c’est que je suis clairement un rat de studio… Après, avec les années, on commence à structurer davantage nos prestations scéniques en tant que groupe avec LA FAB, ce qui m’oblige moi aussi à structurer mon travail sur scène, mais j’ai encore beaucoup de marge pour prétendre être un véritable DJ. En vrai, j’ai énormément de plaisir à être sur scène avec mes potes, donc je bosse pour développer ça mais mon rôle principal c’est celui du producteur pas du DJ.

Comment définirais-tu tes compositions (j’entends par là : où essayes-tu d’amener les gens avec ta musique ?)
Pour moi la musique en général c’est avant tout du feeling… J’ai toujours le sentiment de me mettre un peu à poil devant les gens quand il m’écoute, du coup je dirais que ma préoccupation première est qu’il y ait de l’émotion dans mes productions. Je veux dire par là que quand je choisis un sample c’est parce qu’il me touche et j’essaye tout le temps de retranscrire ce feeling quand je compose autour. Peu importe ce feeling, je peux avoir envie de danser, être mélancolique, faire de la musique de gogol ou bien très sombre, faut qu’il y ait de l’émotion. En vrai j’ai beaucoup de respect pour la musique que je sample, je n’essaye jamais de me l’approprier mais plutôt de la sublimer avec ma touche perso.

Qu’a changé l’émergence des réseaux sociaux pour toi car Rennes est plus considérée comme une ville rock que rap ?
Tout va très vite aujourd’hui, il y a des sons qui sortent tous les jours. Du coup il y a à boire et à manger, ça c’est l’aspect plutôt négatif du truc je trouve. Mais d’un autre côté, c’est très stimulant pour nous parce qu’on suit tout ça et on prend régulièrement des claques, du coup on veut progresser sur chaque projet. C’est une spirale positive je trouve. A l’échelle de Rennes, on a rien à envier aux autres villes, y a une grande diversité d’artistes, beaucoup de styles différents et on commence à avoir pas mal d’événements cool autour du hip-hop dans notre ville.

Quel est le titre ou la collaboration dont tu es le plus fier ?

LA FAB sans hésitations… C’est une histoire de famille, on est potes depuis plus de 15 ans avec AL et plus de 10 ans avec BRO J… On roule ensemble, on progresse ensemble…

Vis-tu de ta musique vu la conjoncture actuelle ?

Pas du tout, je bosse à temps plein depuis 10 ans. Je ne considérerai jamais la musique comme un éventuel moyen de gagner ma vie, c’est une passion, c’est tout. Par contre, cela fait clairement partie de ma vie. Je crois pouvoir te dire aujourd’hui que je ferai encore du son dans 20 ans. Je ne sais pas trop à quoi ça ressemblera mais j’en ferais encore c’est sûr… Aujourd’hui tout ce qu’on gagne via les scènes etc… est réinvesti dans la musique. Ça ne nous coûte pas mais ça ne nous rapporte rien non plus.

Quels sont tes futurs projets ?

La Fab « Alien » sort le 15/12, j’ai produit environ un tiers du projet. Foch « MOTEL Ep », un 8 titres que j’ai produit solo avec un inédit de la Fab, des instrus, des remix… C’est en cours de finition et ça devrait voir le jour en début d’année si tout se passe bien (Les joies de l’autoproduction…). Brother George « Dope », que je co-produis avec Noxious devrait sortir cette année. Sinon il est fort probable qu’on retourne en studio avec Al Bundy pour un troisième Ep à deux.

Quelles sont tes attaches avec la ville de Rennes et comment vois-tu l’évolution de la scène locale actuelle depuis tes débuts ?

Rennes c’est la ville où je suis né et où je vis depuis un peu plus de 31 ans, autant te dire que j’y suis fortement attaché… Ça fait un peu plus de 10 ans qu’on gravite dans la sphère hip-hop rennaise donc on a suivi son évolution d’un œil attentif. Comme je te l’ai dit plus haut, c’est riche, il y a beaucoup de groupes, de styles différents, mais surtout – et ça, c’est quand même très positif – les gens se connaissent, il y a une vraie communauté de passionnés. Il y a dix ans, on faisait nos trucs dans notre coin, aujourd’hui on connaît plein de gens, on se capte, on fait des projets.

3 groupes hip-hop/électro/rock que tu aimes ou qui t’ont influencé ?

Hip-hop c’est trop dur : Madlib, tout ce qui sort sur TDE, et EarthGang.
Electro : la deep house de voyou (Glenn Astro par exemple), Flying Lotus, Aphex twin
Rock : Led Zep, Creedence et les Pink Floyd

La question que tu aimerais que l’on te pose et y répondre ?

Pourquoi le rap ? Je ne crois pas avoir choisi un jour.

Le mot de la fin ?

Merci à vous pour cette interview, ça fait bien plaisir. S/O à tous mes gens, ma famille, ma Fabzer sûre, ceux qui nous suivent et ceux qui nous connaissent pas encore. On fait cette musique avec amour et ça va durer encore un moment…

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Pour continuer à découvrir l’univers artistique de Foch, nous mettons ci-dessous des liens vers ses réseaux

Facebook de Foch: Ici
Soundcloud de Foch: Ici
Bandcamp du groupe La Fab’: Ici
Bandcamp du groupe Beattraderz: Ici

Vous pouvez trouver tout notre dossier sur le hip-hop Rennais = > Ici

De plus vous trouverez ci-dessous notre carte interactive regroupant tous les artistes par quartier, ainsi qu’une fiche présentation de chacun d’eux et les liens vers leur article respectif :

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